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jeudi 5 novembre 2009

Études pharmaceutiques : Le modèle algérien (2e partie et fin)

Le débat, en fait, tourne autour de la finalité de l’enseignement pharmaceutique. Il faudrait donc répondre à la question suivante : 

- les facultés de pharmacie doivent-elles continuer à assurer un enseignement théorique pluridisciplinaire et corriger les insuffisances dont j’ai cité quelques exemples, ou bien modifier leur vocation dans le sens de la formation de pharmaciens ayant déjà acquis une spécialisation durant le cursus normal des études ?

La première solution exigera, pour être réalisée, deux conditions : l’allongement de la durée des études d’au moins une année ; la création d’enseignements spécialisés de 3e cycle. La direction des travaux de thèses nécessitent un spécialiste de la matière et non pas un profane en la matière, comme le disait le professeur Ali Gherib le jongleur de la chimie-clinique : « L’interniste qui juge un travail de chimie confirme qu’il est nul en médecine interne ». Dans une équation où le chimiste dépend de l’interniste pour présenter son travail d’une science exacte. Ce qui suppose que le pharmacien spécialiste aura à faire des études durant une dizaine d’années après le baccalauréat. La deuxième solution entraînera obligatoirement l’abandon de la notion d’unicité de diplôme, mais aura l’avantage de permettre une formation permettant au futur diplômé d’être en mesure d’exercer convenablement une responsabilité dans un domaine pour lequel il a été bien formé. Cette formation rejoindra, en fait, celle des ingénieurs pour lesquels il existe actuellement une multitude de qualificatifs selon le cursus de cette formation (ingénieur chimiste, ingénieur agronome, ingénieur en informatique, ingénieur en béton, bio-ingénieur...).

Dans cette hypothèse, on s’habituera à une nouvelle terminologie pour désigner les membres de notre corporation et on parlera de pharmacien d’officine, pharmacien d’industrie, pharmacien analyste, pharmacien clinicien... Cette deuxième solution suppose un plan national de formation des pharmaciens et une orientation des étudiants dans les différentes filières de formation en fonction des besoins du pays, et une souplesse dans la conception des programmes, en vue de créer autant de filières spécialisées que l’exige le développement de nos activités professionnelles. Ce type d’enseignement a déjà existé au niveau des facultés des sciences où après un 1er cycle commun d’études durant en général deux années, les étudiants suivent un enseignement de 2e cycle, organisé en plusieurs unités de valeur. Une unité de valeur représente environ 80 heures d’enseignement théorique incluant une forte proportion d’enseignement dirigé. Elle est validée par un contrôle de connaissances. Un étudiant moyen est capable d’acquérir facilement deux unités de valeur au cours de la même année d’enseignement.

Il est évident que pour chaque type de diplôme, il est nécessaire d’obtenir obligatoirement certaines unités de valeur, avec possibilité d’avoir des options, au choix de l’étudiant. Ainsi, pour un futur pharmacien d’officine, en plus des unités de valeur de pharmacie et de pharmacodynamie, on peut choisir une unité de valeur de gestion, d’économie de santé ou de droit pharmaceutique. Ces mêmes unités de valeur seraient nécessaires pour un futur pharmacien d’industrie. Ce type d’enseignement a ainsi l’avantage de permettre des passerelles et un étudiant ayant au départ choisi une filière et qui voudrait changer d’orientation n’a qu’à s’inscrire dans les unités de valeur qui lui sont nécessaires pour obtenir son diplôme dans la nouvelle orientation. D’aucuns font remonter l’origine de l’éducation sanitaire à la plus haute antiquité et considèrent que grand nombre de tabous et de règles imposés par les pratiques religieuses trouvent leur origine dans une attitude préventive en matière de santé : (les ablutions avant la prière, les périodes de jeûne, l’interdiction de certaines boissons alcoolisées, voire l’usage du tabac (condamné au XVIe siècle par l’Eglise catholique) l’interdit jeté sur les unions consanguines apparaissent comme des mesures préventives qui s’insèrent dans une initiation socioculturelle propre aux milieux où elles sont préconisées. Notre propos n’étant pas de faire l’historique de l’éducation sanitaire, nous n’avons voulu évoquer ces situations que pour indiquer qu’il s’agit d’une vieille préoccupation de l’humanité. L’éducation sanitaire consiste à faire prendre conscience à chaque personne par une information adaptée de ce qui directement peut mettre sa vie ou sa santé en danger ou en péril à brève échéance ou à long terme. Cela suppose la mise en œuvre de tout moyen capable :
- de créer des motivations positives vis-à-vis de la santé.
- de faire prendre conscience aux individus qu’ils sont responsables de leur propre santé et de celles des autres.
- de faciliter une adaptation de leur comportement dans ce but. C’est un domaine immense qui couvre un ensemble de réactions physiologiques, psychologiques et sociologiques. Ceci suppose une préparation minutieuse par des personnes compétentes et relevant de disciplines complémentaires ; à cet effet, tout paraît prédisposer les pharmaciens à jouer un rôle important. C’est ainsi que le pharmacien a trois moyens pour faire de la « publicité » sanitaire à l’intérieur de son officine.
- Tout d’abord par l’image (affiches, graphiques).
- Puis par les conseils qu’il est appelé à donner chaque jour.
- Et enfin par l’exemple (ordre, propreté des locaux, discipline, vaccinations). Tout ceci suppose la présence permanente et active du pharmacien dans son officine, car l’éducation sanitaire en raison du tact qu’elle exige et des connaissances qu’elle impose ne peut se contenter d’intermédiaire (à la culture élémentaire).

