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jeudi 5 novembre 2009

Études pharmaceutiques : Le modèle algérien (2e partie et fin)

Le débat, en fait, tourne autour de la finalité de l’enseignement pharmaceutique. Il faudrait donc répondre à la question suivante : 

- les facultés de pharmacie doivent-elles continuer à assurer un enseignement théorique pluridisciplinaire et corriger les insuffisances dont j’ai cité quelques exemples, ou bien modifier leur vocation dans le sens de la formation de pharmaciens ayant déjà acquis une spécialisation durant le cursus normal des études ?

La première solution exigera, pour être réalisée, deux conditions : l’allongement de la durée des études d’au moins une année ; la création d’enseignements spécialisés de 3e cycle. La direction des travaux de thèses nécessitent un spécialiste de la matière et non pas un profane en la matière, comme le disait le professeur Ali Gherib le jongleur de la chimie-clinique : « L’interniste qui juge un travail de chimie confirme qu’il est nul en médecine interne ». Dans une équation où le chimiste dépend de l’interniste pour présenter son travail d’une science exacte. Ce qui suppose que le pharmacien spécialiste aura à faire des études durant une dizaine d’années après le baccalauréat. La deuxième solution entraînera obligatoirement l’abandon de la notion d’unicité de diplôme, mais aura l’avantage de permettre une formation permettant au futur diplômé d’être en mesure d’exercer convenablement une responsabilité dans un domaine pour lequel il a été bien formé. Cette formation rejoindra, en fait, celle des ingénieurs pour lesquels il existe actuellement une multitude de qualificatifs selon le cursus de cette formation (ingénieur chimiste, ingénieur agronome, ingénieur en informatique, ingénieur en béton, bio-ingénieur...).

Dans cette hypothèse, on s’habituera à une nouvelle terminologie pour désigner les membres de notre corporation et on parlera de pharmacien d’officine, pharmacien d’industrie, pharmacien analyste, pharmacien clinicien... Cette deuxième solution suppose un plan national de formation des pharmaciens et une orientation des étudiants dans les différentes filières de formation en fonction des besoins du pays, et une souplesse dans la conception des programmes, en vue de créer autant de filières spécialisées que l’exige le développement de nos activités professionnelles. Ce type d’enseignement a déjà existé au niveau des facultés des sciences où après un 1er cycle commun d’études durant en général deux années, les étudiants suivent un enseignement de 2e cycle, organisé en plusieurs unités de valeur. Une unité de valeur représente environ 80 heures d’enseignement théorique incluant une forte proportion d’enseignement dirigé. Elle est validée par un contrôle de connaissances. Un étudiant moyen est capable d’acquérir facilement deux unités de valeur au cours de la même année d’enseignement.

Il est évident que pour chaque type de diplôme, il est nécessaire d’obtenir obligatoirement certaines unités de valeur, avec possibilité d’avoir des options, au choix de l’étudiant. Ainsi, pour un futur pharmacien d’officine, en plus des unités de valeur de pharmacie et de pharmacodynamie, on peut choisir une unité de valeur de gestion, d’économie de santé ou de droit pharmaceutique. Ces mêmes unités de valeur seraient nécessaires pour un futur pharmacien d’industrie. Ce type d’enseignement a ainsi l’avantage de permettre des passerelles et un étudiant ayant au départ choisi une filière et qui voudrait changer d’orientation n’a qu’à s’inscrire dans les unités de valeur qui lui sont nécessaires pour obtenir son diplôme dans la nouvelle orientation. D’aucuns font remonter l’origine de l’éducation sanitaire à la plus haute antiquité et considèrent que grand nombre de tabous et de règles imposés par les pratiques religieuses trouvent leur origine dans une attitude préventive en matière de santé : (les ablutions avant la prière, les périodes de jeûne, l’interdiction de certaines boissons alcoolisées, voire l’usage du tabac (condamné au XVIe siècle par l’Eglise catholique) l’interdit jeté sur les unions consanguines apparaissent comme des mesures préventives qui s’insèrent dans une initiation socioculturelle propre aux milieux où elles sont préconisées. Notre propos n’étant pas de faire l’historique de l’éducation sanitaire, nous n’avons voulu évoquer ces situations que pour indiquer qu’il s’agit d’une vieille préoccupation de l’humanité. L’éducation sanitaire consiste à faire prendre conscience à chaque personne par une information adaptée de ce qui directement peut mettre sa vie ou sa santé en danger ou en péril à brève échéance ou à long terme. Cela suppose la mise en œuvre de tout moyen capable :
- de créer des motivations positives vis-à-vis de la santé.
- de faire prendre conscience aux individus qu’ils sont responsables de leur propre santé et de celles des autres.
- de faciliter une adaptation de leur comportement dans ce but. C’est un domaine immense qui couvre un ensemble de réactions physiologiques, psychologiques et sociologiques. Ceci suppose une préparation minutieuse par des personnes compétentes et relevant de disciplines complémentaires ; à cet effet, tout paraît prédisposer les pharmaciens à jouer un rôle important. C’est ainsi que le pharmacien a trois moyens pour faire de la « publicité » sanitaire à l’intérieur de son officine.
- Tout d’abord par l’image (affiches, graphiques).
- Puis par les conseils qu’il est appelé à donner chaque jour.
- Et enfin par l’exemple (ordre, propreté des locaux, discipline, vaccinations). Tout ceci suppose la présence permanente et active du pharmacien dans son officine, car l’éducation sanitaire en raison du tact qu’elle exige et des connaissances qu’elle impose ne peut se contenter d’intermédiaire (à la culture élémentaire).

