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samedi 24 octobre 2009

La wilaya de Tizi Ouzou en immersion dans les ordures

Quel que soit le chemin que l’on emprunte pour entrer dans la ville de Tizi Ouzou, on est accueilli par des tas d’immondices et de détritus de toutes sortes qui jonchent les bretelles d’accès.

A l’intérieur de la cité des Genêts, le décor est repoussant. De nombreux dépotoirs occupent les quartiers de la ville et des poubelles crasseuses à la couleur d’un vert franchement laid sont - parce qu’elles ont pour la plupart perdu leurs roues - littéralement couchées sur des trottoirs souvent éventrés et sales. Horrible vision que celle qui est proposée au citoyen et au voyageur de passage. Toutes les villes et toutes les communes de la wilaya de Tizi Ouzou sont dans le même état, c’est-à-dire ,vautrées dans les ordures. Une véritable poubelle à ciel ouvert et une pollution de l’environnement qui va hypothéquer sans nul doute l’avenir écologique de la région. Une catastrophe innommable et à terme une menace pour la santé publique. 1500 décharges sauvages sont répandues à travers la wilaya et... quelques décharges autorisées, tout aussi hideuses. Ces dépotoirs non contrôlés occupent et défigurent les pistes agricoles, les chemins communaux et de wilaya, aucune voie de circulation n’est épargnée, ils envahissent également les forêts, les ravins et les cours d’eau. Faut-il souligner, qu’à cause de ces derniers, le bassin versant du barrage de Taksebt est particulièrement « infecté » ? En amont de la retenue, il est loisible de constater les innombrables objets flottant à la surface de l’eau et les nombreux tas de gravats et de sacs poubelles déposés, par camions entiers, sur ses rives. Pollution à laquelle viennent s’ajouter les eaux usées et non traitées déversées par les communes riveraines. Un magnifique lac, un joyau non protégé et certainement déjà en danger. La même menace pèse sur les nappes phréatiques, un risque potentiel pour la santé des consommateurs de cette précieuse ressource... l’eau, une richesse de notre wilaya, notre pétrole...

Des décharges qui sont une agression quotidienne de l’habitant de la région et qui génèrent chez ce dernier des comportements préjudiciables pour la cohésion sociale. Une pomme de discorde entre les citoyens qui refusent, plus souvent à raison qu’à tort, la localisation d’une poubelle dans les parages de leur domicile. Pour se prémunir de l’agression visuelle et olfactive mais aussi pour tenter de réduire le risque pour la santé engendré par la proximité des immondices — une « overdose », il faut le dire, car des décharges, nous le disions, il y en a partout — le citoyen n’en veut pas dans son voisinage, dans l’entourage de son quartier ou de son village, quand bien même les ordures sont les siennes. « La poubelle doit être chez le voisin », en tous cas ailleurs, le plus loin possible du regard et du nez, de crainte de « subir » les odeurs nauséabondes qu’elle dégage et les fumées toxiques qui en émanent, parce que ces ordures brûlent en permanence, engendrent des conflits entre les habitants et compromettent, par des oppositions souvent systématiques, les rares décisions d’installation de décharges contrôlées. Les exemples des communes d’Azazga et de Fréha sont à ce titre édifiants. Le citoyen ne fait plus confiance aux pouvoirs publics — ni d’ailleurs aux élus, même si ces derniers n’ont aucune emprise sur les problèmes relatifs à l’environnement — qui ne mettent en place aucune initiative pour améliorer le cadre de vie de la population et qui n’ont pas non plus de politique nationale visible pour sauvegarder notre environnement. L’inertie de l’Etat face à ce fléau et son apparente indifférence devant la multiplication, à travers le territoire national, des décharges sauvages, ont rendu méfiants les Algériens. Les pouvoirs publics sont restés trop longtemps absents sur ce terrain. Le laisser-aller dont ceux-ci se sont rendu coupables a ruiné non seulement la nécessaire confiance que le citoyen doit manifester à l’endroit des institutions de la République mais a également dissolu les liens sociaux et les indispensables et mutuels rapports conviviaux qui doivent prévaloir dans les relations entre les personnes. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, ce problème se pose avec encore plus d’acuité, cette région du pays, dont la population est de 1,3 million d’habitants, rejette 300 000 tonnes de déchets par an. Une superficie de 2958 km2, un mouchoir de poche et une densité parmi les plus élevées de la planète, 436 habitants au kilomètre carré. Dans ces conditions, les décharges sont inévitablement proches des villages et anormalement à proximité de la population. Les rejets sont donc visibles, agressifs et polluants. Qu’on ne vienne pas nous dire que les habitants sont indisciplinés et qu’ils jettent leurs ordures n’importe où. Il faut bien mettre ces ordures quelque part. L’Etat doit informer, éduquer, sensibiliser et si besoin est pénaliser. Il doit également offrir au citoyen des alternatives pour ses rejets. En l’occurrence, ce n’est pas le cas. Qu’on ne vienne pas nous dire non plus que les élus locaux ne font pas leur travail. Chacun sait que les communes, notamment rurales, ne disposent d’aucun moyen pour gérer les problèmes de l’environnement et de l’aménagement de leur territoire. Le maire ne dispose pas de budget spécifiquement alloué ni de prérogatives particulières lui permettant d’initier des actions pour aménager le territoire de sa commune et sauvegarder son environnement. Les collectivités locales reçoivent une petite aide financière, souvent péniblement arrachée et destinée uniquement à la collecte des ordures ménagères et leur acheminement parfois à plusieurs kilomètres de là, vers les décharges existantes.