Et dans le domaine de la vaccination

Dans le domaine de la protection maternelle et infantile et dans celui de la vaccination, le pharmacien peut être le meilleur conseiller. Par ailleurs, pour jouer efficacement un rôle social et concourir à la protection de la santé, il faut avoir des connaissances scientifiques, professionnelles, sociales et des qualités morales qui permettent d’agir avec tact, autorité et compétence sur un public cherchant à se protéger des maladies, de conserver sa santé. C’est le rôle et le devoir du pharmacien d’informer le client bien portant ou malade, de lui permettre par un conseil éclairé de conserver sa santé.Il est nécessaire de faire connaître le pharmacien sous son véritable aspect d’homme de sciences à un public mal informé qui a l’habitude de considérer parfois le pharmacien comme un commerçant ordinaire. L’évolution de la thérapeutique, grâce aux progrès prestigieux de la médecine et de la pharmacologie ne saurait, sans courir de graves dangers, se dispenser du service du pharmacien. Il est vrai que la pharmacie a perdu ces dernières années de son aspect traditionnel, conséquence de l’industrialisation du médicament, mais les responsabilités du pharmacien n’en sont pas diminuées pour autant, légalement et humainement.

Qu’en est-il en Algérie ?

Signalons qu’en Algérie l’éducation sanitaire est née avec l’indépendance, et une section d’éducation sanitaire a été créée au ministère de la Santé. Propositions :
- 1) au niveau des facultés de pharmacie, le renforcement de l’enseignement de l’hygiène et de l’éducation sanitaire ;
- 2) d’élaborer des programmes et des campagnes éducatives auxquelles participeraient les pharmaciens algériens ;
- 3) de collaborer avec les organismes de santé et d’action sociale et de s’associer à l’effort entrepris dans ce domaine par notre ministère de la Santé ;
- 4) de mettre au point et de réaliser des affiches éducatives destinées aux pharmaciens d’officine ;
- 5) d’éditer des fiches d’information et de mise à jour pour les pharmaciens, les faisant ainsi bénéficier d’un enseignement postuniversitaire sur les sujets préoccupants les pouvoirs publics.
- 6) d’éditer des brochures, des dépliants au public.

Conclusion

Pour conclure, je dirais qu’il ne peut exister une solution parfaite, c’est-à-dire une solution susceptible de recueillir l’accord de tout le monde : université, corps professionnels, administration. Il est nécessaire de fixer dès le départ la finalité de l’enseignement de la pharmacie dans notre pays, en rapport avec leur évolution, leurs besoins et leurs moyens. Il sera alors possible de discuter de toutes les solutions possibles, d’évaluer les avantages et les inconvénients de chacune d’entre elles pour en adopter une seule, sachant que dan un monde en évolution constante, cette solution sera plus ou moins vite dépassée et à son tour discutée et remise en cause pour être adaptée à cette évolution. Il ne faut pas nous cantonner dans un exercice de la profession où l’appel à la culture reçue devient de plus en plus épisodique. Il nous faut savoir employer cette science de l’analyse et du contrôle à laquelle nos études nous ont préparés. Les diplômes et les titres sont un capital important ; cependant, ils peuvent se dévaluer comme tout capital par « non-emploi, mauvais placement ou manque d’entretien ».

La santé est le bien le plus précieux que puisse posséder l’homme ; à l’époque actuelle, la santé ne peut être considérée comme un bien individuel, mais aussi une valeur sociale. Chaque individu est comptable de sa santé vis-à-vis de la société et la société est comptable de cette valeur vitale vis-à-vis de chaque homme. C’est pourquoi les professions de santé doivent coordonner leurs efforts, chacune dans le domaine de ses compétences, selon son implantation et l’importance de son influence dans la société afin de conserver la santé individuelle et collective. Comme disait le professeur, Ali Gherib, « L’homme malade est une charge pour la société, tandis que l’homme sain est un inestimable capital économique ». Par son concours permanent et direct à la médecine préventive, le pharmacien apporte une contribution importante à l’économie générale de la nation dont le potentiel dépend de la santé physique et mentale de chacun.

Y. D. : Service de thérapeutique, Faculté de médecine d’Oran



Par Yahia Dellaoui

mercredi 4 novembre 2009

Études pharmaceutiques : Le modèle algérien (1er partie)

Si la formation continue devient une nécessité absolue pour toute personne assumant une responsabilité au sein de la santé publique en particulier, la formation des cadres au niveau de l’université doit elle-même évoluer afin qu’elle s’adapte aux besoins de la société.

