tag:blogger.com,1999:blog-37863571158751830752024-03-14T00:53:25.458-07:00Controverses à l'algérienneA and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.comBlogger36125tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-46807943769637571002009-12-27T02:47:00.000-08:002009-12-27T02:49:09.733-08:00La fraternité religieuse à la limite de la haine patriotique (1re partie )<div class="titre_article">L’amitié et la fraternité sont le fruit du bon caractère et l’éloignement ainsi que la division sont le fruit du mauvais caractère car le bon caractère implique la concorde et le mauvais caractère favorise la rancune, la jalousie et l’hostilité.</div> <div class="texte_article"><p>Le référendum suisse, interdisant la construction de minarets, est un verdict des urnes radicales dans un pays d’ordinaire tempéré ,car l’impact de ce référendum interpelle directement les millions de musulmans sur le sol européen car les Suisses n’ont pas voté sur les minarets mais sur l’Islam. Au-delà des frontières de ce petit pays européen avec ses 400 000 musulmans, soit un peu plus de 5% de sa population, ce vote est devenu un vrai thermomètre de l’opinion européenne où sont citoyens des millions de musulmans, bien que le minaret ne soit qu’un élément architectural qui est loin d’être une obligation religieuse puisque ces tours répondent davantage à une inscription symbolique de l’édifice cultuel dans le paysage urbain qu’à une prescription religieuse. Autrement dit, il n’a pas été préconisé par le prophète Mohamed « QSSSL », car sa première apparition remonte à la fin du premier siècle de l’Hégire (VIIIe siècle après J.C.) afin de symboliser l’élévation de l’homme vers Dieu. Bien que le minaret ne soit pas une provocation mais juste un élément urbanistique qui n’incite pas à la violence et qu’il est un passage obligé qui atteste que ce qui était étranger est désormais endogène et transforme le paysage architectural historique, culturel du vieux continent.</p> <p>Les musulmans européens estiment que si les minarets dérangent les gens en Europe, ils peuvent très bien s’en passer, du moment que la religion musulmane est respectée et que les Européens ne font pas preuve de haine à l’encontre de l’Islam, sous prétexte d’identité patriotique et nationale, car ce qui fait mal aujourd’hui après ce « vote de la honte », comme il a été nommé au lendemain de la votation par le journal français Libération, ce sont bien les a priori autour de la religion musulmane et cela même chez certaines classes politiques européennes, car en Europe, quant on désigne l’Islam, on ne parle que de sectes, d’extrémisme et d’intégrisme, au point que les gens finissent par faire l’amalgame en stigmatisant l’Islam dans son ensemble et à le diaboliser puisque aujourd’hui, pour beaucoup d’Européens, on ne parle de musulmans que pour évoquer les radicaux et le terrorisme. Cela ne fait qu’alimenter la peur des gens, alors que l’Islam est une religion de tolérance, sinon comment expliquer qu’il y ait encore des églises en Algérie, qui font même partie du patrimoine national, ainsi que des synagogues en Tunisie, et pourtant ces pays sont musulmane et que les Chrétiens et les Juifs sont vraiment minoritaires, sans que leurs lieux de culte soient interdits malgré qu’ils n’appartiennent pas au paysage de ces pays.</p> <p>Si l’argument urbanistique masque le véritable enjeu de nature culturelle ou religieuse dans l’affaire des minarets en Suisse et que les Européens ne rencontrent pas les mêmes réserves à l’encontre d’une tour de centre commercial ou d’un multiplexe de cinéma, c’est parce que comme disait Benjamin Franklin : « Ils nous appellent sauvages parce que nos manières diffèrent des leurs. » Contrairement à toutes les prévisions des spécialistes, les Suisses se sont prononcés par un référendum à plus de 57% en faveur de l’interdiction de la construction de minarets pour les mosquées, au point que désormais la Constitution helvétique, dans son article 72, contient un nouveau paragraphe stipulant que « La construction de minarets est interdite » et cela parce que ce résultat qui dément tous les sondages des instituts avec une marge d’erreur considérable a été réalisé, alors qu’on estimait avant la votation que jamais la barre des 40% de oui ne serait atteinte. Ce résultat de 57% de oui, traverse toutes les catégories politiques de la Suisse et représente un courant d’opinion qui craint, avec l’Islam, un retour du religieux intolérant car influencé par les peurs qu’alimentent quotidiennement les médias qui utilisent souvent le terrorisme et le fondamentalisme comme preuve pour expliquer le seul critère des motivations et des pratiques de la religion musulmane. L’Islam suscite une véritable inquiétude en Europe puisque durant les trente dernières années, c’est la seule religion qui rencontre toujours ce problème de construction de lieux de culte, alors qu’aucun autre lieu de culte, comme celui des Sikhs ou pentecôtistes et même juifs, ne provoquent ces oppositions. Les arguments opposés aux constructions des mosquées sont rarement précis, ils sont plutôt généraux, c’est-à-dire idéologiques. Au cours des deux dernières décennies, le monde occidental assisté à un renouveau de la pensée musulmane basée sur la science et l’explication du Coran par les nouvelles découvertes.</p> <p>Ce style de prédiction s’est avéré plus efficace et a conduit de nombreux intellectuels occidentaux à reconnaître l’authenticité du Coran comme parole divine et à en déduire une preuve irréfutable de l’existence de Dieu. Durant l’histoire, l’Islam s’est illustré par des exemples de tolérance et de liberté de conscience comme à l’aube de l’Islam, cette histoire du Juif, voisin du messager Mohamed « QSSSL », qui se plaisait à jeter sa décharge devant la porte du Prophète et celui-ci ne disait jamais rien. Il la ramassait et la jeta au loin, jusqu’au jour où le Prophète remarqua que son voisin arrêtait de jeter sa décharge devant sa porte. Il s’en inquiéta et demanda des nouvelles de son voisin juif. Lorsque Mohamed « QSSSL » apprit que son voisin était malade, il lui rendit visite, ce qui a fait intriguer le Juif, au point de demander au Prophète pourquoi il s’était dérangé pour venir le voir malgré qu’il s’était mal comporté avec lui ? Le messager de Dieu lui répondit que « l’Islam me fait obligation de te rendre visite, c’est ton droit de voisin ». Comme le Prophète Mohamed « QSSSL » disait que « ce sont les plus modestes qui savent aimer et se faire aimer », le 26 mars 1979, l’Egypte de Sadate est devenue le premier pays musulman à accepter une paix durable avec son voisin, l’Etat hébreu, et cela après plusieurs guerres de libération durant la période de l’Egypte de Nasser afin de rendre son indépendance à la Palestine, de la domination sioniste. Maintenant que trente années sont déjà écoulées depuis que ce traité de paix entre l’Egypte et Israël fut signé et que le drapeau d’Israël flotte au Caire et celui de l’Egypte à Tel-Aviv, au point que l’ambassade d’Israël au Caire fonctionne comme n’importe quelle autre délégation diplomatique et malgré l’offensive militaire sans précédent sur la bande de Gaza en décembre 2007, où des centaines de morts étaient comptabilisés parmi les civils palestiniens afin d’éliminer le Hamas des territoires occupés malgré qu’il a été élu démocratiquement.</p> <p>L’ambassade d’Israël en Mauritanie a été fermée suite à cette offensive contre le peuple palestinien par l’Etat sioniste d’Israël. Pour les Egyptiens de ce début du XXIe siècle, les Juifs sont devenus très proches d’eux car ce sont des gens du livre, alors que les frères palestiniens ne peuvent continuer à recevoir le soutien de l’Egypte puisqu’ils se battent entre eux et ne soutiennent pas leurs propres frères. Même s’ils se disent du côté des Palestiniens, les Egyptiens estiment qu’il n’y a que Dieu qui pourra protéger ce peuple d’Israël car le président Moubarak a 70 millions d’Egyptiens pendus à son cou, et comme le peuple égyptien a faim, il faut qu’il leur donne à manger, c’est pourquoi la normalisation avec le peuple israélien se fait depuis trente ans petit à petit, à différents niveaux, auprès des masses populaires aussi bien que des intellectuels égyptiens. Il n’y a pas si longtemps, les syndicats excluaient encore leurs membres qui avaient eu des relations avec Israël, alors qu’aujourd’hui, ils ne le font plus, car même si Israël viole les droits des frères palestiniens et le droit international, en imposant un siège inhumain et immoral à la bande de Gaza, cette paix unilatérale de la part des Egyptiens rapporte au pays, sur le dos de milliers de morts palestiniens et de souffrances quotidiennes d’un peuple sous embargo, chaque année 10 milliards de dollars grâce à 7 millions de touristes, ainsi que 10 autres milliards grâce au canal de Suez, sans compter les aides des Etats-Unis et des transferts d’argent des Egyptiens émigrés en Occident.</p> <p>Les Egyptiens, après avoir été surpris par l’initiative de leur président Sadate de signer des accords de paix avec leur ennemi juré, Israël, au point de le tuer devant les caméras de télévision, ils se rendent compte grâce aux bonnes relations du président Moubarak avec Israël, que Sadate était bien en avance sur son temps et qu’aujourd’hui, ils l’on bien compris car le choix de la paix avec Israël, sans l’indépendance de la Palestine, était essentiel pour l’Egypte, et cela, même si la paix actuelle est dans l’intérêt de l’Etat hébreu puisqu’ils disent aux frères palestiniens, que la guerre n’est pas le seul moyen de résister à la colonisation parce que le recours aux armes permet simplement d’entretenir leurs illusions et de masquer leur impuissance, mais il existe le droit international et les alliances pour acquérir ses droits à l’indépendance. En Egypte, les autorités estiment soutenir la lutte des Palestiniens pour leur lutte légitime afin d’acquérir la liberté et l’indépendance et aider les autorités palestiniennes à résoudre leurs problèmes intérieurs et qu’ils puissent parler à nouveau d’une seule voix. Grâce au travail quotidien des diplomates israéliens avec ces mêmes autorités politiques, Israël a réussi à relancer avec l’Egypte le travail des commissions militaires mixtes et signer de nombreux accords, dont le plus important prévoit l’établissement d’usines égyptiennes avec la participation israélienne d’au moins 10,5%, pour des produits destinés à être exportés vers les Etats-Unis aux mêmes conditions que les produits israéliens, à savoir sans frais de douanes car entre l’Egypte et Israël, la paix n’est pas seulement une paix froide sans ancrage dans la population mais une relation entre les deux pays en voie d’amélioration constante grâce à un travail exceptionnel d’une chancellerie israélienne, en Egypte, qui consacre une grande partie de son travail à donner tort aux Egyptiens refusant la normalisation entre les deux pays.</p> <p>Avec la politique de l’Egypte de Moubarak, les Egyptiens voient de jour en jour le malheur de leurs frères palestiniens s’agrandir sans aucun changement dans la perspective d’une paix durable et sans vraiment avoir l’espoir d’une lueur d’indépendance pour les frères palestiniens, afin que les pays Arabes et musulmans puissent enfin acquérir une bonne initiative de relations paisibles avec l’Etat hébreu, tant espérée par les accords d’Oslo. Avec la présence permanente d’un travail de terrain de la part de la chancellerie israélienne sur le territoire égyptien, une majorité du peuple égyptien est devenue comme contaminée par la haine patriotique de la population israélienne et du matérialisme capitaliste, au point que durant ces dernières années aucune réaction ne s’est fait observer, au nom de la fraternité religieuse, pour faire pousser leur gouvernants à faire boycotter cette paix sans résultat depuis trente ans et afin de pousser l’Etat hébreu à permettre au peuple palestinien de pouvoir enfin espérer à un souffle de paix durable. Parce que le peuple égyptien qui a su donner au Prophète Mohamed « QSSSL » une de ses femmes avant même de se convertir à l’Islam, après avoir réservé un accueil de bienvenue à « Amar Ibn Asse », et que depuis longtemps il est considéré comme le berceau de la religion musulmane par son savoir théologique et sa tolérance envers les monothéistes chrétiens et juifs.</p> <p>Comme il a accepté une paix unilatérale avec les sionistes de l’Etat hébreu et sans contrepartie pour la fraternité religieuse et patriotique, il n’a pas su conserver ses propres principes pour l’intérêt de ses propres frères, puisque comme pour venir démontrer au monde la réalité de la décadence des relations fraternelles au sein du monde musulman de ce début du XXIe siècle, les Egyptiens, Etat et peuple, se sont acharnés dans une campagne de dénigrement sur l’Algérie, un pays frère et musulman, pour cause d’un simple match de football, comptant pour la qualification à la Coupe du monde 2010, au point que cette campagne n’a épargné ni le peuple algérien ni ses symboles et même ses valeureux martyrs pour une indépendance chèrement obtenue après 132 ans de colonisation, sans parler du caillassage du bus de l’équipe nationale avant même que ne débute le match et des humiliations infligées à leur hôtes venus supporter leur équipe nationale, pour un match considéré avant tout amical entre deux peuples frères. Si, comme la majorité des pays musulmans d’aujourd’hui, l’Egypte s’est rabaissée à ses plus bas niveaux et s’est laissée apparaître très petite, après avoir été la mère du monde arabe, grâce à sa fermeté contre le sionisme israélien et sa détermination à faire valoir le droit des Palestiniens et le droit des musulmans, ce n’est que parce que souvent les musulmans contemporains, ne donnent plus de valeur aux paroles de leur Prophète Mohamed « QSSSL », qui disait, selon Aboû Hourayra : « Méfiez-vous des préjugés car rien n’est plus trompeur. Ne vous espionnez pas, ne rivalisez pas entre vous, ne vous enviez pas, ne vous détestez pas, ne vous ignorez pas, soyez des serviteurs de Dieu fraternels, ainsi que Dieu vous l’a ordonné. »</p> <p>Puisque le croyant est le frère du croyant, il ne l’opprime pas, il ne le prive pas de son soutien, il ne le méprise pas car il n’est de pire mal pour un croyant en Dieu que de mépriser son frère parce que chez le croyant, tout est sacré pour l’ensemble des croyants en Dieu comme son sang, son honneur et ses biens. Voilà pourquoi Dieu ne regarde ni nos corps ni nos apparences, mais il regarde nos cœurs, comme disait le Prophète Mohamed « QSSSL » : « Vous n’entrerez pas au paradis à moins d’avoir la foi. Et vous n’aurez pas la foi complète à moins de vous aimer les uns les autres. Répandez la salutation de paix entre vous. » La fraternité prend origine dans l’affiliation des hommes à Adam et Eve et est consacrée par la foi en Dieu l’Unique et Ses Prophètes et par la pratique des actes d’observance et d’abstinence qui en découlent. Alors que toutes les différences pouvant exister entre les croyants sont abolies par le lien indissoluble de la fraternité religieuse, parce que le meilleur, le plus noble, le plus méritant sera celui qui aura plus de crainte révérencielle vis-à-vis du Créateur. Donc plus de respect, plus de vénération, plus d’égard pour ses frères et sœurs, les croyants et les croyantes, quelles que puissent être leurs races, leurs langues et la terre qu’ils habitent car la fraternité en Dieu se rit des fictives frontières établies par les hommes et de toutes les différences apparentes qui existent entre les fils d’Adam. « ô hommes ! » clame le Coran au Verset 13 de la Sourate 69, « Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et Nous vous avons constitués en peuples et en tribus, pour que vous vous connaissiez . En vérité, le plus noble d’entre vous auprès de Dieu est celui de vous qui est le plus pieux . »</p> <p><strong>(A suivre)</strong></p> <p><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> <i> <strong>L’auteur est : Ancien élève de l’Ecole des sciences philologiques de la Sorbonne</strong> </i></p></div> <br /><br /> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">Meziane Abdellah</a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-60820429099571962782009-11-15T12:06:00.000-08:002009-11-15T12:08:00.952-08:00Pour un dialogue des cultures<div class="titre_article">Dans l’univers de l’après-guerre froide, après la chute du Mur de Berlin, de larges pans de l’opinion occidentale, comme de ses intelligentsias, ainsi que certains de ses gouvernements trouvent opportunément dans le « péril vert » islamique un ennemi de substitution au « péril rouge » du communisme, suite à la désintégration de l’Union soviétique, car, certains en Occident ne conçoivent pas un monde de désarmement et de dialogue.</div><div class="titre_article"><br /></div><div class="titre_article">En quelques années, l’Islam est devenu la bête noire de l’Occident. Le phénomène de l’extrémisme religieux, qui est apparu dans certains pays islamiques, a eu pour conséquence de faire accréditer les violences comme étant des pratiques islamiques alors que l’Islam en est totalement innocent. C’est pourquoi, on ne saurait insister assez sur la nécessité de convier le monde islamique, eu égard à son importance quantitative et qualitative, à contribuer à l’édification de l’ordre nouveau et à le consolider afin de lui assurer crédibilité et durée. Il faut souligner que cette méfiance à l’égard de l’Islam n’est certes pas nouvelle. Les musulmans sont confrontés depuis longtemps en Occident, de la façon la plus directe et la plus brutale, à l’image dépréciée, négative, hostile que leur renvoient de très larges secteurs de l’opinion, des médias et de l’establishment politique, intellectuel ou religieux de ces sociétés. Cette hostilité hésite de moins en moins à s’exprimer de la façon la plus violente et où « incontestablement », le 11 septembre 2001 a libéré la parole sur l’Islam (et où) on dit désormais ce qu’on n’osait même pas penser il y a quelques années » (Alain Gresh 2004, page 29).</div><div class="texte_article"> <p>Enfin, lorsque des stratégies militaires, maintenant que l’URSS a disparu, s’interrogent sur le risque que constituerait un Islam doté d’engins nucléaires pour la sécurité de l’Europe au XXIe siècle, presque tout le monde s’accorde à dire que l’accès de l’Iran au nucléaire militaire n’est pas acceptable. Mais en quoi le nucléaire iranien est-il menaçant ? Il y a en fait deux réponses qui n’induisent pas la même politique. La première consiste à dire que le problème, c’est le régime : une République islamique serait tentée de se servir de la bombe contre Israël ou bien d’utiliser la sanctuarisation induite par la possession de l’arme pour protéger des groupes terroristes sur son territoire. La seconde considère que la dissuasion fonctionnera quel que soit le régime et que le problème est plutôt l’effet de la prolifération qu’entraînera l’achèvement du programme nucléaire iranien, car l’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Turquie seront amenées à se nucléariser. L’Iran a été signataire (contrairement à l’Inde, au Pakistan et à Israël) : son retrait signifiera la mort du traité. Le régime en ce cas importe peu.</p> <p>Or, selon l’hypothèse retenue, la stratégie à suivre est très différente : dans le premier cas, il faut pousser à un changement de régime, dans le second, c’est l’Iran en tant que puissance régionale nucléaire qui pose problème. De là, un choix s’impose : faut-il viser d’abord le régime ou bien le programme ? Durant la guerre froide (1947-1991) l’« ennemi total » était une idéologie : le communisme, qui avait pris corps dans un Etat concret, l’URSS. L’adversaire était circonscrit, cerné, enfermé derrière le rideau de fer ou le Mur de Berlin qui rendaient son accès à l’Occident presque impossible. Certes, ce régime soviétique a créé également les camps de concentration du Goulag, aboli les libertés collectives telles qu’elles sont reconnues dans le monde libre est adopté la bureaucratie administrative…</p> <p>En dépit d’un demi-siècle environ de guerre froide entre les deux superpuissances et ce qu’elle a entraîné de différends idéologiques parmi les peuples du tiers-monde, allant parfois jusqu’aux conflits armés, cette expérience d’un certain équilibre entre les deux super grands demeurera néanmoins parmi les plus importantes phases de l’histoire de l’humanité grâce à des critères mondialement reconnus. Durant cette phase, l’Est et l’Ouest s’imposaient le respect mutuel grâce à une sorte de parité en moyens destructifs de dissuasion pour la maîtrise et le développement desquels ils poursuivaient une course sans merci. Parallèlement, les pays du tiers-monde tiraient avantage de l’affrontement des deux blocs en balançant tantôt vers l’un ou l’autre, tantôt vers le non-alignement.</p> <p>L’entrée de l’économie mondiale dans une phase de dépression, la régression de l’influence des organisations politiques à caractère régional et le recul de la solidarité Nord-Sud n’ont pas entamé la pertinence des critères qui ont gouverné le monde durant la guerre froide et qui sont restés les mêmes, à savoir le recours obligé à l’aune de l’équilibre des forces en présence entre l’Est et l’Ouest pour l’évaluation de tout événement en perspective. La situation dans laquelle se trouvait le monde islamique durant les trois dernières décennies se caractérise donc par une nouvelle conscience anti-islamique qui s’est indiscutablement forgée.</p> <p>Par ailleurs, le soutien massif des médias occidentaux à Israël a fait apparaître les causes politiques arabes, même les plus légitimes (en particulier la lutte des Palestiniens) comme dévoyées par le terrorisme. Enfin, l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990 et la découverte du programme nucléaire de Baghdad ont renforcé l’image de l’Arabe qui trahit l’Occident. Dans de nombreux documents officiels occidentaux, les problèmes se mêlent sans méthode pour montrer une région méditerranéenne en croissante instabilité. L’absence de démocratie dans certains Etats de la rive sud est parfois désignée comme l’une des causes de cette instabilité, mais il n’est jamais fait mention de politiques économiques excluantes du Nord, du système de Bretton-Woods ou de la suprématie militaire occidentale.</p> <p>Voici par exemple, comment une résolution du Parlement européen explique l’aggravation de l’instabilité en Méditerranée : « L’expansion du fondamentalisme islamique, la nature endémique du conflit arabo-palestinien, l’affrontement entre les différentes nationalités et groupes, l’effet cumulé des problèmes écologiques, la dépendance économique, la dette, l’existence persistante des régimes politiques opposés au développement de la démocratie et des droits de l’homme, le chômage, l’explosion démographique et les migrations ont aggravé grandement la déstabilisation du sud et du sud-est de la Méditerranée. » Toutes ces spéculations désordonnées pour expliquer le « grand chaos du Sud » et mettre l’Occident hors de cause ont soudain trouvé une sorte de corps de doctrine lorsque, au cours de l’été 1993, le prestigieux professeur américain Samuel Huntington a publié un retentissant article. « Mon hypothèse, écrit-il, c’est que la source fondamentale du conflit dans le monde à venir ne sera pas principalement idéologique ou économique.</p> <p>La grande division de l’humanité aura pour source dominante la culture. L’Etat-nation demeurera l’acteur le plus puissant des affaires mondiales, mais les conflits principaux de la politique globale auront bien entre nations et groupes de différentes civilisations. » Le Pr Huntington prétend qu’une civilisation est « le plus grand rassemblement de personnes d’une même culture ». Et il en définit huit : occidentale, confucéenne, japonaise, islamique, hindoue, slavo-orthodoxe, latino-américaine et « probablement » africaine. Il publia en 1996, un livre ayant pour titre Le choc des civilisations. Dans l’après-guerre froide, expliquait Hungtington, une guerre des cultures est en train de prendre la place des conflits interétatiques classiques.</p> <p>La civilisation occidentale sera, pour sa part, prise en otage, gravement menacée par des civilisations hostiles. Les intégrismes religieux et les différences culturelles découperont le monde en plusieurs aires culturelles, en conflits entre elles. Les thèses de Hungtington ont été en général fort durablement contestées en raison de leurs simplifications et de l’appel de l’auteur à un sursaut politique et militaire de l’occident pour résister en particulier à l’islam et au confucianisme. Selon l’éminent professeur, une alliance islamico-confucéenne est en train de se constituer à travers les réseaux de commerce des armes entre des pays comme l’Iran et la Corée du Nord. Dans la recherche de paradigmes pour expliquer les relations internationales en cette après-guerre-froide, Francis Fukuyama et sa désormais célèbre « fin de l’histoire » avait précédé Hungtington dans le Star System intellectuel américain. L’islam en particulier pose un problème à l’Occident, ce n’est pas nouveau. Le contentieux est ancien.</p> <p>Comme l’explique Joseph Maïla : « Il tient, au départ, dans cette proximité-rivalité entre Europe et Islam, qui fut guerrière comme à l’époque des croisades, de grande richesse intellectuelle et d’échanges, comme en Andalousie à l’époque de l’Espagne musulmane, mais qui a été entièrement dominée par la pénétration occidentale à partir du XIXe et surtout au XXe siècle après la chute de l’Empire ottoman. Depuis lors, la culture musulmane n’en finit pas de jeter ce regard mitigé, où se mêlent une attraction forte pour la société d’idées, de progrès et de consommation qu’est devenu l’occident et une méfiance grandissante à l’égard d’une civilisation suspectée de domination. La toute-puissance des Etats-Unis, leur manière de traiter la question palestinienne, les séquelles de la guerre d’Afghanistan et celle d’Irak rappellent que, dans le nouvel état des relations internationales, les pays musulmans font l’objet d’une attention suspecte et qu’ils sont perçus comme une source principale de menaces. »</p> <p>Quel impact provoquent toutes ces théories et spéculations paranoïaques qui, au lieu d’en appeler au dialogue, à la coopération, à la réforme du système international et à l’exploration du consensus entre Etats, cultures et peuples proposent de se préparer à la confrontation ? En ces années 1990, une course aux armements a commencé, après qu’on eut annoncé solennellement la fin de la guerre froide et promis, non moins solennellement, les dividendes de la paix. La course effrénée, pour plus d’accumulation, a asservi l’homme à la matière au lieu de mettre la matière au service de l’homme. L’excessif attachement au positivisme laïque a dépouillé l’homme occidental de sa dimension spirituelle et, partant, de son espérance. La civilisation matérialiste qui gouverne l’ordre actuel tend à devenir gravement hédoniste, elle a favorisé la satisfaction des désirs, des pulsions et des instincts.</p> <p>Plutôt que de se laisser entraîner dans une escalade de la terreur nucléaire, que tous les lobbies des industries d’armement réclament à grands cris, l’Europe ne devrait-elle pas refuser la vision xénophobe et simplificatrice du « choc des civilisations » et proposer comme modèle politique le « dialogue des cultures ».</p> <p>16, rue de la Fare 13001, Marseille</p> <p><strong>Références bibliographiques :</strong></p> <p><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Le Croissant et le Chaos d’Olivier Roy<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Entre violence et paix de Jean-Yves Calvez<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> L’Islam en débat d’Alain Roussillon</p></div> <br /><br /> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">M. Mourad Zouaoui </a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-8969415597942191492009-11-05T12:21:00.001-08:002009-11-05T12:21:55.540-08:00Études pharmaceutiques : Le modèle algérien (2e partie et fin)<div class="titre_article">Le débat, en fait, tourne autour de la finalité de l’enseignement pharmaceutique. Il faudrait donc répondre à la question suivante : </div><div class="titre_article"><br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> les facultés de pharmacie doivent-elles continuer à assurer un enseignement théorique pluridisciplinaire et corriger les insuffisances dont j’ai cité quelques exemples, ou bien modifier leur vocation dans le sens de la formation de pharmaciens ayant déjà acquis une spécialisation durant le cursus normal des études ?</div> <div class="texte_article"><p>La première solution exigera, pour être réalisée, deux conditions : l’allongement de la durée des études d’au moins une année ; la création d’enseignements spécialisés de 3e cycle. La direction des travaux de thèses nécessitent un spécialiste de la matière et non pas un profane en la matière, comme le disait le professeur Ali Gherib le jongleur de la chimie-clinique : « L’interniste qui juge un travail de chimie confirme qu’il est nul en médecine interne ». Dans une équation où le chimiste dépend de l’interniste pour présenter son travail d’une science exacte. Ce qui suppose que le pharmacien spécialiste aura à faire des études durant une dizaine d’années après le baccalauréat. La deuxième solution entraînera obligatoirement l’abandon de la notion d’unicité de diplôme, mais aura l’avantage de permettre une formation permettant au futur diplômé d’être en mesure d’exercer convenablement une responsabilité dans un domaine pour lequel il a été bien formé. Cette formation rejoindra, en fait, celle des ingénieurs pour lesquels il existe actuellement une multitude de qualificatifs selon le cursus de cette formation (ingénieur chimiste, ingénieur agronome, ingénieur en informatique, ingénieur en béton, bio-ingénieur...).</p> <p>Dans cette hypothèse, on s’habituera à une nouvelle terminologie pour désigner les membres de notre corporation et on parlera de pharmacien d’officine, pharmacien d’industrie, pharmacien analyste, pharmacien clinicien... Cette deuxième solution suppose un plan national de formation des pharmaciens et une orientation des étudiants dans les différentes filières de formation en fonction des besoins du pays, et une souplesse dans la conception des programmes, en vue de créer autant de filières spécialisées que l’exige le développement de nos activités professionnelles. Ce type d’enseignement a déjà existé au niveau des facultés des sciences où après un 1er cycle commun d’études durant en général deux années, les étudiants suivent un enseignement de 2e cycle, organisé en plusieurs unités de valeur. Une unité de valeur représente environ 80 heures d’enseignement théorique incluant une forte proportion d’enseignement dirigé. Elle est validée par un contrôle de connaissances. Un étudiant moyen est capable d’acquérir facilement deux unités de valeur au cours de la même année d’enseignement.</p> <p>Il est évident que pour chaque type de diplôme, il est nécessaire d’obtenir obligatoirement certaines unités de valeur, avec possibilité d’avoir des options, au choix de l’étudiant. Ainsi, pour un futur pharmacien d’officine, en plus des unités de valeur de pharmacie et de pharmacodynamie, on peut choisir une unité de valeur de gestion, d’économie de santé ou de droit pharmaceutique. Ces mêmes unités de valeur seraient nécessaires pour un futur pharmacien d’industrie. Ce type d’enseignement a ainsi l’avantage de permettre des passerelles et un étudiant ayant au départ choisi une filière et qui voudrait changer d’orientation n’a qu’à s’inscrire dans les unités de valeur qui lui sont nécessaires pour obtenir son diplôme dans la nouvelle orientation. D’aucuns font remonter l’origine de l’éducation sanitaire à la plus haute antiquité et considèrent que grand nombre de tabous et de règles imposés par les pratiques religieuses trouvent leur origine dans une attitude préventive en matière de santé : (les ablutions avant la prière, les périodes de jeûne, l’interdiction de certaines boissons alcoolisées, voire l’usage du tabac (condamné au XVIe siècle par l’Eglise catholique) l’interdit jeté sur les unions consanguines apparaissent comme des mesures préventives qui s’insèrent dans une initiation socioculturelle propre aux milieux où elles sont préconisées. Notre propos n’étant pas de faire l’historique de l’éducation sanitaire, nous n’avons voulu évoquer ces situations que pour indiquer qu’il s’agit d’une vieille préoccupation de l’humanité. L’éducation sanitaire consiste à faire prendre conscience à chaque personne par une information adaptée de ce qui directement peut mettre sa vie ou sa santé en danger ou en péril à brève échéance ou à long terme. Cela suppose la mise en œuvre de tout moyen capable :<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> de créer des motivations positives vis-à-vis de la santé. <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> de faire prendre conscience aux individus qu’ils sont responsables de leur propre santé et de celles des autres. <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> de faciliter une adaptation de leur comportement dans ce but. C’est un domaine immense qui couvre un ensemble de réactions physiologiques, psychologiques et sociologiques. Ceci suppose une préparation minutieuse par des personnes compétentes et relevant de disciplines complémentaires ; à cet effet, tout paraît prédisposer les pharmaciens à jouer un rôle important. C’est ainsi que le pharmacien a trois moyens pour faire de la « publicité » sanitaire à l’intérieur de son officine.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Tout d’abord par l’image (affiches, graphiques). <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Puis par les conseils qu’il est appelé à donner chaque jour. <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Et enfin par l’exemple (ordre, propreté des locaux, discipline, vaccinations). Tout ceci suppose la présence permanente et active du pharmacien dans son officine, car l’éducation sanitaire en raison du tact qu’elle exige et des connaissances qu’elle impose ne peut se contenter d’intermédiaire (à la culture élémentaire).</p> <h3 class="spip">Et dans le domaine de la vaccination</h3> <p>Dans le domaine de la protection maternelle et infantile et dans celui de la vaccination, le pharmacien peut être le meilleur conseiller. Par ailleurs, pour jouer efficacement un rôle social et concourir à la protection de la santé, il faut avoir des connaissances scientifiques, professionnelles, sociales et des qualités morales qui permettent d’agir avec tact, autorité et compétence sur un public cherchant à se protéger des maladies, de conserver sa santé. C’est le rôle et le devoir du pharmacien d’informer le client bien portant ou malade, de lui permettre par un conseil éclairé de conserver sa santé.Il est nécessaire de faire connaître le pharmacien sous son véritable aspect d’homme de sciences à un public mal informé qui a l’habitude de considérer parfois le pharmacien comme un commerçant ordinaire. L’évolution de la thérapeutique, grâce aux progrès prestigieux de la médecine et de la pharmacologie ne saurait, sans courir de graves dangers, se dispenser du service du pharmacien. Il est vrai que la pharmacie a perdu ces dernières années de son aspect traditionnel, conséquence de l’industrialisation du médicament, mais les responsabilités du pharmacien n’en sont pas diminuées pour autant, légalement et humainement.</p> <h3 class="spip">Qu’en est-il en Algérie ?</h3> <p>Signalons qu’en Algérie l’éducation sanitaire est née avec l’indépendance, et une section d’éducation sanitaire a été créée au ministère de la Santé. Propositions :<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 1) au niveau des facultés de pharmacie, le renforcement de l’enseignement de l’hygiène et de l’éducation sanitaire ; <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 2) d’élaborer des programmes et des campagnes éducatives auxquelles participeraient les pharmaciens algériens ; <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 3) de collaborer avec les organismes de santé et d’action sociale et de s’associer à l’effort entrepris dans ce domaine par notre ministère de la Santé ;<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 4) de mettre au point et de réaliser des affiches éducatives destinées aux pharmaciens d’officine ; <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 5) d’éditer des fiches d’information et de mise à jour pour les pharmaciens, les faisant ainsi bénéficier d’un enseignement postuniversitaire sur les sujets préoccupants les pouvoirs publics.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 6) d’éditer des brochures, des dépliants au public.</p> <h3 class="spip">Conclusion</h3> <p>Pour conclure, je dirais qu’il ne peut exister une solution parfaite, c’est-à-dire une solution susceptible de recueillir l’accord de tout le monde : université, corps professionnels, administration. Il est nécessaire de fixer dès le départ la finalité de l’enseignement de la pharmacie dans notre pays, en rapport avec leur évolution, leurs besoins et leurs moyens. Il sera alors possible de discuter de toutes les solutions possibles, d’évaluer les avantages et les inconvénients de chacune d’entre elles pour en adopter une seule, sachant que dan un monde en évolution constante, cette solution sera plus ou moins vite dépassée et à son tour discutée et remise en cause pour être adaptée à cette évolution. Il ne faut pas nous cantonner dans un exercice de la profession où l’appel à la culture reçue devient de plus en plus épisodique. Il nous faut savoir employer cette science de l’analyse et du contrôle à laquelle nos études nous ont préparés. Les diplômes et les titres sont un capital important ; cependant, ils peuvent se dévaluer comme tout capital par « non-emploi, mauvais placement ou manque d’entretien ».</p> <p>La santé est le bien le plus précieux que puisse posséder l’homme ; à l’époque actuelle, la santé ne peut être considérée comme un bien individuel, mais aussi une valeur sociale. Chaque individu est comptable de sa santé vis-à-vis de la société et la société est comptable de cette valeur vitale vis-à-vis de chaque homme. C’est pourquoi les professions de santé doivent coordonner leurs efforts, chacune dans le domaine de ses compétences, selon son implantation et l’importance de son influence dans la société afin de conserver la santé individuelle et collective. Comme disait le professeur, Ali Gherib, « L’homme malade est une charge pour la société, tandis que l’homme sain est un inestimable capital économique ». Par son concours permanent et direct à la médecine préventive, le pharmacien apporte une contribution importante à l’économie générale de la nation dont le potentiel dépend de la santé physique et mentale de chacun.</p> <p><strong>Y. D. : Service de thérapeutique, Faculté de médecine d’Oran</strong></p></div> <br /><br /> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">Yahia Dellaoui</a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-70228652272818682222009-11-04T01:45:00.000-08:002009-11-04T01:46:35.237-08:00Études pharmaceutiques : Le modèle algérien (1er partie)<div class="titre_article"><strong>Si la formation continue devient une nécessité absolue pour toute personne assumant une responsabilité au sein de la santé publique en particulier, la formation des cadres au niveau de l’université doit elle-même évoluer afin qu’elle s’adapte aux besoins de la société.</strong></div> <div class="texte_article"><p>En ce qui concerne l’Algérie, je peux dire que les professions pharmaceutiques ont pleinement joué leur rôle au service de la santé et de l’économie. Elles ont suivi le rythme du développement rapide qu’a connu le pays depuis l’indépendance. Pour situer le problème de la formation du pharmacien dans ce contexte, permettez-moi de donner un aperçu de la situation de la pharmacie et des pharmaciens en Algérie. Actuellement, un nombre élevé de pharmaciens exercent en Algérie. Des textes législatifs font de notre profession l’une des plus réglementées en Algérie. Ainsi, chaque confrère exerce dans un cadre juridique bien défini. La formation des pharmaciens exerçant en Algérie a été assurée traditionnellement, et pour des raisons historiques, en France. Cependant, après l’indépendance, cette formation s’est quelque peu diversifiée. Des pharmaciens, quoiqu’en petit nombre, ont été formés dans les autres pays francophones, essentiellement en Belgique et plus rarement en Suisse. Il faudrait ajouter qu’un certain nombre de pharmaciens ont été formés en Algérie et quelques rares autres dans les pays du Moyen-Orient, notamment en Egypte, Syrie et Irak.</p> <p>L’enseignement de la pharmacie en Algérie, et plus précisément à la Faculté mixte de médecine et de pharmacie d’Alger, a débuté avant l’indépendance. Cette Faculté a déjà sorti des promotions, parmi lesquelles le chef du gouvernement Ferhat Abbas et son confrère dans la profession et la politique Youcef Ben Khedda. L’enseignement prodigué est fortement inspiré des programmes des facultés françaises depuis fort longtemps jusqu’à nos jours. Les deux questions qui se posent à nous et qui sont à l’ordre du jour dans notre pays, sont les suivantes :<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> la formation de nos pharmaciens répond-elle à nos besoins, tant sur les plans qualitatif et quantitatif ? — Dans quel sens, cette formation doit-elle évoluer pour permettre aux professions pharmaceutiques de jouer pleinement leur rôle au service de la société algérienne ?</p> <h3 class="spip">Les problèmes</h3> <p>On peut dire, sans risque de nous tromper, que le pharmacien sortant de la faculté trouve des difficultés énormes pour assumer ses responsabilités, quel que soit le domaine d’activité qu’il a choisi pour faire sa carrière. Ce qui montre qu’actuellement les études en pharmacie n’ont pas pour finalité de donner aux étudiants un métier, mais plutôt une formation de base qui est supposée suffisante pour permettre au futur diplômé d’exercer son art dans les différents domaines où il est réputé apte à exercer. Cette situation est le résultat du fait que, formés à l’étranger, ou dans notre pays, selon un modèle étranger, nos jeunes confrères acquièrent une formation qui, le moins que l’on puisse dire, ne répond pas à nos besoins. J’irais même jusqu’à dire qu’elle ne répond plus aux besoins du pays que nous avons pris pour modèle, car ce pays est en train d’étudier la réforme de ses propres études en pharmacie. Historiquement, les pharmaciens de l’ancienne génération ont été formés en France selon un modèle qui a été depuis modifié voilà une cinquantaine d’années. Le cursus des études en pharmacie commençait par une année de stage obligatoire dans une officine, sous la responsabilité d’un maître de stage.