Tout ce qui se rapporte aux projets relatifs à l’environnement est entre les mains de l’administration, c’est-à-dire, de la direction de l’environnement de la wilaya et de son ministère de tutelle. Pour autant, c’est le président de l’Assemblée populaire communale (APC) qui est décrié et vilipendé quand la qualité de vie du citoyen est mise à mal. L’Etat est en train de revoir le code communal, voilà une opportunité que les pouvoirs publics devraient saisir pour doter les communes de textes qui leur permettent de disposer, à l’intérieur de l’exécutif communal, d’une vice-présidence en charge de l’aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme. Le vice-président sera investi de la mission et aura toutes les prérogatives pour agir dans ces domaines, de nombreux pays, européens notamment, ont doté les collectivités locales de tels moyens. En Belgique, pour ne citer que ce pays, la commune possède en son sein un échevinat (l’échevin correspond à l’adjoint au maire) de l’environnement. Faut-il rappeler au lecteur que dans ce royaume, régionalisé, la wilaya (préfecture) et la daïra (sous-préfecture) n’existent pas dans l’organisation administrative du pays. La commune est la seule administration à laquelle s’adresse le citoyen pour toutes les affaires le concernant : passeport, carte de séjour pour étranger, permis de conduire, carte d’identité, extrait de naissance, etc. Une vraie décentralisation et une véritable démocratie de proximité. Dans notre pays, la mairie et le maire ont un pouvoir limité : même si le code communal actuel leur donne de très larges prérogatives, ils sont dépossédés des instruments qui leur permettent de les exercer, en particulier, les moyens financiers et juridiques qui sont toujours entre les mains de l’administration. Tout ce que le premier magistrat de la commune entreprend doit recevoir l’aval du comité technique de daïra, c’est-à-dire du chef de daïra. Il reçoit un maigre budget, deux à trois milliards de centimes par an pour le PCD Plan communal de développement (PCD). Un budget qui lui permet à peine « de bricoler et de s’occuper » pendant que les projets importants, comme l’aménagement des routes, l’alimentation en eau potable, l’assainissement, l’amélioration urbaine, etc, sont entre les mains du directeur des travaux public, de l’hydraulique, de l’urbanisme... encore une fois, entre les mains de l’administration. Plan sectoriel de développement (PSD) oblige, un procédé à gros budget et qui échappe totalement à l’emprise de l’élu local. Pour autant, quand la population est mécontente, parce qu’elle n’a pas d’eau ou de route, c’est le maire qui est discrédité et c’est la mairie qui est assiégée et fermée. La dernière spoliation en date des prérogatives du maire est l’obligation de certification, par le chef de daïra ou son secrétaire général, des documents d’état civil établis par l’ APC et destinés à l’étranger. Une autre façon de jeter le doute sur la probité des officiers d’état civil exerçant dans les mairies. Il est dit, dans une note destinée au public et signée de la main d’un chef de daïra, que cette mesure a « le souci de simplifier et d’alléger les procédures administratives... » et « ... d’améliorer les relations entre les citoyens et l’administration ».