En ce qui concerne l’Algérie, je peux dire que les professions pharmaceutiques ont pleinement joué leur rôle au service de la santé et de l’économie. Elles ont suivi le rythme du développement rapide qu’a connu le pays depuis l’indépendance. Pour situer le problème de la formation du pharmacien dans ce contexte, permettez-moi de donner un aperçu de la situation de la pharmacie et des pharmaciens en Algérie. Actuellement, un nombre élevé de pharmaciens exercent en Algérie. Des textes législatifs font de notre profession l’une des plus réglementées en Algérie. Ainsi, chaque confrère exerce dans un cadre juridique bien défini. La formation des pharmaciens exerçant en Algérie a été assurée traditionnellement, et pour des raisons historiques, en France. Cependant, après l’indépendance, cette formation s’est quelque peu diversifiée. Des pharmaciens, quoiqu’en petit nombre, ont été formés dans les autres pays francophones, essentiellement en Belgique et plus rarement en Suisse. Il faudrait ajouter qu’un certain nombre de pharmaciens ont été formés en Algérie et quelques rares autres dans les pays du Moyen-Orient, notamment en Egypte, Syrie et Irak.

L’enseignement de la pharmacie en Algérie, et plus précisément à la Faculté mixte de médecine et de pharmacie d’Alger, a débuté avant l’indépendance. Cette Faculté a déjà sorti des promotions, parmi lesquelles le chef du gouvernement Ferhat Abbas et son confrère dans la profession et la politique Youcef Ben Khedda. L’enseignement prodigué est fortement inspiré des programmes des facultés françaises depuis fort longtemps jusqu’à nos jours. Les deux questions qui se posent à nous et qui sont à l’ordre du jour dans notre pays, sont les suivantes :
- la formation de nos pharmaciens répond-elle à nos besoins, tant sur les plans qualitatif et quantitatif ? — Dans quel sens, cette formation doit-elle évoluer pour permettre aux professions pharmaceutiques de jouer pleinement leur rôle au service de la société algérienne ?

Les problèmes

On peut dire, sans risque de nous tromper, que le pharmacien sortant de la faculté trouve des difficultés énormes pour assumer ses responsabilités, quel que soit le domaine d’activité qu’il a choisi pour faire sa carrière. Ce qui montre qu’actuellement les études en pharmacie n’ont pas pour finalité de donner aux étudiants un métier, mais plutôt une formation de base qui est supposée suffisante pour permettre au futur diplômé d’exercer son art dans les différents domaines où il est réputé apte à exercer. Cette situation est le résultat du fait que, formés à l’étranger, ou dans notre pays, selon un modèle étranger, nos jeunes confrères acquièrent une formation qui, le moins que l’on puisse dire, ne répond pas à nos besoins. J’irais même jusqu’à dire qu’elle ne répond plus aux besoins du pays que nous avons pris pour modèle, car ce pays est en train d’étudier la réforme de ses propres études en pharmacie. Historiquement, les pharmaciens de l’ancienne génération ont été formés en France selon un modèle qui a été depuis modifié voilà une cinquantaine d’années. Le cursus des études en pharmacie commençait par une année de stage obligatoire dans une officine, sous la responsabilité d’un maître de stage.

La dernière année des études devait permettre à la faculté de juger à travers les examens définitifs de l’aptitude de l’étudiant de 5e année à exercer sa profession de pharmacien et ce, en s’assurant de ses niveaux de connaissances, tant sur les plans théorique et pratique. Le développement extraordinaire des connaissances scientifiques et la nécessité d’inclure dans les programmes d’enseignement, d’une manière continue, les nouvelles acquisitions scientifiques et techniques, faisait obligation, comme c’est le cas de nos jours, aux autorités administratives et universitaires de mettre au point des réformes touchant aux études de pharmacie. Il est bien clair que la réforme qui a été adoptée en France a sacrifié le côté « formation professionnelle du pharmacien » au profit de sa formation scientifique, car elle avait pour objectif de préparer les futurs diplômés à une carrière de spécialistes qui, en fait, n’était l’apanage que d’un nombre relativement restreint de diplômés. La majorité de nos jeunes confrères, surtout dans notre pays, se destinait à exercer dans l’officine qui se trouve être la première priorité pouvant répondre aux besoins de nos populations. Il est, en effet, indéniable que dans les 20 premières années d’indépendance, c’est l’activité de pharmacien d’officine qui a absorbé l’écrasante majorité des pharmaciens.

Les difficultés

Je citerai quelques exemples pour illustrer les difficultés qui existent actuellement pour les jeunes confrères pour affronter leur métier.

Un diplôme unique

Dans le cas de l’officine :

le jeune diplômé n’est pas suffisamment formé pour affronter les difficultés d’installation, car il ignore tout des problèmes financiers et de gestion qu’il est obligé de résoudre pour pouvoir s’installer. Il se trouve complètement désorienté par des informations souvent contradictoires qu’il recueille auprès de différentes personnes (confrères aînés, banques, grossistes, administration...). De plus, ignorant en général les notions inhérentes à la gestion des stocks des médicaments, il se trouve contraint de chercher un collaborateur qualifié pour l’aider dans cette tâche, ce qui est de nature à lui créer des difficultés, du reste légitimes avec un confrère aîné, qui voit d’un mauvais œil qu’un jeune pharmacien vienne lui débaucher son personnel, en infraction aux règles de déontologie pharmaceutique. Le problème le plus grave résulte incontestablement du fait que les facultés délivrent un diplôme unique pour des étudiants qui n’ont pas suivi le même cursus des études. En effet, si on considère le cas d’un étudiant qui a choisi de suivre l’option biologie clinique, il suit en 5 années des cours et des stages qui l’éloignent complètement de ses camarades qui ont opté pour la filière « Officine ».