</p> <p>La dernière année des études devait permettre à la faculté de juger à travers les examens définitifs de l’aptitude de l’étudiant de 5e année à exercer sa profession de pharmacien et ce, en s’assurant de ses niveaux de connaissances, tant sur les plans théorique et pratique. Le développement extraordinaire des connaissances scientifiques et la nécessité d’inclure dans les programmes d’enseignement, d’une manière continue, les nouvelles acquisitions scientifiques et techniques, faisait obligation, comme c’est le cas de nos jours, aux autorités administratives et universitaires de mettre au point des réformes touchant aux études de pharmacie. Il est bien clair que la réforme qui a été adoptée en France a sacrifié le côté « formation professionnelle du pharmacien » au profit de sa formation scientifique, car elle avait pour objectif de préparer les futurs diplômés à une carrière de spécialistes qui, en fait, n’était l’apanage que d’un nombre relativement restreint de diplômés. La majorité de nos jeunes confrères, surtout dans notre pays, se destinait à exercer dans l’officine qui se trouve être la première priorité pouvant répondre aux besoins de nos populations. Il est, en effet, indéniable que dans les 20 premières années d’indépendance, c’est l’activité de pharmacien d’officine qui a absorbé l’écrasante majorité des pharmaciens.</p> <h3 class="spip">Les difficultés</h3> <p>Je citerai quelques exemples pour illustrer les difficultés qui existent actuellement pour les jeunes confrères pour affronter leur métier.</p> <h3 class="spip">Un diplôme unique</h3> <p>Dans le cas de l’officine :</p> <p>le jeune diplômé n’est pas suffisamment formé pour affronter les difficultés d’installation, car il ignore tout des problèmes financiers et de gestion qu’il est obligé de résoudre pour pouvoir s’installer. Il se trouve complètement désorienté par des informations souvent contradictoires qu’il recueille auprès de différentes personnes (confrères aînés, banques, grossistes, administration...). De plus, ignorant en général les notions inhérentes à la gestion des stocks des médicaments, il se trouve contraint de chercher un collaborateur qualifié pour l’aider dans cette tâche, ce qui est de nature à lui créer des difficultés, du reste légitimes avec un confrère aîné, qui voit d’un mauvais œil qu’un jeune pharmacien vienne lui débaucher son personnel, en infraction aux règles de déontologie pharmaceutique. Le problème le plus grave résulte incontestablement du fait que les facultés délivrent un diplôme unique pour des étudiants qui n’ont pas suivi le même cursus des études. En effet, si on considère le cas d’un étudiant qui a choisi de suivre l’option biologie clinique, il suit en 5 années des cours et des stages qui l’éloignent complètement de ses camarades qui ont opté pour la filière « Officine ».</p> <p>La réglementation en vigueur fait que les diplômés, quelle que soit leur « pré-spécialité » ont les mêmes droits, et en particulier celui d’exercer en officine. Or, pour celui qui a choisi la filière biologie clinique, sa formation le rend inapte à exercer en officine. Nous touchons là le problème de l’unicité du diplôme. Peut-on dire que trois pharmaciens, formés chacun dans l’une des trois filières – officine, biologie et industrie – ont une formation les habilitant à exercer à leur sortie de la faculté dans l’une des trois branches d’activité mentionnées ? Il est évident que la réponse est non. L’unicité du diplôme devra en réalité correspondre à une unicité de formation. Chose inexistante dans les nouveaux départements implantés récemment à l’intérieur du pays. Le deuxième exemple que je citerai est celui des jeunes confrères qui s’orientent vers la carrière de la pharmacie hospitalière que nous devons, pour beaucoup de raisons, développer pour la rendre de plus en plus attrayante pour les jeunes diplômés. Malheureusement, le pharmacien diplômé sortant de la faculté se trouve complètement désorienté lorsqu’il est affecté dans un poste hospitalier. Il se trouve à l’hôpital comme « un corps étranger ». Ce problème n’existe pas pour les jeunes prescripteurs qui ont été placés en stage en milieu hospitalier à partir de la fin de leur première année d’études.</p> <p>Si on examine la situation des confrères étrangers qui ont suivi les mêmes études, on s’aperçoit qu’ils ont l’obligation, pour suivre la carrière hospitalière, de passer par l’internat, ce qui leur permet d’apprendre leur métier à l’hôpital. Par ailleurs, les facultés de pharmacie en France ont déjà corrigé cette insuffisance de la formation en instituant, depuis quelques années, un stage hospitalier obligatoire pour tous les étudiants en pharmacie. Enfin, pour ce qui est de l’ouverture de l’enseignement pharmaceutique sur l’industrie, il faut aussi constater que la réforme n’a pas donné les résultats escomptés et ce, pour deux raisons essentielles qui sont inhérentes à l’industrie. En effet, les sociétés qui fabriquent des médicaments répugnent, en général, à recevoir des stagiaires, ou si elles les reçoivent, les cantonnent dans des activités de recherche qui leur sont en général « inutiles » ; sauf s’ils ont la chance d’être recrutés par ces mêmes entreprises.</p> <p>Par ailleurs, on peut constater, malheureusement, que pour les tâches de production et de contrôle, les industriels du médicament préfèrent recruter des ingénieurs qui sont mieux préparés que les pharmaciens pour les tâches de production, ou les scientifiques (docteurs es-sciences) qui sont plus spécialisés que ne le sont les pharmaciens dans l’utilisation pour le contrôle de médicaments de techniques et d’appareillages de plus en plus sophistiqués. Après cette étude critique sommaire de la situation, il s’agit pour nous d’étudier les voies et les moyens nous permettant de proposer une réforme des études en vue d’améliorer la formation des pharmaciens dans nos pays.</p> <h3 class="spip">La réforme</h3> <p>Pour arriver à de bons résultats, il serait nécessaire de discuter et de répondre à un certain nombre de questions qui sont de nature à permettre à tous les pharmaciens d’accomplir au mieux leur mission, quel que soit le domaine d’activité qu’ils auraient choisi pour assurer leur carrière.</p> <p>1- Comment arriver à réaliser une bonne formation du pharmacien d’officine dont le rôle essentiel est d’assurer le contrôle des prescriptions et la dispensation des médicaments ?</p> <p>2- Comment concilier entre la dispensation d’une formation pluridisciplinaire théorique dans les domaines de la synthèse, de l’extraction des molécules actives, de la mise en forme pharmaceutique et un contrôle des effets des médicaments et de placer en même temps l’étudiant en position d’appliquer son savoir théorique et d’évaluer ses compétences face à un homme malade recevant des médicaments ?</p> <p>3- Comment concilier cette formation théorique et intégrer l’étudiant en pharmacie dans une équipe hospitalière pour acquérir le savoir-faire et un certain comportement, voire une conduite à tenir vis-à-vis du malade ? Ne faudrait-il pas penser à une formation cohérente et suivie pour les pharmaciens des hôpitaux ?</p> <p>4- Comment concilier la formation théorique et pratique du pharmacien pour être en mesure de revendiquer une place de choix dans notre jeune industrie pharmaceutique qui a besoin de se développer et de s’affirmer tant sur le plan maghrébin que sur le plan international ? Beaucoup d’autres questions touchent aux autres aspects des activités du pharmacien dans notre société en évolution constante. Je citerai en particulier le cas de la chimie clinique, de la biologie clinique, celui de la bromatologie et de la cosmétique, sans oublier cette activité en pleine expansion de la biotechnologie. A mon sens, il s’agit pour nous de proposer une solution qui nécessite obligatoirement un choix entre deux conceptions. Je me refuse, évidemment, à envisager une certaine conception qui consisterait à dire que la faculté dispense un enseignement qu’elle juge nécessaire pour la formation du pharmacien, sans se soucier de l’avenir du jeune diplômé et de son insertion dans la société qui a fait des sacrifices pour assurer sa formation et qui est en droit d’exiger de lui de se mettre à son service. Donc, les facultés de pharmacies devront, a priori, assurer la formation de cadres pharmaceutiques pour répondre aux besoins actuels de nos pays.</p> <h3 class="spip">Quelle orientation ?</h3> <p>Quelles sont les orientations qu’elles doivent donner à leur enseignement pour accomplir cette mission ? Il est nécessaire de rappeler un certain nombre de constatations : tout d’abord, la tendance de l’écrasante majorité de nos jeunes diplômés à solliciter un emploi au terme de leurs études universitaires qui durent en général de 5 à 6 années après le baccalauréat et des fois plus. Les raisons de cet état de fait sont multiples, et tout à fait défendables et il serait très long de les expliquer... La deuxième constatation que l’on peut faire, c’est la tendance à acquérir, durant les études universitaires, une formation de plus en plus spécialisée. En d’autres termes, la tendance à ce que, au terme de 5 à 6 années d’études à l’université, l’étudiant acquiert un diplôme qui le rend apte à exercer immédiatement un métier dès sa sortie de la faculté. Ceci étant, quelle serait la solution à retenir pour la formation de nos pharmaciens ?</p> <p>(A suivre)</p> <p><strong>Y. D. : Service de thérapeutique, Faculté de médecine d’Oran</strong></p></div> <br /><br /> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">Yahia Dellaoui</a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-62549648328775556882009-11-03T14:49:00.000-08:002009-11-03T14:50:02.180-08:00La révolution de Novembre victime du révisionnisme ?<div class="titre_article">Vous êtes à la recherche du souvenir et de ses spectres. Nous, nous cherchons le spectre de l’espérance », G. Khalil Gibran, 1954-2009. Cinquante-cinq ans déjà ! Plus d’un demi-siècle, c’est à la fois une éternité et une période si courte. Une éternité si on se place du point de vue des individus, mais un laps de temps dans l’histoire des nations. Mais dans un cas comme dans l’autre, Novembre continue d’alimenter la controverse.</div> <div class="texte_article"><p>Une controverse d’autant plus préoccupante qu’elle véhicule de manière insidieuse une problématique fondamentalement inopérante (on ne peut en aucun cas refaire l’histoire) et fortement dangereuse (la guerre de libération a été inutile) et qui consiste non pas à expliquer les raisons objectives et subjectives pour lesquelles les faits se sont déroulés de la sorte qu’on connaît, mais plutôt à spéculer sur des alternatives « moins onéreuses » en vies humaines, en bouleversements socioéconomiques et culturels et en ruptures géopolitiques et stratégiques. Bref. A bien écouter les tenants de ces alternatives, la révolution de Novembre telle qu’elle s’est déroulée et le système politico-économique et social qu’elle a engendré ont été « un fiasco total » et la situation actuelle est de loin moins bonne que celle que connaissait le pays avant l’Indépendance. Les arguments utilisés par ce courant de plus en plus fort au sein certaines « élites » nationales n’ont d’équivalent en abjection que leur cynisme, leur mépris et leur cupidité pour tout ce qui est national.</p> <p>Qu’on en juge par les arguments qui sont les plus récurrents ! La révolution de Novembre a été coûteuse en vies humaines et nous aurions pu éviter cela si nous avions opté pour la voie pacifique. Nous aurions pu aussi garder des relations privilégiées avec la France et de ce fait maintenir « nos » pieds-noirs et « nos » juifs avec lesquels le pays aurait été mieux géré et donc mieux loti. La langue française, langue du rationalisme et de la science, nous aurait permis de nous engager de manière plus importante et plus déterminée dans la modernité. La guerre de libération et le régime post-indépendance ont bouleversé les valeurs culturelles et sociales, etc. Ces arguments sont d’autant plus insidieux qu’ils procèdent d’une approche manichéenne de la réalité historique et cachent mal le désir inconscient de ces « élites » de se substituer, en termes de position sociale, aux colons d’antan alors qu’il serait peut-être plus bénéfique pour tout le monde de s’affirmer en tant que couche sociale supérieure, comme cela s’est fait et se fait dans la plupart des pays du monde ! Cacher des prétentions de classes pour lesquelles il faut se battre par des spéculations honteuses sur le cours de l’Histoire relève de la plus haute amoralité ! Et pour cause. Prenons ces arguments un à un et essayons de les confronter à quelques éléments concrets de la réalité historique.</p> <p><strong>D’abord le coût de la Révolution de Novembre</strong></p> <p>Même la France qui a tardivement reconnu le caractère de « guerre » à cette période jusqu’alors définie par le prudent euphémisme « d’événements d’Algérie » a reconnu sa responsabilité dans la tournure prise par le confiit pour n’avoir pas pris à temps les mesures économiques, sociales et politiques nécessaires du fait de la pression des lobbies coloniaux. En matière d’économie et dès 1930, les départements d’Algérie représentaient non seulement la plus grande part des déficits budgétaires, mais aussi une importante balance commerciale déficitaire avec la Métropole. En matière sociale, la population algérienne qui avait le plus souffert du krach de 1929 continuait de sombrer dans une misère sociale indescriptible malgré des financements énormes à fonds perdus dont la presque totalité bénéficiait aux colons. En matière politique et dès la fin de la Secondaire Guerre mondiale, la France octroyait en 1944 la nationalité française à 16 000 Algériens sur 9 millions et noyait dans le sang les manifestations du 8 Mai 1945 alors que les accords alliés avaient reconnu aux populations colonisées le droit à l’autodétermination.</p> <p><strong>Ensuite « la perte » des Pieds-Noirs et des Juifs</strong></p> <p>Dans la déclaration du 1er Novembre 1954, le Front de Libération Nationale reconnaissait la qualité d’Algériens aux pieds-noirs et appelait sans ambages cette population à se joindre aux côtés de leurs concitoyens musulmans à la revendication d’indépendance de l’Algérie dans un esprit de fraternité, de liberté et de coopération avec la France. Dans le même esprit, et dans une correspondance adressée aux responsables du Consistoire juif, le FLN reconnaissait explicitement aux populations juives l’appartenance et l’attachement millénaires à l’Algérie malgré le décret Crémieux qui les avait insidieusement coupés du reste de la population et demandait à ce titre leur participation à la lutte du peuple algérien pour son émancipation. Dans les deux cas, seule une infime minorité des deux communautés répondirent à l’appel. Récemment encore, le président Ahmed Ben Bella rappelait que dès la première année de l’indépendance, il n’avait cessé de demander aux pieds-noirs de retourner en Algérie en leur apportant toutes les garanties de protection et de sécurité, demandes qui, comme on le sait, resteront sans réponse. Pour les juifs algériens, comme d’ailleurs pour les juifs du Maghreb en général, la création de l’Etat sioniste d’Israël orienta fortement les choix.</p> <p><strong>La langue française nous aurait permis d’entrer dans la modernité</strong></p> <p>La modernité n’est pas seulement une affaire de langue. Car si tel était le cas, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali où la langue française est officielle, ou bien le Malawi, le Nigeria et le Zimbabwe qui ont adopté la langue anglaise comme langue officielle seraient des pays modernes. La modernité comme se le demande A. Laraoui n’est-elle pas en définitive « un processus sans fin » à la conjonction de phénomènes divers, nombreux et contradictoires qui relèvement des sociétés, des cultures, des parcours historiques, des sciences, des arts, des pratiques économiques et sociales et des influences entre les nations ? Sinon, comment expliquer les pieds de nez que nous assène la dure réalité actuelle caractérisée par un retour combien inexplicable et inexpliqué d’un conservatisme messianique puissant représenté par l’Administration républicaine US et décidément fortement implanté dans un pays à la pointe du modernisme comme les Etats-Unis ? Aussi, faut-il se demander si à la différence de la société qui heureusement semble à la pointe du combat pour la modernité entendue comme émancipation, ce ne seraient pas « nos élites » qui, dépassées, en viendraient à « revendiquer » à travers la question linguistique une sorte de statut spécial. Un peu comme les colons.</p> <p><strong>La Guerre de Libération et l’Indépendance ont bouleversé les valeurs</strong></p> <p>Toutes les guerres bouleversent les valeurs. C’est la paix qui permet la reconstruction des valeurs. Mais la reconstruction des valeurs se fait par la société. Et comme la société a été changée par la guerre tant du point de vue de la constitution, de la mobilité interne et externe, des conditions économiques, culturelles et politiques, la reconstruction participe aussi de la reconduction ou non des valeurs antérieures jamais en totalité et toujours avec l’émergence de valeurs nouvelles. Ainsi va le monde et nul ne peut s’y opposer. Chaque société crée ses propres lois, non en fonction de ce qui a été vécu mais en fonction de son vécu propre et de sa perception de ses aspirations et de son devenir. C’est un processus de destruction-création. Ainsi en va-t-il des relations individuelles, collectives, familiales et sociales. Ainsi en va-t-il également des relations économiques et politiques. On peut admettre que l’Indépendance n’a pas été à la hauteur des attentes tant il est vrai que ces attentes se sont, au fur et à mesure des années, transformées en attentisme. En attentisme social à l’avant-garde duquel se situaient « les élites » sociales. Celles-là mêmes qui parlent d’alternatives ! Alors ! Novembre victime du révisionnisme ? C’est d’abord aux élites authentiques de répondre.</p> <p><strong>L’auteur est journaliste Indépendant</strong></p></div> <br /><br /> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">Mohamed Iqbal</a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-8935295949273279822009-11-01T05:05:00.000-08:002009-11-01T05:06:34.922-08:00CRITIQUES SUR LE FONCTIONNEMENT DE L’ETAT ALGÉRIEN : Arrêtez la démogogie!<img src="http://www.lexpressiondz.com/photos/R20091101/TP091101-03.jpg" alt="La révision constitutionnelle du 12 novembre 2008 avait pour objet de supprimer la limitation du nombre des mandats et non d’instaurer la présidence à vie" title="La révision constitutionnelle du 12 novembre 2008 avait pour objet de supprimer la limitation du nombre des mandats et non d’instaurer la présidence à vie" align="left" border="0" /> <p class="myexerg">La corruption existait du vivant de H. Boumediène qui a cherché en vain à la combattre, après l’avoir vigoureusement dénoncée. Elle s’est considérablement développée par la suite.</p> <p class="myarticle">De nombreux hommes politiques et observateurs ont récemment dénoncé de façon véhémente la centralisation du pouvoir dont ils rendent seul responsable le président de la République. Par ailleurs, ils accablent l’Etat algérien, reprenant à leur compte le qualificatif de «<i>déliquescent</i>» que lui accole l’ancien chef de gouvernement A. Benbitour. Il ne s’agit pas ici de donner quitus au bilan provisoire du chef de l’Etat. Il s’agit de mettre au jour une ignorance feinte ou réelle du fonctionnement de l’Etat algérien, une sous-estimation volontaire de la complexité des processus de décision en amont comme en aval et la négation implicite du poids du factionnalisme, au sein des sphères dirigeantes, alors que celui-ci constitue un invariant de l’histoire politique de l’Algérie. Nous passerons en revue l’essentiel des griefs adressés au président de la République.<br /><br /><span style="color:#aa8800;"><b>Sur le «<i>coup d’Etat constitutionnel</i>»</b></span><br />La révision constitutionnelle du 12 novembre 2008 avait pour objet de supprimer la limitation du nombre des mandats et non d’instaurer la présidence à vie de quelque candidat que ce soit. Elle n’a pas introduit l’unicité de candidature, de sorte que tout Algérien répondant aux critères d’éligibilité eût pu se présenter. Dans la Constitution algérienne, on peut être candidat à la magistrature suprême ad vitam aeternam. Il n’en résulte pas qu’on puisse être président à vie. Comme je l’ai déjà dit (V. L’Expression du 28 avril 2009), au moins douze candidats d’envergure nationale (dont un ancien président de la République et six anciens chefs de gouvernement) auraient pu faire acte de candidature. Ils auraient pu constituer pour la circonstance, une sorte de coordination pour l’alternance au pouvoir sans avoir besoin d’élaborer un programme de gouvernement ou même d’aboutir à un diagnostic partagé de la situation algérienne. Or, il n’en a rien été. Et il est admis aujourd’hui que l’institution militaire n’est pas intervenue pour dissuader telle ou telle personnalité de solliciter les suffrages populaires. Le Président Bouteflika a demandé au peuple algérien de lui renouveler sa confiance, afin qu’il puisse achever les chantiers ouverts lors du 2e quinquennat. En dehors de lui, aucun candidat déclaré n’aurait pu remporter l’élection présidentielle. Mais un retour en arrière s’impose. Entre 1999 et 2009, aucun des contempteurs actuels du président de la République n’a pris une seule initiative tendant à conférer un minimum de crédibilité à son statut d’opposant supposé: création d’une formation politique, d’un cercle de réflexion, d’une société savante, d’une association. L’opprobre jeté, en son temps, sur Sid Ahmed Ghozali et Ahmed Taleb Ibrahimi n’a été dénoncé ni par M.Hamrouche, ni par A.Benbitour, ni par R.Benyellès, comme si la revendication démocratique était divisible ou à géométrie variable. Qui a empêché et empêche encore aujourd’hui les opposants au Chef de l’Etat de fédérer autour d’eux des universitaires, des chercheurs, des syndicalistes, des chefs d’entreprise, des cadres du secteur public et du secteur privé, des étudiants, pour réfléchir à un projet de société dont le pays aurait, à leurs yeux, urgemment besoin?<br />A. Benbitour vient enfin de franchir le pas. Bravo. Qu’il sache, en tout cas, qu’il n’entre pas dans les intentions du président de la République de saborder son initiative, comme il aura lui-même tout le loisir de le constater dans les semaines et les mois qui viennent. Il faut espérer qu’il fera des émules, mais cela est une autre histoire.<br /><br /><span style="color:#aa8800;"><b>Sur la réconciliation nationale</b></span><br />D’abord, le président de la République n’est comptable, d’aucune manière, des tragiques évènements qui ont ensanglanté l’Algérie à partir de 1992. Ensuite, les prodromes de la réconciliation nationale avaient été lancés par le Président Liamine Zeroual en 1995 (loi sur la Rahma) puis confortés en 1997 par l’accord ANP/ AIS. Il eût été pour le moins paradoxal que le Président A. Bouteflika prît le chemin inverse de la dynamique mise en place dès l’origine par son prédécesseur. Il est vrai cependant que le processus de réconciliation nationale n’a pas obéi aux phases successives auquel il a été soumis, par exemple en Afrique du Sud, et il est incontestable que les conditions d’application des lois de 1999 et de 2005 n’ont pas toujours été conformes à la lettre autant qu’à l’esprit de leurs dispositions respectives.<br />Ceci posé, il est normal que le président de la République invite instamment aujourd’hui les bénéficiaires du pardon à revenir sur le droit chemin, alors que tous les repentis ont pu se réinsérer socialement et se mettre définitivement à l’abri de toute poursuite. On attend, à présent, avec impatience que les initiateurs du contrat de Rome du 13 janvier 1995, décernent le satisfecit qu’il mérite au président de la République, puisqu’à l’évidence, celui-ci a su mettre en oeuvre tout ce qu’ils n’avaient eu de cesse de réclamer, à savoir, en substance, la réconciliation nationale.<br /><br /><span style="color:#aa8800;"><b>Rente, scandales et corruption</b></span><br />La corruption n’a pas commencé avec le retour de A. Bouteflika aux affaires. Elle existait du vivant de H. Boumediène qui a cherché en vain à la combattre, après l’avoir vigoureusement dénoncée. Elle s’est considérablement développée par la suite. Si elle revêt aujourd’hui une dimension inquiétante, comme le prouve le dernier rapport de Transparency International Algérie, c’est parce que notre pays a engrangé des dividendes considérables, grâce à l’envolée des prix du pétrole et parce que les activités du commerce extérieur ne sont pas régulées, offrant ainsi à des milliers de pseudo-opérateurs du commerce extérieur la possibilité de gains considérables grâce auxquels nombre de fonctionnaires de l’Etat se font graisser la patte. Ceci dit, le président de la République peut difficilement accepter la collaboration de personnes dont la justice (et non pas la rumeur) aurait démontré qu’ils ont commis des actes criminels ou délictueux. Le président de la République s’est engagé à moraliser le vie des affaires et vient de réaffirmer solennellement, le 28 octobre dernier, à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire, sa détermination à lutter vigoureusement, grâce à des moyens décuplés, contre la corruption et à sanctionner tout corrompu, quel que soit son rang dans l’Etat. Il faudra donc juger sur pièces. Nous sommes bien d’accord que, sous réserve de la présomption d’innocence, personne ne doit se considérer comme au-dessus des lois. Cependant, personne n’a le droit de confondre entre les scandales survenus sous la présidence de A. Bouteflika avec ceux qui n’auraient été rendus possibles, selon ses opposants, qu’avec sa bénédiction. Ce sont là des affirmations qui sont aux confins de la diffamation. Depuis 1999, le président de la République n’a ni ordonné, ni béni, ni cautionné quelque transgression de la loi que ce soit. Les affaires Tonic Emballage, BCIA, El Baraka Bank, PNDA, FNDRA ne concernent a priori, ni de près ni de loin le chef de l’Etat. La justice a été saisie dans certains cas, elle le sera dans les autres. Il faut la laisser accomplir son office en toute sérénité.<br /><br /><span style="color:#aa8800;"><b>Sur les mesures impopulaires en cascade</b></span><br />Les adversaires du président de la République visent, notamment la loi de finances complémentaire pour 2009. En quoi la LFC édicte-t-elle des mesures impopulaires? Mesures impopulaires que celles qui créent des niches sociales, afin d’inciter les chefs d’entreprise à recruter, à former et à mieux rémunérer les salariés? Il ne s’agit pas ici de se prononcer sur l’efficacité future de ces dispositifs mais de reconnaître qu’ils s’inspirent d’une volonté des pouvoirs publics de combattre le chômage.<br />Mesures impopulaires que celles qui visent à traquer les fraudeurs qui se jouent de toutes les réglementations et affichent avec insolence des signes de richesses qu’ils ont indûment accaparées? Mesures impopulaires que celles qui visent à préserver nos ressources en devises? Certains irresponsables, dans l’opposition comme dans la société civile, pensent qu’il sera facile de revenir vers le FMI, si d’aventure nos réserves de change devaient fondre en quelques années et qu’il nous sera fait bon visage? Ils se trompent lourdement. En revanche, il est vrai que l’Algérie aurait dû élaborer un code des investissements privilégiant les investissements productifs (et non un texte s’adressant de façon indiscriminée à tous les projets économiques et commerciaux), adopter dès l’origine une réglementation des changes moins libérale, s’assurer que nos PMI/PME avaient déjà été mises à niveau, négocier plus longuement l’Accord d’association avec l’Union européenne, en s’inspirant des expériences marocaine, tunisienne et égyptienne. La stratégie industrielle (remise en selle en 2009) aurait dû être élaborée il y a dix ans et depuis, largement mise en application (elle aurait certainement déjà donné des résultats prometteurs).<br />L’aménagement du territoire aurait dû figurer parmi les toutes premières préoccupations des pouvoirs publics, avant que la menace de la ruralisation de nos villes ne devienne irréversible et l’étroite bande côtière du pays occupée par 80% de la population.<br />S’agissant de la loi relative aux hydrocarbures du 28 avril 2005 que d’aucuns qualifient de «<i>loi scélérate</i>», comment ne pas mettre au crédit du président de la République sa quasi-abrogation, 15 mois plus tard (le 29 juillet 2006), avant même qu’un seul texte réglementaire n’ait été publié pour son application. Le président de la République s’est ravisé, après s’être laissé circonvenir par des personnalités liées à des officines étrangères. Dont acte. Aucun gouvernant n’est omniscient. C’est la persistance dans l’erreur qui appelle réprobation et condamnation. En ce qui concerne les retards dans la réalisation des logements, les impérities de l’Aadl, les glissements de plannings contractuels pour ce qui concerne l’autoroute Est/Ouest ou le métro d’Alger, faut-il rappeler à certains esprits égarés que le président de la République n’est pas un chef de chantier. Il appartient aux institutions créées par l’Etat et dotées de tous les moyens, aux entreprises retenues, à leurs sous-traitants, aux différents maîtres de l’ouvrage d’exercer leurs responsabilités et de cesser de se défausser sur les responsables de l’Exécutif. Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, N.Moussa, qui se bat bec et ongles pour qu’un million de logements soient livrés d’ici 2014, conformément à la feuille de route que lui a fixée le chef de l’Etat, n’est pas non plus un conducteur de travaux. Les défaillances sont imputables à certaines APC et APW qui ne veulent pas assumer leurs responsabilités, malgré les injonctions du ministre de l’Intérieur qui n’est pas non plus l’enchanteur Merlin.<br />Ni le président de la République, ni le ministre de l’Intérieur, ni celui de l’Urbanisme ne commandent à la mafia du ciment, celle du sable et celle des autres matériaux de construction qui disposent toutes de relais au sein des collectivités territoriales. Qu’il faille mettre hors d’état de nuire une telle engeance est bien le moins. L’ensemble des institutions de l’Etat est mobilisé à cet effet, mais la lutte contre le grand banditisme est extrêmement ardue et longue.<br /><br /><span style="color:#aa8800;"><b>Sur l’Etat déliquescent</b></span><br />Il est clair que l’Etat algérien n’est pas un Etat déliquescent et qu’il ne sera jamais touché par le syndrome somalien, comme semblent le redouter ou peut-être l’espérer quelques bons esprits. L’Etat algérien doit cependant s’engager sans délai dans la diversification de notre économie, la lutte implacable contre les réseaux mafieux transnationaux, le renforcement des prérogatives de toutes les institutions de contrôle, la réforme du système éducatif, le démantèlement des oligarchies locales, au besoin en remettant à plat toute l’organisation territoriale. Mais surtout afin de prévenir toute nouvelle dégradation du climat social et reconquérir l’Algérie laborieuse et intègre (c’est grâce à elle que le pays tient encore debout et c’est sur elle que le chef de l’Etat gagnerait à s’appuyer), le président de la République devra rompre impérativement toutes les amarres avec ceux qui, ayant abusé de sa confiance, confondent les centaines de milliards de DA d’argent public dont ils sont les ordonnateurs avec leur tirelire personnelle.<br /><br />(*) Professeur de droit<br />Ancien élève du Doyen Mahiou</p> <p class="myauteur"><strong>Ali MEBROUKINE (*)</strong></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-63910653755231387812009-10-31T08:01:00.000-07:002009-10-31T08:02:01.057-07:00Le Salon du livre 2009 d’Alger, un arbre qui cache la forêt<div class="titre_article">Alors que nous étions familiers du Sila des années 2000 et de la Foire du livre d’Alger (FILA) des années 1980, voilà qu’on nous annonce en 2009, un festival sous chapiteau. Car par décision gouvernementale, les manifestations culturelles se déclinent par des festivals institutionnalisés par décrets, régentés pas des commissaires et dotés de budgets confortables, si on s’en remet à la rumeur publique qui enfle.</div> <div class="texte_article"><p>A mesure que les silences officiels sur la gestion des deniers publics se font pesants, cette édition annonce de grands chambardements puisque la pléthore des organisateurs des années précédentes a été virée (ANEP, Safex, SNEL, SPL, Aslia... ) et le Palais des Expositions des Pins Maritimes a été boudé. Jusqu’au mois de septembre dernier, ni le lieu ni la date n’étaient connus alors qu’habituellement, c’est au printemps de chaque année que les modalités d’organisation sont annoncées, les Salons internationaux devant obéir à des calendriers fixes qui permettent une meilleure participation des partenaires étrangers.</p> <p><strong>Qui organise les Salons et pourquoi ?</strong></p> <p>A l’ère du parti unique, de 1980 à 1986, la SNED puis l’ENAL, sous la coupe du ministère de la Culture, régentaient toute l’organisation du SILA. Pas d’organisation professionnelle pas de tiraillements dans les institutions, du moins officiellement. Après les années noires à partir de 1999/2000, nous avons connu des Salons du livre initiés par des opérateurs privés : éditeurs, importateurs et leurs associations professionnelles naissantes. En 2003, l’Etat a remis les pendules à l’heure par son bras séculier, l’ANEP qui échappe à la tutelle du ministère de la Culture et accapare tous les pouvoirs d’organisation. Une guéguerre larvée ne cessera d’opposer l’ANEP alliée au SPL (organisation fantomatique d’une poignée d’importateurs) à l’Aslia (un syndicat de libraires peu représentatif également) au SNEL (syndicat d’éditeurs) ; la Safex se contentant de gérer Ia logistique du Palais d’Expositions. Il faut savoir que cette manifestation constitue une manne financière importante (chaque mètre carré loué rapporte 60 $ US) que se répartissent les organisateurs, en tant que personnes morales et/ou physiques. Un système d’invitations, de voyages, de visas, de locations de voitures privées, de prestations diverses de sécurité et de suites réservées dans les plus luxueux hôtels du pays a permis de maintenir un voile opaque sur les coulisses de ce Salon. De façon exponentielle, ces dernières années, les intérêts se sont déplacés vers les pays arabes dont le nombre de stands et les milliers de volumes de littérature prétendument arabe ou islamique ont totalement modifié le visage du SILA d’Alger.</p> <p>Ce dernier est devenu un immense bazar de diffusion de produits ayant peu de rapport avec le livre, la science, l’art ou la culture et brassant des sommes importantes transférées en toute légalité et en exonération de droits et taxes. Cette prise en otage du SILA par le livre religieux exigerait d’ailleurs de dissocier clairement les deux manifestations laissant le soin aux institutions religieuses la création d’un authentique Salon du livre religieux favorisant la création éditoriale locale au détriment des importations massives des pays arabes. Les éditeurs étrangers de réelle valeur culturelle se sont mis à fuir ce Salon confiant leur représentation à des opérateurs locaux peu initiés à la gestion de leurs catalogues et commandant toujours les mêmes livres les moins chers les best-sellers, ceux destinés au plus large public ; au détriment des ouvrages de qualité, que recherchent les étudiants, les professionnels, les amateurs de beaux livres et de belle littérature. Le constat s’imposait chaque année davantage : le SILA devenait un sacré bazar ! Placée sous l’égide des plus hautes autorités du pays, la manifestation échappait à tout contrôle de la société civile.</p> <p>Est- ce normal que les bibliothécaires, les enseignants, les écrivains, les organisations sociales, culturelles et professionnelles n’aient jamais été associées à l’organisation et à la conception même du Salon ? La surpolitisation a atteint des sommets avec l’utilisation abusive des thèmes racoleurs du nationalisme et de l’anticolonialisme à bon marché, de la récupération politicienne des grands noms tels que Kateb, Djaout ou Dib que ces mêmes institutions ont pourtant toujours honnis de leur vivant. Des piles de catalogues et livres prétendument préfacés par le président de la République s’ouvrant sur son portrait officiel, le regard inquisiteur et l’emblème national en fond, s’empilaient dans tous les espaces du Salon. En Chine ou en Corée, ils devaient sacrément nous jalouser !</p> <p><strong>Quelle a été et comment a évolué la vocation du Salon d’Alger ?</strong></p> <p>Le citoyen lambda ne pouvait que récriminer : pourquoi ne trouve-t-on plus les ouvrages de littérature, d’art, de médecine, de sciences et techniques ? Devait-on se résigner à ne vivre, ne lire et ne se distraire qu’avec ces éditions pléthoriques d’ouvrages scolastiques primitifs ? En fait, par ce Salon s’affirmait définitivement la prééminence de la servilité et de l’instrumentation des « intellectuels organiques ». Aucune voix discordante, aucun livre subversif ne devenait sortir des rangs. On se rappelle les scandales causés par les interdictions de Boualem Sansal, Mohamed Benchicou, Salim Bachi ou Taos Amrouche dont l’ éditeur français, François Geze, ne trouve toujours pas grâce aux yeux du pouvoir politique. Bien sûr, officiellement, c’était le livre religieux séditieux qui était visé. Aucune organisation professionnelle n’a protesté, rares sont les personnalités qui ont osé condamner ces atteintes à la liberté et au droit de contester et réfléchir autrement. « Ettes, Ettes mazal ’hal, macci d kcc ig sah wawal » (Dors, dors tu as tout ton temps. Tu n’as pas encore droit à la parole), chantait Aït Menguellet.</p> <p>C’est ce discours qu’on ressort aux syndicats autonomes, aux journalistes indépendants, aux associations culturelles et sociales. Le Salon du livre a eu cette vocation, il a donné le la à la gent médiatico-politique dans tout le pays : taisez-vous, rentrez dans les rangs ! S’il fallait une illustration à ce constat, la voici : les ex-PDG de l’ANEP et de l ’ENTV viennent d’être honorés pour leurs éminents services, ils sont nommés ambassadeurs d’Algérie, ministres plénipotentiaires de la République. La vocation du Salon a donc évolué de façon significative. Dans les années 1980 c’était une manifestation populaire grandiose citée par tous les professionnels comme une des plus grandes foires du monde, offrant un bel équilibre entre des chiffres astronomiques des ventes (plus de 300 millions de dinars des années 1980 lorsque celui-ci était échangé à 1 DA = 1,66 francs français) et un niveau inégalé de qualité des stands, tenus par les PDG des plus grandes maisons d’édition, Charles-Henri Flammarion, Claude Cherki ou Antoine Gallimard en personne qui présentaient les dernières nouveautés de leurs catalogues.</p> <p>La seconde vie du SILA, à l’orée des années 2000, a été une courte période d’euphorie qui a permis de caresser le fol espoir de voir le pays sortir des ornières de la dictature et de la régression culturelle. On échafaudait des plans de réforme de l’école, de l’université, de la justice, de la liberté de la presse et d’édition qui auraient permis au marché du livre de connaître l’essor qu’il aurait mérité. Je me souviens de Mme Toumi, alors député RCD, qui nous demandait des dossiers sur tous ces projets. Imaginez une multitude d’éditeurs algériens de livres scolaires et universitaires se disputant le seul marché qui vaille, puisque ces millions de livres génèrent des chiffres d’affaires importants qui peuvent donner naissance à une vraie concurrence dont auraient émergé les talents, les compétences, le savoir-faire qui font si cruellement défaut à nos pauvres éditeurs nationaux, réfugiés dans les secteurs parallèles de l’édition. Le parascolaire déplorable, les livres mémoires des anciens combattants et les prétendus « beaux livres » sépia vantant l’Algérie de papa coloniale, représentant ces indigènes pittoresques misérables joqueteux et les femmes lascives offertes au regard concupiscent des légionnaires et autres touristes sexuels de la belle époque. Elle est belle l’édition algérienne...</p> <p>On a tué dans l’œuf toute perspective pluraliste et dynamique pour réinstaurer la pensée unique et la bazardisation de toute la société. Sous la férule des associations caporalisées par le système grâce à un immense tuyau d’arrosage déversant des subventions, des soutiens du livre, des achats groupés, des commandes publiques, des achats institutionnels, on a fait du Salon du livre un immense déversoir de la littérature djihadiste et du livre de bas de gamme de tous les continents et dans toutes les langues laissant peu de place à la création éditoriale locale et à l’émergence d’une corporation d’éditeurs dignes de ce nom. Depuis deux ans, les éditions INAS se voient arbitrairement refuser toute commande institutionnelle et toute édition nouvelle par le refus de délivrance du dépôt légal et ISBN. Quelques rares éditeurs nationaux ont obtenu une petite part du gâteau du livre scolaire algérien puisque trois d’entre eux sont « homologués » pour offrir moins d’une vingtaine de titres vendus au ministère de l’Education nationale. Ils tirent en quelques millions d’exemplaires tout de même, leur assurant ainsi la surface nécessaire au déploiement de leurs éditions dans d’autres créneaux. Grand bien leur fasse, mais n’est-ce pas ainsi qu’on a fabriqué le double collège de triste mémoire dans l’édition natio-nale ? Au nom de qui de quoi doit-on continuer à interdire à des éditeurs algériens de publier librement les ouvrages de leur choix ou bien de participer à l’édition des livres scolaires ? Cet apartheid sert les intérêts de qui ? Pourquoi le silence et la chape de plomb sur ce sujet ? Comment accepter « la fureur de lire » du livre religieux et l’absence quasi-totale du livre scolaire et universitaire dans nos Salons du livre ? Pourtant, Dieu sait l’angoisse des parents et des étudiants lors de chaque rentrée scolaire.</p> <p><strong>Un Salon pour quoi faire ? Quelle est sa place dans la chaîne de distribution du livre ?