Et dans le domaine de la vaccination

Dans le domaine de la protection maternelle et infantile et dans celui de la vaccination, le pharmacien peut être le meilleur conseiller. Par ailleurs, pour jouer efficacement un rôle social et concourir à la protection de la santé, il faut avoir des connaissances scientifiques, professionnelles, sociales et des qualités morales qui permettent d’agir avec tact, autorité et compétence sur un public cherchant à se protéger des maladies, de conserver sa santé. C’est le rôle et le devoir du pharmacien d’informer le client bien portant ou malade, de lui permettre par un conseil éclairé de conserver sa santé.Il est nécessaire de faire connaître le pharmacien sous son véritable aspect d’homme de sciences à un public mal informé qui a l’habitude de considérer parfois le pharmacien comme un commerçant ordinaire. L’évolution de la thérapeutique, grâce aux progrès prestigieux de la médecine et de la pharmacologie ne saurait, sans courir de graves dangers, se dispenser du service du pharmacien. Il est vrai que la pharmacie a perdu ces dernières années de son aspect traditionnel, conséquence de l’industrialisation du médicament, mais les responsabilités du pharmacien n’en sont pas diminuées pour autant, légalement et humainement.

Qu’en est-il en Algérie ?

Signalons qu’en Algérie l’éducation sanitaire est née avec l’indépendance, et une section d’éducation sanitaire a été créée au ministère de la Santé. Propositions :
- 1) au niveau des facultés de pharmacie, le renforcement de l’enseignement de l’hygiène et de l’éducation sanitaire ;
- 2) d’élaborer des programmes et des campagnes éducatives auxquelles participeraient les pharmaciens algériens ;
- 3) de collaborer avec les organismes de santé et d’action sociale et de s’associer à l’effort entrepris dans ce domaine par notre ministère de la Santé ;
- 4) de mettre au point et de réaliser des affiches éducatives destinées aux pharmaciens d’officine ;
- 5) d’éditer des fiches d’information et de mise à jour pour les pharmaciens, les faisant ainsi bénéficier d’un enseignement postuniversitaire sur les sujets préoccupants les pouvoirs publics.
- 6) d’éditer des brochures, des dépliants au public.

Conclusion

Pour conclure, je dirais qu’il ne peut exister une solution parfaite, c’est-à-dire une solution susceptible de recueillir l’accord de tout le monde : université, corps professionnels, administration. Il est nécessaire de fixer dès le départ la finalité de l’enseignement de la pharmacie dans notre pays, en rapport avec leur évolution, leurs besoins et leurs moyens. Il sera alors possible de discuter de toutes les solutions possibles, d’évaluer les avantages et les inconvénients de chacune d’entre elles pour en adopter une seule, sachant que dan un monde en évolution constante, cette solution sera plus ou moins vite dépassée et à son tour discutée et remise en cause pour être adaptée à cette évolution. Il ne faut pas nous cantonner dans un exercice de la profession où l’appel à la culture reçue devient de plus en plus épisodique. Il nous faut savoir employer cette science de l’analyse et du contrôle à laquelle nos études nous ont préparés. Les diplômes et les titres sont un capital important ; cependant, ils peuvent se dévaluer comme tout capital par « non-emploi, mauvais placement ou manque d’entretien ».

La santé est le bien le plus précieux que puisse posséder l’homme ; à l’époque actuelle, la santé ne peut être considérée comme un bien individuel, mais aussi une valeur sociale. Chaque individu est comptable de sa santé vis-à-vis de la société et la société est comptable de cette valeur vitale vis-à-vis de chaque homme. C’est pourquoi les professions de santé doivent coordonner leurs efforts, chacune dans le domaine de ses compétences, selon son implantation et l’importance de son influence dans la société afin de conserver la santé individuelle et collective. Comme disait le professeur, Ali Gherib, « L’homme malade est une charge pour la société, tandis que l’homme sain est un inestimable capital économique ». Par son concours permanent et direct à la médecine préventive, le pharmacien apporte une contribution importante à l’économie générale de la nation dont le potentiel dépend de la santé physique et mentale de chacun.

Y. D. : Service de thérapeutique, Faculté de médecine d’Oran



Par Yahia Dellaoui

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