La réglementation en vigueur fait que les diplômés, quelle que soit leur « pré-spécialité » ont les mêmes droits, et en particulier celui d’exercer en officine. Or, pour celui qui a choisi la filière biologie clinique, sa formation le rend inapte à exercer en officine. Nous touchons là le problème de l’unicité du diplôme. Peut-on dire que trois pharmaciens, formés chacun dans l’une des trois filières – officine, biologie et industrie – ont une formation les habilitant à exercer à leur sortie de la faculté dans l’une des trois branches d’activité mentionnées ? Il est évident que la réponse est non. L’unicité du diplôme devra en réalité correspondre à une unicité de formation. Chose inexistante dans les nouveaux départements implantés récemment à l’intérieur du pays. Le deuxième exemple que je citerai est celui des jeunes confrères qui s’orientent vers la carrière de la pharmacie hospitalière que nous devons, pour beaucoup de raisons, développer pour la rendre de plus en plus attrayante pour les jeunes diplômés. Malheureusement, le pharmacien diplômé sortant de la faculté se trouve complètement désorienté lorsqu’il est affecté dans un poste hospitalier. Il se trouve à l’hôpital comme « un corps étranger ». Ce problème n’existe pas pour les jeunes prescripteurs qui ont été placés en stage en milieu hospitalier à partir de la fin de leur première année d’études.

Si on examine la situation des confrères étrangers qui ont suivi les mêmes études, on s’aperçoit qu’ils ont l’obligation, pour suivre la carrière hospitalière, de passer par l’internat, ce qui leur permet d’apprendre leur métier à l’hôpital. Par ailleurs, les facultés de pharmacie en France ont déjà corrigé cette insuffisance de la formation en instituant, depuis quelques années, un stage hospitalier obligatoire pour tous les étudiants en pharmacie. Enfin, pour ce qui est de l’ouverture de l’enseignement pharmaceutique sur l’industrie, il faut aussi constater que la réforme n’a pas donné les résultats escomptés et ce, pour deux raisons essentielles qui sont inhérentes à l’industrie. En effet, les sociétés qui fabriquent des médicaments répugnent, en général, à recevoir des stagiaires, ou si elles les reçoivent, les cantonnent dans des activités de recherche qui leur sont en général « inutiles » ; sauf s’ils ont la chance d’être recrutés par ces mêmes entreprises.

Par ailleurs, on peut constater, malheureusement, que pour les tâches de production et de contrôle, les industriels du médicament préfèrent recruter des ingénieurs qui sont mieux préparés que les pharmaciens pour les tâches de production, ou les scientifiques (docteurs es-sciences) qui sont plus spécialisés que ne le sont les pharmaciens dans l’utilisation pour le contrôle de médicaments de techniques et d’appareillages de plus en plus sophistiqués. Après cette étude critique sommaire de la situation, il s’agit pour nous d’étudier les voies et les moyens nous permettant de proposer une réforme des études en vue d’améliorer la formation des pharmaciens dans nos pays.

La réforme

Pour arriver à de bons résultats, il serait nécessaire de discuter et de répondre à un certain nombre de questions qui sont de nature à permettre à tous les pharmaciens d’accomplir au mieux leur mission, quel que soit le domaine d’activité qu’ils auraient choisi pour assurer leur carrière.

1- Comment arriver à réaliser une bonne formation du pharmacien d’officine dont le rôle essentiel est d’assurer le contrôle des prescriptions et la dispensation des médicaments ?

2- Comment concilier entre la dispensation d’une formation pluridisciplinaire théorique dans les domaines de la synthèse, de l’extraction des molécules actives, de la mise en forme pharmaceutique et un contrôle des effets des médicaments et de placer en même temps l’étudiant en position d’appliquer son savoir théorique et d’évaluer ses compétences face à un homme malade recevant des médicaments ?

3- Comment concilier cette formation théorique et intégrer l’étudiant en pharmacie dans une équipe hospitalière pour acquérir le savoir-faire et un certain comportement, voire une conduite à tenir vis-à-vis du malade ? Ne faudrait-il pas penser à une formation cohérente et suivie pour les pharmaciens des hôpitaux ?

4- Comment concilier la formation théorique et pratique du pharmacien pour être en mesure de revendiquer une place de choix dans notre jeune industrie pharmaceutique qui a besoin de se développer et de s’affirmer tant sur le plan maghrébin que sur le plan international ? Beaucoup d’autres questions touchent aux autres aspects des activités du pharmacien dans notre société en évolution constante. Je citerai en particulier le cas de la chimie clinique, de la biologie clinique, celui de la bromatologie et de la cosmétique, sans oublier cette activité en pleine expansion de la biotechnologie. A mon sens, il s’agit pour nous de proposer une solution qui nécessite obligatoirement un choix entre deux conceptions. Je me refuse, évidemment, à envisager une certaine conception qui consisterait à dire que la faculté dispense un enseignement qu’elle juge nécessaire pour la formation du pharmacien, sans se soucier de l’avenir du jeune diplômé et de son insertion dans la société qui a fait des sacrifices pour assurer sa formation et qui est en droit d’exiger de lui de se mettre à son service. Donc, les facultés de pharmacies devront, a priori, assurer la formation de cadres pharmaceutiques pour répondre aux besoins actuels de nos pays.

Quelle orientation ?