</strong></p> <p>On pourrait se prendre à rêver d’une Algérie dans laquelle nous marcherions enfin surs nos pieds allant de l’avant en chaîne solidaire de citoyens libres, avides de savoir et de lecture, l’écrivain, le poète, le chercheur sèmeraient librement et à tout vent leurs graines. Les éditeurs s’empresseraient de les recueillir pour les semer, puis les éditer librement. Ils iraient ensuite les distribuer dans des bibliothèques qui les prêteraient à des milliers de lecteurs dans les coins les plus reculés du pays. Ils les vendraient 13 à la douzaine dans des librairies nombreuses, achalandées et belles à fréquenter.</p> <p>Puis à l’orée de l’automne, à l’instar des belles fêtes des vendanges, des dattes ou des tapis de jadis, on organiserait une immense fête populaire qui réunirait les plus beaux crus les meilleurs poètes et romancier les meilleurs ouvriers et ouvrières pour les distinguer, les honorer et chanter leurs louanges. Sans entrave, sans interdit dans la liberté et l’intelligence. On y inviterait nos cousins du Nord et de l’Orient, ceux du Sud et de l’Occident pour goûter à leurs produits et partager ensemble les saveurs des réalisations éditoriales communes. Un Salon c’est juste cela, une fête, des retrouvailles, un beau marché coloré, bruyant et chaleureux à souhait, un moment de partage dans lequel le commerce des idées et des marchandises ferait enfin bon ménage.Mais le poète a dit : « Ettes, ettes Mazal l’hal ! »</p> <p><strong>Les professions du livre, leurs organisations et leurs rapports aux institutions étatiques</strong></p> <p>La gangrène de notre société s’appelle corruption, elle envahit les esprits, les sens, les hommes et les femmes, même les enfants n’y échappent pas. L’argent public se déverse à flots dans les comptes privés selon des modalités qui échappent à la morale et à la raison. Le secteur culturel n’y échappe pas malheureusement. L’interpénétration entre mission publique et entreprises privées épouse les méandres de notre organisation sociale fondée sur le « beni-amisme » et le népotisme, L’enfant naturel de cette liaison coupable s’appelle le béni-oui-ouisme. Voici les ingrédients qui ont fait le lit du marasme culturel que nous vivons, de l’indigence de nos éditions incapables près de 50 ans après 1962 de produire des dictionnaires et des encyclopédies qui décriraient nos langues maternelles, le berbère et l’arabe algérien, nos plantes, nos insectes, notre géographie et notre histoire millénaire.</p> <p>C’est à Beyrouth ou à Paris que nos enfants vont glaner ces connaissances dans les Mounged, Larousse et Hachette réglés rubis sur l’ongle par notre belle rente pétrolière. Et il se trouvera des esprits chagrins pour critiquer nos beaux festivals de « Mikyette », nos chers festivals de livres de jeunesse garantis « pur islamyate », et que dire de ces innombrables Salons de livres financés par les wilayas qui font le bonheur des rois de la piraterie en matière d’édition défiant toutes les lois et les bonnes mœurs de nos métiers du livre. Tant que les professionnels n’auront pas fait le ménage en leur sein en écartant les « trabendistes » et les lobbyistes de mauvais aloi, les pouvoirs publics n’auront d’autre ressource que de porter à bout de bras des baudets dont ils auront beaucoup de mal à faire des chevaux de course. Pour conclure, ne nous laissons pas égarer dans des querelles de chapiteaux et de cirque et cessons de nous cacher les évidences criantes : la liberté d’expression et de création et la guerre à la corruption sont les deux mamelles de la naissance culturelle dans ce pays, de la culture et de tout le reste. Et tout le reste n’est que littérature ...</p> <p><strong>L’auteur est éditeur</strong></p></div> <br /><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">Boussad Ouadi</a></span></i></b>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-26839404374374148492009-10-29T02:26:00.000-07:002009-10-29T02:27:00.978-07:00Projet pour sauver la nation algérienne<div class="titre_article">En ce 1er novembre 2009, nous commémorons le 55e anniversaire du déclenchement, par nos aînés, de la guerre de Libération nationale qui mit fin au cauchemar colonial vécu depuis 1830. Nous pensons aujourd’hui à la somme colossale d’engagements et de sacrifices individuels, d’actes de foi et de courage qu’il fallut à notre peuple pour reprendre en main sa destinée confisquée.</div> <div class="texte_article"><p>Née dans l’esprit d’une poignée de patriotes résolus à sortir notre Nation de l’impasse coloniale, la résurrection de l’Algérie en tant que nation souveraine est devenue ce jour-là l’objectif partagé qui parvint à mobiliser et à souder victorieusement notre peuple. Le devoir de mémoire et de fidélité nous invite également à évaluer aujourd’hui le degré d’accomplissement du projet de Novembre. Il faut relire la Proclamation du 1er Novembre pour réaliser que les rêves et ambitions de ses initiateurs ne se bornaient pas à notre retour dans le concert des nations. Au-delà du recouvrement de notre souveraineté, ce texte fondateur de l’Algérie moderne fixait clairement comme objectif la construction d’un Etat national dédié à la protection des citoyens algériens.</p> <p>Or, plus d’un demi-siècle après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, bien loin de la protection des citoyens algériens, nous avons enduré la perte de dizaines de milliers de victimes innocentes durant plus d’une décennie d’actes de violences, le départ de milliers de nos talents et compétences contraints à l’exil et une longue période de paupérisation et de régression économique, culturelle et morale. Ce n’est évidemment pas la situation à laquelle aspiraient ceux qui ont donné leur vie pour que nous soyons libres aujourd’hui, ni celle dans laquelle chacun de nous, jeunes ou vieux, femmes ou hommes, pauvres ou aisés, veut vivre. Ce n’est pas davantage une situation acceptable pour un pays qui vient d’engranger quelques centaines de milliards de dollars de recettes pétrolières et gazières au cours des dix dernières années et qui dispose d’une richesse encore plus considérable en ressources humaines sur notre territoire comme à l’étranger.</p> <p>Nous sommes plus que jamais interpellés par les sujets de préoccupation, d’angoisse et de colère profondément partagés par les citoyens, à savoir, l’absence de gouvernance, la dégradation accélérée des conditions de vie des Algériens, l’arrogance et l’autisme du pouvoir à l’égard des revendications de la société. De même que la fermeture du champ politique en se berçant de l’illusion de contrôler l’ampleur du rejet du système par la société. En ce 1er novembre 2009, nous ne pouvons que dresser un constat similaire à celui des initiateurs de Novembre 1954 dans leur proclamation : « Aujourd’hui… nous, relégués à l’arrière, nous subissons le sort de ceux qui sont dépassés. … notre mouvement national, terrassé par des années d’immobilisme et de routine, mal orienté, privé du soutien indispensable de l’opinion publique, dépassé par les événements, se désagrège progressivement… L’heure est grave. » Aujourd’hui également, l’heure est grave, car la Nation algérienne se trouve à nouveau dans une impasse dangereuse pour son existence. Il est donc plus que jamais impératif d’opérer un changement profond en vue d’épargner au peuple algérien des souffrances inhérentes à l’inertie de ce régime perçu comme un agent prédateur et responsable de toute la misère qui touche la majorité de la population algérienne. Faute de quoi la perpétuation de la situation actuelle due à la mauvaise gouvernance ne fera qu’accélérer la marche inéluctable vers une double violence sociale et terroriste.</p> <p>En septembre 2000, nous avons enregistré la première grande tentative de légiférer par Ordonnance dans la précipitation. J’avais alors réagi à cette dérive en démissionnant du Gouvernement parce que la haute idée que je me faisais des responsabilités que j’assumais alors me permettait d’entrevoir toutes les conséquences négatives pour l’Etat du recours inconsidéré à ce type de gouvernance. Quelque dix années après, chaque Algérien est en mesure de constater que cet instrument de gouvernance a été utilisé dans des circonstances aussi dérisoires que l’importation de la pomme de terre ou aussi graves que le changement de la Constitution. Avec le temps, la défaillance de l’Etat est devenue évidente et sa paralysie unanimement constatée. Je fais ce rappel pour affirmer ma conviction que le déclin n’est pas irrémédiable et qu’il existe des scénarii qui pourraient ramener l’espoir pour la refondation de l’Etat autour de valeurs et d’idéaux conformes aux aspirations légitimes du peuple algérien. C’est donc par la réalisation d’un projet qui rassemblerait la Nation dans son ensemble et réunirait toutes les compétences existantes que l’on pourrait opérer, en toute lucidité, le changement profond et pacifique qu’attend, depuis si longtemps, le peuple algérien. Le changement envisagé mettra évidemment un terme à la centralisation du pouvoir de décision, aujourd’hui, entre les mains d’un nombre réduit d’individus, au lieu et place des institutions pérennes qui serviraient la Nation.</p> <p>Il éliminera le culte de l’Homme providentiel, il luttera contre la corruption, il réduira la présence d’une inertie, source d’ignorance et de régression, et stigmate ultime d’une Algérie définitivement reléguée en marge du progrès et de la démocratie. Ce qui s’impose en premier lieu est l’établissement d’un processus de réformes capables de favoriser le changement, à commencer par la refondation de l’Etat de droit et l’organisation d’élections ouvertes et libres, dans le strict respect des droits de l’Homme et d’une véritable participation des citoyens dans le choix de ceux qui seront chargés de diriger, en leur nom, les destinées de l’Algérie future. Ce scénario n’est pas si utopique qu’il paraît en ces circonstances très contraignantes. Il s’agit de trouver les nouveaux instruments permettant de favoriser les initiatives pour le changement, à savoir la libération de toutes les énergies existantes, y compris la jeunesse, les femmes et toutes les forces vives de la Nation. Qu’il soit cependant bien compris que le changement n’est nourri d’aucun a priori de vengeance contre personne. Il veut installer un nouveau système de transparence dans la gestion des affaires publiques. Le système sera mis en place graduellement avec le souci maximum de pédagogie pour permettre à tous de s’y adapter progressivement et à s’y conformer au-delà d’une période de grâce suffisante.</p> <p>Ce n’est qu’après la période de grâce, clairement affichée, que des institutions performantes et non des individus, quel que soit leur niveau dans la hiérarchie de la nouvelle gouvernance, mettront un terme aux défaillances de ceux qui refusent de se conformer aux nouvelles règles de transparence dans la gestion des affaires. La garantie du traitement équitable sera assurée pour tous, dans le seul respect de la loi. Dans un contexte aussi complexe, les facteurs du changement peuvent se résumer en cinq instruments :<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Une force motrice : il s’agit d’un discours politique mobilisateur qui explique clairement l’inéluctabilité du changement et qui définit le choix devant lequel se trouve la Nation Algérienne : se taire aujourd’hui et subir le changement dans le désordre avec tous les risques de dérapage ou se mobiliser dans le calme et la sérénité, identifier les problèmes et se préparer à les résoudre, concevoir le changement dans le long terme au bénéfice de tous.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Une vision qui expose la situation de l’Algérie d’aujourd’hui, avec tous ses risques et ses dérives, et qui donne les contours de sa mutation grâce au changement que nous proposons. De même qu’une feuille de route qui explicite clairement les missions et les étapes de mise en œuvre du changement. Tout ceci complété par les engagements des différentes parties prenantes au changement ainsi que le système de contrôle et de validation.</p> <p><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Un leadership capable de donner un sens au changement et réaliser le consensus ; capable de mener rapidement l’Algérie vers la prospérité. Il ne pourra être qu’une personnalité respectée, réfléchie, visionnaire et au-dessus des partis, des clans et des intérêts privés. Elle doit être capable de s’entourer de compétences nationales de très haut niveau.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Un certain nombre de personnalités d’appui ayant une présence de caution notoire dans la société et disposant d’une respectabilité pour soutenir le leader et la stratégie d’implantation du changement.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Les réalisateurs du changement seront des personnes qui assureront la préparation, la coordination et la mise en œuvre du changement dans tous les secteurs. Les missions sont ainsi clairement définies :<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> intérioriser la nécessité du changement dans le calme et la sérénité pour sauver la Nation Algérienne <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> travailler à l’élaboration de la force motrice et de la vision <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> travailler à l’établissement d’un consensus pour un leadership assumé <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> repérer les personnalités d’appui <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> repérer les réalisateurs du changement <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> définir une stratégie de communication qui doit comprendre deux premières étapes probatoires : la première consacrée à l’éducation citoyenne ; la deuxième à l’imputabilité (accountability ou moussaala), autrement dit, apprendre à assumer ses responsabilités et exiger ses droits<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> ouvrir des espaces virtuels de débat au niveau local en la forme de Cercle d’Initiative Citoyenne pour le Changement. Que tous ceux qui sont convaincus de la nécessité du changement commencent à travailler à la réalisation de ces missions avec les moyens qu’ils peuvent mobiliser autour d’eux. C’est avec les petites gouttes d’eau de pluie que se constituent les ruisseaux et les rivières puis les fleuves.</p> <p>Ce projet propose les choix qui s’offrent à la société algérienne. Les choix réalisés aujourd’hui aboutiront à deux scénarii possibles d’ici la fin de la prochaine décennie. Quand le pétrole et le gaz se feront rares en 2020, il ne sera plus possible de réaliser les exportations d’hydrocarbures nécessaires au financement à la fois de la Balance des Paiements et du Budget de l’Etat. Le premier scénario est celui d’une Nation Algérienne respectée parce que, appuyée sur une société libre et une économie de développement et de protection qui a éliminé la malédiction de ne compter que sur les seules ressources naturelles dans sa politique intérieure ; doublée d’une économie bien intégrée à l’économie mondiale qui a su profiter du rattrapage technologique. Ce sera l’Algérie de nos rêves réalisés. Pour cela, il faut un changement du système de gouvernance tel que nous l’avons proposé, avec un démarrage d’ici 2010-2011. Le deuxième scénario sera celui du non-changement, à savoir une Nation Algérienne disloquée et un Etat déliquescent, avec une économie malade, sans ressources naturelles parce qu’épuisées ; doublée d’une économie marginalisée par la contagion au niveau de l’économie mondiale. Alors, il ne restera que les regrets devant une telle situation catastrophique.</p> <p>Tous ceux qui ont la capacité de contribuer au changement, ne pourront dorénavant s’empêcher de se sentir coupables parce qu’ils auront appartenu à la génération qui aura achevé la destruction de la Nation Algérienne en ne prenant pas au sérieux les avertissements nombreux, dont celui-ci. Les tenants du pouvoir verront qu’ils auront appartenu à la dernière équipe qui aurait pu changer le cours des choses, mais qui en aura, en toute connaissance, décidé autrement. J’invite tous ceux qui auront lu cette contribution à la faire lire par d’autres, d’en débattre autour d’eux, par tous les moyens légaux, notamment par tous les instruments offerts par Internet. Analyser cette contribution, l’enrichir, la faire partager par le maximum de citoyens, affranchir l’état moral et psychologique de la société et libérer en elle toutes les potentialités d’initiatives sera le premier pas du projet pour sauver la Nation Algérienne. Il faut bien noter que la mutation ne nécessite pas le nombre. Les forces du changement commenceront en petit nombre qui grossit au fur et à mesure par les relations directes avec la base, le lancement des idées et en présentant une alternative crédible. Ensemble, rien ne nous sera impossible.</p> <table class="spip"> <thead><tr class="row_first"><th scope="col"><strong>Les instruments de changement préconisés</strong></th></tr></thead> <tbody></tbody> </table> <table class="spip"> <thead><tr class="row_first"><th scope="col"><strong>- Une force motrice : il s’agit d’un discours politique mobilisateur qui explique clairement l’inéluctabilité du changement<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Une vision qui expose la situation de l’Algérie d’aujourd’hui, avec tous ses risques et ses dérives<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Un leadership capable de donner un sens au changement et réaliser le consensus <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Un certain nombre de personnalités d’appui ayant une présence de caution notoire dans la société<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Intérioriser la nécessité du changement dans le calme et la sérénité pour sauver la Nation Algérienne<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> Ouvrir des espaces virtuels de débat au niveau local en la forme de Cercle d’Initiative Citoyenne pour le Changement</strong></th></tr></thead> <tbody></tbody> </table> <p><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> <strong>site web : www.cicc-dz.net</strong></p></div> <br /><br /> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:"> Ahmed Benbitour</a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-16415351238244438242009-10-25T14:31:00.000-07:002009-10-25T14:32:00.256-07:00Salafisme et soufisme, l’éternel malentendu<div class="titre_article">Depuis un certain temps, tout particulièrement depuis l’avènement de la doctrine wahhabite qui se veut le chantre du salafisme pur et dur, nous assistons à un grand malentendu opposant le soufisme au salafisme. Ce malentendu prend parfois, hélas, la forme d’un conflit ouvert où l’anathème le dispute à l’excommunication (tekfîr).</div> <div class="texte_article"><p>Chacune des deux parties reproche à l’autre une série de griefs qu’elle juge incompatibles avec les principes authentiques de l’Islam. Les salafistes-wahhabites accusent les soufis d’être des innovateurs qui ajoutent à l’Islam des choses qui lui sont étrangères, comme le culte des saints, les séances de « dhikr » collectives, le tawassul (l’intercession des saints)… Les soufis reprochent de leur côté aux salafites-wahhabites leur attachement à l’aspect formaliste et littéraliste des textes de l’Islam et leur négligence de l’aspect spirituel et introspectif qui est le propre de toute religion, a fortiori l’Islam qui est la synthèse de toutes les religions révélées. Ils leur reprochent aussi leur propension à user de l’excommunication à tout bout de champ contre ceux qui ne partagent pas leurs thèses, quitte à ce qu’ils soient des musulmans.</p> <p>En même temps, ils se défendent d’être des innovateurs et justifient les choses que leurs adversaires leur reprochent avec des versets du Coran et des hadiths du Prophète (qsssl).(1)L’histoire de l’Islam est jalonnée ainsi d’innombrables polémiques et controverses entre les partisans du soufisme et ceux du salafisme, chacun des deux partis défendant ses thèses à coups de versets coraniques et de hadiths prophétiques. Il en est ainsi de la célèbre controverse qui opposa le grand maître soufi d’Egypte Ibn ’Ata Allah Al-Iskandarî de la tarîqa chadiliyya, l’auteur des célèbres Hikam Al Atâïyya, au non moins illustre savant hanbalite Ibn Taymiyya sur ces points de divergence que nous venons de mentionner. Au cours de leur discussion, qui a eu lieu à la mosquée Al Azhar, nous disent les historiens, les deux savants parlèrent du tawassul (intercession) et de l’istighâta (demande d’aide) qu’Ibn Taymiyya refuse à tout autre que Dieu, car pouvant conduire à l’idolâtrie selon lui. Ibn ’Atâ Allah fit remarquer alors à Ibn Taymiyya que si l’on suit cette logique, il faudrait interdire aussi la vigne parce qu’elle permet de fabriquer du vin et castrer tous les hommes pour ne pas les exposer à la fornication.</p> <p>Les deux hommes se mirent à rire de ces boutades, ajoutent les historiens, ce qui montre la grande tolérance et l’esprit d’ouverture qui caractérisaient ces grands savants. Parmi les discussions aimables entre les savants, citons celle qui eut lieu entre Ibn Arabî le grand soufi et Fakhr Eddine Al-Razî le célèbre théologien acharite et exégète du Coran et qu’Ibn Arabî rapporte dans ses Rasâïl. L’imam Taqî Eddine As-Subkî, le grand cadi de l’école chaféîte en Egypte, l’auteur des Tabaqât Achâfiiyya, qui était lui-même un soufi de la voie chadilite, eut aussi de nombreuses polémiques avec Ibn Taymiyya sur des questions de jurisprudence, notamment celle du soufisme. Plus près de nous, le cheikh Ahmed Al-Alawi de la tariqa alawiyya-darqawiyya a publié un livre au titre éloquent, Lettre ouverte à celui qui critique le soufisme(2), dans lequel il répond aux griefs que les adversaires du soufisme lui reprochent. Il y a lieu de signaler qu’avant l’apparition du wahhabisme en tant que doctrine prônant le retour aux sources de l’Islam des pieux anciens (salaf), le salafisme était incarné par les partisans de l’école hanbalite qui se revendiquaient de la ligne de conduite de l’imam Ahmed et des pieux anciens en s’en faisant les chantres. Au demeurant, le mouvement de Mohammed Ibn Abd Al-Wahhâb se revendiquait du hanbalisme qu’il voulait restaurer dans sa version réformiste, telle que menée par Ibn Taymiyya et ses disciples.</p> <p>Force est de reconnaître que ces controverses et ces discussions qui opposaient les soufis aux salafites se déroulaient dans un climat de sérénité et de respect mutuel, chacun apportant des arguments pour défendre ses thèses, tout en restant dans le cadre de la discussion intellectuelle, sans verser dans l’anathème et l’excommunication. D’ailleurs, de nombreux savants hanbalites — et non des moindres — vouaient un grand respect à certains soufis réputés pour leur piété et leurs grandes vertus spirituelles.Le chef de l’école hanbalite lui-même, l’imam Ahmed Ibn Hanbal, avait un immense respect pour l’illustre Bichr Ibn Al-Hârith surnommé Bichr Al-Hâfi, l’ascète de Baghdad. Les historiens rapportent qu’à ses disciples qui lui disaient pourquoi, lui le jurisconsulte et célèbre traditionniste, il cherchait la compagnie d’un demi-fou en délire comme Bichr Al-Hâfi, l’imam Ahmed leur répondait : « Sans doute, je suis supérieur à lui dans le domaine de la science, mais dans la connaissance du Seigneur le Très Haut, il me dépasse de beaucoup. » Et il ne cessait d’aller rendre visite à l’illustre soufi en lui disant : « Parle-moi de la connaissance de Dieu ! »(3) Selon Ibn Al-Joûzî, l’imam Ahmed disait aussi à l’adresse de Bichr Al-Hâfi : « Je n’ai jamais vu d’homme meilleur que Bichr Ibn Al Hârith. »(4) L’émerveillement d’Ibn Hanbal pour la piété et le scrupule des trois sœurs de Bichr Al-Hâfi, qui étaient réputées également pour leur sainteté, est souligné aussi par tous les historiens.</p> <p>(5) Le grand savant hanbalite, Abou Al-Faradj Ibn Al-Joûzî, a consacré de son côté un volumineux ouvrage aux personnages illustres de l’Islam(6) dans lequel il parle avec ferveur et respect de nombreux maîtres soufis des premiers temps, comme Sarî Saqtî, Al-Junayd, Abû Sa’id Al Kharrâz, Bichr Al Hâfi, Al-Hârith Al-Muhâsibi, Ibrahim Ibn Al-Adham, Al-Foudhayl Ibn Ayyâdh, Ma’roûf Al Karkhî, Sufiâne Al-Thawrî, Aboû Bakr Chiblî, Dâoud Al-Tâï, Rabî’a Al-Adawiyya... De son côté, Ibn Taymiyya vouait un grand respect au cheikh Abdalqâder Djilâni, lui-même savant hanbalite émérite et considéré comme pôle (qutb) par les soufis. Dans nombre de ses livres, il ne tarit pas d’éloges sur lui et sur ses nombreuses vertus(7). Une autre autorité de l’école hanbalite, Abû El Wafâ Ibn Aqîl, juriste émérite et chef de file de cette école en son temps, défendait le soufisme et allait, nous dit Ibn Al-Joûzî, jusqu’à défendre Al Hallâj qu’il reconnaissait comme un saint. Parmi les illustres savants de l’Islam qui ont reussi à concilier le soufisme avec le salafisme ou le hanbalisme, nous avons le cheikh Al-Islâm Abdullah Al-Haraoui Al-Ansâri, lui-même jurisconsulte hanbalite et néanmoins grand maître soufi dont la sainteté est attestée par tous ses contemporains.</p> <p>D’ailleurs, un des livres de ce grand maître, Madâridj Al-Sâlikine Ilâ Hadhrat Rabbi Al-Alamîne (Les étapes des itinérants vers Dieu) a été commenté de fort belle manière par Ibn Al-Qayyim Al-Djawziyya, le disciple d’Ibn Taymiyya et un des chefs de file de l’école hanbalite à son époque. Il en est ainsi de nombreux autres savants reconnus comme des autorités dans les sciences de la Chari’a et qui admettent la véracité de la voie soufie. Nous avons à titre d’exemples le cheikh Mulla Alî Al-Qâri, auteur d’un commentaire de l’Ihyâ d’Al-Ghazâli, Ibn Abidîne, le célèbre jurisconsulte hanéfite qui a émis une fetwa sur la légitimité de la voie soufie, Ibn Hadjar Al Haythamî, l’éminent traditionniste et jurisconsulte, auteur d’une même fetwa, l’imam Al-Châtibî, l’auteur des Muwafaqât et du livre Al-I’tisâm dans lequel il fait l’éloge des soufis… De ce qui précède, il convient de dire qu’il n’y avait aucune antinomie à se revendiquer du hanbalisme ou de toute autre école de pensée de l’Islam et du soufisme.(8) Pour ces savants, le soufisme était l’approfondissement de l’Islam, l’introspection de la foi, l’expression du degré de l’ihsân où le croyant adore Dieu comme s’il Le voyait, comme le rapporte le Prophète (qsssl) dans le célèbre hadith sur les trois degrés de l’Islam, de la foi et de l’ihsân(9). Les premiers grands savants de l’Islam ne voyaient aucune incompatibilité entre l’étude et la connaissance des sciences de la Chari’a et l’approfondissement de cette connaissance ainsi que sa concrétisation par les actes et le comportement en purifiant l’âme de toutes les passions et de tous les penchants qui la dévient du chemin de Dieu et de Sa quête perpétuelle.</p> <p>Telle était la conception du salafisme parmi les pieux anciens (salaf) comme Al-Hasan Al-Basrî, Abdullah Ibn Al-Mubârak, et leurs disciples que les historiens considèrent comme les précurseurs du soufisme. On attribue d’ailleurs cette belle parole à l’imam Mâlik : « Celui qui devient soufi sans apprendre la jurisprudence (fiqh) est un hérétique (zindiq), et celui qui devient jurisconsulte sans être soufi est un pervers (fasiq). » Ce n’est que plus tard que le salafisme fut perverti et devint un moyen et un prétexte de rejeter l’autre et de l’empêcher d’avoir une opinion différente, alors que la pensée islamique est si riche et si diversifiée. Les hanbalites, qui revendiquèrent plus tard le salafisme, dévièrent de la ligne de conduite du chef de leur école, l’imam Ahmed Ibn Hanbal qui, comme nous l’avons vu plus haut, éprouvait un grand respect pour les soufis, notamment ceux de Baghdad, comme Bichr El Hâfi, Al-Muhâsibi, Ma’roûf Al-Karkhî… Ces partisans de l’école hanbalite firent montre, tout au long de l’histoire de l’Islam, d’une grande intolérance doctrinale à l’égard de tous ceux qui ne partageaient pas leurs opinions, comme l’ont rapporté les historiens de l’Islam. Ni les soufis, ni les acharites, ni les partisans des autres écoles n’échappèrent à leur vindicte.</p> <p>Ils persécutèrent les partisans du chaféisme, du hanéfisme et du malékisme, de même qu’ils persécutèrent les partisans de l’école de pensée acharite fondée par le grand théologien du Kalam Aboû Al-Hasan Al-Ach’arî. Cette persécution est soulignée dans le livre écrit par le grand soufi et savant acharite Abû Al-Qâsim Al-Quchayrî, l’auteur de la fameuse Risâla sur le soufisme, et qu’il remit au premier ministre de l’Etat saldjukide, Nidhâm Al Mulk, lors de sa venue à Baghdad. Ce livre, intitulé La Chikâya (la plainte), relate tous les griefs que les adversaires des hanbalites leur reprochaient. Même l’illustre historien et exégète Ibn Djarîr At tabarî ne fut pas à l’abri des persécutions de ces zélotes salafites, puisqu’il fut empêché de sortir de chez lui pendant des mois et, à sa mort, il fut enterré de nuit. Son seul tort est d’avoir soutenu que l’imam Ibn Hanbal n’était pas un jurisconsulte (faqîh), mais un traditionniste (muhaddith).</p> <p>Cette opinion, qui est celle d’un savant à l’adresse d’un autre savant, lui valut des persécutions, malgré son statut d’exégète et de savant encyclopédiste, reconnu par tous les musulmans. Pourtant, Ahmed Ibn Hanbal dont se réclament les salafites-hanbalites, qui avait subi les persécutions de certains partisans du mutazilisme pour avoir refusé d’admettre leur thèse sur la création du Coran, n’a jamais recouru à l’excommunication de ses adversaires, se contentant de subir avec courage son épreuve (mihna). En effet, son élève et compagnon, Hanbal Ibn Ishâq, rapporte qu’il l’a entendu dire : « J’ai pardonné à Abû Ishâq Al Mu’tasim (un des califes mutazilites responsables de son épreuve), car Dieu nous dit : ‘‘Qu’ils pardonnent et qu’ils fassent grâce ! Ne voulez-vous pas que Dieu vous pardonne ?’’ » S24. V22.</p> <p>Le même Ahmed Ibn Hanbal, dont l’école juridique fut la dernière à apparaître du point de vue chronologique, n’a jamais remis en cause les autres écoles dont il respectait les imams et fondateurs. Ce n’était pas le cas, malheureusement, pour certains de ses partisans qui ont persécuté les disciples des autres écoles sunnites qui n’étaient pas d’accord avec eux. Il est vrai que cette intolérance n’était pas l’apanage des seuls hanbalites, mais également de certains zélotes des autres écoles juridiques. Ce sont, en effet, des juristes malékites d’Andalousie qui ont demandé à ce que l’Ihyâ d’Al-Ghazâli soit brûlé. Les historiens et chroniqueurs musulmans nous rapportent de nombreux exemples de cette intolérance. Un des exemples les plus éloquents de cet acharnement contre ceux qui pensent autrement nous est donné par le procès intenté par certains hanbalites au grand soufi Abû Yazîd Al-Bistamî, accusé d’hérésie et dénoncé au calife abbasideAl-Mutawakkil.</p> <p>Mais après l’avoir entendu, le calife le renvoya avec beaucoup d’égards et d’excuses, ayant compris qu’il ne s’agit que d’une cabale montée par des gens jaloux du prestige du saint. Il reste qu’en dépit de toutes ces vicissitudes, les relations entre soufis et salafites n’étaient pas aussi inconciliables et leurs différends n’étaient pas si insurmontables qu’ils paressaient ; ces relations connaissaient des hauts et des bas et dépendaient, le plus souvent, de la tendance des pouvoirs en place qui, pour des raisons de politique intérieure, favorisaient les uns ou les autres au gré des intérêts et des enjeux du moment. Mais après l’avènement de la doctrine wahhabite néo-hanbalite qui fut imposée par la force au détriment de toutes les autres écoles juridiques dans la presqu’île arabique, le malentendu qui existait entre le salafisme et le soufisme se transforma en antagonisme voire en conflit ouvert. Toutes les voies soufies — et elles étaient nombreuses —, qui étaient présentes depuis des siècles à La Mecque, à Médine et dans toute la région du Hidjâz, furent déclarées hérétiques et interdites.</p> <p>Les ouvrages sur le soufisme furent frappés de suspicion avant d’être interdits carrément. Abû Hâmed Al-Ghazâli, Abdelqâder Djilâni, Abû Al-Qâsim Al-Quchayrî, Djalâl Eddine Rûmi, Farîd Eddine Al-Attâr n’eurent plus droit de cité dans les librairies et les universités islamiques où la doctrine wahhabite faisait autorité. Quant à certains grands soufis, comme Ibn Arabî, Abdelkrim Al-Djîli, Ibn Al-Fâridh, Abd Al-Wahhâb Al-Cha’râni, ils sont taxés ni plus ni moins de mécréants ! Des poètes soufis aussi prestigieux que l’imam Al-Busayrî, l’auteur de la célèbre Al-Burda ; l’imam Al-Djazoûli, l’auteur des Dalâïl Al-Khayrât et l’imam Abdessalâm Ibn Machîche, dont les poèmes sont récités dans toutes les séances de dhikr sont stigmatisés par certains auteurs wahhabites et traités d’innovateurs « Ashâb Al-Bida’ » et de polythéistes (mouchrikîne).(10) Pourtant, les soufis et les défenseurs de la voie soufie n’ont jamais été absents dans les lieux saints de l’Islam, à La Mecque et Médine.</p> <p>Un des grands savants de La Mecque, l’exégète Mohammed Alî As-Saboûni, l’auteur d’un exégèse concis du Coran très appréciée dans le monde musulman, a fait l’objet, il y a quelques années, d’une grande campagne de critiques de la part des plus hautes autorités wahhabites de La Mecque et de Médine pour son exégèse considérée comme inspirée de la pensée acharite et faisant l’apologie du soufisme.(11) De leur côté, les partisans du soufisme publièrent beaucoup de livres pour défendre leurs thèses et démentir celles de leurs adversaires. L’auteur d’une épître anti-wahhabite(12) a recensé ainsi plus de cent-dix livres qui ont été écrits par des savants des différentes écoles de l’Islam pour réfuter les thèses du wahhabisme, quelques années seulement après la mort de son fondateur. Les polémiques et les controverses entre les deux parties n’ont jamais cessé depuis ce jour et ce, jusqu’à aujourd’hui.</p> <p>Le malentendu semble avoir de beaux jours devant lui. Il en sera ainsi tant qu’on refusera d’admettre que l’Islam est très riche et très diversifié dans sa pensée. Il peut accepter toutes les tendances et toutes les écoles de pensée, qu’elles soient basées sur la raison, comme celle des mutazilites sur la conciliation entre la raison et le texte ; celle des acharites sur la conformité aux textes apparents du Coran et du hadith, comme c’est le cas pour les salafites ou sur la connaissance de Dieu à travers la maîtrise des passions de l’âme et sa purification comme l’enseignent les soufis.Il est vrai que toutes ces tendances ont leur fondement et leurs références dans le Coran et la Sunna prophétique. L’essentiel est de ne pas dévier des principes fondamentaux de l’Islam et de ses dogmes immuables. Pour le reste, il s’agit de vocation et d’effort d’interprétation (idjtihâd).</p> <p><strong>Notes de renvoi</strong></p> <p><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 1. De nombreux livres ont été écrits par des maîtres soufis pour montrer la conformité de la voie soufie avec les principes de la Chari’a avec maintes références aux versets coraniques et aux hadiths du Prophète (qsssl). Parmi les plus célèbres, citons : Al-Louma’ d’Al Sarrâdj Al Tûsî, Qût Al-Qulûb d’Abû Tayyab Al-Mekkî, Tabaqât Al Sufiyya de Abderrahmane Al Sulamî, Awârif Al-Ma’ârif du cheikh Chihâb Eddine Al-Suhrawardi, Ihyâ Ouloûm Eddine d’Abû Hâmed Al-Ghazâli, Al-Risâla Fî At-tasawwuf d’Abû Al-Qâsim Al-Quchayrî, Madâridj Al-Sâlikîne du cheikh ’Abdallah Ansâri Al-Haraoui, Al-Ta’arrouf Lî Madhab Ahl Al-Tasawwuf d’Al Qalabâdi, Kachf Al-Mahdjoûb de Alî Al-Hudjwirî… Les principes du soufisme du cheikh Ahmed Zarroûk…<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 2. Voir Vies des saints musulmans, par Emile Dermenghem, éditions Sindbad, Actes-Sud, Paris 2005. <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 3. Traduction de M. Chabry. Editions la Caravane, Paris 2001.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 4. In Sifat Al-Safwa, éditions Dâr Al-Kutub Al-Ilmiyya, Beyrouth, Liban 1989.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 5. Idem.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 6. Idem.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 7. Certains historiens n’hésitent pas à soutenir qu’Ibn Taymiyya fut le disciple du cheikh Abdelqâder Djilâni dans la voie soufie. Ces historiens citent un auteur, lui-même hanbalite, qui rapporte cette information. Cf Badi’ Al-’Ulqa Fî Labs Al-Khirqa du cheikh Yousef Ibn Abdelhâdi (m 909H/1503 avant J.C.). Manuscrit de l’université de Princeton, collection Yahouda, fol 154a, 169b.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 8. De nombreux soufis étaient des savants versés dans les sciences de la Chari’a : à titre d’exemple, dans la jurisprudence (fiqh), nous avons le cheikh Abdelqâder Djilâni une référence dans l’école hanbalite ainsi que Izzeddine Ibn Abdessalâm un des chefs de fil de l’école chaféîte à son époque, surnommé le sultan des savants ; dans la théologie dogmatique (kalam), nous avons Abû Hâmed Al-Ghazâli et Abû Al-Qâsim Al Quchayrî, deux éminents représentants de l’école acharite ; dans l’exégèse du Coran nous avons l’imam Djalâl Eddine As-suyûti, l’imam Chihâb Eddine Al-Aloûsi, l’auteur du tafsîr intitulé Roûh Al-Ma’âni et le cheikh Ahmed Ibn Adjîba, l’auteur du tafsîr intitulé Al-Bahr Al-Madîd ; dans le hadith, nous avons l’imam Muhyeddine An-Nawawî l’auteur de Riyyâdh Al-Sâlihîne ; dans l’histoire et les biographies, nous avons Abû Na’ïm Al-Isfahâni, l’auteur de Hilyat Al-Awliyya…<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 9. Ce célèbre hadith qui a été rapporté par Omar Ibn Al-Khattâb se trouve dans le recueil de hadiths authentiques de Moslim avec le commentaire de l’imam An-Nawawî. Il résume, à lui seul, les trois degrés de la religion musulmane.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 10. Un petit livre écrit par un auteur wahhabite connu traite même ces illustres poètes soufis d’associationnistes (mouchrikîne) !<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 11. Cf Safwat Al-Tafâsir par Mohammed Alî As-Saboûni. Editions la Maison du Coran, Beyrouth, Liban, 1981.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 12. Cf Lettre des savants de Tunisie au wahhabite égaré du cadi Abî Hafs Omar Ibn Al Muftî Qâsim Al Mahdjoûb le Tunisien, le malékite. Editions Dâr Al-Machâri’, Beyrouth, Liban, 2004.</p> <p><strong>L’auteur est journaliste, écrivain, traducteur. Directeur de la rédaction de la revue Les Etudes islamiques</strong></p></div> <br /><br /> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">Messaoud Boudjenoun</a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-25668169602100914202009-10-24T07:46:00.000-07:002009-10-24T07:47:44.531-07:00La wilaya de Tizi Ouzou en immersion dans les ordures<div class="titre_article">Quel que soit le chemin que l’on emprunte pour entrer dans la ville de Tizi Ouzou, on est accueilli par des tas d’immondices et de détritus de toutes sortes qui jonchent les bretelles d’accès.</div> <div class="texte_article"><p>A l’intérieur de la cité des Genêts, le décor est repoussant. De nombreux dépotoirs occupent les quartiers de la ville et des poubelles crasseuses à la couleur d’un vert franchement laid sont - parce qu’elles ont pour la plupart perdu leurs roues - littéralement couchées sur des trottoirs souvent éventrés et sales. Horrible vision que celle qui est proposée au citoyen et au voyageur de passage. Toutes les villes et toutes les communes de la wilaya de Tizi Ouzou sont dans le même état, c’est-à-dire ,vautrées dans les ordures. Une véritable poubelle à ciel ouvert et une pollution de l’environnement qui va hypothéquer sans nul doute l’avenir écologique de la région. Une catastrophe innommable et à terme une menace pour la santé publique. 1500 décharges sauvages sont répandues à travers la wilaya et... quelques décharges autorisées, tout aussi hideuses. Ces dépotoirs non contrôlés occupent et défigurent les pistes agricoles, les chemins communaux et de wilaya, aucune voie de circulation n’est épargnée, ils envahissent également les forêts, les ravins et les cours d’eau. Faut-il souligner, qu’à cause de ces derniers, le bassin versant du barrage de Taksebt est particulièrement « infecté » ? En amont de la retenue, il est loisible de constater les innombrables objets flottant à la surface de l’eau et les nombreux tas de gravats et de sacs poubelles déposés, par camions entiers, sur ses rives. Pollution à laquelle viennent s’ajouter les eaux usées et non traitées déversées par les communes riveraines. Un magnifique lac, un joyau non protégé et certainement déjà en danger. La même menace pèse sur les nappes phréatiques, un risque potentiel pour la santé des consommateurs de cette précieuse ressource... l’eau, une richesse de notre wilaya, notre pétrole...</p> <p>Des décharges qui sont une agression quotidienne de l’habitant de la région et qui génèrent chez ce dernier des comportements préjudiciables pour la cohésion sociale. Une pomme de discorde entre les citoyens qui refusent, plus souvent à raison qu’à tort, la localisation d’une poubelle dans les parages de leur domicile. Pour se prémunir de l’agression visuelle et olfactive mais aussi pour tenter de réduire le risque pour la santé engendré par la proximité des immondices — une « overdose », il faut le dire, car des décharges, nous le disions, il y en a partout — le citoyen n’en veut pas dans son voisinage, dans l’entourage de son quartier ou de son village, quand bien même les ordures sont les siennes. « La poubelle doit être chez le voisin », en tous cas ailleurs, le plus loin possible du regard et du nez, de crainte de « subir » les odeurs nauséabondes qu’elle dégage et les fumées toxiques qui en émanent, parce que ces ordures brûlent en permanence, engendrent des conflits entre les habitants et compromettent, par des oppositions souvent systématiques, les rares décisions d’installation de décharges contrôlées. Les exemples des communes d’Azazga et de Fréha sont à ce titre édifiants. Le citoyen ne fait plus confiance aux pouvoirs publics — ni d’ailleurs aux élus, même si ces derniers n’ont aucune emprise sur les problèmes relatifs à l’environnement — qui ne mettent en place aucune initiative pour améliorer le cadre de vie de la population et qui n’ont pas non plus de politique nationale visible pour sauvegarder notre environnement. L’inertie de l’Etat face à ce fléau et son apparente indifférence devant la multiplication, à travers le territoire national, des décharges sauvages, ont rendu méfiants les Algériens. Les pouvoirs publics sont restés trop longtemps absents sur ce terrain. Le laisser-aller dont ceux-ci se sont rendu coupables a ruiné non seulement la nécessaire confiance que le citoyen doit manifester à l’endroit des institutions de la République mais a également dissolu les liens sociaux et les indispensables et mutuels rapports conviviaux qui doivent prévaloir dans les relations entre les personnes. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, ce problème se pose avec encore plus d’acuité, cette région du pays, dont la population est de 1,3 million d’habitants, rejette 300 000 tonnes de déchets par an. Une superficie de 2958 km2, un mouchoir de poche et une densité parmi les plus élevées de la planète, 436 habitants au kilomètre carré. Dans ces conditions, les décharges sont inévitablement proches des villages et anormalement à proximité de la population. Les rejets sont donc visibles, agressifs et polluants. Qu’on ne vienne pas nous dire que les habitants sont indisciplinés et qu’ils jettent leurs ordures n’importe où. Il faut bien mettre ces ordures quelque part. L’Etat doit informer, éduquer, sensibiliser et si besoin est pénaliser. Il doit également offrir au citoyen des alternatives pour ses rejets. En l’occurrence, ce n’est pas le cas. Qu’on ne vienne pas nous dire non plus que les élus locaux ne font pas leur travail. Chacun sait que les communes, notamment rurales, ne disposent d’aucun moyen pour gérer les problèmes de l’environnement et de l’aménagement de leur territoire. Le maire ne dispose pas de budget spécifiquement alloué ni de prérogatives particulières lui permettant d’initier des actions pour aménager le territoire de sa commune et sauvegarder son environnement. Les collectivités locales reçoivent une petite aide financière, souvent péniblement arrachée et destinée uniquement à la collecte des ordures ménagères et leur acheminement parfois à plusieurs kilomètres de là, vers les décharges existantes.</p> <p>Tout ce qui se rapporte aux projets relatifs à l’environnement est entre les mains de l’administration, c’est-à-dire, de la direction de l’environnement de la wilaya et de son ministère de tutelle. Pour autant, c’est le président de l’Assemblée populaire communale (APC) qui est décrié et vilipendé quand la qualité de vie du citoyen est mise à mal. L’Etat est en train de revoir le code communal, voilà une opportunité que les pouvoirs publics devraient saisir pour doter les communes de textes qui leur permettent de disposer, à l’intérieur de l’exécutif communal, d’une vice-présidence en charge de l’aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme. Le vice-président sera investi de la mission et aura toutes les prérogatives pour agir dans ces domaines, de nombreux pays, européens notamment, ont doté les collectivités locales de tels moyens. En Belgique, pour ne citer que ce pays, la commune possède en son sein un échevinat (l’échevin correspond à l’adjoint au maire) de l’environnement. Faut-il rappeler au lecteur que dans ce royaume, régionalisé, la wilaya (préfecture) et la daïra (sous-préfecture) n’existent pas dans l’organisation administrative du pays. La commune est la seule administration à laquelle s’adresse le citoyen pour toutes les affaires le concernant : passeport, carte de séjour pour étranger, permis de conduire, carte d’identité, extrait de naissance, etc. Une vraie décentralisation et une véritable démocratie de proximité. Dans notre pays, la mairie et le maire ont un pouvoir limité : même si le code communal actuel leur donne de très larges prérogatives, ils sont dépossédés des instruments qui leur permettent de les exercer, en particulier, les moyens financiers et juridiques qui sont toujours entre les mains de l’administration. Tout ce que le premier magistrat de la commune entreprend doit recevoir l’aval du comité technique de daïra, c’est-à-dire du chef de daïra. Il reçoit un maigre budget, deux à trois milliards de centimes par an pour le PCD Plan communal de développement (PCD). Un budget qui lui permet à peine « de bricoler et de s’occuper » pendant que les projets importants, comme l’aménagement des routes, l’alimentation en eau potable, l’assainissement, l’amélioration urbaine, etc, sont entre les mains du directeur des travaux public, de l’hydraulique, de l’urbanisme... encore une fois, entre les mains de l’administration. Plan sectoriel de développement (PSD) oblige, un procédé à gros budget et qui échappe totalement à l’emprise de l’élu local. Pour autant, quand la population est mécontente, parce qu’elle n’a pas d’eau ou de route, c’est le maire qui est discrédité et c’est la mairie qui est assiégée et fermée. La dernière spoliation en date des prérogatives du maire est l’obligation de certification, par le chef de daïra ou son secrétaire général, des documents d’état civil établis par l’ APC et destinés à l’étranger. Une autre façon de jeter le doute sur la probité des officiers d’état civil exerçant dans les mairies. Il est dit, dans une note destinée au public et signée de la main d’un chef de daïra, que cette mesure a « le souci de simplifier et d’alléger les procédures administratives... » et « ... d’améliorer les relations entre les citoyens et l’administration ».</p> <p>Rien que cela. Au vu de cette concentration des pouvoirs entre les mains de l’administration, il est légitime de se demander ce que deviendra la relation citoyen-administration quand les wilayas déléguées viendront à être installées, quelle place aura la mairie dans tout cet imbroglio et quelles prérogatives lui seront en définitive dévolues ? Dépouillé progressivement de ses attributions légales, le président d’APC a juste le droit d’être le bouc émissaire quand la population souffre des insuffisances de l’administration qui ne va pas toujours au-devant des problèmes quotidiens des citoyens et qui paralysent quelque fois, il faut le souligner, volontairement les initiatives des élus. Ce n’est pas par hasard que les présidents d’APC du RCD de la wilaya ont, il y a peu, adressé — et pris à témoin la population — une lettre ouverte au wali, dénonçant les entraves administratives multiples qu’ils rencontrent dans la gestion des affaires de leurs communes et le peu de moyens que les pouvoirs publics mettent à leur disposition pour mener à bien leur tâche. La dégradation de l’environnement du citoyen et le problème des décharges ont été évoqués dans cette correspondance. La responsabilité de la pollution de notre environnement et la dégradation de la qualité de notre cadre de vie incombent à l’Etat. Il lui appartient de mettre en place une véritable politique nationale de l’environnement, de trouver les solutions adaptées et d’y mettre les moyens appropriés en fonction des situations et des spécificités, et de ce point de vue, il (l’Etat) a failli. Les responsables n’ont pas perçu les mutations des besoins de consommation de la société algérienne et prévu leur accroissement, comme ils n’ont pas vu venir l’augmentation, qui lui est corollaire, des déchets des ménages. Ils n’ont donc pas, au-delà du souci qu’ils auraient dû avoir pour l’environnement, anticipé sur les moyens à mettre en place pour collecter les rejets, les traiter et, pourquoi pas , les recycler. Quel est donc le rôle du ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, et de ses directions de wilaya, si ce n’est aménager le territoire national, sauvegarder ce dernier de la pollution, le rendre vivable au citoyen, agréable au visiteur et au touriste mais surtout et en définitive prémunir l’héritage qui sera légué aux générations futures.</p> <p>Bien sûr, évoquer dans les conditions actuelles l’idée même de l’écologie participe de la coquetterie et peut faire sourire, tant les préoccupations prosaïques sont immenses et pressantes. Quant à imaginer un ministère de l’Ecologie en Algérie, voilà une chimère, un impossible rêve. La wilaya de Tizi Ouzou est une grande victime de l’absence d’une politique nationale de l’environnement du fait, nous le disions, de sa spécificité. Une importante population dans une région « étroite », qui se débat dans des difficultés « endémiques » du foncier. Elle est, de ce fait, naturellement confrontée à des contraintes majeures. Particulièrement à cause de l’importance de son massif forestier et du Parc national du Djurdjura qui constituent à eux deux la majeure partie du territoire de la wilaya et qui sont protégés par la loi, il est dans ces conditions impossible de trouver les espaces appropriés pour y installer des décharges ou des centres d’enfouissement techniques. Un argument mis en avant, avec insistance et à juste titre, par les responsables locaux pour justifier l’absence de projets dans le domaine de l’environnement ou leur retard quand ceux-ci existent. L’autre raison alléguée est l’opposition des citoyens. Ces derniers s’opposent certainement avec raison. Les nuisances générées par les décharges sauvages ont servi de « vaccin » et c’est naturel que le « rejet » se fasse également pour les décharges contrôlées et/ou pour les autres projets - toujours suspects aux yeux des habitants - initiés par les autorités. Le wali a toutefois reconnu que l’opposition n’est pas un obstacle insurmontable et qu’un dialogue rassurant avec la population lève tous les malentendus. Si l’intérêt général venait à être mis en cause par des oppositions récalcitrantes, la force publique doit être sollicitée. L’on se rappelle les péripéties qu’a vécues le centre d’enfouissement technique de Tizi Ouzou. Quelques personnes à peine se sont opposées à ce projet et il est resté dans les tiroirs durant plusieurs années. La dégradation de l’environnement dans la région de Tizi Ouzou est une situation à risques sanitaire et social qui a fait réagir les élus locaux. L’Assemblée populaire de wilaya (APW) a organisé e 15 octobre 2008 une session extraordinaire consacrée à l’état de l’environnement dans son territoire. La sonnette d’alarme a été tirée par les différents intervenants, élus et responsables locaux. Des recommandations ont été faites, parmi elles, il faut noter entre autres la nécessité de mettre en place des schémas directeurs pour la gestion des déchets, de réaliser des centres d’enfouissement techniques, de développer des outils de communication et d’information à même de sensibiliser les différents partenaires, d’encourager les filières de tri et de valorisation des déchets d’emballage par la création de micro entreprises dans le cadre des dispositifs Ansej-CNAC-Anjem..., de redynamiser des activités de police de l’environnement et de l’urbanisme... Toutes ces recommandations relèvent des attributions de l’administration et des prérogatives de l’Etat. Faut-il souligner que notre wilaya est dotée de seulement trois centres d’enfouissement techniques et que ceux-ci ne sont pas encore totalement opérationnels ? Faut-il également souligner que l’agent de l’environnement mandaté par la direction de wilaya ne jouit toujours pas du statut d’officier de police judiciaire ? Situation, chacun le comprendra, qui démotive et entrave lourdement la mission de surveillance et si besoin de pénalisation. La situation de l’environnement dans la wilaya est « critique et alarmante », a déclaré publiquement le premier responsable de la wilaya et il est « urgent d’agir », a-t-il ajouté.</p> <p>C’est pourquoi, il a demandé à ses collaborateurs, en charge de cette mission, de porter à la connaissance du ministère de tutelle les doléances des élus et responsables locaux. Un audit sur l’état de l’environnement dans la wilaya a ainsi été demandé. Une fiche technique évaluant son coût a accompagné cette demande. Les besoins immédiats de la région ont été également consignés dans des fiches techniques séparées. Quatre centres d’enfouissement techniques et une douzaine de décharges contrôlées sont nécessaires pour mener à bien l’opération d’amélioration de la qualité de notre cadre de vie et pour éloigner la menace sanitaire. Le coût est de 1,8 milliard de dinars. La sauvegarde de l’environnement et les préoccupations écologiques sont une autre ambition - qui existe, il faut le souligner, chez nos élus et responsables locaux - mais qui n’est pas encore d’actualité, notamment tant qu’une véritable politique nationale pour l’écologie et la sauvegarde de l’environnement n’est pas clairement manifestée par les pouvoirs publics. Il faudra donc ne pas y penser et la différer. Neuf stations d’épuration et cinq postes de relevage, en amont du bassin versant du barrage de Taksebt, sont également indispensables et doivent être rapidement édifiés pour protéger de la pollution, par les eaux usées, ce réservoir d’eau. Sept milliards de dinars doivent y être investis. Nous avons en mémoire la visite qu’a rendue à Tizi Ouzou, il y a plusieurs mois, le ministre de l’Hydraulique. Ces stations d’épuration avaient été évoquées en ce temps. Des promesses avaient été faites. Moins de dix milliards de dinars, quelques petits millions de dollars que le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme et celui de l’Hydraulique et des Ressources en eau n’ont pas pu inscrire dans le cadre de la loi de finances 2009 et arracher à l’Etat. La demande de la wilaya a en effet eu une fin de non recevoir malgré la claire signification de la gravité de la situation. Est-il raisonnable d’espérer obtenir ce budget sur la loi de finances 2010 ? Une promesse aurait été donnée... En ce qui nous concerne, nous avons - en tant qu’élu de la nation issu de cette région interpellé, au début du mois de septembre par écrit le chef du gouvernement sur cette question. Nous n’avons toujours pas eu de réponse. La préservation de l’environnement et le souci du bien-être du citoyen sont de la responsabilité de l’Etat et ne peuvent se passer de sa volonté affirmée de prendre en charge cette mission. Une véritable politique nationale pour l’environnement, et mettre la main à la poche, voilà les deux conditions indispensables pour faire aboutir une réelle et légitime préoccupation des citoyens et offrir aux générations futures un avenir assuré. De toute évidence, ce n’est pas pour le pouvoir central le souci du moment. En tout état de cause, un an est passé depuis que les élus et responsables de la wilaya de Tizi Ouzou ont tiré la sonnette d’alarme. Ils n’ont pas été entendus par les hautes instances de la République. Pendant ce temps, la région est toujours en immersion dans les ordures.</p> <p><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> <strong>L’auteur est : Psychiatre et député RCD</strong></p></div> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">Dr Boudarène Mahmoud</a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-31944568754127666122009-10-20T10:06:00.001-07:002009-10-20T10:06:45.091-07:00Le général Khaled Nezzar : «Abdelhamid Brahimi a dilapidé 14 milliards de dollars»Invité par le quotidien arabophone Echourouk à donner son avis sur la dernière sortie de Abdelhamid Brahimi à partir de Rabat, le général à la retraite a jugé utile de rappeler le passé «révolutionnaire» de celui qui se croyait «né sous la bonne étoile» : «Durant la guerre de Libération, Brahimi passait du bon temps dans les vergers, derrière les frontières tunisiennes.» Parti trois ans à Alep, en Syrie, pour suivre une formation militaire, ce dernier n’a dû faire l’effort d’accompagner les nouveaux éléments de l’ALN, recrutés parmi les réfugiés, que jusqu’à la frontière : «Jamais il n’a demandé à traverser avec nous la ligne électrifiée, préférant retourner dans son paisible jardin, jusqu’à nouvel ordre.»<br /><br />Brahimi, qui était censé rejoindre les unités combattantes de l’ALN, au vu de sa formation, a fini par servir de facteur pour le compte du chef d’état-major de l’époque, Ali Mendjeli, qui lui confiera, au cessez-le-feu, le commandement d’une des unités qui devaient se diriger vers la capitale, mais il préféra prendre la tangente, abandonnant hommes et matériel, dès que parvint à ses oreilles l’écho du différend entre le GPRA et l’état-major général. Au lendemain de l’indépendance, Brahimi, «qui s’est servi de la Révolution et ne l’a pas servie», refit surface et se rapprocha du même Ali Mendjeli, alors vice-président de l’Assemblée constituante, «par pur régionalisme», pour le supplier de lui octroyer un poste de responsabilité.<br /><br />Ce qu’il obtint, puisqu’il sera nommé wali d’Annaba, avant de solliciter deux bourses d’études aux Etats-Unis, pour lui et sa femme, à un autre responsable de sa région. Après sept ans «d’études», il rentre au bercail mais son diplôme est considéré caduc par les autorités algériennes de l’époque qui exigeaient le bac pour lui accorder l’équivalence. Blasé, il «quémande « un poste auprès du secrétaire général du MDN, et obtient celui de conseiller économique au même ministère ; un poste qui fait presque rire le général Nezzar, «tant cette fonction n’a aucune espèce d’utilité dans une telle institution».<br /><br />Par la force des choses – mais aussi à cause des choix irréfléchis de la classe dirigeante de l’époque –, Abdelhamid Brahimi se retrouve Premier ministre sous Chadli, «par une espèce de jeu d’équilibrisme», explique le général Nezzar. Sa nomination à la tête du ministère du Plan puis du gouvernement sonnera le glas de l’économie nationale et préludera les catastrophes qui s’ensuivirent. Dans le cadre du fameux PAP (plan antipénurie), Brahimi a gaspillé toutes les économies du pays, obligeant son successeur, Mouloud Hamrouche, à hypothéquer l’or pour pouvoir importer les produits de première nécessité. La situation était à ce point catastrophique qu’elle déboucha sur les événements du 5 octobre 1988, «qui ont eu le mérite de permettre l’ouverture démocratique, n’eussent été les erreurs commises dans la rédaction et l’adoption de la Constitution de 1989», regrette le général.<br /><br />Forcé de donner son avis «dans un délai trop court» sur la nouvelle mouture, Nezzar se contenta d’une lecture furtive du volet concernant la défense nationale. Dans ce contexte, le général a rappelé que la démission de Chadli était intervenue lorsqu’il comprit que l’armée avait décidé de ne pas refaire l’erreur d’octobre 1988 et qu’elle rejetait toute idée de servir de nouveau de bouclier pour des politiques dépassés par des événements dont ils sont eux-mêmes la cause. Le général àla retraite Nezzar a estimé que l’histoire des 26 milliards «n’est qu’un subterfuge» inventé de toute pièce par le même Brahimi aux fins de détourner les regards de sa gestion catastrophique : «C’est plutôt lui qui a vidé les caisses de l’Etat, jeté l’argent du peuple par les fenêtres et conduit le pays vers l’impasse dont nous continuons malheureusement à subir les conséquences dramatiques, jusqu’à nos jours».<br /><br />Répondant à Brahimi sur la question de l’islam et de l’arabité, le général à la retraite Nezzar a souligné que, s’agissant de la religion, personne n’était en droit de donner des leçons et, encore moins, de juger qui que ce soit sur son obédience religieuse : «C’est une affaire entre l’individu et son Créateur.» Quant aux doutes émis par Brahimi sur le degré d’arabité des anciens officiers déserteurs, Nezzar a mis au défi l’ancien Premier ministre de démontrer à l’opinion publique qu’il ait un jour mené une action concrète en faveur de la nation arabe : «Il passe son temps à dénigrer son pays, l’Algérie, à partir de la Grande-Bretagne et d’autres pays (allusion au Maroc).»<br /><br />A ce sujet, Nezzar a rappelé son engagement actif dans la guerre israélo-arabe – un livre inédit paraîtra bientôt qui portera sur la participation de l’armée algérienne à cette guerre –, son entrevue avec le colonel Kadhafi à Tripoli, alors embourbé dans son conflit avec son voisin du sud, le Tchad, soutenu par la France. L’Algérie avait proposé au dirigeant libyen de lui assurer une couverture militaire dans la partie nord de la Libye, pour permettre à son armée de faire front aux attaques tchadiennes, au sud.<br /><br />De même, Nezzar a souligné l’aide et le soutien moral et matériel apporté à l’Irak durant la première guerre du Golfe, lorsqu’un haut responsable était parti le voir pour lui transmettre un message des dirigeants irakiens qui ne tarirent pas d’éloges sur l’expérience et le professionnalisme de l’armée algérienne. «C’est moi qui me suis opposé à l’envoi de troupes algériennes en Irak, même en qualité d’observateurs», a souligné l’ancien ministre de la Défense nationale.<br /><br />Pour l’anecdote, le général à la retraite est revenu sur sa très brève rencontre avec Ali Benhadj, qu’il avait reçu au Palais du gouvernement à la même époque : «Il était clownesque dans son faux uniforme», a-t-il dit, avant de révéler que 5 000 treillis non officiels avaient été découverts, qui étaient destinés aux activistes du FIS, et que les responsables – Ali Benhadj, Abassi Madani, cheikh Sahnoun, etc. – ne maîtrisaient pas tous les militants : «Une des raisons qui nous a poussés à interrompre le processus électoral en janvier 1992, était l’éclatement du FIS en plusieurs courants, dont le plus virulent, El-Hidjra Oua Ettakfir, échappait totalement au contrôle de ce parti.» Et de conclure, en toute humilité : «De toute façon, nous avions dû agir rapidement face à une situation chaotique qui mettait en péril l’unité du pays et sa sécurité. Nous n’avions pas le choix ; nous devions sauver la République.»<br /><br /><strong>20-10-2009<br />Mehenna H.</strong>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-15164603931267375392009-10-19T12:01:00.000-07:002009-10-19T12:02:29.964-07:00L’Amérique et la paix dans le monde ou l’utilisation de l’Islam pour déstabiliser la Chine !<div class="titre_article">Alors que l’élection de Barack Hussein Obama a suscité un réel « espoir de paix » dans le monde, largement repris en écho par les médias de la communauté internationale, rares étaient les observateurs qui mettaient en doute cet optimisme béat(1). En fait, il n’y a que la Russie et la Chine qui se sont abstenues de faire des commentaires élogieux à son égard.</div> <div class="texte_article"><p>Par expérience, ils savent que le nouveau président a été désigné pour appliquer le programme des forces occultes qui l’ont porté, à coups de centaines de millions de dollars, à la tête de « l’empire le plus puissant depuis l’empire Romain »(2). Pour mieux faire passer leur programme de déstabilisation de l’Asie, par talibans et Al Qaîda interposés, les décideurs du Complexe militaro- industriel vont se servir de la misère des communautés musulmanes du Pakistan et de l’Inde, ainsi que des frustrations de la Chine pour entraver et freiner l’ascension de ce grand pays qu’ils ont déjà classé comme « puissance rivale ». Conscients de ce que « les Etats-Unis sont la seule superpuissance au monde, combinant une puissance militaire dominante, un leadership technologique mondial et la plus grande économie du monde »(3), les think tanks du Complexe veulent préserver cette avance, estimant qu’« à l’heure actuelle, les Etats-Unis ne sont confrontés à aucun rival global. L’objectif d’une stratégie américaine ambitieuse devrait être de préserver et d’étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans le futur »(4).</p> <p>Pour pérenniser leur domination sur le monde, les Etats-Unis ont mis au point une nouvelle stratégie, dénommée « Programme pour un nouveau siècle américain » dans lequel ils s’inquiètent du « déclin de la puissance des Etats-Unis et des problèmes que cela créerait dans l’exercice de leur leadership mondial… »(5). C’est ce qui explique les sommes colossales misées par le Complexe militaro-industriel pour faire élire un Noir, d’origine musulmane, dans le but de donner du crédit au semblant de changement de leur politique au Moyen-Orient et surtout mettre en application leur stratégie visant à déstabiliser, au moyen de l’Islam, le Pakistan et l’Afghanistan afin de créer une forte zone de turbulences qui s’étendra, par vagues successives, à l’Inde avec comme objectif majeur, la Chine.</p> <h3 class="spip">L’Afghanistan : la déstabilisation permanente</h3> <p>Entre le départ des Soviétiques d’Afghanistan en février 1989 et l’installation de la République islamique en avril 1992, les Américains, tout en laissant les Afghans se dépêtrer dans leurs divisions, après s’en être servi pour abattre l’ours soviétique, envoyaient une mission composée du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif accompagné de son chef d’état-major et du prince Turki El Fayçal, chef des services de renseignement saoudien et protecteur, avec les Américains, d’Oussama Ben Laden. Tout en étant à l’origine de la déstabilisation de ce pays, les Américains font mine de s’y intéresser en jetant un leurre : du fait de sa proximité avec la mer Caspienne, l’Afghanistan sera, disent-ils, la « seule route possible » du gazoduc de ce « nouvel eldorado » des hydrocarbures. D’où la prétendue nécessité de stabiliser ce pays. En janvier 1995, alors que la guerre fait rage, de nouveaux acteurs apparaissent, inventés de toutes pièces par l’ISI pakistanais, à l’instigation de la CIA et financés par l’Arabie Saoudite : les talibans(6).</p> <p>Lorsqu’en septembre 1996 les talibans prennent Kaboul, Michael Bearden, ancien responsable de la CIA dans ce pays, déclare : « Ces gars ne sont pas les pires, des jeunes gens un peu fougueux, mais c’était mieux que la guerre civile… » (7). Même le vice-président de la firme Unocal, Chris Taggart, qualifie leur avance de « développement positif » (8). Donnant plus de consistance au leurre du « projet de gazoduc », cette firme ouvre un centre de formation à l’université d’Omaha pour former 137 Afghans aux techniques de construction de gazodusc. Mais ce prétendu projet est aussitôt enterré par Washington pour faire perdurer la déstabilisation de l’Afghanistan par l’envoi de Ben Laden qui était au Soudan, « à la recherche d’un refuge »... En fait, « lorsqu’en mars 1996 le Soudan proposa de livrer Ben Laden à Washington, Madeleine Albright prétexta une tension avec le Soudan pour fermer l’ambassade US à Khartoum » (9). La proposition soudanaise dura jusqu’au 19 mai 1996, date à laquelle Ben Laden quitta le Soudan pour l’Afghanistan. En écho à la manœuvre, le sous-secrétaire d’Etat américain, Scrobe Talbott, dévoile le véritable projet d’avenir réservé à ce pays, le 21 juillet 1997 : « La région (l’Afghanistan) pourrait devenir une pépinière de terroristes, un berceau de l’extrémisme politique et religieux et le théâtre d’une véritable guerre. » (10)</p> <h3 class="spip">John O’Neil, L’homme qui en savait trop !</h3> <p>Les ingrédients pour le lancement, le 22 février 1998, du Front international islamique par Ben Laden, sont mis en place. Ce dernier, pour se rendre plus crédible, émet une « fetwa » autorisant les attentats anti-américains. Le 8 août 1998, des engins explosifs détruisent les ambassades de Dar Essalem et de Nairobi, consacrant ainsi le classement de Ben Laden comme ennemi public n° 1. Pour lui (leur) permettre de bien (lui) préparer ses caches, les Etats-Unis attendront plus de six mois avant de lancer un mandat d’arrêt international. Le leurre du « projet de gazoduc » n’avait plus lieu d’être… Washington va même jusqu’à manipuler le Conseil de sécurité de l’ONU pour faire voter, le 15 septembre 1999, une résolution « exigeant des talibans l’extradition de Ben Laden… » Mais les talibans restent, et pour cause, des interlocuteurs pour les Etats-Unis, puisqu’ils permettent à Abderrahmane Zahid, ministre adjoint des Affaires étrangères taliban de donner, le 27 septembre, une conférence à Washington dans les locaux du Middle East Institute.</p> <p>En fait, chaque négociation devient le prétexte pour pousser à une radicalisation des talibans, manipulés et manipulables à souhait. Ce qui poussa le diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, à démissionner pour ne pas devenir complice de la manœuvre, mais n’empêcha pas les Etats-Unis de faire semblant de continuer à « réclamer Ben Laden », en proposant aux talibans, en contrepartie, un autre leurre : un « plan sérieux de reconstruction ». Ce nouveau leurre devint l’excuse tout trouvée pour que le Département d’Etat bloque l’enquête du Fédéral bureau of investigation (FBI) sur d’éventuelles implications de « Ben Laden et de ses complices talibans » dans l’attentat du mois d’octobre 2000, contre le navire de guerre Américain USS-Cole, à Aden, au Yémen. En fait, se rendant compte que l’agent du FBI, John O’Neil, surnommé « M. Ben Laden », avance bien dans son enquête et risque de comprendre le pourquoi du comment de cet attentat et découvrir les vrais commanditaires, Washington le fait expulser du Yémen le 5 juillet 2001. En savait-il trop ? Comme par hasard, on lui offre, fin août 2001, après sa démission provoquée du FBI, les fonctions de chef de la sécurité du World Trade Center, pour être sûr qu’il y laisserait les secrets dont il avait eu connaissance. En effet, de part la fonction dont il était nouvellement investi, il ne pouvait y échapper : John O’Neil devait y laisser la vie le 11 septembre.(11)</p> <h3 class="spip">« Organiser les situations » par l’utilisation de l’Islam</h3> <p>Pour les décideurs du Complexe, « la perspective est que l’Asie orientale deviendra une région de plus en plus importante, marquée par l’ascension de la puissance chinoise… »(12) ; aussi, estiment-ils nécessaire « d’accroître la puissance militaire des Etats-Unis en Asie orientale » qu’ils considèrent comme « la clé pour faire face à l’accession de la Chine au statut de grande puissance »(13). Ils sont convaincus qu’« aucune stratégie américaine ne peut empêcher les Chinois de défier le leadership régional américain »(14). Aussi, est-il conseillé dans cette étude de « sécuriser et étendre les zones de paix démocratiques, dissuader la montée de la concurrence d’une nouvelle grande puissance, défendre les régions-clés, exploiter la transformation de la guerre par les nouvelles technologies »(15). En fait de transformation de la guerre et de nouvelles technologies, les stratèges du Pentagone comptent organiser les situations par islamistes interposés et manipulés par leur relais local qu’est l’ISI Pakistanais. Cette nouvelle stratégie consiste à « organiser les situations pour préserver la domination géopolitique des Etats-Unis en s’appuyant sur les fondations indiscutables d’une prééminence militaire des USA »(16).</p> <p>Dans son « projet pour le nouveau siècle américain », le complexe s’est donné pour objectif de reconstruire les défenses de l’Amérique avec pour stratégie de « préserver et accroître la position (des USA) comme seule superpuissance militaire prééminente, pour une durée à venir aussi longue que possible »(17), en se donnant pour mission de redéployer les forces des USA pour répondre aux « réalités stratégiques du XXIe siècle en déployant des forces en Europe, au Moyen-Orient et surtout en Asie orientale, devenu le nouveau centre d’intérêt stratégique »(18). Et les analystes de cette stratégie de mettre en garde les décideurs du Complexe : « Si nous ne prenons pas nos responsabilités, nous susciterons des défis envers nos intérêts fondamentaux. L’histoire du XXe siècle doit nous enseigner qu’il est important d’organiser les situations avant que les crises ne surviennent et de faire face aux menaces avant qu’elles ne deviennent extrêmes. L’histoire du XXe siècle doit nous inciter à prendre fait et cause pour la domination américaine »(19). « L’inquiétude croissante » que manifestent les think tanks face à « l’ascension de la Chine en tant que puissance peut créer une dynamique qui peut menacer la capacité de l’Amérique à exercer sa puissance dominatrice… »(20). Voulant régenter toute la planète, ils estiment que « la prépondérance de la puissance américaine est si grande et ses intérêts globaux si larges qu’ils ne peuvent pas prétendre être indifférents à l’issue politique dans les Balkans, dans le Golfe persique ou même lorsqu’ils déploient des forces en Afrique »(21)</p> <h3 class="spip">Semer les « chaos constructifs »</h3> <p>Après avoir organisé les situations en Palestine, par un blocage systématique de toute initiative de paix et le maintien d’un abcès permanent par le soutien inconditionnel de la politique annexionniste de l’Etat d’Israël, créé les conditions à même d’attiser le feu dans les Balkans jusqu’à l’implosion de la Yougoslavie, mis en place le « chaos constructif » en Irak pour avoir la mainmise et le contrôle sur l’un des plus grands gisements de pétrole de la planète, encouragé les « révolutions oranges » d’Ukraine et de Géorgie en les poussant à demander leur intégration à l’OTAN pour affaiblir la Russie, utilisé l’Afghanistan et le Pakistan pour en faire les principaux leviers de leur politique de déstabilisation de l’Asie, poussé à l’établissement, en Somalie, d’un foyer permanent de tension dans la région stratégique qu’est la Corne de l’Afrique, essayé à maintes reprises de déstabiliser le Liban, par Israël interposé, ou par centaines de millions de dollars, en jouant sur les « rivalités » intercommunautaires chiites/sunnites/chrétiens, favorisé la prétendue « rivalité » entre Perses et Arabes pour créer un foyer de tension propre à inciter des achats d’armement de la part des monarchies pétrolières, en brandissant le danger d’un Iran nucléaire, ils utilisent, à présent, un bon Noir américain d’origine musulmane, pour faire les yeux doux au monde musulman et s’en servir dans leurs desseins machiavéliques de domination du monde.</p> <p>En prévision de tels projets, ce programme prévoit « de réduire la fréquence de la présence des porte-avions en Méditerranée et dans le Golfe tout en augmentant la présence de l’US Navy dans le Pacifique(22) et d’améliorer les capacités de l’Air Force en Asie orientale pour mener des opérations de bombardiers à longue portée B2 et autres avions furtifs à partir de l’Australie(23), sachant qu’à l’heure actuelle ce type d’avions n’opèrent qu’à partir de la base aérienne de Whitman dans le Missouri. L’US Force prépare le remplacement de sa flotte de F-15 et F-16 par le F-22, conçu dans le programme Joint Strike Fighter (JSF), qui a déjà coûté 223 milliards de dollars au contribuable américain et renverra le Rafale français au musée de l’aéronautique. La marine ne sera pas en reste puisqu’il est projeté des ports d’attache semi permanents en Australie et aux Philippines. Tous ces préparatifs sont mis en place dans « la perspective que l’Asie orientale deviendra une région de plus en plus importante, marquée par l’ascension de la puissance chinoise… »(24).</p> <p>Ce qui a fait la force des Etats-Unis depuis le début du XXe siècle, ce sont l’audace et l’esprit de décision qui ont caractérisé ses dirigeants, et notamment ceux du Complexe militaro-industriel. A chaque fois que le besoin s’en est fait sentir, ils n’ont pas hésité à créer les situations de manière à avoir plusieurs longueurs d’avance sur leurs rivaux, y compris leurs alliés conjoncturels (Europe et Israël). A contrario, depuis les vingt dernières années, la Russie et la Chine sont confinées dans leurs retranchements et subissent les assauts sournois et répétés de l’empire. Afin de contrecarrer et prévenir cette déstabilisation programmée, la Russie, qui compte plus de 15% de musulmans, a pris des mesures concrètes pour mettre en échec ce plan par l’adoption d’une politique plus volontariste avec le monde islamique(25), rappelant, par le biais de l’ancien président V. Poutine, que « la présence de l’islam sur le territoire russe était antérieure à celle du christianisme » (26). En effet, historiquement, l’Islam s’est répandu en Russie dès la fin du VIIe siècle, alors que le christianisme n’a été adopté, comme religion officielle, que vers la fin du Xe siècle par le premier Etat russe. Quant à la Chine, elle gagnerait à instaurer vis-à-vis de sa communauté musulmane une politique plus à même de contrer et prévenir ce plan machiavélique pour déjouer cet effet boule de billard, venant aujourd’hui du Pakistan et demain de l’Inde, dont la majeure partie de la communauté musulmane(27), marginalisée et victime de discrimination de la part du pouvoir indien, vit dans une très grande misère.</p> <p><strong>K. M. : Avocat</strong></p> <p><strong>Notes de renvoi :</strong></p> <p><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 1- Point de vue de l’auteur paru dans El Watan du 22 décembre 2008 : « De la case de l’oncle Tom… » <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 2- Propos tenus par Henry Kissinger <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 3- Dans Stratégie, forces et ressources pour un nouveau siècle<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 4-Idem<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 5- Idem<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 6- « Aux origines de la guerre antiterroriste » Pierre Abramovici. Le Monde Diplom. Janvier 2002<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 7- « Pièces à conviction » France 3, 18 octobre 2001 cité par Pierre Abramovici<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 8- Financial Times du 3 octobre 1996 cité par Pierre Abramovici<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 9- Dans La terreur fabriquée W. G Tarplay<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 10- Dans « Pièces à conviction » sus-cité.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 11- Dans « Aux origines de la guerre anti terroriste » sus-cité.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 12 à 24 dans Stratégie, forces et ressources pour un nouveau siècle américain sus-cité<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 25- La Russie a obtenu le statut de membre observateur de l’Organisation de la Conférence islamique le 10 octobre 2003 grâce à l’appui de l’Arabie Saoudite et de l’Iran.<br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 26- Déclaration de M. Poutine sur la chaîne El Jazeera le 16 octobre 2003. <br /><img src="http://www.elwatan.com/dist/puce.gif" alt="-" height="11" width="8" /> 27- En Inde, la communauté musulmane compte près de 160 millions d’habitants.</p></div> <p><b><i>Par <span class="vcard author"><a href="mailto:">Khelifa Mahieddine</a></span></i></b></p>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-69450643473273383392009-10-18T05:52:00.000-07:002009-10-18T05:53:17.701-07:00Réorganisation de l’année scolaire : Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bainIl est rassurant de voir certains de nos titres de presse ouvrir leurs colonnes à des universitaires et spécialistes.<br /><br />Ces contributions sont censées éclairer les profanes sur tel ou tel enjeu ou expliquer, avec pédagogie, des concepts sujets à interprétation. Leur arbitrage est décisif dans les débats – voire dans les polémiques – entre profanes autour de questions à soubassements scientifiques.<br /><br />Pour ces raisons, leur avis était très attendu pour élucider les tenants et les aboutissants des turbulences occasionnées par la nouvelle organisation de l’année scolaire. Les rares universitaires qui se sont prononcés sont pour la plupart des sociologues.<br /><br />Aucun spécialiste en sciences de l’éducation, notamment parmi ceux versés dans le créneau des rythmes scolaires n’est intervenu sur la scène médiatique. Même s’ils ne sont pas légion, il en existe au sein de laboratoires de recherche de certaines universités du pays. Passons sur ce silence pesant. Revenons aux propos disponibles dans la presse nationale. Nous avons entendu à maintes reprises parler de “surcharge des programmes”. Un universitaire a même parlé de “la charge trop lourde des programmes”. Mais qu’est-ce qu’un programme scolaire si ce n’est qu’il comporte – entre autres – un listing de chapitres de leçons à dispenser par l’enseignant et à assimiler par l’élève ? En d’autres termes, un cahier des charges pour le processus d’enseignement/apprentissage du niveau concerné. Sûrement que le sociologue interviewé avait dans son esprit le mot “surcharge des programmes”.<br /><br />Le lecteur non initié se dira “voici un justificatif scientifique aux choses qui se racontent ici et là autour de la surcharge des programmes”. Pour lui, la messe est dite, alors qu’aucun argument n’est venu étayer les affirmations de l’interviewé. Ce qui est bien dommage.<br />En réalité, les programmes scolaires sont de conception universelle notamment dans les disciplines scientifiques. Le nombre et l’intitulé des leçons de mathématiques, de physique, technologie ou de sciences “programmées” dans les établissements scolaires d’Algérie sont quasiment les mêmes que dans les tous pays du monde. Il n’y a pas de mathématiques, ni de sciences spécifiques à notre pays. En fait foi l’existence d’une évaluation à l’échelle mondiale et d’Olympiades dans ce type de disciplines.<br /><br />Il n’est pas dans notre intention de nier ou de contourner l’existence de ce malaise récurrent qui a amené les élèves de terminale à sortir dans la rue en janvier 2008. Mais est-ce que les vraies questions ont été posées et les facteurs décisifs cernés ? Pas sûr. Ne voilà-t-il pas que, malgré les allégements opérés par la commission de suivi des programmes scolaires installée en septembre 2007, des voix s’élèvent en septembre 2009 pour “dénoncer la surcharge des programmes scolaires” ? Jusqu’où alléger ? Jusqu’à transformer en peau de chagrin des programmes (ceux des disciplines scientifiques et techniques) élaborés sur des normes internationales ?<br /><br />Le premier facteur à incriminer – et il est de taille – se situe au volume horaire annuel alloué aux apprentissages (heures de cours effectifs), à savoir le nombre de semaines passées par l’élève en salle de classe. Comparés à leurs pairs des autres pays, nos élèves souffrent d’un déficit en semaines de cours. Au niveau mondial, la moyenne varie de 35 semaines (Maroc, Tunisie) à 40 semaines en Occident, excepté la France. Chez nous, l’année scolaire pointe sa fin avant la clôture de la 27e semaine. Nous parlons de 27 semaines, officiellement planifiées, auxquelles il y a lieu de retrancher les nombreux jours fériés et les journées “clandestines des ponts’’ de fêtes. Faites les comptes ! Une durée nettement insuffisante pour prétendre aux mêmes performances des élèves anglais ou chinois.<br /><br />Dans les faits, les élèves sont “encouragés’’ à déserter les salles de classe une fois bouclée la dernière composition du troisième trimestre. D’où le triste spectacle, vers la mi-mai, de ces élèves qui s’éparpillent dans l’espace extra-scolaire. Pour aller où ?... Une réalité dénoncée par la presse et les parents et que le MEN a tenté de juguler depuis quelques années.