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samedi 29 août 2009

Lignes de fracture

Les chevaux de Troie et la théorie du complot extérieur ont la peau dure, et même bien dure puisqu’ils servent à tout, sauf à dire la vérité. Dans le cas irakien celui de l’échec de la politique dite sécuritaire, la seule où le Premier ministre Nouri Al Maliki croyait pouvoir présenter un bilan positif à l’approche des élections législatives de janvier prochain.

Quand un double attentat a fait, la semaine dernière, près de cent tués dans le périmètre des ministères et que des Irakiens n’avaient pas alors hésité à parler de « 11 septembre irakien », lui avait mis en cause des failles dans le dispositif sécuritaire. Des têtes allaient tomber, assurait-il alors. Il a ensuite accusé le voisin syrien au moins de complaisance à l’égard d’opposants, sans que cela suscite cette vague de réprobation contre le voisin d’il y a quelques mois sinon tout juste une année, Damas revenant il est vrai sur la scène internationale.

Hier encore, des morts par dizaines selon le même procédé, avec des attaques en différents endroits. Même l’armée américaine est encore la cible d’attaques, alors qu’officiellement elle s’est retirée des villes depuis le 30 juin dernier. De ce point de vue, l’échec est réel alors que le Premier ministre croit pouvoir remporter les prochaines élections.

Des alliances se sont déjà nouées dans cette perspective, parfois et même le plus souvent sans rapport avec celles que l’Irak avait connues lors des législatives de 2005. Pour gagner, « il compte, à tort ou à raison, sur sa force et sur la dynamique qu’il a initiée, tandis que les autres misent sur son échec », assénait alors un observateur irakien, alors même que la situation est d’une réelle complexité.

Ce qui avait donné le « vote refuge » ou plus simplement le réflexe ethnique. Et celui-là, pour tout dire, n’a pas disparu, même si par ailleurs les chiites qui constituent la principale communauté apparaissent cette fois nettement divisés. Et lui mise sur ces divisions « pour faire croire aux Américains qu’il est le seul homme d’Etat crédible », selon ceux qui pensent pouvoir l’empêcher de demeurer à son poste.

Un jeu politique très serré, constate t-on, mais c’est l’Irak qui, quoi que l’on dise, n’arrive pas à sortir du cycle de la violence. Déjà que l’Irak ne présente plus la même physionomie avec les violences confessionnelles. La mosaïque a cessé d’exister et les villes et localités de ce pays ont subi un remodelage démographique basé sur la confession. La fameuse boîte de Pandore qui a été ouverte en dépit de toutes les mises en garde.

La violence est certainement l’élément le plus visible de l’équation irakienne, mais elle n’est pas en mesure d’occulter toutes les fissures apparues depuis l’intervention américaine en 2003, faisant que ce pays ne sera plus jamais le même. Les spécialistes disent encore de lui qu’il est menacé d’éclatement. Face à une telle situation, tout le reste paraît cruellement dérisoire. C’est là où l’échec prend toute sa signification.


Par T. Hocine

Canards d’avril

Ils étaient « à peine » la quarantaine nos canards journaux quotidiens d’Algérie en cet avril 1999, dont est né le béton du premier mandat présidentiel de M. Bouteflika.

Ils sont à la forte soixantaine déjà en vente, ou en tout cas d’exposition parcimonieuse. Et quelques autres encore mijotant de couveuse de ce nouvel avril. Celui-ci, et de perspective au prochain, d’élection présidentielle. Aucun pays au monde démocratique (ou dictatorial) n’aligne à lui seul le dixième de cette armada ou florilège de titres, déclarés résolument tous « quotidiens nationaux d’information ».

Et boîtes entreprises la plupart supportées à bout de bras par la manne de pub étatique ANEP. A elle toute seule levier séculier pour faire résonner via tous les médias la voix des maîtres du moment. Entre temps de ces avril cycliques, pour punir leur résistance, des journalistes ont été emprisonnés, et des éditeurs soumis à un harcèlement judiciaire inqualifiable au motif de simple délit d’informer.

Ainsi, avec ses effets de métastases, une chape de plomb a formaté les journaux algériens de droit privé à, inexorablement, ne voir d’horizon de survie réelle que les plus lucratifs chemins fabriqués de vénalité et de propagandes ajustées à l’air du temps dominant.

De voir et entendre via l’audiovisuel gouvernemental et nos canards, les ronrons de Peugeot, Toyota, Djezzy, Wataniya, et d’autres marques pompant le produit de la rente, ne sommes-nous pas assez transportés, et suffisamment loin pour rêver, et ainsi oublier la tragédie nationale ? Et puis, quelle tragédie, quel trauma peut-on percevoir encore des affabulations des journalistes assassinés, Djaout, Mekbel et compagnie ?

Au final d’étape, le journalisme algérien actuel se retrouve floué d’une centaine de professionnels trucidés pour cause de respect de leur travail face à la barbarie intégriste, et l’autoritarisme du pouvoir d’Etat. Floué aussi d’une ambiance de gangrène – autrement plus insidieuse – semant un air « d’à quoi bon ? ».

A quoi bon remuer le travail de justice ; à quoi bon interpeller les commis du pouvoir d’Etat ; ou l’hydre à têtes infinies de sa nomenklatura, le FLN s’accommodant si bien avec une autre soixantaine d’opérateurs partis injectés sur le marché.

Mais la logique du « à quoi bon ? » et de l’information chewing-gum laisse passer malgré tout dans le concert d’Algérie à bombes sans cesse éclatées des informations/anecdotes lourdes de sens sur un pays coincé entre la vie et la mort.

Le nouveau boss d’Air Algérie nous apprend ainsi (Liberté, 6 avril) qu’entre des aéroports étrangers et les nôtres, « nous avons remarqué que le poids des cercueils n’était pas le même à l’embarcation et à l’arrivée ». Entendre plus lourd ; puisque le locuteur parle de sanctions contre le crime. Entre la vie et la mort, dans nos journaux d’avril, il suffit encore de lire entre les lignes.


Par Belkacem Mostefaoui

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