Quelles sont les orientations qu’elles doivent donner à leur enseignement pour accomplir cette mission ? Il est nécessaire de rappeler un certain nombre de constatations : tout d’abord, la tendance de l’écrasante majorité de nos jeunes diplômés à solliciter un emploi au terme de leurs études universitaires qui durent en général de 5 à 6 années après le baccalauréat et des fois plus. Les raisons de cet état de fait sont multiples, et tout à fait défendables et il serait très long de les expliquer... La deuxième constatation que l’on peut faire, c’est la tendance à acquérir, durant les études universitaires, une formation de plus en plus spécialisée. En d’autres termes, la tendance à ce que, au terme de 5 à 6 années d’études à l’université, l’étudiant acquiert un diplôme qui le rend apte à exercer immédiatement un métier dès sa sortie de la faculté. Ceci étant, quelle serait la solution à retenir pour la formation de nos pharmaciens ?

(A suivre)

Y. D. : Service de thérapeutique, Faculté de médecine d’Oran



Par Yahia Dellaoui

mardi 3 novembre 2009

La révolution de Novembre victime du révisionnisme ?

Vous êtes à la recherche du souvenir et de ses spectres. Nous, nous cherchons le spectre de l’espérance », G. Khalil Gibran, 1954-2009. Cinquante-cinq ans déjà ! Plus d’un demi-siècle, c’est à la fois une éternité et une période si courte. Une éternité si on se place du point de vue des individus, mais un laps de temps dans l’histoire des nations. Mais dans un cas comme dans l’autre, Novembre continue d’alimenter la controverse.

Une controverse d’autant plus préoccupante qu’elle véhicule de manière insidieuse une problématique fondamentalement inopérante (on ne peut en aucun cas refaire l’histoire) et fortement dangereuse (la guerre de libération a été inutile) et qui consiste non pas à expliquer les raisons objectives et subjectives pour lesquelles les faits se sont déroulés de la sorte qu’on connaît, mais plutôt à spéculer sur des alternatives « moins onéreuses » en vies humaines, en bouleversements socioéconomiques et culturels et en ruptures géopolitiques et stratégiques. Bref. A bien écouter les tenants de ces alternatives, la révolution de Novembre telle qu’elle s’est déroulée et le système politico-économique et social qu’elle a engendré ont été « un fiasco total » et la situation actuelle est de loin moins bonne que celle que connaissait le pays avant l’Indépendance. Les arguments utilisés par ce courant de plus en plus fort au sein certaines « élites » nationales n’ont d’équivalent en abjection que leur cynisme, leur mépris et leur cupidité pour tout ce qui est national.

Qu’on en juge par les arguments qui sont les plus récurrents ! La révolution de Novembre a été coûteuse en vies humaines et nous aurions pu éviter cela si nous avions opté pour la voie pacifique. Nous aurions pu aussi garder des relations privilégiées avec la France et de ce fait maintenir « nos » pieds-noirs et « nos » juifs avec lesquels le pays aurait été mieux géré et donc mieux loti. La langue française, langue du rationalisme et de la science, nous aurait permis de nous engager de manière plus importante et plus déterminée dans la modernité. La guerre de libération et le régime post-indépendance ont bouleversé les valeurs culturelles et sociales, etc. Ces arguments sont d’autant plus insidieux qu’ils procèdent d’une approche manichéenne de la réalité historique et cachent mal le désir inconscient de ces « élites » de se substituer, en termes de position sociale, aux colons d’antan alors qu’il serait peut-être plus bénéfique pour tout le monde de s’affirmer en tant que couche sociale supérieure, comme cela s’est fait et se fait dans la plupart des pays du monde ! Cacher des prétentions de classes pour lesquelles il faut se battre par des spéculations honteuses sur le cours de l’Histoire relève de la plus haute amoralité ! Et pour cause. Prenons ces arguments un à un et essayons de les confronter à quelques éléments concrets de la réalité historique.

D’abord le coût de la Révolution de Novembre

Même la France qui a tardivement reconnu le caractère de « guerre » à cette période jusqu’alors définie par le prudent euphémisme « d’événements d’Algérie » a reconnu sa responsabilité dans la tournure prise par le confiit pour n’avoir pas pris à temps les mesures économiques, sociales et politiques nécessaires du fait de la pression des lobbies coloniaux. En matière d’économie et dès 1930, les départements d’Algérie représentaient non seulement la plus grande part des déficits budgétaires, mais aussi une importante balance commerciale déficitaire avec la Métropole. En matière sociale, la population algérienne qui avait le plus souffert du krach de 1929 continuait de sombrer dans une misère sociale indescriptible malgré des financements énormes à fonds perdus dont la presque totalité bénéficiait aux colons. En matière politique et dès la fin de la Secondaire Guerre mondiale, la France octroyait en 1944 la nationalité française à 16 000 Algériens sur 9 millions et noyait dans le sang les manifestations du 8 Mai 1945 alors que les accords alliés avaient reconnu aux populations colonisées le droit à l’autodétermination.