<br /><br /><strong>Enjeux et contraintes</strong><br /><br />Afin de mettre fin à cette anomalie, la loi d’orientation sur l’éducation nationale (adoptée le 23 Janvier 2008) a fixé la durée de l’année scolaire “à 32 semaines au minimum”. Dans le sillage de cette loi et pour être en phase avec la tendance mondiale, le MEN a pris la décision d’une rallonge conséquente à l’année scolaire. Elle est de 35 semaines, à partir de cette année.<br />La levée de boucliers constatée depuis cette annonce a de quoi laisser perplexe. Elles sont légitimes les préoccupations des parents dont les enfants font face à des contraintes de transport ou de restauration. Par contre, inexplicables sont les positions de certains cercles. Auparavant déjà, ces derniers se sont plaints de la “surcharge des programmes’’ et des difficultés à les boucler avant terme. Recevable, cet argument quand il s’agissait d’une année scolaire à 27 semaines (et moins). Mais comment expliquer le maintien de cette position au moment où survient une rallonge de 8 semaines. N’est-elle pas conçue (cette rallonge) pour offrir le temps nécessaire au sacro-saint bouclage des programmes ? Elle permet aussi de mieux s’adonner aux révisions, à la préparation aux examens (en classe et non en dehors). Autre avantage à puiser de cette réorganisation de l’année scolaire : effectuer les corrections et les comptes rendus des compositions du troisième trimestre, d’ailleurs rarement effectués par le passé. Qui s’est soucié de cette privation de droit dont ont été victimes nos élèves – le droit à la correction/compte rendu, le droit à la phase de révision/préparation.<br /><br />Quand on sait la valeur pédagogique et formatrice des corrections collectives et individuelles, des révisions préparatoires aux examens, on ne peut que se réjouir de voir les élèves algériens disposer du même nombre de semaines que leurs camarades dans les autres pays.<br /><p>Dans le fond, le principe de cette décision de réorganisation de l’année scolaire (à 35 semaines) est inattaquable. Faut-il souligner qu’elle a un soubassement scientifique et pédagogique sans lequel les pays développés ne l’auraient jamais adoptée ?<br /></p><p>Toutefois, son application dans des conditions particulières a quelque peu perturbé la sérénité des usagers de l’école. Nous citerons deux écueils : la double vacation dans des établissements scolaires, due essentiellement à l’incapacité du secteur de la construction de répondre avec célérité aux demandes en infrastructures scolaires ; les redoublements, voire triplement d’élèves de fin de cycle faute de place d’accueil en formation professionnelle.<br /></p>À l’évidence, des mesures d’accompagnement sont inéluctables à court ou moyen terme. Elles se dessinent en filigrane dans l’esprit de la réforme qui se veut soumise à un dispositif permanent d’évaluation. Dispositif qui nous l’espérons, débusquera les fausses notes et apportera les solutions adéquates.<br /><br />À coup sûr, c’est vers une refonte de l’organisation pédagogique de nos établissements scolaires que nous mène cette mise à niveau aux normes internationales. De cette refonte naîtront les solutions radicales aux problèmes récurrents que nous vivons chaque année. Là se nichent les enjeux futurs. Ils ont pour noms : la réduction de la durée de la leçon sous l’impulsion de l’usage des TIC, la redéfinition de la nomenclature des disciplines à enseigner avec des horaires appropriés, la synchronisation des contenus des manuels avec les programmes scolaires et ce, par un affinement des cahiers des charges s’y rapportant (ne pas confondre programme et manuel), la réhabilitation statutaire de certains enseignements tels que l’EPS et l’éducation artistique et esthétique. À la clé, l’élève algérien aura de la motivation pour les études. Le problème d’horaires ne se posera pas en termes de contrainte mais en termes de qualité des activités proposées.<br /><br />Quand il est soumis à un régime pédagogique attrayant, centré sur ses intérêts et ses besoins, l’élève ne voit pas le temps passer. Surtout lorsqu’il est entre les mains d’un éducateur consciencieux, dévoué au nom de la réussite et de l’épanouissement de ses ouailles. Pour toutes ces raisons, il y a lieu de conclure par le bon sens populaire : “Éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain”. L’année à 35 semaines (et plus si nécessaire) impose ses vérités partout dans le monde. Il ne sert à rien de s’y opposer… à moins d’avoir des desseins autres que purement pédagogiques.<br /><br /><strong>Par : AHMED TESSA (*)</strong>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-58155249111775521182009-10-13T02:49:00.000-07:002009-10-13T02:51:30.101-07:00À propos du livre de cheikh Khaled Bentounès : La mémoire et la gloireÀ soixante ans passées, cheikh Khaled Bentounès, chef de la zaouïa alaouia, se penche sur son passé. De cet exercice est sorti un récit de 200 pages, plaidoyer pro domo comme il convient à ce genre d’ouvrage, où le cheikh raconte sa vie, son œuvre et ses espérances. M. Bentounès a peut-être mille raisons d’être fier de ce qu’il a réalisé. Il devrait, cependant, s’armer d’une plus grande précaution quand il cite des faits passablement reformatés ou des propos de personnes encore vivantes. Retour donc sur une enquête journalistique signée par un jeune reporter qui était moi et qui a été publiée par le journal El Moudjahid il y a aujourd’hui 41 ans…<br /><br />En juillet 1968, sur plusieurs jours d’affilée, paraissait sur le journal El Moudjahid une enquête-reportage intitulée : Les Alaouites ou l’Islam des hommes d’affaires. Voici comment, dans un ouvrage qui vient de paraître1, cheikh Bentounès en parle : “Le samedi 20 juillet 1968, écrit-il, Zouaoui Benhamadi signe un article incendiaire sous le titre les Alaouites ou l’Islam des hommes d’affaires ; qui sont-ils ? Des musulmans à part entière ou des musulmans bien à part ?” 2. Le cheikh énumère ensuite un certain nombre de griefs que l’opinion publique et, selon lui, des dirigeants de l’époque, reprochaient à la zaouïa alaouite, accusations qui vont de l’attitude antinationale à l’hérésie religieuse. Jusque-là, c’est conforme au texte de l’enquête. Le cheikh Bentounès ose ensuite, et c’est son droit, une explication plus générique : cette enquête n’est rien d’autre qu’une attaque publique et frontale contre la zaouïa “commanditée par le pouvoir militaire qui s’est installé en Algérie en1965”. Là encore, le cheikh Bentounès peut échafauder le scénario qui lui convient.<br />Seulement voilà, pour avoir été l’auteur de cette enquête, c’est aussi mon droit de dire ce que je sais. Je sais que, comme tous les étés qui sont des périodes “vides”, comme dans toutes les rédactions du monde, le journal El Moudjahid cherchait des sujets de société pour étoffer ses pages. Je sais que mon chef de rubrique de l’époque (encore vivant) natif de l’est du pays, une région où l’action de cheikh Abdelhamid Ibn Badis avait considérablement réduit celle des confréries, m’entretenait souvent de ce que lui disait alors son parent, qui se trouvait en poste dans une institution publique à Mostaganem. Il lui paraissait étrange et très peu ordinaire qu’une confrérie locale puisse avoir autant d’influence sur la vie des institutions publiques comme c’était le cas à Mostaganem.<br /><br />Ce que colportait la rumeur était-il vrai ? Il fallait aller enquêter sur place. Voilà comment, dans la tranquille atmosphère estivale d’une rédaction, il a été décidé de réaliser un reportage sur les Alaouites. On est bien loin du “pouvoir militaire” machiavélique tapi dans l’ombre et manipulant à sa guise médias et journalistes. J’ajoute encore que le Moudjahid de l’époque était dirigé par le très regretté Abdelaziz Morsli, un homme d’une inégalable probité intellectuelle qui a marqué plusieurs générations de journalistes.<br /><br />Au fait, que contenait cette “incendiaire” enquête ? Rien de plus que la description de l’état des lieux et la transcription des propos des principaux protagonistes, y compris un entretien avec cheikh El Mahdi Bentounès, père de l’actuel guide de la zaouïa, dans lequel il confondait ses détracteurs. Que s’est-il passé par la suite ? On peut l’apprendre par la lecture d’un chapitre du livre de M. Bentounès. Mais un journaliste peut-il être tenu pour responsable de l’action et des réactions de deux acteurs majeurs et hautement responsables que sont les autorités publiques, d’une part, et les dirigeants de la zaouïa, de l’autre ? Ou alors, faut-il tuer le messager à chaque fois que les nouvelles ne sont pas bonnes ?<br /><br />Quarante années s’écoulent et un jour, je reçois un appel de M. Adda Bentounès, frère du guide, qui me demande si je consentais à témoigner dans un film ce que la zaouïa réalisait autour de la personnalité de cheikh El Mahdi Bentounès. Ma réponse est immédiate : c’est oui. Le oui d’un homme qui a toujours eu la conscience tranquille. Le jour convenu, je vois débarquer dans mon bureau une équipe de“cinéastes alaouites” avec un attirail flambant neuf. Premier constat : ce sont des étrangers mais, disent-ils fièrement, de vrais adeptes de la Tarîqa. L’entretien devait durer dix minutes mais je vois qu’il s’éternise. Jusqu’à ce que le “cinéaste” me dise clairement ce qu’il était venu chercher : des excuses publiques, voire même un acte de repentance. Pourquoi ? Parce que j’avais participé à un “complot ourdi par Boumediène le communiste qui, pour plaire à Moscou, s’en était pris à un fleuron de l’Islam (les Alaouites)”. Et il ajouta, tout à fait rassurant : “Aujourd’hui, le mur de Berlin est tombé, il n’y a plus rien à craindre”3. Rien que cela : la zaouïa alaouite, enjeu stratégique de la bataille est-ouest ! Je le regardai médusé mais tout de même surpris par son air candide, presque de bonne foi. Je compris alors que ce “cinéaste”, non seulement ne connaissait rien à la réalité locale, mais ne faisait que débiter un couplet qu’on lui a appris ailleurs.<br /><br />L’entretien se déroulant devant témoin, j’entrepris alors, patiemment, caméra en marche, de lui rappeler la genèse de cette affaire et, courtoisement, lui donnais congé.<br />En juillet 2008, de passage à Alger, le cheikh Khaled Bentounès m’invite à un “déjeuner amical” pour évoquer le “passé et l’avenir”. La zaouïa alaouite était devenue rayonnante et plus puissante que jamais. Je décidai de répondre à cette invitation avec plaisir mais surtout pour avoir des explications sur l’attitude du fameux “cinéaste” étranger.<br /><br />Une fois à table, le sujet fut posé avant les hors-d’œuvre et aussitôt évacué par un geste expéditif du cheikh : “oublie tout ça. Ces étrangers ne comprennent pas les réalités de notre pays”. S’ensuivit un échange paisible qui dura trois heures et qui sera d’ailleurs suivi d’une autre longue rencontre, environs six mois plus tard, et toujours en tête-à-tête. Que s’était-il dit dans ces rencontres ? Rien de bien notable sinon un échange, parfois fécond, entre deux hommes mûrs que le destin a fait croiser il y a quarante ans. Le cheikh avait envie de me faire connaître l’étendue et les performances de son itinéraire et il le faisait comme un orateur des grandes foules, même si j’étais seul à l’écouter. Aujourd’hui, disait-il, il “occupe un grand espace, tutoie des têtes couronnées d’ici et d’ailleurs, ambitionne de grands projets pour sa Tarîqa…”<br /><br />J’avoue que, sur le moment, à part un léger soupçon d’une trop humaine vanité, tout cela me semblait dans l’ordre des choses : réussir c’est d’abord le faire savoir. Mais après la lecture de son livre, d’autres interprétations sont possibles. Parce que, que dit le cheikh Bentounès de ces rencontres ? En ouvrant les guillemets, le cheikh me fait dire : “Je rends grâce à Dieu de m’avoir prêté vie jusqu’à ce que je te rencontre aujourd’hui. Il fallait me débarrasser de ce fardeau qui me pèse depuis si longtemps. Il me fallait avoir une explication avec toi sur ce qui s’est passé autrefois…” 4.<br /><br />Cette entrée en matière, curieusement empruntée à une littérature de confessionnal, laisse présager du pire, c'est-à-dire, de la part de M. Bentounès, d’une remarquable capacité de “construction”. Ainsi, selon ses dires, j’aurais plaidé les circonstances atténuantes vu mon âge (23 ans) à l’époque, j’aurais chargé mes supérieurs qui ont “fait le choix des entretiens à publier”, et, bien sûr, ce n’est que plus tard, après avoir beaucoup voyagé, que j’ai compris “le message universel de cheikh El Mahdi Bentounès qui avait des idées beaucoup trop avancées pour l’Algérie de l’époque”. Voilà, bien plus que des regrets, de véritables aveux !<br /><br />Bien sûr que rien de cela n’a été dit. Mais comment caractériser, eu égard à la personnalité de M. Khaled Bentounès et des sentiments que lui vouent ses adeptes, une telle inexactitude sans employer le mot qui blesse ? L’on sent bien que le sentiment de revanche, sinon de vengeance, l’a emporté chez le cheikh au point de violer une discussion à caractère privé et de travestir la réalité. J’affirme pour ma part n’avoir jamais tenu, ni avec M. Bentounès ni avec personne d’autre, de tels propos tout simplement parce qu’ils ne renferment aucune réalité. Qui peut croire que l’indomptable Morsli qui dirigeait le journal, le talentueux regretté Bachir Rezzoug, qui a donné une plus-value technique à cette enquête, le subtil photographe Aziz Hmida, moi-même et certainement beaucoup d’autres qui auraient été, selon les dires du cheikh, les commanditaires ; que tout ce monde-là donc ait pu, dans un secret si jalousement gardé depuis 40 ans, “comploter” contre une zaouïa, en particulier, dans un pays qui en regorge ? Et pourquoi ? Mais si l’on retourne l’interrogation pour se demander pourquoi depuis si longtemps les dirigeants de la zaouïa alaouite s’en tiennent à la théorie du complot, l’on peut peut-être comprendre, à la faveur des soubresauts qu’a connus notre pays, où se situe aujourd’hui l’intérêt et qui en tire profit.<br /><br />Le cheikh Khaled Bentounès est dans son rôle de tenter d’innocenter ses pères des accusations de leurs contemporains. Mais il ne peut refaire l’histoire. C’est en apportant sereinement ses preuves et non en accablant la mémoire des disparus qu’il pourrait peut-être convaincre. Car il ne faudrait pas succomber à l’illusion. Tout ce gros paquet de vieux tartuffes fraîchement convertis, ces politiciens bedonnants partis à la pêche aux voix sénatoriales, ces plumes “mortellement laïques” qui ont pourtant encensé une problématique “audace” religieuse, ces officiels de la religion à la crédibilité obérée qui se sont réfugiés dans le silence, tous ces gens - et je ne parle évidemment pas des adeptes sincères - qui ont accouru cet été à Mostaganem, ne sont que d’encombrants compagnons de route pour une authentique Tarîqa soufie dont la trajectoire a plus à voir avec la douloureuse quête existentielle de l’imam El Ghazali que de la frivolité médiatique d’un Séguéla. Le cheikh Khaled Bentounès devrait le savoir. Le reste, l’avenir le dira.<br /><br /><strong>Par : ZOUAOUI BENHAMADI (*)</strong><br /><br />*Journaliste. Il ne s’agit ici ni d’un compte-rendu ni d’une critique d’un livre par ailleurs intéressant, mais d’une forme de mise au point sur un épisode de l’histoire. <br />1. La Fraternité en héritage – histoire d’une confrérie soufie. Cheikh Khaled Bentounès avec Bruno Solt. 220 pages, éditions Albin Michel.<br />2. Page 79 et suivantes.<br />3. Cette rencontre a eu lieu en juillet 2005<br />4. Page 104 et suivantes.A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-31568184183028358642009-10-11T03:11:00.000-07:002009-10-11T03:12:31.170-07:00La bataille de Tachibounte : Aghrib Azazga 8 octobre 1959Tachibounte est un petit bois, à vrai dire un bosquet, qui surmonte une crête avec des falaises abruptes et des ravins sauvages. Elle est située non loin d’Aghrib et du gros village Taboudouchte. Elle est limitée au nord par le village d’Adrar et à l’est par le gros village d’Azrou. Le village d’Aït Bouali n’est pas loin non plus.<br /><br />Nous sommes en pleine opération « Jumelles », et déjà les effets désastreux de la sédition des officiers libres se font sentir et remuent dangereusement les rangs de l’aln. une réunion regroupe des moudjahidine au village de Timerzouga, c’est une réunion informelle initiée par l’aspirant Si Abderrahmane Arrous, membre du conseil du commandement de la Région 3, Zone III. Il invite à cette réunion les chefs des secteurs et déjà deux d’entre eux sont présents. Il s’agit de Si Mouh Saïd Boudoukhane et de Si El Hanafi dit « Habachi ». L’autre chef de secteur, Si Ouakli Kesri, de Sidi Naâmane a été retardé. L’ordre du jour de cette réunion improvisée est communiqué aux participants, il s’agit de juger l’un des leurs, un aspirant de surcroît, pour fautes graves. En l’occurrence, il s’agit de Si Ouali, un ancien gendarme déserteur, originaire de la Petite Kabylie et dont le comportement a paru bizarre ces derniers temps jusqu’à offusquer certains de ses proches et cela n’a pas échappé à la vigilance de ses compagnons. Il est donc aux arrêts. Les moudjahidine réunis en conclave estiment qu’ils ne sont pas qualifiés pour juger un officier, et un aspirant ne peut pas juger un autre aspirant comme lui, il fallait donc se résoudre à réclamer l’avis des officiers supérieurs. Si El Hanafi, adjudant-chef du secteur à l’époque fut désigné pour prendre attache avec le haut commandement et l’instruire de cette affaire. Il était le seul homme à connaître l’endroit où il pourrait rencontrer le commandant Si Mohand Ouelhadj. L’endroit était revêtu du secret le plus absolu compte tenu de la conjoncture, et approcher le commandant n’était pas chose aisée à ce moment-là. Une section de moudjahidine l’accompagnera dans sa mission. En attendant, les moudjahidine observent de leur coin les mouvements des troupes ennemies stationnées à Aghrib et ses environs. Lorsque Si El Hanafi est de retour, il est surpris par la lumière du jour, il est dans l’obligation de faire halte et stationne du côté de Freha et dépêche deux estafettes pour porter le courrier.<br /><br />Le commandant Si Mohand Ouelhadj a été contacté, et dans sa réponse, il explique que la situation qui prévaut donne légitimation aux moudjahidine de la Région 3 réunis à Timerzouga de constituer un tribunal et de juger l’officier indélicat. L’affaire est réglée rapidement. Le tribunal est constitué et rend son verdict. L’accusé est condamné et exécuté. L’imprimé « Arrêt de mort » est rempli. Il indique le président du tribunal, l’accusateur, le défenseur, les témoins et le greffier (le secrétaire de séance). Les djounoud s’apprêtaient à rejoindre la magnifique forêt de Tala Igouraouène, leur lieu de prédilection, pour trouver un refuge sûr pour séjourner dans la journée du lendemain. Mais l’aspirant Si Abderrahmane Arrous les dissuada. Ils demeureront donc sur place en se répartissant dans les chaumières des alentours. Les documents de la réunion sont portés dans une serviette et placés en lieu sûr à quelques encablures de là dans un abri au loin dans une localité en contrebas. Le lendemain, la cavalerie ennemie stationnée au poste militaire de Mira sort en opération et se dirige tout droit vers cette localité située en retrait des gros villages de la région et en zone découverte. Y a-t-il eu dénonciation ou bien est-ce une opération de routine ? L’ennemi arrive à localiser l’abri et les soldats tuent les deux secrétaires qui s’y étaient réfugiés et qui sont étrangers à la région. Encouragés, les soldats continuent à fouiller et à creuser et parviennent à découvrir la serviette et les documents qu’elle contenait. L’ennemi sait maintenant que les moudjahidine ne sont pas très loin et qu’ils sont assez nombreux. Il monte tout de suite une opération de ratissage et ses troupes stationnées dans les postes et camps militaires sont en état d’alerte. Les soldats du poste militaire d’Aghrib sortent du camp et trompent la vigilance des guetteurs aln en jouant de ruses. Ils font mine de se diriger vers le sud, alors qu’en fait, ils rebroussaient chemin par des voies détournées pour aller rejoindre leur objectif primordial, à savoir atteindre le chemin des crêtes au nord qui coupera la retraite aux djounoud qui voudront rejoindre Tala Igouraouène. Les moudjahidine seront donc pris au piège et n’auront d’autre alternative que de se réfugier dans la forêt de Tachibounte. Pendant ce temps, l’ennemi a achevé ses préparatifs, et très tôt le matin du 8 octobre 1959, le ratissage s’annonce par les bombardements d’artillerie lourde et par la ronde infernale des T6, des Moranes jaune et noir ! Les hélicoptères de type Sykorsky et Banane ne sont pas en reste ; ils interviennent dans le transport des troupes pour les déposer sur les crêtes des montagnes environnantes. Les djounoud maintenant se sont retranchés au milieu de la forêt et chacun d’eux a choisi son abri personnel pour combattre. Dans leur majorité, ils sont armés de fusils de guerre de type américain Garrant ou français Mas 49 et des pistolets mitrailleurs Mat 49 mieux appropriés pour les combats de proximité et surtout en forêt. Ils constituent au total une section de 27 combattants auxquels s’ajouteront quelques détachés.<br /><br />Les premiers coups de feu ne vont pas tarder à retentir dès que les premiers éléments de la troupe française pénètrent dans la forêt et se rapprochent dangereusement à la portée des fusils meurtriers des moudjahidine. La bataille qui débute enregistrera l’anéantissement total de cette section ennemie qui s’est hasardée trop confiante au cœur de la forêt. Comme toujours et en pareilles circonstances, l’ennemi retire ses fantassins et confie à l’aviation et à l’artillerie le soin de continuer le combat. Il durera toute la journée et une partie de la nuit avec l’utilisation des fusées éclairantes. Devant la résistance acharnée des djounoud et de leur obstination à combattre jusqu’à épuisement des munitions disponibles et devant leur endurance, l’état-major opérationnel ennemi a eu recours aux renforts qui augmenteront considérablement le nombre des assaillants. Le combat s’achèvera le lendemain 9 octobre au matin. Les pertes sont lourdes de chaque côté, mais elles ne furent pas évaluées du côté français parce que les corps ont été ramassés et transportés jusque dans les postes militaires. Par contre, les pertes des moudjahidine sont considérables : toute la section a été neutralisée avec 22 chouhada et 5 blessés faits prisonniers. Dans sa vindicte, l’armée française, qui pleure ses soldats morts au début de la bataille, utilise des villageois comme bouclier pour pénétrer dans la forêt et pour participer au ramassage des corps des soldats tués. Ils seront abattus à leur tour pour empêcher la divulgation du nombre des pertes françaises, il y aura donc au total 29 chouhada. La zone de Tachibounte sera déclarée zone interdite et les villages environnants seront évacués. La population sera regroupée dans des centres créés à Tala Tegana et à Timerzouga. Un poste permanent est installé au village Adrar pour la surveillance continuelle de cette zone interdite.<br /><br />Voici les noms des chouhada de cette bataille mémorable : Boudjemaâ d’Aït Bata (Abizar), Abderrahmane Arrous (Larbaâ Nath Irathen), Si Saïd Bounamane (Assif El Hammam), Ghezzaz Amar dit le Chinois (Mizrana), Oumetchi Ahmed (Tifra), Tissegouine M’hand (Ibdache), Amkrouche Ali (Ibdache), Tizrairat Saïd (Tifra), Aït Abba Rabah (Ighil M’henni), Ouagouag Belaïd (Adrar), Lounis Saïd (Tala Tegana), Iguer Ramdane (Tala Tegana), Agouni Nessouk Boudjemaâ (Azerou), Djoughali Arezki (Tala Tegana), Saber Pacha Mokrane, Djoughali Mouloud (Tala Tegana), Mouh Nali Oumeziane, Saïd Ourezki, Amar Tessanate, Aït Amar Hidouche, Oubatite Saïd, Si M’hand Nath Aïssi, Si Ali Ouahmed, Djoughali Amar (Tala Tegana), Si Ouali Ihnouchène, Rabah Oumetchi. Les 5 blessés faits prisonniers sont : Ouguenoune Saïd dit Saïd Boudhrar, Si Mouh Saïd N’tboudoucht, Boudouhane, Tighedine Arezki dit Arezki N’taouinte, Ibouchoukane Tahar du village Adrar, Abdellaoui Hadh Ahmed du village Ibeskrine.<br /><br /><strong>Par Salah Mekacher</strong>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-16736594992854119942009-09-26T13:40:00.000-07:002009-09-26T13:41:31.783-07:00{« Au carrefour des réseaux protéiques complexes »}<div style="text-align: justify;"><span style="font-weight: bold;">Yacine Bounab, jeune neurobiologiste algérien, travaille dans l’un des centres de recherche de référence en biologie des systèmes, le centre Max Delbrück à Berlin (Allemagne). Sous la houlette du professeur Erich Wanker, Bounab et ses collaborateurs ont développé une stratégie bio-informatique pour créer une première « cartographie » de toutes les protéines responsables d’une dégénérescence neuronale. Ses travaux de thèse de doctorat paraîtront prochainement dans la prestigieuse revue britannique Nature.</span><br /></div><br /><span style="font-weight: bold;">- Dans quel cadre s’inscrit votre de travail de recherche à l’ère de la post-génomique ?</span><br /><br />Historiquement, la génétique a vécu trois périodes distinctes mais néanmoins complémentaires. La première a vu l’élucidation et l’attestation de la molécule d’ADN comme vecteur de l’information génétique (excepté certains virus qui sont à ARN). La deuxième a permis de décoder les mécanismes moléculaires de l’expression et de la régulation de l’information génétique à l’échelle d’un seul gène. La troisième, dans le sillage du génie humain et génétique, a connu l’explosion des déchiffrements des génomes entiers des espèces, dont celui de notre propre espèce durant la dernière décennie. Donc, on est passé du dogme central un gène/une protéine/une fonction à une échelle beaucoup plus complexe d’interactions protéines-protéines qui reflètent la réalité des cellules. C’est la biologie des systèmes, l’autre grand challenge de la recherche biologique, qui met à contribution plusieurs disciplines. La cellule est comme une société : l’individu vit dans un espace où il y a d’autres individus avec qui il interagit positivement et/ou négativement, lie des affinités et subit même des répulsions. La protéine dans une cellule agit de la même sorte : elle interagit avec certaines protéines spécifiques qui lui sont nécessaires pour exercer une fonction sous forme d’un complexe, voire des réseaux beaucoup plus intriqués. L’altération d’une protéine donnée rompt cette organisation et chamboule le bon exercice domestique cellulaire, d’où l’émergence de pathologies. Dans notre modèle d’étude, la protéine Htt (voir encadré) mutée se trouve au cœur d’une dérégulation de son réseau d’interactions : formation d’agrégats toxiques dans les neurones du stratium, suppression de l’expression de 7 protéines et augmentation de présence de 7 autres protéines. Plus important : notre approche multiprotéiques d’établissement du réseau altéré dans la chorée d’Huntington (dégénérescence neuronale affectant les fonctions motrices et cognitives aboutissant à une démence) nous a permis de révéler des modulateurs de la maladie jusque-là indétectables par les approches conventionnelles monoprotéiques. Les partenaires de Htt sont au nombre de 38 protéines responsables de 44 interactions dans la région cérébrale spécifique, le stratium, qui est la plus touchée par la mort des neurones dans cette pathologie héréditaire. Donc, plutôt la dérégulation du réseau protéique que la mutation de Htt à elle seule semble être responsable de la dégénérescence neuronale. Nous avons développé une stratégie bioinformatique pour créer, expériences sur le modèle animal fétiche des généticiens de la maladie à l’appui (Drosophilamelanogaster), une première « cartographie » de toutes les protéines qui interagissent, directement ou indirectement, avec Htt. Par exemple, la protéine CRMP1 que j’ai découverte s’avère être grandement réduite dans la dégénérescence d’Huntington. D’ailleurs, chez la drosophile, j’ai corroboré le rôle capital de CRMP1 en l’injectant sur cette mouche de fruit qui a pu inhiber la mort cellulaire programmée en présence de la protéine Htt mutée.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">- Les applications de votre découverte…</span><br /><br />Le but de la post-génomique moderne est d’analyser puis de cataloguer systématiquement toutes les molécules (protéines, ADN, ARN, et petites molécules) ainsi que leurs interactions dans une cellule vivante. Il est primordial de comprendre comment un ensemble de molécules en interaction les unes avec les autres détermine une fonction biologique. La mise au point de techniques de génération de données à haut débit (génomiques, transcriptomiques, protéomiques, métabolomiques, etc.) ainsi que la bioinformatique ont permis l’émergence de cette nouvelle approche interdisciplinaire de la biologie moléculaire. Maintenant, il est clair que les dividendes seront récoltés par l’industrie pharmaceutique pour atténuer, voire guérir, les affections neurodégénératives, surtout dans la mesure où la complexité du cerveau avec ces 100 trillions de synapses nécessite des outils d’exploration qu’on est en train d’affiner.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">- Vos perspectives d’avenir ?</span><br /><br />Dans le cadre de mon stage post-doc (chargé de recherche), intégrer en septembre le département d’immunologie de l’Institut Pasteur de Paris pour appliquer notre modèle d’interactions protéines-protéines de la chorée de Huntington sur deux volets : l’inflammation et l’allergie. L’inflammation se manifeste chez les personnes atteintes des maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer et Huntington), ainsi que de cancer. Aujourd’hui, l`espérance de vie a considérablement augmenté, conduisant à une augmentation du nombre de cas de maladies neurodégénératives. En outre, les changements climatiques, la pollution de l’environnement ainsi que l’alimentation de plus en plus industrialisée font que les allergies vont aller crescendo à l’avenir. Donc, l’analyse des réseaux protéomiques, ainsi que sa dynamique spatiotemporelle, impliqués dans les processus d’inflammation et d’allergie seraient un atout majeur pour comprendre puis contrer plus ou moins ces maladies émergentes. Le mastocyte (cellule du système immunitaire impliquée dans l’inflammation et l’allergie) se verra donc appliquer notre stratégie de cartographie des complexes et réseaux d’interactions protéiques. Donc, je suis au carrefour des maladies émergentes, pour caractériser les voies de signalisation intracellulaire.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">- Comptez-vous apporter votre plus à l’Algérie ?</span><br /><br />Bien sûr, autant que possible. Mais revenir en Algérie dans l’immédiat est, pour moi, surréaliste. Existe-t-il des moyens adéquats pour mener à bien la recherche ? J’en doute. J’ai été étudiant en Algérie (Tizi Ouzou et USTHB) pendant quatre ans. D’après ce que j’entends, rien de concret n’a été fait dans ce sens, dans la mesure où la théorie prime là-bas sur la pratique ! La recherche tarde à être valorisée dans notre pays pour le malheur de nos jeunes chercheurs, et au grand bonheur des pays étrangers qui nous harponnent ! Toutefois, je salue la bravoure de mes compatriotes algériens qui travaillent avec les moyens du bord.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Par Belkacem Meghzouchène</span>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-49115489041582529232009-09-24T10:51:00.000-07:002009-09-24T10:52:04.391-07:00Quelle formation pédagogique du pharmacien en Algérie ?Fascinées par le modèle de formation occidentale, nos facultés n’ont pas toujours su repenser leur programme et leur finalité. La vieille Europe qui se cherche encore dans ce domaine, nous a, d’une certaine manière, empêché de donner naissance à un enseignement pharmaceutique intégré à notre milieu.<br /><br />Mais tous les universitaires algériens ne sont pas résignés. Bien au contraire, ils sont en train de réfléchir sur la réforme des programmes. Ils cherchent à établir une adéquation entre les besoins réels de notre pays avec le profil du pharmacien. En effet, le jeune pharmacien qui achève ses études se trouve confronté à des problèmes concrets auxquels il n’a jamais été préparé : problèmes de gestion, problèmes psychologiques, spécifiques à notre population, problèmes d’insertion dans l’équipe médicale à l’hôpital, problèmes liés à l’exercice de la profession dans des milieux déshérités, etc. Il s’agit donc d’avoir l’audace d’entreprendre, dans une première étape, une vaste campagne de consultation qui donnerait voix au chapitre à tous ceux qui peuvent formuler des idées nouvelles, capables de rapprocher davantage le pharmacien des réalités de son environnement algérien.<br />- Faut-il continuer à enseigner un programme appris dans les facultés européennes qui ne correspond en aucun cas à notre pathologie ?<br />- Faut-il dispenser des cours magistraux alors que dans certains pays des ateliers de recherche et de réflexion ont pris le pas sur les « amphis » du début du siècle ?<br />- Faut-il délivrer un diplôme unique de pharmacien pour des étudiants qui n’ont pas suivi le même cursus en Algérie ?<br />- Faut-il laisser en suspens et à titre d’exemple des travaux de thèses finalisées, soutenables et validées ? Si la formation continue devient une nécessité absolue pour toute personne assumant une responsabilité au sein de la santé publique, en particulier la formation des cadres au niveau de l’université, elle doit elle-même évoluer afin de s’adapter aux besoins de la société. En ce qui concerne l’Algérie, je peux dire que les professions pharmaceutiques ont pleinement joué leur rôle au service de la santé et de l’économie. Elles ont suivi le rythme du développement rapide qu’a connu le pays depuis l’indépendance. Pour situer le problème de la formation du pharmacien dans ce contexte, permettez-moi de donner un aperçu de la situation de la pharmacie et des pharmaciens en Algérie. Actuellement, plus d’un millier de pharmaciens exercent en Algérie. Leur répartition par secteur d’activité est la suivante :<br /><br />- pharmaciens d’« officines » ;<br />- pharmaciens grossistes, répartiteurs ;<br />- pharmaciens biologistes privés ;<br />- pharmaciens assurant la représentation scientifique des laboratoires ;<br />- pharmaciens exerçant une activité technico-administrative ;<br />- pharmaciens des hôpitaux ;<br />- pharmaciens biologistes, hospitaliers ;<br />- pharmaciens résidents en biologie clinique et sciences fondamentales ;<br />- pharmaciens exerçant des fonctions diverses dans le secteur public ou semi étatique ;<br />- cadres des départements de pharmacie. Des textes législatifs font de la profession l’une des plus réglementées en Algérie. Ainsi, chaque confrère exerce dans un cadre juridique bien défini. La formation des pharmaciens exerçant en Algérie a été assurée traditionnellement et pour des raisons historiques à la faculté mixte de médecine et de pharmacie d’Alger-centre. Cependant, après l’indépendance, cette formation s’est quelque peu diversifiée. Des pharmaciens, quoiqu’en petit nombre, ont été formés dans les autres pays francophones, essentiellement en Belgique et plus rarement en Suisse. Il faudrait ajouter qu’un certain nombre de pharmaciens ont été formés en Algérie et quelques rares autres dans les pays du Moyen-Orient, notamment en Egypte, Syrie et Irak. L’enseignement de la pharmacie en Algérie, plus précisément à la faculté d’Alger, a débuté 15 ans avant la faculté de pharmacie de Paris. Cette faculté a déjà sorti 4 promotions, totalisant un nombre limité de pharmaciens algériens. L’enseignement prodigué est fortement inspiré des programmes des facultés françaises. La question qui se pose à nous et qui est à l’ordre du jour dans notre pays est la suivante :<br />- la formation de nos pharmaciens répond-elle à nos besoins, tant sur le plan qualifatif que quantitatif ?<br />- Dans quel sens cette formation doit-elle évoluer pour permettre aux professions pharmaceutiques de jouer pleinement leur rôle au service de la société algérienne ?<br /><br />Les probèmes<br /><br />On peut dire, sans risque de nous tromper, que le pharmacien sortant de la faculté trouve des difficultés énormes pour assumer ses responsabilités, quel que soit le domaine d’activité qu’il a choisi pour faire sa carrière. Ce qui montre qu’actuellement les études en pharmacie n’ont pas pour finalité de donner aux étudiants un métier, mais plutôt une formation de base qui est supposée suffisante pour permettre au futur diplômé d’exercer son art dans les différents domaines où il est réputé apte à exercer. Cette situation est le résultat du fait que, formés à l’étranger ou dans notre pays selon un modèle étranger, nos jeunes confrères acquièrent une formation qui, le moins que l’on puisse dire, ne répond pas à nos besoins. J’irai même jusqu’à dire qu’elle ne répond plus aux besoins du pays que nous avons pris pour modèle, car ce pays est en train d’étudier la réforme de ses propres études en pharmacie. Historiquement, les pharmaciens de l’ancienne génération ont été formés en France selon un modèle qui a été, depuis, modifié voilà une trentaine d’années. Le cursus des études en pharmacie commençait par une année de stage obligatoire dans une officine, sous la responsabilité d’un maître de stage. La dernière année d’études devait permettre à la faculté de juger à travers les examens définitifs de l’aptitude de l’étudiant de 5e année, à exercer sa profession de pharmacien et ce, en s’assurant de ses niveaux de connaissances, tant sur le plan théorique que pratique. Le développement extraordinaire des connaissances scientifiques et la nécessité d’inclure dans les programmes d’enseignement, d’une manière continue, les nouvelles acquisitions scientifiques et techniques, faisaient obligation, comme c’est le cas de nos jours, aux autorités administratives et universitaires de mettre au point des réformes touchant aux études en pharmacie. Il est bien clair que la réforme qui a été adoptée en France a sacrifié le côté « formation professionnelle du pharmacien », au profit de sa formation scientifique, car elle avait pour objectif de préparer les futurs diplômés à une carrière de spécialiste qui, en fait, n’était l’apanage que d’un nombre relativement restreint de diplômés. La majorité de nos jeunes confrères, surtout dans notre pays, se destinait à exercer dans l’officine qui se trouve être la première priorité pouvant répondre aux besoins de notre population. Il est, en effet, indéniable que dans les 20 premières années d’indépendance, c’est l’activité de pharmacien d’officine qui a absorbé l’écrasante majorité des pharmaciens.<br /><br />Les diffcultés<br /><br />Je citerai quelques exemples pour illustrer les difficultés qui existent actuellement pour les jeunes confrères pour affronter leur métier.<br /><br />Un diplôme unique<br /><br />- Dans le cas de l’officine<br /><br />Le jeune diplômé n’est pas suffisamment formé pour affronter les difficultés d’installation, car il ignore tout des problèmes financiers et de gestion qu’il est obligé de résoudre pour pouvoir s’installer. Il se trouve complètement désorienté par des informations souvent contradictoires qu’il recueille auprès de différentes personnes : confrères aînés, banques, grossistes, administration... De plus, ignorant en général les notions inhérentes à la gestion des stocks de médicaments, il se trouve contraint de chercher un collaborateur qualifié pour l’aider dans cette tâche, ce qui est de nature à lui créer des difficultés, du reste légitimes, avec un confrère aîné qui voit d’un mauvais œil qu’un jeune pharmacien vienne lui débaucher son personnel, en infraction aux règles de déontologie pharmaceutique. Le problème le plus grave résulte incontestablement du fait que les facultés délivrent un diplôme unique pour des étudiants qui n’ont pas suivi le même cursus d’études. En effet, si l’on considère le cas d’un étudiant qui a choisi de suivre l’option biologie clinique, il suit en 5 années des cours et des stages qui l’éloignent complètement de ses camarades qui ont opté pour la filière « Officine ». La réglementation en vigueur fait que les diplômés, quelle que soit leur « pré-spécialité » ont les mêmes droits et, en particulier, celui d’exercer en officine. Or, pour celui qui a choisi la filière biologie clinique, sa formation le rend inapte à exercer en officine. Nous touchons là au problème de l’unicité du diplôme. Peut-on dire que trois pharmaciens formés chacun dans l’une des trois filières : Officine, Biologie et Industrie, ont une formation les habilitant à exercer à leur sortie de la faculté dans l’une des trois branches d’activité mentionnées ? Il est évident que la réponse est non. L’unicité du diplôme devra en réalité correspondre à une unicité de formation. Le deuxième exemple que je citerai est celui des jeunes confrères qui s’orientent vers la carrière de la pharmacie hospitalière que nous devons, pour beaucoup de raisons, développer en Algérie pour la rendre de plus en plus attrayante pour les jeunes diplômés. Malheureusement, le pharmacien diplômé, sortant de la faculté, se trouve complètement désorienté lorsqu’il est affecté dans un poste hospitalier. Il se trouve à l’hôpital comme « un corps étranger ». Ce problème n’existe pas pour les jeunes médecins qui ont été placés en stage en milieu hospitalier à partir de la fin de l’externat. Si on examine la situation des confrères étrangers qui ont suivi les mêmes études, on s’aperçoit qu’ils ont l’obligation, pour suivre la carrière hospitalière, de passer par l’internat, ce qui leur permet d’apprendre leur métier à l’hôpital. Par ailleurs, les facultés de pharmacie en France ont déjà corrigé cette insuffisance de la formation en instituant, depuis quelques années, un stage hospitalier obligatoire pour tous les étudiants en pharmacie, a partir des premières années de formation. Enfin, pour ce qui est de l’ouverture de l’enseignement pharmaceutique sur l’industrie, il faut aussi constater que la réforme n’a pas donné les résultats escomptés et ce, pour deux raisons essentielles qui sont inhérentes à l’industrie. En effet, les sociétés qui fabriquent des médicaments répugnent, en général, à recevoir des stagiaires ou, si elle les reçoivent, les cantonnent dans des activités de recherche qui leur sont en « général inutiles » sauf s’ils ont la chance d’être recrutés par ces mêmes entreprises. Par ailleurs, on peut constater, malheureusement, que pour les tâches de production et de contrôle, les industriels du médicament préfèrent recruter des ingénieurs qui sont mieux préparés que les pharmaciens pour les tâches de production ou les scientifiques qui sont plus spécialisés que ne le sont les pharmaciens dans l’utilisation pour le contrôle de médicaments de techniques et d’appareillages de plus en plus sophistiqués. Après cette étude critique sommaire de la situation, il s’agit pour nous d’étudier les voies et moyens nous permettant de proposer une réforme des études en vue d’améliorer la formation des pharmaciens dans notre pays.