Ensuite « la perte » des Pieds-Noirs et des Juifs

Dans la déclaration du 1er Novembre 1954, le Front de Libération Nationale reconnaissait la qualité d’Algériens aux pieds-noirs et appelait sans ambages cette population à se joindre aux côtés de leurs concitoyens musulmans à la revendication d’indépendance de l’Algérie dans un esprit de fraternité, de liberté et de coopération avec la France. Dans le même esprit, et dans une correspondance adressée aux responsables du Consistoire juif, le FLN reconnaissait explicitement aux populations juives l’appartenance et l’attachement millénaires à l’Algérie malgré le décret Crémieux qui les avait insidieusement coupés du reste de la population et demandait à ce titre leur participation à la lutte du peuple algérien pour son émancipation. Dans les deux cas, seule une infime minorité des deux communautés répondirent à l’appel. Récemment encore, le président Ahmed Ben Bella rappelait que dès la première année de l’indépendance, il n’avait cessé de demander aux pieds-noirs de retourner en Algérie en leur apportant toutes les garanties de protection et de sécurité, demandes qui, comme on le sait, resteront sans réponse. Pour les juifs algériens, comme d’ailleurs pour les juifs du Maghreb en général, la création de l’Etat sioniste d’Israël orienta fortement les choix.

La langue française nous aurait permis d’entrer dans la modernité

La modernité n’est pas seulement une affaire de langue. Car si tel était le cas, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali où la langue française est officielle, ou bien le Malawi, le Nigeria et le Zimbabwe qui ont adopté la langue anglaise comme langue officielle seraient des pays modernes. La modernité comme se le demande A. Laraoui n’est-elle pas en définitive « un processus sans fin » à la conjonction de phénomènes divers, nombreux et contradictoires qui relèvement des sociétés, des cultures, des parcours historiques, des sciences, des arts, des pratiques économiques et sociales et des influences entre les nations ? Sinon, comment expliquer les pieds de nez que nous assène la dure réalité actuelle caractérisée par un retour combien inexplicable et inexpliqué d’un conservatisme messianique puissant représenté par l’Administration républicaine US et décidément fortement implanté dans un pays à la pointe du modernisme comme les Etats-Unis ? Aussi, faut-il se demander si à la différence de la société qui heureusement semble à la pointe du combat pour la modernité entendue comme émancipation, ce ne seraient pas « nos élites » qui, dépassées, en viendraient à « revendiquer » à travers la question linguistique une sorte de statut spécial. Un peu comme les colons.

La Guerre de Libération et l’Indépendance ont bouleversé les valeurs

Toutes les guerres bouleversent les valeurs. C’est la paix qui permet la reconstruction des valeurs. Mais la reconstruction des valeurs se fait par la société. Et comme la société a été changée par la guerre tant du point de vue de la constitution, de la mobilité interne et externe, des conditions économiques, culturelles et politiques, la reconstruction participe aussi de la reconduction ou non des valeurs antérieures jamais en totalité et toujours avec l’émergence de valeurs nouvelles. Ainsi va le monde et nul ne peut s’y opposer. Chaque société crée ses propres lois, non en fonction de ce qui a été vécu mais en fonction de son vécu propre et de sa perception de ses aspirations et de son devenir. C’est un processus de destruction-création. Ainsi en va-t-il des relations individuelles, collectives, familiales et sociales. Ainsi en va-t-il également des relations économiques et politiques. On peut admettre que l’Indépendance n’a pas été à la hauteur des attentes tant il est vrai que ces attentes se sont, au fur et à mesure des années, transformées en attentisme. En attentisme social à l’avant-garde duquel se situaient « les élites » sociales. Celles-là mêmes qui parlent d’alternatives ! Alors ! Novembre victime du révisionnisme ? C’est d’abord aux élites authentiques de répondre.

L’auteur est journaliste Indépendant



Par Mohamed Iqbal

dimanche 1 novembre 2009

CRITIQUES SUR LE FONCTIONNEMENT DE L’ETAT ALGÉRIEN : Arrêtez la démogogie!

La révision constitutionnelle du 12 novembre 2008 avait pour objet de supprimer la limitation du nombre des mandats et non d’instaurer la présidence à vie

La corruption existait du vivant de H. Boumediène qui a cherché en vain à la combattre, après l’avoir vigoureusement dénoncée. Elle s’est considérablement développée par la suite.

De nombreux hommes politiques et observateurs ont récemment dénoncé de façon véhémente la centralisation du pouvoir dont ils rendent seul responsable le président de la République. Par ailleurs, ils accablent l’Etat algérien, reprenant à leur compte le qualificatif de «déliquescent» que lui accole l’ancien chef de gouvernement A. Benbitour. Il ne s’agit pas ici de donner quitus au bilan provisoire du chef de l’Etat. Il s’agit de mettre au jour une ignorance feinte ou réelle du fonctionnement de l’Etat algérien, une sous-estimation volontaire de la complexité des processus de décision en amont comme en aval et la négation implicite du poids du factionnalisme, au sein des sphères dirigeantes, alors que celui-ci constitue un invariant de l’histoire politique de l’Algérie. Nous passerons en revue l’essentiel des griefs adressés au président de la République.