<br /><br />La réforme<br /><br />Pour arriver à de bons résultats, il serait nécessaire de discuter et de répondre à un certain nombre de questions qui sont de nature à permettre à tous les pharmaciens d’accomplir au mieux leur mission, quel que soit le domaine d’activité qu’ils auraient choisi pour assurer leur carrière.<br /><br />1) Comment arriver à réaliser une bonne formation du pharmacien d’officine dont le rôle essentiel est d’assurer le contrôle des prescriptions et la délivrance des médicaments ?<br /><br />2) Comment concilier entre la dispense d’une formation pluridisciplinaire théorique dans les domaines de la synthèse, de l’extraction des molécules actives, de la mise en forme pharmaceutique et un contrôle des effets des médicaments et de placer, en même temps, l’étudiant en position d’appliquer son savoir théorique et d’évaluer ses compétences face à un homme malade recevant des médicaments ?<br /><br />3) Comment concilier cette formation théorique et intégrer l’étudiant en pharmacie dans une équipe hospitalière pour acquérir le savoir-faire et un certain comportement, voire une conduite à tenir vis-à-vis du malade ? Ne faudrait-il pas penser à une formation cohérente et suivie pour les pharmaciens des hôpitaux ?<br /><br />4) Comment concilier la formation théorique et pratique du pharmacien pour être en mesure de revendiquer une place de choix dans notre jeune industrie pharmaceutique qui a besoin de se développer et de s’affirmer, tant sur le plan national que sur le plan international ? Beaucoup d’autres questions touchent aux autres aspects des activités du pharmacien dans notre société en évolution constante. Je citerai en particulier le cas de la biologie clinique, celui de la bromatologie et de la cosmétique et de la chimie thérapeutique, sans oublier que cette dernière activité est en pleine expansion. A mon sens, il s’agit, pour nous, de proposer une solution qui nécessite obligatoirement un choix entre deux conceptions. Je me refuse, évidemment, à envisager une certaine conception qui consisterait à dire que la faculté dispense un enseignement qu’elle juge nécessaire pour la formation du pharmacien, sans se soucier de l’avenir du jeune diplômé et de son insertion dans la société qui a fait des sacrifices pour assurer sa formation et qui est en droit d’exiger de lui de se mettre à son service. Donc, les facultés de médecine devront, a priori, assurer la formation de cadres pharmaceutiques pour répondre aux besoins actuels de notre pays.<br /><br />Quelle orientation ?<br /><br />Quelles sont les orientations qu’elles doivent donner à leur enseignement pour accomplir cette mission ? Il est nécessaire de rappeler un certain nombre de constatations. Tout d’abord, la tendance de l’écrasante majorité de nos jeunes diplômés à solliciter un emploi au terme de leurs études universitaires, qui durent en général 5 ans après le baccalauréat. Les raisons de cet état de fait sont multiples, tout à fait défendables et il serait trop long de les expliquer... La deuxième constation que l’on peut faire, c’est la tendance à acquérir, durant les études universitaires, une formation de plus en plus spécialisée. En d’autres termes, la tendance à ce que, au terme de 5 ans d’études à l’université, l’étudiant acquiert un diplôme qui le rend apte à exercer immédiatement un métier dès sa sortie de la faculté. Ceci étant, quelle serait la solution à retenir pour la formation de nos pharmaciens ? Le débat, en fait, tourne autour de la finalité de l’enseignement pharmaceutique. Il faudrait donc répondre à la question suivante : les facultés de médecine doivent-elles continuer à assurer un enseignement théorique pluridisciplinaire et corriger les insuffisances dont j’ai cité quelques exemples, ou bien modifier leur vocation dans le sens de la formation de pharmaciens ayant déjà acquis une spécialisation durant le cursus normal des études ?<br /><br />La première solution exigera, pour être réalisée, deux conditions :<br /><br />1) l’allongement de la durée des études d’au moins une année.<br /><br />2) La création d’enseignements spécialisés. Ce qui suppose que le pharmacien spécialiste aura à faire des études durant une dizaine d’années après le baccalauréat. La deuxième solution entraînera obligatoirement l’abandon de la notion d’unicité de diplôme mais aura l’avantage de permettre une formation permettant au futur diplômé d’être en mesure d’exercer convenablement une responsabilité dans un domaine pour lequel il a été bien formé. Dans cette hypothèse, on s’habituera à une nouvelle terminologie pour désigner les membres de notre corporation et on parlera de pharmacien d’officine, pharmacien d’industrie, pharmacien analyste, pharmacien clinicien... Cette deuxième solution suppose un plan national de formation des pharmaciens et une orientation des étudiants dans les différentes filières de formation, en fonction des besoins du pays et une souplesse dans la conception des programmes, en vue de créer autant de filières spécialisées que l’exige le développement de nos activités professionnelles. Il est évident que pour chaque type de diplôme, il est nécessaire d’obtenir obligatoirement certaines unités de valeur, avec possibilité d’avoir des options, au choix de l’étudiant. Ainsi, pour un futur pharmacien d’officine, en plus des unités de valeur de pharmacie et de pharmacodynamie, on peut choisir une unité de valeur de gestion, d’économie de santé ou de droit pharmaceutique. Ces mêmes unités de valeur seraient nécessaires pour un futur pharmacien d’industrie. Ce type d’enseignement a ainsi l’avantage de permettre des passerelles et un étudiant ayant au départ choisi une filière et qui voudrait changer d’orientation n’a qu’à s’inscrire dans les unités de valeur qui lui sont nécessaires pour obtenir son diplôme dans la nouvelle orientation. Pour conclure, je dirai qu’il ne peut exister une solution parfaite, c’est-à-dire une solution susceptible de recueillir l’accord de tout le monde : université, corps professionnel, administration. Il est nécessaire de fixer, dès le départ, la finalité de l’enseignement de la pharmacie dans notre pays, en rapport avec son évolution, ses besoins et ses moyens. Il sera alors possible de discuter de toutes les solutions possibles, d’évaluer les avantages et les inconvénients de chacune d’entre elles pour en adopter une seule, sachant que dans un monde en évolution constante, cette solution sera plus ou moins vite dépassée et à son tour discutée et remise en cause pour être adaptée à cette évolution. Et enfin, les problèmes de contenu des programmes, problèmes de méthodologie et bien d’autres méritent une large participation de tous les confrères. Méditons ensemble cette affirmation d’Einstein : « L’imagination est plus importante que la connaissance ».<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Par Yahia Dellaoui</span>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-14193034100588058362009-09-22T06:57:00.000-07:002009-09-22T06:58:19.394-07:00La bonne gouvernance dans le sportLes travaux de recherche déjà réalisés et présentés par les différents groupes de travail qui se sont succédé dans les différentes occasions sont de haute facture et méritent amplement à ce que l’on s’y attarde, car ce thème est réellement névralgique pour le développement du sport.<br /><br />Il est plus qu’évident que la problématique de la bonne gouvernance a été cernée avec le plus grand soin et permettra aux dirigeants et techniciens du sport d’adopter des schémas directeurs, névralgiques pour le bon fonctionnement des associations sportives. La réflexion engagée aujourd’hui aura pour objectif, à notre humble avis, de dresser un état des lieux en élaborant une stratégie permettant au mouvement olympique et sportif de codifier la bonne gouvernance et de cerner, dans le même temps, les instruments de management indispensables à sa gestion. Devenue phénomène de société, la pratique sportive s’est considérablement développée au cours de ces dernières années. Parallèlement, le rôle du mouvement olympique et sportif a connu des évolutions importantes qui le placent au rang des industries du millénaires. Il s’agit de rester vigilants et de veiller à ce que ce mouvement demeure en accord avec les fondements d’éducation et d’excellence, dans l’effort et la persévérance, même s’il est accompagné de plus en plus d’effets lucratifs et médiatiques.<br /><br />Une autre préoccupation concerne les principaux enjeux auxquels le mouvement olympique et sportif sera confronté, dans les années à venir, pour mieux l’outiller et le préparer à y faire face. Les orientations et les innovations qui ont été proposées et qui devront être finalisées, doivent s’inscrire dans une logique d’attribution au mouvement olympique et sportif de la qualité de « mouvement représentatif majeur de la société ». Le mouvement olympique et sportif doit réaffirmer son attachement permanent à la pratique du sport de masse et de l’élite ainsi qu’à son unicité, au-delà des différences qui le composent. La solidarité et la richesse humaines dans la diversité garantissent l’avenir et préservent les valeurs indispensables de courage, de respect, de l’authenticité et de la recherche de l’excellence. Il est toujours utile de rappeler que le sport est un nouveau droit de l’homme, qu’il contribue à son développement et à son émancipation. Il constitue un élément fondamental pour l’édification d’une société moderne, généreuse, vivant en paix et en parfaite communion entre ses membres. Le sport s’édifie indéniablement sur la volonté humaine.<br /><br />Souvenons-nous aussi de la devise du CIO qui dit que « Le meilleur est en nous » et projetons-nous vers cette réflexion pour impulser au mouvement olympique et sportif une autre dynamique et créer les conditions favorables de sa conduite. Dans cet ordre d’idées, nous apprécierons les aspects liés à la dimension économique, à l’éthique et à la morale sportives ainsi qu’aux avantages de la bonne gouvernance dans le domaine du sport et qui sont fidèlement relatés dans l’exposé qui nous a été transmis. Nous tâcherons de définir des modèles appropriés en matière de management du sport et de définir ses outils de gestion de façon à limiter les coûts et à optimiser l’utilisation des ressources humaines et financières.<br /><br />Concernant le volet qui porte sur les questions des limitations de mandats, ceci nous amène, inéluctablement, à nous élever contre cette alternative qui suppose que l’on cherche à créer, au sein des associations sportives dans une partie du monde, une limitation des libertés individuelles et collectives. En effet, limiter le mandat de l’élu peut être contreproductif, en ce sens qu’un élu dont on décide, pour le principe, de la durée et de l’action, ne pourra la mener à son terme, surtout dans les pays où le développement et la promotion de politiques sportives relèveraient, au vu de l’immensité de la tâche et de la faiblesse des moyens, du long terme. Limiter le mandat de l’élu est également injuste, dès lors que la limitation ne concernerait que le secteur des sports alors que les autres associations ne sont pas soumises à une telle règle. D’ailleurs, les lois, en général, ne limitent pas le nombre de mandats des élus aux assemblées parlementaires et aux mairies dans le monde. On serait alors en droit de poser la question légitime qui ferait du domaine olympique et sportif un cas particulier de limitation des libertés individuelles et collectives.<br /><br />C’est là, assurément, une vision qui heurterait les principes constitutionnels de tous les pays du monde et qui, de notre propre avis, ne favoriserait pas la continuité dans l’action en faveur des collectifs et des électeurs. Il suffit, pour étayer notre propos, de relater les splendides expériences de leurs Excellences MM. Jacques Rogge, Juan Antonio Samaranch, Mario Vaquez Rana et tant d’autres responsables. L’œuvre incommensurable qu’ils ont accomplie et qu’il leur reste à perpétuer nous incite à la suppression de la limitation des mandats, surtout pour les très honorables fonctions de président du CIO, de président de l’ACNO et des présidents des Fédérations internationales qui, sans nul doute, ne pourront, par cette disposition, mener à terme les travaux colossaux et les défis qui les attendent. Il y a lieu, en effet, de souligner que toute durée restrictive de mandats ne permet même pas l’exécution de perspectives à moyen terme. Pour la majorité des associations sportives dans le monde, un mandat ne suffit qu’à définir des plans d’action rationnels et efficients, mais point à les mettre à exécution.<br /><br />L’alternance doit tout de même être envisagée car le renouvellemept des élus garantit l’émergence de nouvelles idées. EIle doit cependant être partielle et surtout ne pas empiéter sur l’esprit démocratique qui doit absolument être préservé dans les associations, car l’on doit également s’atteler à perpétuer une continuité et une stabilité dans la planification et la réalisation des actions projetées. La définition de la bonne gouvernance, avancée aujourd’hui par des spécialistes, décrit celle-ci comme un mode de fonctionnement fondé sur des principes dont l’application aide à éviter les dérapages et protège contre la centralisation et la concentration du pouvoir entre les mains de personnes ou groupes attirés par des intérêts privés au détriment de l’intérêt général. Ces principes, définis comme les plus consensuels, sont la transparence, la participation, la responsabilisation et l’imputation de dépenses conforme à la réglementation. L’objectif de la bonne gouvernance appliquée au sport est censé être identique pour toute organisation, y compris l’association sportive. L’efficacité dans la réalisation des objectifs et l’efficience dans l’usage des ressources disponibles impliquent l’organisation, l’optimisation dans la gestion des ressources et la rigueur dans l’application des règles. Lorsqu’il s’agit de gérer les affaires d’une association sportive, les dimensions organisationnelle, managériale, éthique et technique ne suffisent pas à elles seules pour la réalisation des objectifs. Il faudra leur ajouter les dimensions humaine et sociale.<br /><br />Cet enseignement est tiré de l’analyse de nos expériences accumulées au sein du mouvement olympique et sportif. L’analyse des expériences individuelles peut paraître subjective, mais les problèmes occasionnés par l’incohérence et les négligences appuient l’aspect objectif de l’analyse et édifient sur la marche à suivre en matière de gestion, d’organisation et de fonctionnement des associations sportives. La bonne gouvernance constitue le principal vecteur pour assurer un fonctionnement optimal et une évolution positive permettant aux personnes habilitées de disposer d’outils et de mécanismes facilitant la transparence, la cohérence et l’esprit d’initiative.<br /><br />Notre contribution aux travaux de ce congrès concernera aussi l’éthique et la morale sportives dans la bonne gouvernance. Ceci nous ramène aux préceptes de valeur et de dimension humaine faisant du sport une priorité sociale et éducative qui favorise l’émergence d’une nouvelle élite et d’une synergie de développement axée sur l’effort et l’excellence dans la performance. Le mouvement olympique et sportif joue un rôle prépondérant pour l’équilibre et la stabilité sociale. Sa composante humaine regroupe des hommes et des femmes de différentes couches sociales et de différents horizons qui mettent tout leur savoir-faire au service exclusif de l’intérêt général et surtout des plus jeunes. En conclusion, ils sont animés par la volonté de développer à la fois la promotion du sport, la lutte implacable contre toutes les dérives de quelque ordre que ce soit qui menacent notre jeunesse, la promotion de l’éthique, de la morale sportives et du fair-play, la propagation de l’éducation et des idéaux olympiques, la lutte contre toute forme de violence, de racisme, d’antisémitisme et de discrimination. Notre participation inclura aussi les avantages de la bonne gouvernance sous différents aspects.<br /><br />- Au plan de la cohésion sociale : ces avantages sont très prononcés, car le sport renforce considérablement la cohésion sociale puisque les pratiquants sont appelés à intensifier les échanges entre eux. Ceci améliore leur capacité à entretenir des relations interpersonnelles, en jetant les bases de relations de confiance et en développant l’esprit d’équipe. Le sport agit en favorisant le regroupement de personnes qui constituent des réseaux sociaux bien définis et qui encouragent l’ouverture vers les autres. Le sport donne aux sportifs de tous les âges des occasions de participer activement à la collectivité, d’apprendre la responsabilité et le respect des autres.<br />- Au plan socioéconomique : les dépenses des ménages, au profit du sport, ont un impact important pour l’économie d’un pays. En effet, on considère que, dans les pays développés, les dépenses liées au sport atteignent 1,5 à 3% du Produit intérieur brut (par exemple, au Canada, 1,2% du PIB qui s’élevait en 1984 à 1,3 billion de USD). Les dépenses au chapitre du sport augmentent chaque année de manière significative et font dire à certains économistes de renom que le « sport est l’industrie du millénaire ».<br /><br />Ceux qui dépensent le plus participent aux sports de différentes façons. Ce sont, notamment, les bénévoles et les amoureux du sport qui lui consacrent la majorité de la part de dépenses. Ils participent, en effet, à différents titres (participants actifs, spectateurs et bénévoles) par des achats importants, comparés aux autres besoins de même nature, en variétés et en produits. Aux Etats-Unis d’Amérique, on considère que les ménages dépensent environ 3% de leurs revenus supplémentaires pour le sport (activités, services et achats) et que ces dépenses sont optimales pour les couples avec deux enfants, même si elles accusent une tendance à la baisse due certainement à l’augmentation des dépenses essentielles. Les ménages ont consacré globalement 15,78 milliards de USD au sport, en 2004 au Canada, soit 1,2 % du PIB.<br />- Au plan des constantes d’une nation : la solidarité, l’amour de la patrie, l’attachement aux constantes de la nation et le civisme doivent constituer les armes essentielles de la lutte contre tous les fléaux. Ces valeurs représentent l’instrument principal de l’émancipation et du développement d’une société progressiste, moderne. Elles permettent également de dissiper toute interprétation tendancieuse du fonctionnement et de l’organisation des associations.<br /><br />La confiance et la bonne conduite des affaires seront le résultat primordial obtenu par une bonne gouvernance. Il sera ainsi instauré une sérénité spontanée entre tous ses membres et un état d’esprit plus constructif. L’union des acteurs et partenaires sera le principal levier en position d’assurer le développement des activités et des actions. La détermination et les convictions en seront grandement renforcées.<br />- Au plan humain : la bonne gouvernance est, avant tout, soumise à certaines conditions permettant d’assurer des actions dont la réussite est basée sur les compétences des personnes qui en ont la charge, considérant celles-ci dotées des capacités intellectuelles et morales requises et d’un potentiel d’expériences approprié. Les élus doivent, à cet effet, être choisis par les membres électeurs de l’association en fonction de critères bien établis que l’on peut énumérer comme suit :<br />- • esprit de bénévolat et disponibilité ;<br />- • qualités morales et intellectuelles ;<br />- • compétences et expérience ;<br />- • sens de la responsabilité et esprit d’équipe ;<br />- • désintéressement par rapport au profit personnel ;<br />- • sens de la réussite.<br /><br />Dans l’espoir d’avoir apporté une modeste contribution, je vous remercie de votre aimable attention.<br /><br />L’auteur est 1erV/PT Acnoafricains, Ex-joueur de l’ENA de basket-baIl, diplômé de l’INC, Master en management international, agent général en assurances, député<br /><br /><strong>Par Mustapha Berraf</strong>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-44917853738744884042009-09-17T10:30:00.000-07:002009-09-17T10:32:34.427-07:00L’ODYSSÉE DE LA VIE : D’où vient l’humanité?<div align="center"><strong>Pour les croyants des religions révélées, la théorie de l’évolution n’est pas incompatible avec la foi<br /><br />«La foi n’a pas besoin de preuve, elle doit même la regarder comme son ennemie.» Kierkegaard</strong><br /><br />Comment est venue la vie sur Terre? D’où venons-nous? Où allons nous? Est-ce que ce sont les découvertes de la science, qui fait que des «anciens miracles» sortent à la chaîne des laboratoires, remettent en cause la condition humaine? La biologie moléculaire et l’irruption du clonage a amené aussi l’homme à se poser la question: qui sommes-nous? Le XIXe siècle avait déjà perturbé la nature humaine avec la théorie de l’évolution de Darwin, le XXe siècle avec le clonage animal - et peut-être pour bientôt, celui de l’homme - semble remettre en cause pour le profane, l’existence des religions pour qui l’homme a été créé, à l’image de Dieu? Seule une foi bien assumée et comprise permet pour le croyant de relativiser entre le comment de la science et le pourquoi de la religion.(1)<br /><br />En mai 1953, un jeune chercheur de 23 ans de l’Université de San Diego (Californie), Stanley Miller, provoqua une révolution dans le milieu scientifique en étant le premier à affirmer que la vie avait pu prendre naissance à partir du monde minéral. Il put produire plusieurs acides aminés en laboratoire en simulant les conditions qui prévalaient sur la Terre il y a 4,5 milliards d’années. Pour sa part, le cristallographe britannique Desmond Bernal estima dans les années cinquante, que la structure particulière des cristaux d’argile ayant pu servir de catalyseur, agissaient comme un «moule» pour favoriser les bonnes réactions et guider l’assemblage des acides aminés...(2) Juste retour des choses, la singulière corrélation entre l’approche scientifique de la création de la vie à partir d’une surface catalytique qui peut être une argile et ce que nous disent les religions révélées, notamment l’Islam concernant la naissance de l’homme à partir de l’argile, et cela dans plusieurs sourates du Coran.<br /><br /><strong>Qu’est-ce que la vie?</strong><br /><br />On peut la définir en écrivant que la matière vivante est un complexe physico-chimique comprenant du carbone, de l’oxygène, de l’azote, de l’hydrogène et des sels. Par leurs constituants rien ne semble différentier la matière vivante de la matière inerte. Ce qui peut les distinguer est, selon Henri Becquerel, le fait que «la matière vivante est, elle-même, un réservoir d’énergie».(3)<br /><br />«Le vivant est tout autre chose qu’un amas de matière inanimé.» Ce que nous savons des êtres vivants, dit le professeur Pierre Paul Grassé, rend difficilement soutenable, qu’entre les précurseurs et les êtres vivantes, s’intercale une série d’étapes mi-inertes mi-vivantes. Rien dans la nature et dans les sciences actuelles n’autorise à admettre l’existence d’un terme de passage entre l’inanimé et le vivant.(4)<br /><br />La vie obéit-elle aux lois de la physique? Oui, car loin d’échapper aux lois de la physique, la vie apparaît comme suivant les lois de la physique avec une plasticité particulière due à sa composition chimique et aux lois cinétiques qui en résultent. Il y aurait donc un véritable seuil entre vie et non-vie. Ce n’est pas l’instabilité mais une succession d’instabilités qui ont permis de franchir le no man’s land entre vie et non-vie. Nous commençons seulement, écrit Ilya Prigogine prix Nobel de chimie, à dégager certaines étapes. (...) Hasard et nécessité coopèrent au lieu de s’opposer.(5)<br /><br />Pour la science, il y a près de 4 milliards d’années que la chimie de la vie se mit en place dans les océans. Les premières formes de vie formées à la suite de l’évolution chimique datent d’au moins 3,7 milliards d’années. Ce fut, nous disent les scientifiques, «la soupe primitive»: c’est à dire la formation des premières molécules. Sous l’action de diverses formes d’énergies, les matières minérales vont former les premières molécules organiques: certains peptides ont ainsi pu se former par l’assemblage de quelques acides aminés entre eux. Il y a alors apparition de l’ARN primitif. Il y a 350 millions d’années c’est le carbonifère. La vie s’organise. Il y a 200 millions d’années, c’est l’époque du Jurassique qui a connu l’apparition des dinosaures., les espèces disparaissent par suite de radiation. (6)<br /><br />Il y a 10 millions d’années les premiers homidés ou préhommes: le Ramapithèque, peut-être bipède. Plus proche de l’orang-outan que de l’homme. Tout récemment en juillet 2002, les restes de l’homme de Tumaî (au Tchad) étaient mises à jour, la datation des sédiments donne 7 millions d’années. Est-il l’ancêtre à la fois des australopithèques et des futurs hommes? Ou encore est-il notre ancêtre direct, Tumaï, Lucy et les autres se rattachant à une branche plus archaïque et dont il reste à identifier les membres? Et il y a seulement 150.000 ans Homo sapiens (l’homme moderne) apparaît en Afrique, berceau de l’Homme moderne qui partage cependant, avec le chimpanzé, 98% du capital génétique. La «théorie de l’immanence» fait intervenir un esprit qui se situerait en schématisant dans l’esprit de la matière. Saint Augustin pense que chaque être matériel est composé de matière et de force.<br /><br />Ce dynamisme placé par Dieu au coeur de la matière, la régit. L’explication par la transcendance, veut que cet «esprit» ne soit pas à l’intérieur du vivant, mais à l’extérieur et en définitive au-dessus de lui, et d’une façon naturelle, cet «esprit» dirige le vivant. Il ne faut pas cependant s’imaginer que les choses sont simples, les conditions physico-chimiques devront être favorables, car la moindre déviation peut faire échouer le projet. Prenez, écrit Briscoe, la question la plus élémentaire: pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? La formidable théorie du big bang ne nous dit pas pourquoi ni comment ce big bang est survenu. Pourquoi l’univers a-t-il cette apparence plutôt qu’une autre? Pourquoi obéit-il à telle loi plutôt qu’à telle autre? Une dose infinitésimale de gravitation en plus et l’univers aurait cessé son expansion. Aussitôt après le big bang, il se serait effondré dans un trou noir. Un zeste de gravitation en moins et il se serait éparpillé avec une rapidité telle qu’étoiles, galaxies et planètes ne se seraient jamais formées. Pour le physicien Lawrence Krauss, la gravitation avait autant de chances d’aboutir à la création du cosmos qu’un humain de deviner le nombre d’atomes qui composent le Soleil.<br /><br />Reste l’énigme de la vie. En dépit de théories génétique et biologie moléculaire, aucune ne peut nous dire pourquoi la vie est apparue sur Terre. Le paléontologue Stephen Jay Gould a souligné le rôle crucial du hasard dans l’émergence de l’Homo sapiens. Si la vie sur Terre repartait de zéro, et ce, un million de fois, elle ne produirait, en toute probabilité, aucun mammifère et encore moins une créature ressemblant à l’Homo sapiens. «L’apparition de l’espèce humaine a reposé sur une fantastique improbabilité.» Si la vie n’est autre que de la matière mieux informée, d’où vient l’information? Beaucoup de scientifiques pensent que l’hypothèse du hasard n’est pas satisfaisante. Le calcul des probabilités a montré que jamais le hasard n’aurait eu le temps quantitatif nécessaire pour jouer un rôle déterminant dans la formation du cosmos. L’hypothèse du dessein est une théorie plus puissante et plus strictement scientifique. L’évolution par sauts permet de penser que ces sauts ont été engendrés par un processus dirigé.<br /><br /><strong>La création, les religions révélées à l’épreuve de la science</strong><br /><br />Pour les croyants des religions révélées, la théorie de l’évolution n’est pas incompatible avec la foi à condition de dire que le hasard dont parle la théorie n’est pas l’absence d’une cause divine guidant l’évolution, c’est seulement la manière dont joue cette cause au niveau des phénomènes observables. En 1996 et dans la dynamique de «l’aggiornamento», l’ouverture au monde, le souverain pontife, après avoir réhabilité Galilée «fit la paix avec Darwin», comme l’a écrit le journal italien La Republica.<br /><br />Le pape Jean-Paul II a donné son appui à la théorie de l’évolution en la proclamant compatible avec la foi chrétienne, dans une décision reçue avec satisfaction par les scientifiques, mais qui provoqua probablement des désaccords dans la droite religieuse.(7)<br /><br />Pour le Coran, l’apparition et les origines de la vie sont des signes de l’omnipotence de Dieu. De l’eau, Dieu a créé tout ce qui est vivant. La vie suit le cours du perpétuel devenir de la création. Dieu extrait la vie de la mort et la mort de la vie. La forme que les êtres ont reçue est la mieux adaptée à leur existence, celle de l’homme étant en outre la plus belle. (Coran: VI, 32; X, 31; XXI, 30; XXX, 19, 30; XLIII, 36; LVII, 20; LXXVI, 1,2; XCV, 4; XCVI, 2). Bien avant Darwin, plusieurs savants et penseurs ont fait allusion à l’évolution progressive de la vie pour arriver au dernier maillon qu’est l’homme.<br /><br />Ne savons-nous pas que l’histoire du vivant s’est effectuée et s’effectue encore grâce à un «jeu des possibles», pour reprendre l’expression de François Jacob? Autrement dit, au sein de contraintes qui sont autant des limites infranchissables que des points d’appui. La notion traditionnelle de creatio continua (création continuée) retrouve ainsi une forme de jeunesse: «Dieu, confesse le croyant, est au fondement de chaque être, lui confère sa singularité, son originalité.» Il est incontestable qu’il y a eu passage du simple au complexe, du microscopique au mastodonte. On se trouve aujourd’hui devant le feu d’artifices de la vie. Les spécialistes ont étiqueté plus d’un million d’espèces animales, près d’un demi-million d’espèces végétales. Et ce n’est pas fini.<br /><br />Par ailleurs, la fin du XXe siècle a vu les fondements de la vie ébranlés par l’apparition du clonage animal, l’expérience réussie de la naissance de Dolly en 1997, une brebis en Grande-Bretagne, a pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, remis en question les «certitudes» de l’homme sur son origine divine grâce aux découvertes en génétique, en neurobiologie et en embryologie, à la connaissance de ses mécanismes vitaux. Il s’est de plus doté, au-delà de ces savoirs, du pouvoir de transformer les processus du développement du vivant, de toutes les espèces, y compris la sienne. La biologie moléculaire a fortement réduit la part du mystérieux et du surnaturel dans le fonctionnement du vivant. Outre les dérives éthiques pouvant conduire à l’eugénisme et à la fabrication en série de prototypes à partir d’un modèle soit pour en faire une race supérieure ayant toutes les qualités, soit une armée d’esclaves avec un patrimoine génétique comportant un hypothétique «gêne de la soumission»(1).<br /><br />Face à ces dérives, les religions réagissent Pour l’abbé Pierre: «Le clonage veut matérialiser le fantasme d’uniformisation de la race par la génétique; c’est le complot universel de la tour de Babel par lequel les hommes cherchent à se hisser à la place de Dieu, en utilisant le langage commun aux scientifiques du monde entier. C’est le refus de la diversité dans l’espèce: au lieu d’en laisser la maîtrise à un Créateur plein de fantaisie, des fous s’efforcent de fabriquer en série des produits vivants - y compris humains - plus performants. On peine à imaginer les conséquences ultimes d’un tel phénomène.» «...Le péché originel consiste - en désobéissant à l’unique ordre divin: "Tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal" - à vouloir supprimer la différence qui existe entre Dieu et l’homme, écrit l’abbé Pierre. [...] Le véritable péché, (...) c’est le péché d’orgueil. (9)»<br /><br />Dans l’Islam le clonage de l’homme est strictement interdit. Car il entre en contradiction avec la diversité de la Création. Allah a créé l’univers sur la base des diversités tandis que le clonage de l’homme est basé sur la duplication de caractéristiques identiques des corps originaux. Si on permet le clonage de l’homme, comment déterminerons-nous la relation du cloné avec «l’original»?; sera-t-il son frère, son père, ou même lui-même? C’est un point confus. Dans le Saint Coran il est écrit: «Nous avons créé de toute chose deux éléments de couple, peut-être vous rappellerez-vous.» Coran: Az-Zariyat, v. 49. Si l’homme a réussi à retourner à la vie sous une nouvelle forme, ce serait sans le contrôle d’Allah pour recréer les êtres humains le Jour de la Résurrection! Sûrement pas, comme Il dit: «C’est Lui qui fait la première création, puis la refait de nouveau et cela Lui est plus facile. Il a la transcendance absolue dans les cieux et en Terre. Il est Le Tout- Puissant et le Sage.» Coran. Les Romains, v. 27<br /><br />Dans la tradition juive, être monothéiste c’est non seulement croire en un Dieu unique, mais c’est aussi croire en l’unicité absolue de chaque être humain. De cette analogie s’ensuit l’idée selon laquelle la création d’êtres humains identiques s’apparenterait à la pratique ancienne de l’idolâtrie. Ainsi, pour le judaïsme, l’idolâtrie est un crime. En effet, tout comme l’idolâtrie engendre les débordements incontrôlés, le clonage humain risque, lui aussi, d’avoir des conséquences que nul aujourd’hui ne peut prévoir. Il resterait à montrer comme le texte de la Genèse, ou aussi du Coran, en décrivant l’homme comme la rencontre d’une réalité préhumaine (la boule de glaise) et d’une insufflation divine. Cette provenance de la matière inerte de la Bible rejoint aussi le texte du Coran. La Bible et le Coran ne sont pas des livres scientifiques. Pourtant, leurs enseignements sont scientifiquement corrects. L’évolution n’est pas la preuve d’un univers chaotique et aléatoire où Dieu n’existe pas. Les fossiles ne prouvent pas que les mutations et la sélection naturelle sont la méthode de l’évolution, mais plutôt le concept des religions révélées d’espèces uniques et créées. En fait, il est vain de rechercher systématiquement une «concordance». Etre scientifique,ne nous interdit pas la croyance en un être suprême. Kierkegaard disait à juste titre: «La foi n’a pas besoin de preuve, elle doit même la regarder comme son ennemie.»<br /><br />(*) Ecole nationale polytechnique<br /><br />1.C.E.Chitour: Sciences, foi et désenchantement du monde. Reéd. OPU 2006<br />2.Jean-Paul Dufour: L’incroyable odyssée de la vie. Le Monde 5 août 1999.<br />3.A.Goudot: Les quanta et la vie. p.7. Editions PUF. 1961.<br />4.P.P.Grassé. Toi ce petit dieu, p.44. Editions A.Michel. Paris. 1971.<br />5.Ilya Prigogine: La thermodynamique de la vie. La recherche n°331. 1972.<br />6..http://www.mnhn.fr/expo/lieuxMNHN/ Textes français /AccesLieux/Lapaleo.html)..<br />7.Quotidien chilien. La Tercera: le 25 octobre 1996.<br />8.Jacques Arnould. Darwin, Dieu et la finalité: La théologie après Darwin. Le Cerf. 1998<br />9.Abbé Pierre. Mémoire d’un croyant. Editions Fayard. 1997<br /><br /><strong>Pr Chems Eddine CHITOUR (*)</strong><br /></div>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-44635354533976973272009-09-15T03:01:00.000-07:002009-09-15T03:02:32.471-07:00Le sacré dans la culture arabo-musulmane : Universel et local, profane et mystique<div style="text-align: justify;"><span style="font-weight: bold;">Le sacré, ce concept que toutes les cultures semblent se disputer, comment le délimitent-elles ? Qu’en est-il de son positionnement extrareligieux ? De quel espace épistémologique se réclame-t-il en fait ? Ce propos essayera d’y répondre sans prétendre détenir la vérité.</span><br /></div><br /><span style="font-weight: bold;">I) La problématique des définitions</span><br /><br />Le sacré est une notion qui s’oppose au profane, il est « une valeur qui dépasse l’homme, l’incite au respect, à la crainte révérencielle, à la ferveur »(1), c’est aussi une notion qui a connu des acceptions très différentes. Pour certains, elle caractérise une force supérieure redoutée, souvent personnalisée par une divinité (2), comprenons par cela sa liaison au divin. D’autres récuseront cette liaison au divin, en cela que - dira Dominique Casajus - :« Les chercheurs se préoccupaient de trouver une notion mère d’où faire dériver tous les faits religieux ou magico-religieux. La notion de divinité ne pouvait convenir, pensait-on, car des religions importantes telles que le bouddhisme, se passent de dieux et, de plus, les religions de certaines populations qu’on jugeait particulièrement primitives, comme les aborigènes australiens, semblaient faire peu cas des divinités personnelles... c’est le sacré, comme principe impersonnel et diffus qui a fini par fournir cette notion mère, aux côtés d’autres notions comparables » (3). Dans une approche phénoménologique et théologique, André Dumas (nous synthétisons sa réflexion) soutiendra qu’en tant qu’essence du religieux, le sacré renvoie à des interdits et à des fondements essentiels pour l’existence humaine. Il trouve sa manifestation dans des prohibitions et des préoccupations dont ni l’essor de la technologie, ni l’explication rationnelle, ni l’institution sociale ne suffisent à rendre compte. De là, il fait intervenir des éléments suprahumains. Par le sacré, l’homme se constitue un univers à la fois protégé, exigeant, orienté et prometteur, de là aussi, il se concilie l’au-delà de son savoir, de son pouvoir et de son espoir. Il surmonte sa solitude et son errance au sein de l’univers, observe des règles et des rites, transmet des récits et des mythes et se situe grâce à des initiations et à des mystères (4).<br /><br />Pour l’anthropologie du mot, dans la culture occidentale particulièrement, on aura tendance à croire que les théologiens l’empruntent aux travaux des anthropologues, et pour une grande part, à ceux de Durkheim et de son école (5). Reste à dire que dans cette culture, le sacré comme expérience fait image d’humanité, vue comme « archaïque » et universelle. En-deçà de toute référence à un transcendent personnel, le sens du sacré incline à dire qu’au-delà du sensible et de l’utilitaire, se situe un ordre de réalité différent qui dépasse le précédent et lui confère une signification mystérieuse (6). Cela étant, ce concept a toujours été connu dans un contexte initialement religieux et parfois élargi à l’extra religieux. Ainsi, il peut avoir une définition culturelle qui le consacre comme un élément participant de la haute structure socio-éthico-religieuse d’une société donnée dans les différentes phases de son histoire. On peut parler du sacré dans la civilisation égyptienne, où « les hommes qui accomplissent le culte n’agissent qu’au nom du roi, et longtemps, il n’y eut pas de clergé spécialisé, mais des tâches accomplies, par roulement, par des fonctionnaires royaux. » (7). Dans la Rome antique, « tout ce qui sur terre est sacré ou se rattache au sacré dépend de l’activité pontificale : propriétés religieuses (temples, bois sacrés, enclos, tombeaux, statues) pour lesquelles les pontifes ont un droit de regard concernant l’entretien, les charges afférentes à chaque bâtiment avec interdits ou dispositions spéciales les jours de fêtes. Ils supervisent les fêtes et les solennités ordinaires et extraordinaires. Le droit religieux leur appartient avec l’arme terrible qu’est la sacratio capitis, mise hors la loi d’un coupable à qui on « interdit l’eau et le feu », ce qui autorise le premier venu à le tuer sans compte à rendre à quiconque. » (8) Dans le judaïsme, la représentation du sacré tourne autour de la Demeure, construite par les Hébreux et appelée communément Tabernacle. Démontable, elle est constituée d’une palissade rectangulaire qui abrite un autel de bronze et une tente couverte dont l’entrée est fermée par un rideau. La tente comprend d’une part la tente de la réunion avec l’autel d’or, la table des pains de propositions et le chandelier d’or à sept branches, d’autre part, le saint des saints qu’un rideau voile et qui renferme l’arche du témoignage ou arche sainte. L’arche renferme les débris des deux premières tables de la loi et les secondes ; elle aussi fermée par un rideau. Seul le grand prêtre pénètre dans la tente une fois par an au jour de Kippour. Les Hébreux campent autour de la tente de la réunion selon leur clan que distingue un étendard spécifique (9). En Islam, ce concept est dans un premier niveau de signification connu par le substantif « haram », qui veut dire interdit. Il signifie une mise à l’écart qui rend la chose interdite sacrée. Il a une origine coranique :<br /><br />- Dis : « Venez ! Je vous dirai ce que votre Seigneur vous a interdit » (VI-151)<br />- Il est interdit aux habitants d’une cité détruite par nous, d’y revenir » (XXI-95)<br />- Qu’avez-vous à ne pas manger ce sur quoi le nom de Dieu a été invoqué, alors qu’il vous a déjà indiqué ce qui vous était interdit » (VI -119) Le mot muqaddas, formé sur une racine qui renvoie à la « sainteté » (10), fait partie de la glorification des mérites divins par les anges :<br />- « Ils (les anges) disent : Vas-tu établir quelqu’un qui fera le mal et qui répandra le sang, tandis que nous célébrons tes louanges en te glorifiant et que nous proclamons ta sainteté ? (II-3D) et entre dans l’ensemble des attributs divins, Al Quddus :<br />- « Il est Dieu ! Il n’y a que lui. Il est le Roi, le Saint »- (LIX-23)<br />- « Ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre célèbre les louanges de Dieu : le Roi, le Saint » (LXII-1) Dans un autre niveau de signification, le mot « réfère aux lois divines dont le respect purifie et sanctifie » (11). Par voie de conséquence, le médiateur transmettant ces lois et appuyant les prophètes dans leur mission, l’Ange Gabriel en l’occurrence est cité comme relevant du sacré.