Sur le «coup d’Etat constitutionnel»
La révision constitutionnelle du 12 novembre 2008 avait pour objet de supprimer la limitation du nombre des mandats et non d’instaurer la présidence à vie de quelque candidat que ce soit. Elle n’a pas introduit l’unicité de candidature, de sorte que tout Algérien répondant aux critères d’éligibilité eût pu se présenter. Dans la Constitution algérienne, on peut être candidat à la magistrature suprême ad vitam aeternam. Il n’en résulte pas qu’on puisse être président à vie. Comme je l’ai déjà dit (V. L’Expression du 28 avril 2009), au moins douze candidats d’envergure nationale (dont un ancien président de la République et six anciens chefs de gouvernement) auraient pu faire acte de candidature. Ils auraient pu constituer pour la circonstance, une sorte de coordination pour l’alternance au pouvoir sans avoir besoin d’élaborer un programme de gouvernement ou même d’aboutir à un diagnostic partagé de la situation algérienne. Or, il n’en a rien été. Et il est admis aujourd’hui que l’institution militaire n’est pas intervenue pour dissuader telle ou telle personnalité de solliciter les suffrages populaires. Le Président Bouteflika a demandé au peuple algérien de lui renouveler sa confiance, afin qu’il puisse achever les chantiers ouverts lors du 2e quinquennat. En dehors de lui, aucun candidat déclaré n’aurait pu remporter l’élection présidentielle. Mais un retour en arrière s’impose. Entre 1999 et 2009, aucun des contempteurs actuels du président de la République n’a pris une seule initiative tendant à conférer un minimum de crédibilité à son statut d’opposant supposé: création d’une formation politique, d’un cercle de réflexion, d’une société savante, d’une association. L’opprobre jeté, en son temps, sur Sid Ahmed Ghozali et Ahmed Taleb Ibrahimi n’a été dénoncé ni par M.Hamrouche, ni par A.Benbitour, ni par R.Benyellès, comme si la revendication démocratique était divisible ou à géométrie variable. Qui a empêché et empêche encore aujourd’hui les opposants au Chef de l’Etat de fédérer autour d’eux des universitaires, des chercheurs, des syndicalistes, des chefs d’entreprise, des cadres du secteur public et du secteur privé, des étudiants, pour réfléchir à un projet de société dont le pays aurait, à leurs yeux, urgemment besoin?
A. Benbitour vient enfin de franchir le pas. Bravo. Qu’il sache, en tout cas, qu’il n’entre pas dans les intentions du président de la République de saborder son initiative, comme il aura lui-même tout le loisir de le constater dans les semaines et les mois qui viennent. Il faut espérer qu’il fera des émules, mais cela est une autre histoire.

Sur la réconciliation nationale
D’abord, le président de la République n’est comptable, d’aucune manière, des tragiques évènements qui ont ensanglanté l’Algérie à partir de 1992. Ensuite, les prodromes de la réconciliation nationale avaient été lancés par le Président Liamine Zeroual en 1995 (loi sur la Rahma) puis confortés en 1997 par l’accord ANP/ AIS. Il eût été pour le moins paradoxal que le Président A. Bouteflika prît le chemin inverse de la dynamique mise en place dès l’origine par son prédécesseur. Il est vrai cependant que le processus de réconciliation nationale n’a pas obéi aux phases successives auquel il a été soumis, par exemple en Afrique du Sud, et il est incontestable que les conditions d’application des lois de 1999 et de 2005 n’ont pas toujours été conformes à la lettre autant qu’à l’esprit de leurs dispositions respectives.
Ceci posé, il est normal que le président de la République invite instamment aujourd’hui les bénéficiaires du pardon à revenir sur le droit chemin, alors que tous les repentis ont pu se réinsérer socialement et se mettre définitivement à l’abri de toute poursuite. On attend, à présent, avec impatience que les initiateurs du contrat de Rome du 13 janvier 1995, décernent le satisfecit qu’il mérite au président de la République, puisqu’à l’évidence, celui-ci a su mettre en oeuvre tout ce qu’ils n’avaient eu de cesse de réclamer, à savoir, en substance, la réconciliation nationale.

Rente, scandales et corruption
La corruption n’a pas commencé avec le retour de A. Bouteflika aux affaires. Elle existait du vivant de H. Boumediène qui a cherché en vain à la combattre, après l’avoir vigoureusement dénoncée. Elle s’est considérablement développée par la suite. Si elle revêt aujourd’hui une dimension inquiétante, comme le prouve le dernier rapport de Transparency International Algérie, c’est parce que notre pays a engrangé des dividendes considérables, grâce à l’envolée des prix du pétrole et parce que les activités du commerce extérieur ne sont pas régulées, offrant ainsi à des milliers de pseudo-opérateurs du commerce extérieur la possibilité de gains considérables grâce auxquels nombre de fonctionnaires de l’Etat se font graisser la patte. Ceci dit, le président de la République peut difficilement accepter la collaboration de personnes dont la justice (et non pas la rumeur) aurait démontré qu’ils ont commis des actes criminels ou délictueux. Le président de la République s’est engagé à moraliser le vie des affaires et vient de réaffirmer solennellement, le 28 octobre dernier, à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire, sa détermination à lutter vigoureusement, grâce à des moyens décuplés, contre la corruption et à sanctionner tout corrompu, quel que soit son rang dans l’Etat. Il faudra donc juger sur pièces. Nous sommes bien d’accord que, sous réserve de la présomption d’innocence, personne ne doit se considérer comme au-dessus des lois. Cependant, personne n’a le droit de confondre entre les scandales survenus sous la présidence de A. Bouteflika avec ceux qui n’auraient été rendus possibles, selon ses opposants, qu’avec sa bénédiction. Ce sont là des affirmations qui sont aux confins de la diffamation. Depuis 1999, le président de la République n’a ni ordonné, ni béni, ni cautionné quelque transgression de la loi que ce soit. Les affaires Tonic Emballage, BCIA, El Baraka Bank, PNDA, FNDRA ne concernent a priori, ni de près ni de loin le chef de l’Etat. La justice a été saisie dans certains cas, elle le sera dans les autres. Il faut la laisser accomplir son office en toute sérénité.