<br />- « Nous avons accordé des preuves incontestables à Jésus, fils de Marie et nous l’avons fortifié par l’Esprit de Sainteté » (II-87)<br />- Dieu dit : ô Jésus, fils de Marie ! Rappelle-toi mes bienfaits à ton égard et à l’égard de ta mère. Je t’ai fortifié par l’esprit de sainteté » (V-110)<br />- Dis : « L’esprit de sainteté l’a fait descendre avec la vérité, de la part de ton Seigneur comme une direction et une bonne nouvelle pour les soumis, afin d’affermir les croyants » (XVI-102)<br />- Les endroits aussi revêtent ce caractère de sacré, ce dont atteste la terminologie du Coran toujours. Moïse a invité son peuple à rejoindre la terre sacrée que Dieu leur a choisie » « Ô mon peuple ! Entrez dans la Terre sainte que Dieu vous a destinée » (V-21) Moïse a aussi reçu de Dieu l’ordre d’enlever ses sandales dans la vallée sanctifiée avant d’être informé de sa vocation et de sa mission(12). Le récit biblique (13), tout aussi que le Coran, le mentionne : « Je suis en vérité ton Seigneur ! Ôte tes sandales : tu es dans la vallée sainte de Tuwwa » (XX-12) Dans la tradition de l’Islam, ce qui est connu du Prophète par inspiration, et qui reproduit la parole de Dieu, est aussi qualifié comme tradition sacrée ou hadith qudsi. Sa caractéristique est qu’il désigne une révélation directe, où Dieu parle à la première personne par la bouche du Prophète (14). Suite au texte coranique et à la tradition, la culture soufie monopolise presque l’usage de cette terminologie, en cela que plusieurs œuvres convoquent le mot sous ses multiples structures, pour renvoyer à leurs champs sémantiques qui font la toile de fond de leurs écrits. Dans ce sens, on est en droit de rappeler quelques œuvres fondatrices, dont celle d’Abu Hamed AI Gazali, Maridj Al Quds fi Madaridj Muhsabat Al Naft (Les échelles de la sainteté pour le procès de conscience), œuvre consacrée à l’éthique et au concept de purification dans l’expérience soufie ; celle de Nür Al Din Abd Al Rahman Al Djami, Nafahat Al Uns Min Hadarat Al Quds (apparemment une œuvre d’ésotérisme et de méditation (15) ; celle d’Ibn Arabï, Rüh Al Quds fi Munasahat Al Nafs (L’Esprit de sainteté dans la guidance de l’âme) ; et celle de l’Egyptien Abd Al Wahhab Al Sarani, AI Anwar Al Qudsiyya fi Ma’rifat Qawaid Al-sufiyya (Les lumières sacrées de la connaissance des fondements du soufisme), dans un même ordre d’idées. La culture générale, encore moins la jurisprudence, ne suivent que très peu le soufisme dans cette pratique. Une autre lecture, sereine et modérée s’arrête sur le sacré dans sa liaison au religieux, principalement à la connaissance sous une égide religieuse. En Orient — dira l’Iranien Seyyed Hossein Nasr : « La connaissance a toujours été liée au sacré et à la perfection spirituelle. Connaître signifie en définitive être transformé par le processus même de connaissance, comme la tradition occidentale l’affirma aussi à travers les âges, avant qu’elle ne fût éclipsée par la sécularisation et l’humanisme post-médiéval qui entraînèrent une séparation entre la connaissance et l’être, l’intelligence et le sacré » (16). Le sacré n’étant que l’infini et que l’éternel, sa connaissance ne peut conduire qu’à la liberté et à la délivrance des attachements et des limitations réducteurs. Ce point de vue n’est pas partagé par la vision moderniste qui ne voit pas de cet œil ce qui est religieux, lequel est synonyme d’orthodoxie et de traditionalisme archaïsant. C’est le fait de sacraliser une idée, une pratique littéraire, scientifique ou religieuse, un personnage appartenant à une autre époque, qui dresse au regard du modernisme les clivages entre notre époque, nos façons de voir et de vivre le présent ; et qui encourage la coupure entre notre héritage civilisationnel et notre entité présente, appelée, au demeurant, à se conformer aux exigences de l’universel. Sacraliser une production antérieure est synonyme de panne rationnelle et par définition d’incapacité de produire les discours d’actualité : « Quand les idées se heurtent à l’incapacité de réfléchir, elles s’installent dans les consciences et rien ne peut les en détacher, quel que soit le degré de leur médiocrité. A force d’être répétées, ces idées s’enfoncent plus encore dans les consciences et dans la raison, ce qui donne à leurs sujets un caractère proche du sacré et interdit toute tentative de les critiquer ou de s’en approcher même méthodologiquement »..(17) (notre traduction). On voudrait donner une justification à ce discours dans notre propos en faisant le rapport entre le discours que produit le modernisme arabe dans sa guerre contre la religiosité et le religieux tel qu’il est perçu et pourquoi pas sacralisé sur fond de discours illuminé, réfléchi et en conformité avec les besoins de l’être humain à cette époque plus qu’à une autre. Est-il vraiment nécessaire d’opposer modernité et religion ? L’orthodoxie a-t-elle vraiment le monopole du phénomène religieux ? Y aurait-t-il des raisons qu’on ne connaît pas encore qui ont condamné le discours religieux à rester otage des interprétations responsables de ces choix qui divisent plus qu’ils ne rassemblent ? Pourquoi la thèse spiritualiste, pour ce genre de penseurs, est-elle la première à être écartée quand il s’agit de trouver une réponse à même de concilier ces extrémités de notre entité existentielle ? Quelle idée devrait-on se faire sur ce qui est religieux et ce qui est spirituel ? Qu’est-ce qui a la vocation de rapprocher les deux phénomènes et d’en produire un discours convaincant parce que réfléchi qui sera un jour sacralisé à son tour sans pour autant entraver le cours des idées et des choses ?<br /><br /><span style="font-weight: bold;">II) Oppositions à éclaircir</span><br /><br />La lecture qui se veut proche du rationalisme se fait une idée différente du sacré. Si le sacré pour les spiritualistes est ce qu’on a déjà avancé, il est pour la tendance moderniste arabe, au risque de se répéter, un facteur de stagnation et responsable d’arriération. L’opposer au rationnel, moyennant des comparaisons pour le moins qu’on puisse dire étonnantes entre les tenants de la spiritualité et les prophètes du rationalisme depuis Al Gazazali, Ibn Rusd, Ibn Arabï, Ibn Taymiyya, jusqu’à Rasïd Rida, Djamal Al Dïn Al Afganï, Muhammad Abdu, Larbï Darqawï, Abd ul Hamïd Ibn Badïs, Ahmed Al Alawï, en passant par Ibn Adjïba, Ahmed Al Tidjanï, Abd Ul Hayy al Kettanï, est un moyen trop peu sûr d’aboutir à une analyse sinon exhaustive réaliste des deux tendances que tout oppose. Néanmoins, on ne peut omettre de dire que les deux discours se partagent la configuration culturelle en existant l’un par l’autre dans l’esprit d’une certaine classe intellectuelle au moins. Les néo-rationalistes vont nous intéresser à plus d’un titre. On citera les plus en vue. Le Marocain Abed AlDjabiri dont l’élan révisionniste interfère l’épistémologique et l’idéologique aboutit à l’exclusion de la pensée soufie bien que se trouvant l’une des plus importantes dans la sphère culturelle arabo-musulmane. L’Algérien Muhammad Arkoun, dont le projet déconstructionniste s’applique à écarter quelques expériences spiritualistes du monde de la philosophie, lui aussi ne reconnaît pas la philosophie de l’illumination, l’expérience soufie et gnostique non plus.<br /><br />L’Egyptien Nasr Haimed Abu Zeid, qui se cherche une place dans la dynamique du renouveau arabo-musulman, en s’appuyant sur la critique exclusive de l’héritage culturel dans sa globalité. Son projet en vue d’élaborer une alternative au système de pensée traditionaliste, miné par la mainmise de la religion, se trouve lui aussi otage des pratiques fondamentalistes qu’il essaye pourtant de combattre. L’Egyptien Hasan Hanafi, penseur se réclamant de la « gauche islamiste », se positionne dans un anti-spiritualisme radical auquel il impute la dégradation du rationnalisme arabe et le rend responsable de l’émergence de la mouvance orthodoxe. Pour Nasr Hamed Abu Zeid, le système culturel musulman dans son essence réelle n’a pas connu de vrai mouvement de pensées. Les seuls dignes de cet attribut, pour lui, les Mu’tazilites, reprenant Henri Laoust qui les présente comme « la plus importante école de théologie dogmatique (18), et qui sont l’antithèse du spiritualisme, n’ont vécu qu’en marge de la société à cause de leur rationalisme d’où le crédit qu’il leur accorde. Leur version dans l’Islam andalou est le philosophe de Cordoue Abul Walid Ibn Rusd (Averroës pour l’Occident), dont la marginalité dans la culture arabo-musulmane est doublement expliquée, d’une part par la place décalée qu’il a occupée dans le système culturel et rationnel d’alors, qui lui a valu les persécutions que l’on sait, et d’autre part dans les dispositions socio-politiques. La marge incarnée par Ibn Rusd a donné lieu à un centre qu’a occupé AI Ghazali, non pas par sa symbolique de pôle de jurisprudence, de philosophe et de spiritualiste, mais par la manipulation des pouvoirs politiques en place dont il a fait l’objet. Ces derniers se le sont accaparé à même de l’utiliser dans une visée utilitariste allant de la sauvegarde de leur système politico-social jusqu’à la liquidation matérielle de tout discours antagoniste.<br /><br />Pour cet écrivain, loin d’être ce que Durkheim appelle un libre penseur (20), AI Ghazali n’aurait pas excédé la mission de consolider le califat abbaside en s’enfermant dans le rôle de justificateur du politique par l’entremise de la pensée. Il aurait produit un discours qui était devenu, d’une part, celui des instances gouvernantes par excellence (21), et d’autre part celui des couches populaires, vu sa double structure. Le versant asarite dans le discours d’AI Ghazali le philosophe et le jurisconsulte, est celui qui a appuyé les pouvoirs politiques et justifié leur prédominance idéologique dictatoriale. Quant au versant soufi - dans ses deux dimensions sunnite et gnostique - il n’a offert simultanément à l’élite et à la population que de la consolation, matière à contrecarrer les dépassements des pouvoirs politiques. En plus qu’il offre à l’Etat sunnite une arme idéologique dans son combat contre le pouvoir chiite. Rien d’étonnant donc que son discours reste prédominant du Ve siècle de l’hégire jusqu’à nos jours (22). On ne peut pas ne pas faire d’antithèse à cette conception des choses. Ce n’est pas la lecture que nous faisons d’AI Ghazali dans la configuration du Ve siècle hégirien, de ses relations avec les pouvoirs politiques. En dehors de ce qu’il a donné de sa vie à l’érudition, du temps et de l’effort qu’il a pu vouer à son œuvre (ce qui a pu à coup sûr l’éloigner de la sphère politique et même sociale), il a été aussi assujetti à la marginalisation qu’avait incarnée une certaine réputation de son Ihya Ulum Al Din (revivification des sciences de la religion) brûlé tout autant que l’œuvre d’Ibn Rusd ; la persécution des gouvernants a été à l’origine de beaucoup de ses problèmes, et de son instabilité physique dans la grande topographie de l’empire musulman d’alors, ce qui l’a obligé à fuir gouvernants et institutions. Se trouvant à Baghdad, il a feint se diriger vers La Mecque - dira AI Djabiri - alors qu’il voulait aller en Syrie, pour recouvrer sa sérénité et sa liberté de penser et de vivre (23). Cibler une autorité scientifique et une somme spirituelle comme AI Ghazali, de cette manière, signifie pour les gouvernants de toute nature que le politique récupérait le discours religieux d’un côté en vue de s’assurer la mainmise sur tout le système culturel qui le préserverait des soulèvements populaires (l’Etat étant le gardien officiel de la religion), et d’un autre côté se rallier les couches sociales et les intellectuels qui acceptaient de cautionner leur salut personnel et leurs intérêts matériels par un silence complice ou carrément par une adhésion au mouvement justificateur dont cet auteur taxe Abu Hamed Al Ghazali. De là, le sacré que stylise le genre d’Al Ghazali ne peut être donné comme moyen de production de la connaissance.<br /><br />Mise au crédit du rationalisme seul de Ibn Rusd à Nasr Hamed Abü Zeid, la connaissance telle que produite dans l’antagonisme et la culture de la marge ne pourrait rendre compte du système culturel installé dans la société arabomusulmane dès le début. Il ne serait pas juste de faire croire que le rationalisme est le seul à avoir goûté la persécution et à avoir payé le prix de son existence dans une société faussement présentée comme anti rationaliste. N’est-ce pas au nom du sacré, divin ou religieux d’une façon générale, que la spiritualité a compté ses martyrs. Il n’y a qu’à se rappeler Al Hallaj et Al Suhrawardi et c’est aussi au nom du sacré universalisé que le soufisme a livré une longue liste de savants autres qu’Al Gazali traqués de leur vivant, ou censurés une fois morts. Dans le même ordre d’idées, on peut dire également que le rationalisme mutazilite a bien servi les instances politiques, du temps des abbasides, et c’est la spiritualité qui a fait les frais. Le septième calife, Al Mamoun en a bien usé pour combattre le discours sunnite qui lui paraissait contraire à sa doctrine. C’est la culture du défi au conventionnel qui est tirée de l’enseignement d’Averroës et qu’on veut projeter sur notre époque. Il est pris comme modèle parce qu’il a su- à leurs yeux- se créer une dynamique d’affrontement dans un débat intellectuel qui n’était pas équilibré. Mais est-il vrai qu’on peut s’éclaircir les horizons par une simple projection d’un passé florissant sur un présent suffisamment en perte de repères ? Faire appel à une référence d’une autre époque pour illuminer des zones d’ombre qui ne sont ni de son époque ni ne relèvent des centres de gravité épistémologiques que les phases de l’histoire peuvent connaître différemment, n’est-il pas une autre forme d’archaïsme que le modernisme récuse pourtant violemment ? En tout cas, si le phénomène de modernisation prêche la coupure épistémologique avec le passé par trop sacralisé, il n’en demeure pas moins qu’il ne fait pas de même avec les représentants des mouvements qu’il accrédite. On a tendance à dire que le spiritualisme n’est sujet aux critiques les plus sévères que parce qu’il s’oppose, de par ses fondements et ses valeurs, aux phénomènes qui font leurs intérêts pour des raisons pas toujours catholiques comme on dit.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Notes de renvoi :</span><br /><br />1) ThioIIier. Marguerite-Marie, Dictionnaire des religions, Bruxelles-Paris, Editions Chapitre Douze, 1995, p. 499.<br /><br />2) Ibid.,<br /><br />3) Casa jus. Dominique, Le sacré, in Encyclopaedia Universalis, V.20, p. 398.<br /><br />4) Cf. Dumas. André, Le sacré in Encyclopaedia Universalis, V. 20, p. 400.<br /><br />5) Cf. Encyclopredia Universalis, V.20, p.397.<br /><br />6) Cf. Barbotin. Edmond, Expérience, in Dictionnaire critique de Théologie, sous la direction de J- Y. Lacoste, PUF, 1998.<br /><br />7) Ptirsch. Luc, La religion égyptienne, in Encyclopédie des religions, V.l, p. 40.<br /><br />8) Porte. Danielle, Les origines de Rome, in Encyclopédie des religions, V.l, p. 198.<br /><br />9) Degrâce. Alyette, Le Judaïsme et la lecture religieuse de l’histoire du peuple juif, in Encyclopédie des religions, V.l, p. 268.<br /><br />10) Cf. Dominique Sourdel, Janine Sourdel-Thomine, Vocabulaire de l’Islam, Paris, P.U.F., Coll. « Que sais-je ? », 2002, p. 100.<br /><br />11) Tessier. Robert, Le Sacré, Les Editions du Cerf, Les Editions Fides, 1991, p.22.<br /><br />12) Cf. Deladrière. Roger, notes de Le Tabernacle des Lumières d’Al Gazali, Paris, Editions du Seuil, Coll. Points, 1981, note 74, p. 106<br /><br />13) Exode, III, 5. cité par Roger Deladrière<br /><br />14) Cf. Burckhardt. T, Introduction aux doctrines ésotériques de l’Islam, p. 170.<br /><br />15) Citée par Blochet. Cf. Blochet. M. E, Etudes sur l’ésotérisme musulman, p. 1.<br /><br />16) Nasr. Seyyed Hossein, La connaissance et le sacré, Traduit de l’anglais par Patrick Lande, L’âge d’homme , 1999, p. 7.<br /><br />17) Nasr Hamed Abu Zeyd, Al Khitab wa Ta’wil, p. 19.<br /><br />18) Laoust. Henri, Les schismes dans l’Islam. Introduction à une étude de la religion musulmane, Alger, SNED, 1965, p.l0l.l02<br /><br />19) Nasr Hamed Abu Zeid, Al Nass wa al Sulta wa al Haqiqa, pp. 13- 66 (version arabe)<br /><br />20) Durkheim Emile, L’avenir de la religion, La science sociale et l’action, Paris, PU., 1970, p. 309<br /><br />21) Cf. Nasr Hamed Abu Zeid, Al Khitab wa al Ta’wi/, p. 28 (version arabe)<br /><br />22) Ibid.,<br /><br />23) Cf. Al Djabiri, Takwin al Aql al Arabi, p. 280 (version arabe)<br /><br /><br /><span style="font-weight: bold;">Par Docteur Yacine Benabid </span>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-12243554247667688782009-09-14T03:12:00.000-07:002009-09-14T03:13:22.670-07:00Le livre, un mot à protéger<div style="text-align: right;"><span style="font-weight: bold; font-style: italic;">Les éditeurs dénoncent...</span><br /></div><div style="text-align: right;"><span style="font-weight: bold;">«Les causes sont nombreuses et, en définitive, c’est toute la branche qui est touchée de plein fouet», a souligne Fayçal Houma.</span><br /></div><br />Le caractère délétère de la situation chez les éditeurs algérien, a été au coeur d’une qaâda, initiée par l’espace culturel les Mille et Une News, samedi dernier, à la librairie Socrate. Les représentants de plusieurs maisons d’éditions y ont dénoncé le climat actuel et les pressions qu’ils subissent. «Le pire est à venir si cette politique perdure», voilà, en quelques mots, la situation dans laquelle se retrouve l’édition du livre en Algérie, prononcés par les quelques intéressés eux-mêmes, ce qui en dit long sur l’avenir proche. «L’édition est de nos jours facilitée par les moyens les plus sophistiqués dans le monde, mais, en Algérie, c’est un tout autre problème. L’édition se fait d’une façon plus ou moins archaïque et les éditeurs éprouvent des difficultés innombrables, comme c’est le cas dans les autres pays, mais d’une acuité telle que l’on porte atteinte à l’esprit de la création littéraire», a expliqué M.Mustapha de l’édition Casbah.<br /><br />«La fusion entre diverses activités et la reprise en main par trois familles n’est pas étrangère à la situation actuelle. Mauvais état d’esprit, acharnement sur les contrats de travail, C’est tout cela que nous condamnons», souligne l’éditeur Fayçal Houma de l’édition El Maârifa. «Travaillant essentiellement pour le même principe, les produits font l’objet de la concurrence sévère sur un marché mondialisé. Les causes sont nombreuses et en définitive c’est toute la branche qui est touchée de plein fouet. Aujourd’hui, c’est nous, demain quelqu’un d’autre. Le mouvement de concentration n’en est qu’à ses débuts», ajoute-t-il. Entre satisfaits et mécontents, les avis sont partagés vis-à-vis de la politique du livre instauré jusque-là par le ministère de la culture.<br /><br />«Certes, avec toute l’avancée technologique en matière d’impression et de diffusion, si nous nous comparons juste aux pays méditerranéens, l’Algérie reste en deçà de la cote qu’on pourrait considérer comme normale pour l’édition. En effet, plusieurs éditeurs se voient confrontés à des difficultés monstres pour faire accepter leurs commandes. Ce qui oblige, d’ailleurs, les écrivains et romanciers à partir sous d’autres cieux», a fait savoir M.Yahiaoui de l’Enag. «Mais la tenue des évènements majeurs à l’instar de "L’année de l’Algérie en France", "Alger, capitale de la culture arabe", ainsi que le fonds d’aide, la situation s’est relativement améliorée», a-t-il ajouté. De son côté, Mustapha, n’est pas du même avis, il explique qu’au contraire! la situation est devenue grave et dangereuse, en optant pour une telle politique «Etat éditeur».<br /><br />Enchaînant que «chaque Etat a son système de contrôle. Chez nous peut-être, il n’existe pas de censure, mais il y a pire que ça l’autocensure». Quand à Mme Assia Messaï de l’édition Ikhtilaf, avoue que «nous savons pertinemment que l’édition est un domaine qui est monopolisé par certains et qu’entrer devient, par la force de l’actualité, un parcours du combattant, pour tout nouvel éditeur». Presque les mêmes mots qui brillent avec un immense espoir et n’émet un autre jour, durant tous le débats, remettant en cause les pratiques des institutions de l’Etat comme la Banque nationale, en proposant la prolongation de délai pour le prêt à une année au lieu de 90 jours, car le livre est un produit spécifique...<br /><br />La question qui nous est posée aujourd’hui est la suivante: «La réciproque est-elle vraie? Ne peut-on soutenir que les propositions semblent pour certains sanctionner définitivement, et qui pourraient fonder une perspective réaliste?» Dans ce cas, l’abandon de la mission ne serait qu’un opportunisme doublé et d’une fuite en avant.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Idir AMMOUR</span>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-26930109516809264682009-09-13T05:06:00.000-07:002009-09-13T05:07:22.937-07:00Écriture de l’histoire de la guerre de Libération : Approches, enjeux et aléas d’un travail de mémoire<span style="font-weight: bold;">Les quelques bribes de révélations que certains responsables politiques ou acteurs de la guerre de Libération nationale ont pu verser dans un débat qui n’en est pas un sur l’écriture de la véritable histoire de cette période cruciale de l’Algérie contemporaine n’ont apparemment acquis aucun prolongement académique lié à la recherche en histoire. Assassinats politiques par des frères d’armes, nombre exact de chouhadas et de moudjahidine, quelques chapitres mouvementés et controversés du comportement de certains responsables de l’époque, congrès de la Soummam et d’autres épisodes mois bien connus de cette épopée du peuple algérien font presque régulièrement l’objet de mini-révélations, de jugements et de commentaires aussi bien dans la presse écrite qu’au sein de certaines institutions (APN, Sénat).</span><br /><br />Si cette manière de procéder a le mérite de casser des tabous dans le cercle de l’hégémonie de la pensée unique et de l’unanimisme de façade qui a fait tant de mal à la mémoire collective et à la culture nationale, elle manque cependant de pédagogie, d’esprit de suite et de résultat concret. Après les remous et controverses soulevés dans l’immédiat par ces ‘’révélations’’, la tempête se dilue en fin de compte dans l’indifférence, l’apathie et la torpeur dans lesquelles évoluent la culture nationale et les institutions pédagogiques du pays.<br /><br />Pourtant, l’écriture de l’histoire, sa consécration dans les manuels scolaires et sa prise en charge sur le plan de la symbolique épousent de plus en plus les contours d’un nouveau concept, à savoir le travail de mémoire, concept qui a reçu au cours de ces dernières années les faveurs des sciences humaines et de la recherche. En effet, outre la volonté de restituer les faits et d’établir une chronologie, l’investigation historique et la restitution de ses résultats ont surtout pour objectif de maintenir vivante la mémoire collective et d’établir une ‘’filiation’’ et une solidarité culturelles et morales entre les différentes générations.<br /><br />Pour le cas spécifique de la guerre de Libération nationale, le travail de mémoire ne cesse de se conforter et de trouver chaque jour son terrain d’expression à travers des séminaires, des articles académiques, des conférences,…etc. Aucun support n’est négligé pour mener une si noble et si importante entreprise. Cependant, des aléas et des pesanteurs ne manquent pas de grever de temps en temps une démarche qui n’a, en réalité, rien de linéaire. C’est un chemin sinueux du fait que, des deux côtés de la Méditerranée , le regard vers le passé se nourrit non seulement des faits du passé, mais également du regard porté par les jeux et les enjeux du présent. Cette forme de ‘’brouillage’’ ou d’interférence n’est évidemment pas sans danger sur l’objectivité et la remise en contexte des événements. Un fait symptomatique de la nouvelle tendance qui se dessine en la matière : une forme de frénésie dans l’écriture de l’histoire de la guerre s’est emparée des acteurs et des chercheurs en histoire depuis au moins le début du nouveau siècle, et le décret français de février 2005 glorifiant la colonisation n’a fait qu’accélérer les choses et justifier des recherches encore plus poussées dans le domaine. Dans la foulée de l’amendement constitutionnel du 12 novembre 2008, et au-delà de la mécanique institutionnelle qu’elle se propose de réajuster, la révision du texte fondamental du pays a aussi porté aussi sur l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération et sur la protection des symboles de cette grande épopée.<br /><br />L’Histoire sous le regard colonial<br /><br />C’est un fait établi que l’écriture de l’histoire du peuple algérien pendant la période coloniale a été l’apanage des écrivains et historiens de la puissance occupante. L’écriture de l’histoire avait même pris avec certains auteurs les allures d’élucubrations tendant à justifier le fait colonial. Il en est ainsi de Louis Bertrand qui pensait et disait que, en mettant les pieds en Algérie, la France ne faisait que ‘’retrouver une partie de l’Afrique latine’’ perdue pendant plusieurs siècles ; d’où la trouvaille qui a pu investir pour longtemps les bancs de l’école où on apprenait aux indigènes que leurs ancêtres étaient les Gaulois.<br /><br />La falsification de l’histoire et la scotomisation d’une partie de celle-ci avaient leurs théoriciens et idéologues ainsi que leurs praticiens dans les écoles et les médias. C’est véritablement un parti pris appartenant à une grande entreprise de déculturation/acculturation propre à l’idéologie coloniale. Parallèlement, des recherches ethnographiques ont été réalisées par des personnalités officielles, des militaires ou des hommes d’église, qui ont pu révéler de grands pans de l’histoire d’Algérie contemporaine ou antique. Ces recherches, consignées dans des ouvrages spécialisés, ont connu une diffusion limitée. Leurs auteurs n’ont pu s’imposer dans le cercle des historiens que très difficilement tant était forte la volonté de maintenir la chape de silence sur les réalités historiques, sociales et culturelles d’une terre considérée comme le nouvel eldorado de la plèbe et du lumpenprolétariat de la métropole et même de toute l’Europe méditerranéenne.<br /><br />Charles-Robert Ageron, Charles-André Julien et d’autres chercheurs versés dans la sociologie comme Jacques Berque et Yves Lacoste ont naturellement donné leurs lettres de noblesse à l’étude des sociétés maghrébines colonisées en mettant en relief la profondeur historique des peuples en question, les différentes civilisations qui les ont marqués et leur capacité à s’assumer en tant que sociétés organisées d’une façon autonome par rapport aux schémas coloniaux.<br /><br />Le travail de recherche du professeur Charles-Robert Ageron, disparu il y une année, symbolisa cet effort d’une certaine élite libérale française à comprendre la société algérienne sous domination coloniale et à en saisir les profonds mouvements.<br /><br />" Le professeur Charles-Robert Ageron est un des historiens français qui ont le plus contribué à l’écriture de l’histoire maghrébine et œuvré courageusement pour la décolonisation de l’histoire algérienne. Il consacra passionnément plus d’une décennie de recherche dans les dépôts et fonds d’archives algériens et français pour réaliser une thèse sous la direction d’un autre éminent ‘’maître’’, le fameux Charles-André Julien, qui l’honora du bonnet de docteur en histoire ‘’Les Algériens musulmans et la France : 1871-1919’’. Sujet fort original et sensible, elle fut un véritable chef-d’œuvre d’où jaillit une authentique passion pour la terre, la culture et les hommes ", estime Kamal Filali de l’Université de Constantine (département d’histoire). Et il ajoute : " Depuis qu’il occupa la chaire de professeur agrégé en 1947, son combat politique n’a cessé de s’éclaircir et de se consolider en faveur d’une riche coopération scientifique franco-maghrébine basée sur le respect mutuel des deux cultures. Il résista courageusement à tous les soubresauts et les perturbations qu’avaient traversés les relations entre la France et l’Algérie pour y rester et œuvrer au rapprochement des deux communautés (…) Outre le professeur dispensateur de cours magistraux, Ageron était un infatigable chercheur de terrain et eut la chance de vivre, en témoin oculaire et en observateur lucide les élans historiques et grandes mutations vécues par l’Algérie depuis la Seconde Guerre mondiale ".<br /><br />L’on se doute bien que, en dehors de ces exceptions qui accordent un regard lucide sur la société et le peuple algériens, une historiographie qui a longtemps fait l’impasse sur les réalités anciennes du pays ne puisse nullement se prévaloir d’une quelconque objectivité au sujet d’une guerre présentée pendant des décennies comme une simple opération de ‘’maintien de l’ordre’’ en Algérie ou, plus confusément, comme les ‘’Événements d’Algérie’’.<br /><br />La guerre vue par les autres<br /><br />En effet, après l’indépendance du pays, deux ou trois livres fétiches ont tenu le haut du pavé de l’autre côté de la Méditerranée au point de constituer une référence incontournable ici même en Algérie. Nous pensons, en premier lieu, à Yves Courrière qui, avec ses quatre tomes sur la guerre d’Algérie, s’est fait un nom même dans les chaumières les plus reculées du Djurdjura ; ces livres publiés entre 1968 et 1971 (Les Fils de la Toussaint , Le Temps des léopards, L’Heure des colonels et Le Dernier quart d’heure) ont connu une fortune extraordinaire en Algérie malgré- ou à cause de- leur interdiction par le pouvoir politique d’Alger. Ces volumes ont longtemps accompagné, sous le manteau, les lycéens et les étudiants des années 70 et 80. Et pourtant, ces ouvrages étaient loin de constituer un parangon d’objectivité. C’est plutôt un ensemble de reportages émaillés d’histoires anecdotiques à la limite de l’histoire romancée. Un autre ouvrage est le produit du général Jacques Massu, “La Vraie bataille d’Alger’’, (éditions Plon, 1971), qui présente la Bataille d’Alger sous le regard unilatéral du “bon soldat’’ qui a tenu à ‘’sauver’’ des vies humaines menacées par les “insurgés’’ qui déposaient des bombes dans les lieux publics et qui ne voulaient pas “entendre raison’’.<br /><br />Dans le fatras d’ouvrages qui ont vu le jour après l’indépendance d’Algérie, il y en eut bien sûr qui méritent de figurer dans la lignée des grands témoignages caractérisés par un minimum d’objectivité. Parmi les auteurs les plus connus, figurent Henri Allègue avec son témoignage sur la torture intitulé “La Question’’, éditions de Minuit 1960, mais qui n’a connu de véritable fortune qu’après 1962, et Pierre Vidal-Naquet avec ses quatre ouvrages : “L’Affaire Audin’’, “La Raison d’État’’, “La Torture dans la République’’ et “Les Crimes de l’armée française’’. C’est dans ce dernier livre, publié en 1975, qu’il écrit : . "Si cette histoire est celle des Algériens, elle est aussi la nôtre, et c’est à nous aussi de l’assumer". L’auteur ne pouvait qu’avoir raison d’autant plus, pendant cette sale guerre, des tortures et traitements infamants furent réservés aux Algériens par les soldats français, particulièrement pendant la dure bataille d’Alger.<br /><br />C’est, en effet, à partir de 1956, que le général Massu, responsable de la dixième division parachutiste, se voit confier la totalité des pouvoirs de police à Alger, et ce suite à la multiplication des actes révolutionnaires du FLN dans la capitale.<br /><br />Massu devait utiliser ‘’tous les moyens’’, stratégie qui ne cache nullement les méthodes les plus réprouvées sur le plan humain et moral. Les hauts responsables politiques dont on dit qu’ils ont couvert la torture en nient souvent l’existence ou s’en lavent allègrement les mains.<br /><br />Face à la pression du FLN à Alger, l’administration militaire française renforce ses structures en personnel et en moyens matériels. " Les militaires, renforcés de policiers civils, démantèlent les réseaux de soutien européen au terrorisme du FLN en arrêtant des universitaires, des religieuses, un prêtre, des militantes catholiques, des communistes.<br /><br />Les parachutistes de Bigeard arrêtent le colonel Ben M’hidi, l’un des grands chefs du FLN, qu’on ne verra plus vivant ", écrit Claude Paillat dans le numéro spécial “Guerre d’Algérie’’ d’Historama (1985).<br /><br />L’un des plus grands acteurs du côté algérien de cette “Bataille d’Alger’’, en l’occurrence Yacef Saâdi, sera arrêté le 24 septembre 1957 après que la plus grande partie de son réseau fut démantelée.<br /><br />La maison où s’était réfugié Ali la Pointe a été sautée le 7 octobre et son corps a été complètement déchiqueté suite à cette opération. "Oubliant sa responsabilité d’avoir ordonné aux parachutistes de rétablir l’ordre par “tous les moyens’’", le gouvernement est embarrassé, comme le souligne V.Naquet.<br /><br />De rares intellectuels français ont pu élever leurs voix dans la presse ou dans des réunions publiques pour exprimer leur indignation face au reniement et à la violation des droits de l’Homme par une république qui s’en proclame pourtant porte-étendard depuis la révolution de 1789.<br /><br />Quels que soient les efforts- loyaux, objectifs ou tendancieux- qui sont déployés par les historiens, les témoins ou les écrivains de l’autre rive de la Méditerranée , ce sont d’abord aux leurs que les Algériens voudraient adresser la question de savoir comment la mémoire de cette guerre atroce doit être sauvegardée loin des surenchères et des règlements de compte personnels.<br /><br />L’histoire officielle condamnée par l’Histoire<br /><br />Pendant trois décennies, les Algériens n’eurent droit, en matière d’enseignement et d’écriture de l’histoire de la guerre de Libération, qu’à la version officielle qui, d’une part, encense des acteurs et des faits susceptibles d’arranger et justifier la politique du moment, et, d’autre par, jette une ombre opaque sur les hommes et les périodes de la guerre qui sont en porte-à-faux par rapport aux choix et actes des nouvelles équipes dirigeantes.<br /><br />" L’histoire est vécue comme un enjeu politique. C’est elle qui fonde la légitimité du pouvoir, l’accès aux sources et aux privilèges. Si on veut que l’histoire devienne une école civique, il faut l’arracher aux idéologues et aux censeurs et laisser les historiens travailler librement. Il est temps de repenser l’identité algérienne comme une dynamique orientée vers un contrat entre Algériens de toutes tendances et de toutes origines ", soutien l’historien Mohamed Harbi.<br /><br />Ainsi, sous le règne du parti unique qui a bâillonné la société et proscrit toutes les libertés, y compris celle d’écrire l’histoire du pays, la vérité sur la guerre de Libération était celle établie par le prince du moment. Il est tout à fait évident que même les acteurs de cette guerre se sont retrouvés dans une situation inconfortable où le souvenir encore vivace de la tragédie ne permettait pas de prendre le recul, psychologique et pédagogique, nécessaire. Au début des années 80, et en réaction au souffle de libération citoyenne charrié par le mouvement berbère, le comité central du FLN constitua en son sein une commission chargée de…la réécriture de l’Histoire. Des séminaires et des journées d’études se tenaient régulièrement pour orienter les travaux de cette commission et lui donner des assises nationales. Le sort de cette commission était celui du parti unique dont les événement d’Octobre 88 sonnèrent le glas.<br /><br />C’est dans la clandestinité que circulaient les quelques ouvrages de Mohamed Harbi publiés aux éditions ‘’Jeune Afrique’’ à Paris à la fin des années 70 et au début des années 80.. Il faut dire que l’on risquait gros en se baladant avec “Les Archives de la révolution algérienne’’ ou “Le FLN, mirage et réalité’’, deux livres écrits par cet auteur qui cumule les qualités d’ancien combattant et d’historien. Le regard de Mohamed Harbi sur le Mouvement national et sur la guerre d’indépendance a l’avantage de tenir à la fois de la vision de l’historien universitaire, de l’analyste des faits sociaux et de l’homme pétri par les événements. Il situe le travail consigné dans ‘’Le FLN, mirage et réalité’’ dans ‘’une analyse des controverses et des conflits qui ont déchiré le nationalisme populaire en Algérie entre 1946 et 1962. Il constitue la première partie d’un projet plus vaste qui porte sur la société algérienne’’.<br /><br />A la tête de ce livre, il place une citation de Paul-Louis Courier portant sur l’impérative nécessiter de témoigner et d’écrire l’histoire : "Laissez dire, laissez-vous blâmer, condamner, emprisonner, laissez-vous pendre, mais publiez votre pensée. Ce n’est pas un droit, c’est un devoir, étroite obligation de quiconque a une pensée de la produire et mettre au jour pour le bien commun. La vérité est toute à tous. Ce que vous connaissez utile, bon à savoir pour un chacun, vous ne le pouvez taire en conscience. Parler est bien, écrire est mieux : imprimer est excellente chose". “On ne peut se guérir d’un traumatisme par refoulement’’ affirme Harbi dans Algérie-Actualité du 2 avril 1992, en ajoutant : “Notre enseignement n’a pas décolonisé l’histoire, il en a seulement fait le miroir inversé de l’histoire coloniale (…) L’histoire ne peut être ni une addition, ni un entrecroisement de mémoires. Et si on la réduit à cela, on perpétue ce qu’on veut guérir, les traumatismes de l’autre et les incompréhensions’’.<br /><br />Au sujet de son livre “Les archives du FLN’’, Harbi affirme qu’il a publié ces documents, considérés comme une inestimable matière première, pour aider les chercheurs de notre pays à ‘’penser par eux-mêmes’’, à ne pas se fier au discours officiel, à en finir avec l’histoire de type triomphaliste et l’épopée guerrière qui banalise une tragédie.<br /><br />Un héritage à assumer<br /><br />Toutes les manipulations et mystifications ont été tentées ou mises en œuvre pour que l’enseignement et l’écriture de l’Histoire cadrent parfaitement avec la tyrannie politique et le refus maladif de la souveraineté populaire. Nous savons que la devise ‘’Un seul héros, le peuple’’ développée par le pouvoir politique juste après l’indépendance ressemble à l’enfer qui est pavé de bonnes intentions. Cette affirmation que le commun des citoyens peut comprendre comme étant une façon de valoriser l’apport de toute la population à la révolution armée et d’éviter de focaliser les regards sur d’éventuels leaders charismatiques ou à tendance ‘’zaïmiste’’, est pourtant destinée à casser l’ennemi politique présent en lui déniant, par une généralisation douteuse, les mérites et les qualités de combattant d’hier. C’est une façon spécieuse et diabolique de légitimer le pouvoir établi de facto après l’indépendance. "Les noms propres, les acteurs historiques n’ont guère le droit à l’existence dans les publications algériennes (…) L’idéologie nationale, c’est-à-dire l’exploitation du capital idéologique de la guerre, qui donne sa raison d’être au FLN, est appelée à servir d’illustration et de légitimation de l’État ; elle substitue une ligne univoque à la polyvalence de la culture nationale ; elle prétend même diriger l’écriture de l’histoire", écrit René Galissot dans la revue “Temps modernes’’ d’avril 1986.<br /><br />Dans le même contexte, Harbi écrit dans “1954, la guerre commence en Algérie’’ (éditions Complexe-1998) : " Les gouvernants algériens s’y référent pour légitimer leur pouvoir et l’opposition pour pleurer la révolution manquée ou déplorer l’espérance trahie. Le débat sur le legs de la révolution anti-coloniale est encore sacrilège. Toute critique, même mesurée est considérée comme une hérésie. Mais comment se résoudre à accepter que l’histoire soit niée et vidée de son contenu quand on sait que le legs révolutionnaire pèse lourdement sur la capacité des Algériens de déchiffrer leur présent et de s’imaginer un futur " ?<br /><br />En plein règne de la chape de plomb où la liberté d’expression était confisquée et l’idéologie du parti unique était la seule ‘’philosophie’’ admise, des tentatives d’écrire l’histoire du Mouvement national et de la guerre de Libération ont été menées par certains intellectuels et universitaires. C’est d’ailleurs ce label ou cette ‘’justification’’ universitaire qui a permis à certaines œuvres de voir le jour comme “L’Algérie en guerre’’ de Mohamed Taguia. Publié en 1981 aux éditions de l’OPU, cet ouvrage qui comprend 800 pages reprend une thèse universitaire à diffusion très limitée. Elle est basée sur des archives et des témoignages d’une valeur historique inestimable. D’autres livres ont abordé l’histoire du mouvement national et de la guerre de Libération dans les limites de ce qui pouvait se faire dans cette période de dictature. D’autres livres ont été édités à l’étranger par des acteurs bannis, exilés ou en résidence surveillée. Nous avions droit, entre autres, aux publications de Mahfoud Kaddache, commandant Azeddine (“On nous appelait les fellagas’’, Ed. Stock-1976), Slimane Chikh (“L’Algérie en armes’’), Yacef Saâdi (“La Bataille d’Alger’’, Ed. Enal-1984), Ali Haroun (“La 7e wilaya’’, Ed. Le Seuil-1986)), Ferhat Abbas (“Autopsie d’une guerre’’, Ed. Garnier-1981), Hocine Aït Ahmed (“Mémoire d’un combattant’’, Ed. Messinger-1983).<br /><br />Après les événements d’Octobre 1988 et les premières tentatives d’ouverture démocratique, un nouvel air semble souffler sur la réappropriation de l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération par les universitaires, les intellectuels et les acteurs eux-mêmes. Des thèses, des traités et des mémoires sont publiés en Algérie et en France concernant cette période tourmentée de l’histoire nationale. Des auteurs qui ont déjà publié auparavant ont continué leur travail dans une ambiance de profusion de témoignages provenant des anciens combattants ou militants de l’ALN/FLN, de militaires français ayant exercé en Algérie et de simples citoyens ayant tenu à témoigner des horreurs de la guerre. Mohamed Harbi, outre les ouvrages historiques qu’il a continué de produire, a publié un témoignage autobiographique “Un homme debout’’ et a codirigé avec Benjamin Stora un volumineux ouvrage (728 pages) sous l’intitulé “La Guerre d’Algérie-1954-2004 La fin de l’amnésie. De la mémoire à l’histoire’’ aux éditions Robert Laffont (2004). Dans l’introduction à cette somme à laquelle ont collaboré 25 chercheurs algériens et français, les deux auteurs écrivent : "La construction du discours historique se fait dans la multiplicité des points de vue en fonction des interrogations de chacun. Mais, le traitement doit demeurer objectif et le conflit sur la méthode reste analogue à celui que connaissent toutes les recherches scientifiques. Cinquante ans après le 1er Novembre 1954, par le travail historique, la pluralité des motivations émerge peu à peu derrière les positions frontales et catégoriques que l’on a dessinées à grands traits après 1962 entre adversaires et partisans de l’Algérie française. La guerre tend à s’éloigner des turbulences passionnelles et du traumatisme collectif pour devenir un objet d’histoire". Dans le corps de l’un des chapitres, Harbi précise que l’enjeu de ce travail est ‘’d’identifier clairement la dynamique historique de l’Algérie pour contester les représentations du révisionnisme sur certaines séquences du drame algérien’’.