Sur les mesures impopulaires en cascade
Les adversaires du président de la République visent, notamment la loi de finances complémentaire pour 2009. En quoi la LFC édicte-t-elle des mesures impopulaires? Mesures impopulaires que celles qui créent des niches sociales, afin d’inciter les chefs d’entreprise à recruter, à former et à mieux rémunérer les salariés? Il ne s’agit pas ici de se prononcer sur l’efficacité future de ces dispositifs mais de reconnaître qu’ils s’inspirent d’une volonté des pouvoirs publics de combattre le chômage.
Mesures impopulaires que celles qui visent à traquer les fraudeurs qui se jouent de toutes les réglementations et affichent avec insolence des signes de richesses qu’ils ont indûment accaparées? Mesures impopulaires que celles qui visent à préserver nos ressources en devises? Certains irresponsables, dans l’opposition comme dans la société civile, pensent qu’il sera facile de revenir vers le FMI, si d’aventure nos réserves de change devaient fondre en quelques années et qu’il nous sera fait bon visage? Ils se trompent lourdement. En revanche, il est vrai que l’Algérie aurait dû élaborer un code des investissements privilégiant les investissements productifs (et non un texte s’adressant de façon indiscriminée à tous les projets économiques et commerciaux), adopter dès l’origine une réglementation des changes moins libérale, s’assurer que nos PMI/PME avaient déjà été mises à niveau, négocier plus longuement l’Accord d’association avec l’Union européenne, en s’inspirant des expériences marocaine, tunisienne et égyptienne. La stratégie industrielle (remise en selle en 2009) aurait dû être élaborée il y a dix ans et depuis, largement mise en application (elle aurait certainement déjà donné des résultats prometteurs).
L’aménagement du territoire aurait dû figurer parmi les toutes premières préoccupations des pouvoirs publics, avant que la menace de la ruralisation de nos villes ne devienne irréversible et l’étroite bande côtière du pays occupée par 80% de la population.
S’agissant de la loi relative aux hydrocarbures du 28 avril 2005 que d’aucuns qualifient de «loi scélérate», comment ne pas mettre au crédit du président de la République sa quasi-abrogation, 15 mois plus tard (le 29 juillet 2006), avant même qu’un seul texte réglementaire n’ait été publié pour son application. Le président de la République s’est ravisé, après s’être laissé circonvenir par des personnalités liées à des officines étrangères. Dont acte. Aucun gouvernant n’est omniscient. C’est la persistance dans l’erreur qui appelle réprobation et condamnation. En ce qui concerne les retards dans la réalisation des logements, les impérities de l’Aadl, les glissements de plannings contractuels pour ce qui concerne l’autoroute Est/Ouest ou le métro d’Alger, faut-il rappeler à certains esprits égarés que le président de la République n’est pas un chef de chantier. Il appartient aux institutions créées par l’Etat et dotées de tous les moyens, aux entreprises retenues, à leurs sous-traitants, aux différents maîtres de l’ouvrage d’exercer leurs responsabilités et de cesser de se défausser sur les responsables de l’Exécutif. Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, N.Moussa, qui se bat bec et ongles pour qu’un million de logements soient livrés d’ici 2014, conformément à la feuille de route que lui a fixée le chef de l’Etat, n’est pas non plus un conducteur de travaux. Les défaillances sont imputables à certaines APC et APW qui ne veulent pas assumer leurs responsabilités, malgré les injonctions du ministre de l’Intérieur qui n’est pas non plus l’enchanteur Merlin.
Ni le président de la République, ni le ministre de l’Intérieur, ni celui de l’Urbanisme ne commandent à la mafia du ciment, celle du sable et celle des autres matériaux de construction qui disposent toutes de relais au sein des collectivités territoriales. Qu’il faille mettre hors d’état de nuire une telle engeance est bien le moins. L’ensemble des institutions de l’Etat est mobilisé à cet effet, mais la lutte contre le grand banditisme est extrêmement ardue et longue.

Sur l’Etat déliquescent
Il est clair que l’Etat algérien n’est pas un Etat déliquescent et qu’il ne sera jamais touché par le syndrome somalien, comme semblent le redouter ou peut-être l’espérer quelques bons esprits. L’Etat algérien doit cependant s’engager sans délai dans la diversification de notre économie, la lutte implacable contre les réseaux mafieux transnationaux, le renforcement des prérogatives de toutes les institutions de contrôle, la réforme du système éducatif, le démantèlement des oligarchies locales, au besoin en remettant à plat toute l’organisation territoriale. Mais surtout afin de prévenir toute nouvelle dégradation du climat social et reconquérir l’Algérie laborieuse et intègre (c’est grâce à elle que le pays tient encore debout et c’est sur elle que le chef de l’Etat gagnerait à s’appuyer), le président de la République devra rompre impérativement toutes les amarres avec ceux qui, ayant abusé de sa confiance, confondent les centaines de milliards de DA d’argent public dont ils sont les ordonnateurs avec leur tirelire personnelle.

(*) Professeur de droit
Ancien élève du Doyen Mahiou

Ali MEBROUKINE (*)

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