<br /><br />Ironie de l’histoire<br /><br />A l’occasion de la parution de ce livre en France, Benjamin Stora, codirecteur de l’ouvrage, explique la faiblesse de l’écriture de l’histoire en Algérie : " Il y a plusieurs raisons à la faiblesse de l’écriture de l’histoire en Algérie. Il y a en premier lieu un problème de liberté de circulation. Pour consulter les archives, il faut aller en France. Par ailleurs, l’accent n’a pas été mis pendant de nombreuses années en Algérie sur l’écriture de l’histoire contemporaine. Celle-ci était un sujet tabou, un sujet de légitimation politique et son écriture était manichéenne. Ce qui n’encourageait pas les jeunes chercheurs à se mettre au travail (…) En Algérie, les jeunes ne se sont pas situés dans un héritage historique ; ils ont été obligés de réinventer une histoire ; de construire des mythes. Ces trous de mémoire ont donné ce que l’Algérie a connu dans les années terribles de la décennie 1990. Au cours de cette décennie sanglante, l’intelligence a été touchée soit par les assassinats, soit par l’exil. On ne peut pas demander aux Algériens à la fois d’affronter la cruauté du présent, de se tourner vers le passé, d’écrire l’histoire ".<br /><br />Quoiqu’il en soit, et malgré les circonstances dramatiques qui ont suivi les événements d’octobre, des témoignages sous forme de mémoires ont fait florès dans le paysage éditorial algérien. Des acteurs importants de la guerre de Libération ont voulu témoigner et transmettre le message à la jeune génération qui n’a rien connu de cette guerre. Le livre d’Ali Zamoum, “Tamurt Imazighène’’, est une autobiographie riche en matière de renseignements historiques et, en même temps, pleine d’émotion du fait que l’auteur fait aussi œuvre d’écrivain. Son compagnon d’infortune à la prison de Barberousse dans la cellule des condamnés à mort, Daniel Timsit, un Juif Algérien qui a épousé la cause nationale, a lui aussi écrit des mémoires poignants où l’on retrouve des pans entiers de la vie de l’auteur liés à la guerre d’Algérie : “Algérie-Récit anachronique” (Bouchène-1998) et “Suite baroque-Histoires de Joseph, Slimane et des nuages’’ (Bouchène-1999). "Notre algérianité, dit-il dans un entretien avec El Watan du 25 octobre 1999, c’est notre conviction d’instinct, d’évidence, d’appartenance à la même nation, au même destin, à la même communauté d’avenir, et ce que nous soyons Juifs, Kabyles, Oranais,…La guerre de Libération a été un acte fondateur dans la longue histoire de la nation algérienne. Cette commune expérience qui fait la mentalité algérienne (souffrance, courage, difficultés à affronter,…) fait socle ".<br /><br />Un événement d’une importance exceptionnelle aussi bien pour l’histoire que pour la jeune écriture berbère est cette nouveauté d’écrire des récits et témoignages directement dans cette langue qui commence à embrasser des domaines autres que la poésie. L’exemple, le premier à notre connaissance, est le livre de Messaoud Oulamara, un moudjahid de Darna (région d’Iboudrarène)) mort en 2001, sous le titre Abrid n tissas, publié en 2007 aux éditions Le Pas Sage (Bordj El Kiffan). C’est son parcours militant de 1934 à 1965 que son fils recueillit de la bouche de son père et qu’il transcrivit directement en kabyle. Un témoignage émouvant et pathétique aussi bien par le parcours épique, la droiture et la loyauté du personnage que par la simplicité et la pertinence du récit.<br /><br />Il semble que le champ de l’écriture de l’histoire de la guerre de Libération algérienne commence réellement à s’ouvrir à tous les genres d’écriture (thèses, témoignages, biographies, autobiographies, mémoires, fiction littéraire,…) et cela dans un relatif climat de sérénité permise par le recul par rapport aux événements qui datent de presque un demi-siècle. Des points noirs de ce douloureux épisode commencent à être plus ou moins éclaircis. Mais les acteurs de cette grande épopée du 20e siècle disparaissent un par un. Alors, il y a certainement urgence à ce que ceux qui sont encore en vie témoignent et transmettent leur capital historique immatériel aux générations montantes.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Amar Naït Messaoud</span>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-56942993355347291782009-09-12T05:05:00.000-07:002009-09-12T05:06:58.421-07:00Yacine Benabid. Docteur en langues, littératures et sociétés du monde : " Notre société perd ses repères "Travailler durant la journée de vendredi est presque considéré de nos jours comme un… péché. Qu’en pense la religion ? L’éclairage de Yacine Benabid, chef du département de traduction à l’université de Sétif<br /><br />Suite à l’instauration du week-end semi-universel, la journée du vendredi est devenue plus que sacrée. Refus de travail, fermeture de tous les magasins après la prière, pas d’école, pas d’université… N’y a-t-il pas, à votre avis, d’exagération ?<br /><br /><p>Week-end ou non, le vendredi reste pour les musulmans une journée sacrée. Le problème n’est pas là. Il réside exactement dans l’interprétation que donne la communauté des croyants al-’âmma au sacré comme concept. Il faut dire que, gisant sous le poids des traditions, la société orientale en général, et algérienne en particulier, donne l’impression d’être exclusivement régie par ce qu’on croit être sacré. Travailler le vendredi ou aller à l’école ou fréquenter l’université ou voyager n’enlève pas du tout à ce jour sa sacralité. Le Coran lui-même autorise le travail le vendredi, tout en préservant au croyant le droit d’aller prier, et sans que soit désacralisé le temps qu’il voue à la prière d’un côté, et celui qu’il réserve à ses activités quotidiennes d’un autre. C’est bien le Coran qui dit, dans une sourate appelée sourate du vendredi al-djoumouâa : « Ô vous, les croyants ! (…) Lorsque la prière est achevée, dispersez-vous dans le pays ; recherchez la grâce de Dieu ; invoquez souvent le Nom de Dieu. – Peut-être serez-vous heureux ! – » (LXII-9/10). Quand on remarque la stagnation, sinon la régression du rythme du mouvement de notre société durant toute la semaine, et quand on ne peut que relever, non sans amertume, la médiocrité de ses rendements, on est en droit de se demander pourquoi cette société « fantasme » sur l’élan d’appartenance supposée à une culture qui vit sur le socle du sacré, sans vraiment tenir compte de ce qui est véritablement perçu comme tel. Une société en perte de repères, c’est ça ! Il serait difficile de juger de l’exagération ou non de la volonté politique.</p><p>Ce qui m’intéresse et me scandalise en réalité, c’est bien cette façon de décider aujourd’hui de ce qui aurait dû être fait il y a bien longtemps. Et d’une ! Et de deux, n’est-il pas outrageant que la plupart des acteurs sociaux ne tiennent absolument pas compte de ce changement ? C’est à croire que la volonté politique a du mal à se faire écouter. Beaucoup d’instances, à ma connaissance, font la sourde oreille aux nouvelles orientations, malgré leur importance. Rien n’a changé pour elles et les autorités compétentes ne semblent pas être gênées par cela. Si lesdites autorités veulent ménager certaines sensibilités dont la toile de fond est bien la situation économique et non la religion, alors elles sont appelées à trouver l’alternative appropriée.<br /></p><br />De nos jours, la fetwa s’apparente à un phénomène de société. Les citoyens sont de plus en plus dans le flou…<br /><br /><p>Vous avez raison d’appeler cela ainsi. C’est vrai qu’il s’agit d’un tournant dans l’histoire de notre société. On a assez peu connu ce genre de pratiques durant les vieilles époques où vivre sa spiritualité impliquait le devoir de se référer aux connaisseurs, aux savants et aux plus éclairés. Aujourd’hui, la donne a changé, en ce sens que la société a gardé sa ferveur religieuse, mais se trouve livrée aux mains des nouveaux prophètes, en l’occurrence une jeunesse enfermée dans un fanatisme démesuré, doublé d’une recherche de soi dans un contexte psychologico-culturel qui la repousse catégoriquement.</p><p>Il y a aussi le contact avec l’Orient, qui a permis l’import de cette culture de fetwa avec tous ses accessoires. En fait, c’est une vision de la religion qui consacre le savoir facile – par définition dévié – et la religiosité hâtive, supplantée par une obsession farouche de résister à une société qui a du mal à se reconnaître dans leur discours. Votre question pose le problème du système intellectuel dans notre religion. Pour la plupart des cas, ce n’est plus l’élite qui a l’occasion de s’exprimer sur des questions d’ordre théologique. Pour une raison ou une autre, l’élitisme, dans son aspect positif bien sûr, celui auquel je me réfère personnellement, n’a pas les moyens de produire un discours à même de guider la société et à répondre à ses questionnements. Ce qui a laissé la place aux pratiques que vous citez.<br /></p><br />La polémique sur la burka et sur le maillot musulman a resurgi. Quelle est votre vision des choses ?<br /><br /><p>Elle n’est pas différente de celle des gens qui ont bien connu les positions d’un « certain » Occident vis-à-vis de l’Islam. En fait, c’est la polémique sur le foulard qui revient sous un autre aspect, c’est-à-dire que les signes jugés distinctifs et dénotant une appartenance civilisationnelle quelconque, cette fois sur fond de religion, sont à combattre par tous les moyens, même les plus malsains, parce qu’ils menacent la démocratie, la laïcité et le reste des fondements des sociétés occidentales. Personnellement, je n’arrive pas à suivre la logique qui autorise le grave et bannit le moins grave. Il faut certainement être l’un des leurs pour comprendre.</p><p>Ce que je ne comprends pas aussi, c’est cette façon de mettre sur le dos des convertis européens certains choix qui se sont attirés la foudre des politiques et des médias français particulièrement. Pour moi, la question du maillot ne mérite aucunement cette médiatisation démesurée, c’est une question personnelle qui ne change en rien la configuration des espaces dans lesquels se meuvent les personnes qui le portent. En faire une affaire relève du tapage médiatique qui caractérise les sociétés de spectacle. Remarquez qu’ils en parlent comme s’il s’agissait d’une arme à destruction massive ! Le font-ils avec les naturalistes ? Je doute fort !<br /></p><br /><strong>Par Nassima Oulebsir</strong>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-13285815928301117712009-09-10T10:12:00.000-07:002009-09-10T10:14:25.738-07:00LA CRÉATION DE L’UNIVERS : Ce que disent la science et les religions<div style="text-align: right;"><span style="font-weight: bold;">Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons nous?</span><br /></div><br /><div style="text-align: center;"><span style="font-weight: bold;">«Essayer d’expliquer le début de l’apparition de la vie par le hasard, c’est admettre que lors de l’explosion d’une imprimerie, il ait pu se former un dictionnaire tout seul.»</span><br /><span style="font-style: italic;">Edwin Couklyn, biologiste américain</span><br /></div><br />En ce mois de Ramadhan, de ressourcement spirituel s’il en est, nous présentons, après les précédentes contributions sur le temps et les religions, le soufisme dans l’Islam, une réflexion sur le sens de la vie à la lumière des données sur la création de l’Univers. De tout temps, les hommes se sont posés les questions suivantes fruit d’une inquiétude légitime: qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons nous? Comment expliquer l’ordre superbe de l’Univers, depuis la délicate harmonie d’une humble fleur des champs, jusqu’à la splendeur sombre de la voûte étoilée? Suffit-il de laisser agir les lois de l’Univers pour qu’à partir du hasard naisse naturellement la vie - ou faut-il imaginer qu’au-delà des choses visibles, il y a encore autre chose, une Intelligence discrète- un dessein-, qui animerait la matière et lui donnerait souffle?(1)<br /><br />Depuis les premières interrogations de prêtres égyptiens il y a de cela plus de quatre mille ans, l’histoire de la découverte du ciel et des étoiles, a évolué constamment: le big bang semble être une théorie qui se tient. L’astronome Edwin Hubble établit par ses observations au télescope en 1924 la nature extragalactique des nébuleuses. L’Univers venait encore de s’agrandir. Pourtant, cet immense univers se révéla n’être qu’un tout petit hameau perdu au sein d’une immense galaxie. Et maintenant, cette immense galaxie elle-même n’était plus qu’une goutte parmi une infinité d’autres gouttes, contenant chacune une infinité d’étoiles. Avec dans l’une des gouttes de cette pluie cosmique, notre Soleil, microscopique, quelconque, anonyme, entraînant autour de lui ce misérable atome de pierre et d’eau qu’est notre Terre.<br /><br />Mais, imaginons alors ce qu’était l’Univers il y a mille ans, par exemple: il était évidemment plus petit, puisque depuis mille ans les galaxies se fuient les unes les autres. Et de même, il y a un million d’années, ou un milliard d’années, l’univers était encore plus petit...En remontant le temps de cette façon, on arrive nécessairement à un instant où toutes les galaxies étaient réunies en un seul point; de la même façon que si on filme l’explosion d’une grenade qui projette des éclats dans toutes les directions, lorsqu’on passe le film à l’envers, on voit tous les éclats revenir en arrière et se réunir à nouveau en un seul point. Ainsi, les observations de Hubble semblaient indiquer que l’univers dans son entier était en expansion, depuis cet instant lointain où, pour la science, il avait jailli du néant.<br /><br />Le big bang nous a fait découvrir une histoire imprévue et fantastique. Il a eu une naissance, grandiose, il grandit maintenant, et peut-être connaîtra-t-il un jour la vieillesse, et la mort. L’histoire connue commence alors que l’univers avait déjà atteint l’âge de 10-43 secondes. - le temps de Planck- Avant, on ne sait rien. Cette période inconnue est d’une brièveté inouïe: a cet «âge» de 10-43 secondes l’univers était vraiment tout petit: il était alors des millions de milliards de fois plus petit qu’un atome! Il était chaud, une fièvre gigantesque, cosmique! Des milliards de milliards de degrés! Puis, pour une raison inconnue que les scientifiques ne s’expliquent pas, le vide si vivant s’est mis à enfler. C’est comme si quelqu’un a donné le signal du début. En moins de temps, nous dit Françoise Harrois-Monin, qu’un battement de cil (entre 10-43 et 10-32 seconde), son volume a été multiplié par 1050 (10 suivi de 50 zéros)! Et sans que l’on sache pourquoi, sont apparues les premières particules de matière.(2)<br /><br />Après cette barrière fatidique des trois cent mille ans, des nuages de gaz se sont formés. Ils donnèrent naissance aux milliards de galaxies pendant près de 15 milliards d’années (les estimations varient de 14 à 16 milliards selon les différentes «écoles»). Il a donc fallu attendre des milliards d’années, attendre que protons et électrons s’unissent en atomes d’hydrogène, attendre qu’ils s’assemblent en étoiles, pour voir naître enfin ces atomes plus lourds, nos atomes; et c’est donc d’une «chose» minuscule que le monde est apparu, lors d’une explosion initiale. Les éléments qui composent notre corps sont ceux qui naguère fondèrent l’univers. «Nous sommes vraiment les enfants des étoiles. Nous sommes donc arrière-petits-fils du big bang»(3)<br /><br />Entre 5,5 et 10,5 milliards d’années, notre soleil est formé, ainsi que les planètes du système solaire dont la Terre. De 6,2 à 11,2 milliards d’années, Il y a émergence de la vie. Les toutes premières cellules commencent à peupler la terre. Les premiers vertébrés apparaissent pendant l’Ordovicien. Suivent les dinosaures, les reptiles, les mammifères et les plantes. Il y a environ 7.000.000 d’années, des hominidés commencent à peupler l’Afrique. Homo sapiens se manifeste il y a plus de 100.000 ans. Le langage, la culture et les sociétés humaines sont créés. Quel est l’âge de la Terre? Les estimations les plus sérieuses à cette époque reposaient sur le texte des Ecritures. Il y était écrit que la terre avait été créée pour l’homme; «...car la terre m’appartient et vous n’êtes pour moi que des étrangers et des hôtes.» «(Bible: Lévitique, 25, 23) En reprenant ces textes, l’archevêque James Ussher parvint à établir en une vie de labeur, en 1654, que la terre avait été créée le 26 octobre 4004 avant Jésus-Christ; à 9 heures du matin....»<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Le réglage fantastique de l’apparition de la Terre, et de la vie</span><br /><br />Le cosmos tout entier repose sur un petit nombre de constantes, inférieures à 15 (Constante de Planck, vitesse de la lumière, gravitation de Newton, zéro absolu, densité etc.). S’il y avait eu la modification d’une seule de ses constantes et le monde tel que nous le connaissons n’aurait pas pu se constituer. Un autre exemple de l’extraordinaire réglage: en augmentant de 1% à peine l’intensité de la force nucléaire qui contrôle la cohésion du noyau atomique nous supprimons toute possibilité aux noyaux d’hydrogène de rester libres: ils se combinent à d’autres protons et neutrons pour former des noyaux lourds. Dès lors, sans hydrogène, plus de combinaison possible avec l’oxygène pour produire l’eau indispensable à la naissance de la vie.<br /><br />Si nous diminuons légèrement cette force nucléaire, c’est la fusion des noyaux d’hydrogène qui devient impossible, et alors, sans fusion nucléaire, plus de vie car plus de source d’énergie, plus de soleil. De même pour la force électromagnétique ou la force de gravité. Quels que soient les paramètres, disent les frères Bogdanov dans Dieu et la science, la conclusion est toujours la même: «Si l’on modifie un tant soit peu leur valeur, nous supprimons toute chance d’éclosion de la vie et si le taux d’expansion de l’univers à son début avait subi un écart de l’ordre de 10-40, la matière initiale se serait éparpillée dans le vide: l’univers n’aurait pu donner naissance aux galaxies, aux étoiles et à la vie.»<br /><br />Les plus éminents mathématiciens ont procédé à des expériences de nombres aléatoires grâce à des ordinateurs, ils ont programmé des machines à produire le hasard. Les lois de la probabilité ont indiqué que ces ordinateurs devraient calculer pendant des milliards de milliards de milliards d’années (l’esprit ne peut envisager cette durée que comme infinie) avant qu’une combinaison de nombres comparables à ceux qui ont permis l’éclosion de la vie puisse apparaître. Autrement dit la probabilité pour que l’univers ait été engendré par le hasard est pratiquement nulle. Ilya Prigogine, prix Nobel de Chimie, affirme que le désordre n’est pas un état naturel de la matière mais, au contraire un stade précédent l’émergence d’un ordre plus élevé. Qu’est-ce qui peut provoquer la naissance d’une structure ordonnée au sein d’un chaos?<br /><br />Pourquoi l’univers est-il apparu? D’où vient cette colossale quantité d’énergie à l’origine du big-bang? Aucune loi physique déduite de l’observation ne permet de répondre Ainsi, «pour expliquer la fabuleuse précision du réglage, il faut postuler l’existence d’un principe créateur et organisateur». Telle est la conclusion de l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan auteur de la «mélodie secrète».<br /><br />Il compare même la probabilité que notre univers soit issu du hasard à celle d’un archer réussissant à planter sa flèche au milieu d’une cible carrée de 1 cm de coté, et située à l’autre bout de l’univers! Contrairement à Jacques Monod qui décrivait la vie comme un hasard de l’histoire et la venue de l’homme comme un «événement» qui aurait pu ne pas avoir lieu.<br /><br />Autant dire que cette probabilité est quasi nulle, et que «l’origine de la vie paraît tenir actuellement du miracle, tant il y a de conditions à réunir pour la mettre en oeuvre.» (Francis Crick, prix Nobel de biologie). A ce stade, nous atteignons les limites de la science. L’étape suivante n’est pas de son ressort, mais de celui de la foi. Le fondement du monothéisme se résume à la règle suivante: tout être humain ne peut vivre sans un principe porteur de sens c’est-à-dire sans transcendance. Les religions révélées sont posées comme des révélations infaillibles. La Bible, les Ecritures et le Coran sont porteurs du sens de l’histoire dont la notion est nécessaire à toute espérance, celle du croyant comme celle de l’athée. Ces notions sont nécessaires pour découvrir les valeurs propres à tout ce qui est humain, toutes cultures confondues.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Ce que disent les religions</span><br /><br />La science laisse des multitudes de question sur le démarrage de la création, sans réponse. Est-ce-là que la foi intervient pour rassurer l’Homme quant à l’omniprésence d’une force immanente? Ou est-ce que nous sommes en présence d’une loterie; tout aurait pu ne pas avoir lieu. Le pape Pie XII, déclarait en 1951: «...il semble en vérité que la science d’aujourd’hui, remontant d’un trait des millions de siècles, ait réussi à se faire le témoin de ce "fiat lux!" initial, de cet instant où surgit du néant, avec la matière, un océan de lumière et de radiations...» Saint Augustin sera troublé par le problème de la création: Dieu ne venait-il pas d’être surpris en flagrant délit d’oisiveté, d’oisiveté éternelle: «Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre?<br /><br />S’il était oisif, inactif, pourquoi... ne l’est-il pas resté dans la suite des temps, de même qu’antérieurement il s’abstenait de toute oeuvre?» (saint Augustin Les Confessions, XI, X). Pour lui, «le temps serait une "chose" comme une autre; il n’existerait pas par lui-même, et aurait été créé, au même titre que toutes les autres choses, le "jour" de la création. Il est donc vain de s’interroger sur l’histoire de l’avant-création, puisqu’il n’y avait alors ni temps, ni événements, ni histoire; il n’y avait que le néant et Dieu». Pour Tsevi Mazeh professeur d’astronomie à l’université de Tel-Aviv: «La science ne peut nous dire ni le pourquoi ni le pour quoi; elle se limite, en un sens, aux détails techniques du fonctionnement du monde. Affirmer que Dieu était à l’origine, qu’Il a mis le monde en mouvement et fixé ses lois, ne pose, à mon avis, aucun problème.<br /><br />Quant aux interventions divines postérieures à la Création, j’y crois, mais je ne les comprends pas pleinement.» «Ma religion [le judaïsme orthodoxe] n’influence pas mon travail d’astronome, mais elle me conduit à admirer Dieu et la beauté du monde.» Il semble que dans le Coran et tout en se méfiant du Concordisme, l’idée d’expansion de l’Univers est relatée par le passage suivant: «Le ciel, Nous l’avons construit par Notre puissance: et Nous l’étendons [constamment]: dans l’immensité». (Coran. Sourate 51. Verset 47). «Nous l’étendons», signifie: «Nous le rendons plus vaste, Nous lui donnons un volume plus grand». Voici ce que dit Maurice Bucaille à ce sujet:. Ce qui a été traduit par «Nous l’étendons», est le participe présent du verbe «musieûna» du verbe «awsaea» qui signifie: élargir, rendre plus vaste, plus spacieux, lorsqu’il s’agit d’objets.(4) BR>«Les incrédules, n’ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Nous les avons ensuite séparés et Nous avons créé à partir de l’eau, toute chose vivante. Ne croiront-ils pas?» (Coran. Sourate 21. Verset 30). Les cieux et la terre s’appliquent à l’Univers. Le mot «Ratqan» signifie une masse compacte comme soudée. Le terme «Fafataqnahouma» s’applique à l’action de rompre avec une notion de puissance et de force.<br /><br />En définitive, le récit de la création est basé sur un Dieu transcendant. Il crée et recrée sans fatigue ni besoin de repos. Il ne se désintéresse pas de sa création dont le but est sérieux. Elle n’est ni l’effet d’un accident ou du hasard, ni un jeu ou une distraction pour lui, (Coran: III, 59; X, 3, 34; XXI, 16; XXXII, 5; XL, 68; L, 4; LV, 29). Cette création est l’oeuvre et la propriété de Dieu. Il la «cerne» de son omnipotence, de son omniscience, de sa volonté et de sa sagesse et tout entière elle le loue et le glorifie, (Coran: I, 1; X, 3; XL, 7; XVI, 4, 5; XVII, 70; XXI, 16; XXIV, 35,45; IV, 33; LXII, 1). Elle se situe dans le temps. Il lui est antérieur et son devenir est incessant; ce qu’il faut entendre par création en six jours,(Coran VII, 54; X, 3,31; XXV, 59; XLI, 9). (5)<br /><br />Le récit du commencement est la description d’un comment. Le récit de l’origine est la révélation d’un pourquoi. On pourrait dire, avec une certaine approximation, que le discours scientifique est celui de la causalité et le discours de la foi celui de la finalité. Le récit du commencement parle à la lumière d’une science qui évolue de découverte en découverte et qui corrige périodiquement son discours. Cette claire distinction du domaine de la science et de celui de la foi a elle aussi son histoire. Mythes, religions et sciences s’avèrent complémentaires pour répondre à l’éternelle énigme: pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? La religion n’est pas là pour combler les lacunes de notre savoir. C’est l’une des forces motrices de l’inspiration scientifique.(6)<br /><br /><span style="font-style: italic;">(*) Ecole nationale polytechnique</span><br /><br />1.Chems Eddine Chitour: Science, foi et désenchantement du monde. Réed. OPU 2007<br />2.Françoise Harrois- Monin: L’énigme de l’origine: Le Figaro Magazine: Cahier n°3, 1998.<br />3.D.Simmonet, H. Reeves, Joël de Rosnay,Y. Coppens: La plus belle histoire du monde, le secret de nos origines. Editions du Seuil. 1996.<br />4.Maurice Bucaille:La Bible, le Coran et la science. Editions Sned Alger 1978.<br />5.Hamza Boubekeur, ancien recteur de la mosquée de Paris. Site Internet<br />6.Marcelo Gleiser: The Dancing Universe: From Creation Myths to the Big Bang Plume, 1998.<br /><br /><span style="font-style: italic;">Pr Chems Eddine CHITOUR (*)</span>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-3786357115875183075.post-78230420800445900132009-09-05T02:55:00.001-07:002009-09-05T02:55:33.653-07:00Algérie : Les politiques publiques en direction de la jeunesseÉmeutes dans la rue, fermetures de mairie, coupure de route à grande circulation par des manifestants, enfin, toutes sortes d’instruments et de méthodes visant à attirer l’intention des pouvoirs publics sur l’état social peu enviable de la jeunesse algérienne sont sollicités y compris en ces journées chaudes de Ramadhan. Au moment où le gouvernement, après s’être félicité des résultats des deux premiers quinquennats, planche sur le nouveau programme de développement touchant aux horizons de 2014, des cris de détresse de la jeunesse algérienne montent, fusent et se répandent même s’ils ne parviennent pas aux oreilles chastes des responsables politiques et des gestionnaires économiques.<br /><br />Dans ses deux rapports présentés depuis l’année dernière à la présidence de la République, la Commission nationale de la protection et de la promotion des Droits de l’homme a mis l’accent, au vu du climat des émeutes à répétions sur l’ensemble du territoire national, sur le risque d’une explosion sociale. Le moteur de cette dernière si, à Dieu ne plaise, elle survenait, sera bien la jeunesse avec ses différentes composantes.<br /><br />En tout cas, l’insistance sur les droits sociaux constatée dans le rapport de monsieur ‘’Droits de l’homme’’ n’est pas une coquetterie ou une simple annexe d’un document que dicterait une volonté de faire diversion par rapport aux droits politiques et syndicaux. L’expérience algérienne en matière de démocratie politique est, dans ce contexte, assez parlante pour dire combien les liens entre les luttes sociales et les revendications des libertés politiques sont consubstantiellement liées.<br /><br />Le retard dans l’accès à la modernité politique qui libérerait la jeunesse algérienne du poids des archaïsmes est largement soutenu et sustenté par le sous-développement économique et social ; en d’autres termes, par la faiblesse du niveau de développement humain. Ce concept de développement humain- manié depuis maintenant plus de deux décennies par les démographes, les géographes, les sociologues, les médecins, les écologues,…-, commence à peine à faire son entrée dans les administrations des États du Sud.<br /><br />L’un des signes que le secteur de la jeunesse constitue aujourd’hui une priorité pour le pouvoir politique est cet empressement d’Ahmed Ouyahia, dès sa nomination en été 2008 à la tête du gouvernement, à réunir les directeurs des banques pour étudier avec eux les raisons du recul et des lenteurs des micro-crédits destinés aux jeunes diplômés.<br /><br />Ce mouvement de recul du micro-crédit serait essentiellement lié à la réticence des banques de prendre en charge un financement qui manquerait de garanties de remboursement. Ce serait quelque part paradoxal de soumettre ce genre de crédit- supposé bénéficier à des jeunes sans ressources- aux règles hypothécaires ou prudentielles développées par les banques à l’endroit de n’importe quel crédit d’investissement.<br /><br />Ce sont les mécanismes établissant une autre forme de solvabilité, ( étude de la validité réelle du projet à financer pour évaluer les possibilités de remboursement, assurances à donner éventuellement par les pouvoirs publics,…) qu’il y a lieu d’imaginer pour éviter les blocages de ce genre, mais aussi pour ne pas pénaliser les banques dont l’activité est censée obéir aux règles de la commercialité. Par ailleurs, au sein des établissements financiers publics, les capacités d’imagination et de management sont actuellement les ‘’denrées’’ les plus demandées surtout lorsqu’on sait que les surliquidités y ont atteint un seuil anormalement élevé, soit, à la fin 2008, un montant de 1 400 milliards de dinars. Le Fonds monétaire international et M.Ahmed Ouyahia eurent à déplorer cette situation de manque à gagner qui grève l’escarcelle des banques publiques algériennes.<br /><br />Un système hermétique<br /><br />Même si la tendance démographique de notre pays a enregistré au cours de la dernière décennie une sensible évolution - début d’un lent processus de vieillissement de la population suite à un ralentissement de la natalité, au recul de la mortalité et à l’allongement de l’espérance de vie- la frange de la jeunesse continue à représenter la proportion la plus importante de la population, à savoir plus de 70%. Il n’est donc pas étonnant que les plus gros budgets de la Nation lui soient réservées via, par exemple, des secteurs comme celui de l’Éducation, de la Formation professionnelle et de la Jeunesse et des sports<br /><br />En tout cas, sur le plan de la stratégie économique du pays, tous les efforts de la collectivité sont censés tendre vers la garantie d’un avenir meilleur pour les jeunes générations. Cela étant un principe non seulement moral mais aussi de la logique de la continuité générationnelle qui fonde la permanence d’une entité humaine et d’un pays.<br /><br />Après presque trois décennies de navigation à vue et de populisme qui ont fait vivre le pays dans une illusion de prospérité par la seule grâce de la rente pétrolière, les Algériens se découvrent en réalité socialement, économiquement et psychologiquement démunis face aux nouvelles réalités imposées par la libéralisation de l’économie et la mondialisation des échanges et de la culture.<br /><br />Il demeure incontestable que les premières victimes d’un système présenté comme étant ‘’universel’’ sont les jeunes. Happés par le clinquant de la civilisation occidentale-dont on ignore les fondements et les humanités-, les jeunes Algériens ont le monde virtuel à leur portée par le truchement de moyens technologiques dont le secret de fabrication nous échappe totalement, pour rêver, faire des projets chimériques, bâtir des châteaux en Espagne ; bref, délirer.<br /><br /> La vie par procuration a fini par dénaturer et abîmer le lien des jeunes avec la réalité de leur pays. Cela a un nom : l’aliénation. Cependant, les Algériens sont-ils à blâmer, eux qui se défendent en se disant qu’ils sont victimes d’un système, système au sein duquel tout le monde avait, un moment, trouvé son compte ? L’opportunisme et la médiocrité, suivis de leur corollaire obligé, la corruption, ont longtemps constitué, dans une terrible connivence létale, les règles de conduite des groupes sociaux et des institutions.<br /><br />Le résultat n’étonne personne. Comme par un déterminisme bien réglé- et après le soulèvement de la jeunesse en octobre 1988 et les ébauches de la libéralisation de l’économie dont une partie du processus est vécue sous le règne du terrorisme armé-, la nouvelle situation économique et sociale de la jeunesse n’a pas tardé à montrer sa face hideuse : des cohortes de chômeurs primo-demandeurs d’emploi, dont une grande partie est issue de l’université, de nouveaux chômeurs issus de la fermeture des entreprises publiques, le banditisme dans les villes et même dans les villages de campagne, le commerce et la consommation de la drogue, les agressions contre les femmes et les personnes âgées, un taux de suicides historique jamais connu auparavant et, enfin, dernier avatar d’une déréliction humaine que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter, l’émigration clandestine via le réseau de ‘’harragas’’.<br /><br />Séminaires et journées d’études se succèdent pour décrypter, diagnostiquer et traiter les problèmes de la jeunesse sans qu’une politique cohérente ait pu imposer sa démarche et obtenir les suffrages des concernés.<br /><br />À la limite du soutenable<br /><br />Le pouvoir politique du parti unique répondit, après les journées d’octobre 1988, par le multipartisme et l’ouverture de l’économie nationale sur le marché, et ce, pour absorber la colère d’une jeunesse désargentée exprimée dans la violence. Les jeunes n’exprimèrent pas de besoin particulier en la matière. Ce fut surtout dans la confusion la plus extrême que la jeunesse algérienne mal encadrée s’en prit aux signes extérieurs de l’autorité et de l’État, des attributs dans lesquels elle voyait le règne de l’arbitraire qui la poussa aux limites du soutenable.<br /><br />Malgré des distinctions observables dans tous les secteurs de la société, les histogrammes du niveau de vie établissaient une classe moyenne assez consistante et des pôles de riches et de pauvres peu visibles. Une certaine perversion des concepts a fait que l’on parle aujourd’hui d’une classe moyenne, réduite à la portion congrue, qui constituerait l’ossature de la démocratie politique. L’erreur réside dans le fait que cette classe n’est pas issue de luttes sociales particulières et que, pour tout dire, cette catégorie est tout simplement factice vu que l’économie algérienne n’était pas basée sur la production mais sur la rente pétrolière. L’autre évidence est que le système politique de l’époque n’était pas un parangon de démocratie.<br /><br />Les premières brèches vers ce qui sera appelé par la suite l’économie de marché furent ouvertes avec la restructuration, au début des années 1980, des grandes entreprises étatiques héritées de l’ère Boumediene. Après la récession économique générée par la chute du baril de pétrole en 1986, le pouvoir politique de Chadli s’attaquera au privilège symbolique accordé à la jeunesse d’alors : l’allocation touristique. Certains n’hésitent pas à établir une relation, ne serait-ce qu’indirecte, entre cette mesure ‘’anti-populaire’’ et les événement d’octobre 1988. Le pouvoir politique s’attellera également à la séparation nette des entreprises publiques de l’ancienne tutelle encombrante de l’administration.<br /><br />Le reste de la démarche de la libéralisation frappera la jeunesse de plein fouet. Après le licenciement de près d’un demi-millions de travailleurs des entreprises publiques, l’espoir des nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi s’amenuisera. Pour ceux qui ont passé des années à l’université et qui ont espéré prolonger leur labeur par la satisfaction d’avoir un emploi, la déception et la désillusion sont incommensurables. Ils sont même raillés aussi bien par leurs parents, qui continuent à les nourrir à l’âge de 28-30 ans, que par d’anciens camarades de l’école primaire que l’abandon de la scolarité a poussés vers la débrouillardise. Cette dernière s’illustrera par l’exercice de différents métiers, souvent dans l’informel, qui n’exigent qu’un sens pratique et une certaine hardiesse, deux ‘’qualités’’ qui manquent souvent terriblement aux diplômés que l’on a ‘’emprisonnés’’ dans un statut sans prolongement pratique dans la réalité.<br /><br />Les déficits d’une politique<br /><br />Le sentiment de frustration et d’injustice est inévitablement amplifié par les richesses ostentatoires de nouveaux ‘’parvenus’’, y compris dans la frange de la jeunesse. Car, une minorité de cette dernière a pu sortir sauve de la terrible épreuve qui a frappé de plein l’ensemble des populations algériennes. Ceux dont les parents ou grands-parents bénéficient de la rente en euros, les enfants de la ‘’nomenklatura’’ et d’autres sous-catégories ont pu ‘’rouler carrosse’’, fréquenter l’école privée en Algérie et faire les universités étrangères.<br /><br />Le marasme ne faisait que grandir face à des distinctions sociales peu tolérables au point où des lignes de fracture graves au sein de la société ont vu le jour. Cette ‘’rupture de charge’’ se produisit au moment même où montaient les périls pour l’ensemble de la société : application du Plan d’ajustement structurel dicté par le FMI (comportant nouveaux licenciements, gel des salaires et libération des prix), subversion terroriste et flottement sur le plan politique.<br /><br />L’action de la solidarité nationale, tout en s’accroissant chaque année par de nouvelles formules aussi alléchantes les unes que les autres, est relativisée nécessairement par au moins deux données essentielles : le caractère éphémère et précaire des dispositifs mis en place et le manque d’équité générée par une bureaucratie tatillonne et toujours clientéliste.<br /><br />Par-delà donc une politique sociale appelée faire preuve de beaucoup plus d’efficacité et d’équité, c’est la politique générale développée en direction de la jeunesse qu’il y a lieu de refonder sur les principes de la bonne gouvernance.<br /><br />Le potentiel juvénile algérien, happé par le vent de l’émigration clandestine, le suicide et le banditisme, ne pourra plus être tenu à la marge sans faire courir à toute la collectivité des dangers de régression et de dissolution certains.<br /><br />La bonne gouvernance est, dans ce cas de figure, le nouveau concept forgé pour prendre en compte l’action des institutions politiques, le déploiement des structures économiques et l’action de la société civile et du monde associatif pour asseoir une société équilibrée basée sur les principes de la justice sociale et de l’égalité des chances.<br /><br />Les problèmes de la jeunesse ne relèvent pas de la fatalité. Un développement cohérent, imaginatif et déconcentré est censé embrasser et traiter efficacement les problématiques où sont fortement représentés les jeunes : la création de micro-entreprises, le renforcement de la formation/qualification adaptée au marché de l’emploi, la prise en charge soutenue du secteur de la culture (renforcement du réseau de librairies, encouragement de la lecture, création de médiathèques,…) et la généralisation des infrastructures et équipements sportifs.<br /><br />Quels horizons ?<br /><br />Toutes les politiques et les initiatives qui, pendant les premières décennies post-indépendance, auraient dû valoriser cette fougueuse énergie et l’enraciner dans les réalités culturelles et économiques de notre pays ont manifestement manqué de visibilité, de pertinence et de stratégie d’intervention.<br /><br />L’émancipation économique, la libération culturelle et la promotion sociale de la jeunesse algérienne ne peut se concevoir en dehors de la formation et de la qualification, lesquelles sont à même d’exprimer et de cristalliser l’énergie, le talent et les compétences de cette importante frange de la société.<br /><br />L’on ne peut ainsi focaliser les regards sur la réhabilitation des valeurs du travail, l’insertion dans l’économie mondiale et la recherche de politiques alternatives à la rente pétrolière sans prendre en compte le volet de la formation qui est considérée aujourd’hui de par le monde comme une condition sine qua non de tout progrès économique et social.<br /><br />Dans le contexte actuel de l’économique nationale, le problème se pose en termes d’adéquation entre le système d’enseignement et le marché du travail. Cette notion d’adéquation a, il est vrai, fait défaut par le passé du fait que l’ensemble des diplômés avaient leurs débouchés pris en charge par l’État, principal employeur du pays.<br /><br />Cette situation se trouve largement dépassée aujourd’hui. La fonction publique ne recrute que parcimonieusement dans les limites des postes budgétaires évoluant toujours vers la baisse.<br /><br />Quant au secteur privé, même si les lois du travail tardent à être respectées par l’ensemble des intervenants, la tendance et le principe même de l’employabilité est intrinsèquement lié à celui de compétence et de productivité.<br /><br />Et c’est dans de pareilles situations que le déficit de formation apparaît au grand jour particulièrement dans des métiers qui exigent une certaine technicité d’exécution.<br /><br />En tout cas, le véritable emploi, qui donne dignité et traitement salarial à la mesure des besoins de consommation, ne peut provenir que des investissements et de la création des entreprises.<br /><br />Cependant, avec les handicaps d’une formation professionnelle qui commence à peine à reconnaître ses retards et lacunes et des études universitaires d’un niveau et d’un profil qui n’encouragent pas encore l’insertion dans le monde du travail, le cercle vicieux du ‘’non emploi’’ est vite redessiné.<br /><br /><span style="font-weight: bold;">Amar Naït Messaoud</span>A and T Agencyhttp://www.blogger.com/profile/17614194165617352807noreply@blogger.com0