Rien que cela. Au vu de cette concentration des pouvoirs entre les mains de l’administration, il est légitime de se demander ce que deviendra la relation citoyen-administration quand les wilayas déléguées viendront à être installées, quelle place aura la mairie dans tout cet imbroglio et quelles prérogatives lui seront en définitive dévolues ? Dépouillé progressivement de ses attributions légales, le président d’APC a juste le droit d’être le bouc émissaire quand la population souffre des insuffisances de l’administration qui ne va pas toujours au-devant des problèmes quotidiens des citoyens et qui paralysent quelque fois, il faut le souligner, volontairement les initiatives des élus. Ce n’est pas par hasard que les présidents d’APC du RCD de la wilaya ont, il y a peu, adressé — et pris à témoin la population — une lettre ouverte au wali, dénonçant les entraves administratives multiples qu’ils rencontrent dans la gestion des affaires de leurs communes et le peu de moyens que les pouvoirs publics mettent à leur disposition pour mener à bien leur tâche. La dégradation de l’environnement du citoyen et le problème des décharges ont été évoqués dans cette correspondance. La responsabilité de la pollution de notre environnement et la dégradation de la qualité de notre cadre de vie incombent à l’Etat. Il lui appartient de mettre en place une véritable politique nationale de l’environnement, de trouver les solutions adaptées et d’y mettre les moyens appropriés en fonction des situations et des spécificités, et de ce point de vue, il (l’Etat) a failli. Les responsables n’ont pas perçu les mutations des besoins de consommation de la société algérienne et prévu leur accroissement, comme ils n’ont pas vu venir l’augmentation, qui lui est corollaire, des déchets des ménages. Ils n’ont donc pas, au-delà du souci qu’ils auraient dû avoir pour l’environnement, anticipé sur les moyens à mettre en place pour collecter les rejets, les traiter et, pourquoi pas , les recycler. Quel est donc le rôle du ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme, et de ses directions de wilaya, si ce n’est aménager le territoire national, sauvegarder ce dernier de la pollution, le rendre vivable au citoyen, agréable au visiteur et au touriste mais surtout et en définitive prémunir l’héritage qui sera légué aux générations futures.

Bien sûr, évoquer dans les conditions actuelles l’idée même de l’écologie participe de la coquetterie et peut faire sourire, tant les préoccupations prosaïques sont immenses et pressantes. Quant à imaginer un ministère de l’Ecologie en Algérie, voilà une chimère, un impossible rêve. La wilaya de Tizi Ouzou est une grande victime de l’absence d’une politique nationale de l’environnement du fait, nous le disions, de sa spécificité. Une importante population dans une région « étroite », qui se débat dans des difficultés « endémiques » du foncier. Elle est, de ce fait, naturellement confrontée à des contraintes majeures. Particulièrement à cause de l’importance de son massif forestier et du Parc national du Djurdjura qui constituent à eux deux la majeure partie du territoire de la wilaya et qui sont protégés par la loi, il est dans ces conditions impossible de trouver les espaces appropriés pour y installer des décharges ou des centres d’enfouissement techniques. Un argument mis en avant, avec insistance et à juste titre, par les responsables locaux pour justifier l’absence de projets dans le domaine de l’environnement ou leur retard quand ceux-ci existent. L’autre raison alléguée est l’opposition des citoyens. Ces derniers s’opposent certainement avec raison. Les nuisances générées par les décharges sauvages ont servi de « vaccin » et c’est naturel que le « rejet » se fasse également pour les décharges contrôlées et/ou pour les autres projets - toujours suspects aux yeux des habitants - initiés par les autorités. Le wali a toutefois reconnu que l’opposition n’est pas un obstacle insurmontable et qu’un dialogue rassurant avec la population lève tous les malentendus. Si l’intérêt général venait à être mis en cause par des oppositions récalcitrantes, la force publique doit être sollicitée. L’on se rappelle les péripéties qu’a vécues le centre d’enfouissement technique de Tizi Ouzou. Quelques personnes à peine se sont opposées à ce projet et il est resté dans les tiroirs durant plusieurs années. La dégradation de l’environnement dans la région de Tizi Ouzou est une situation à risques sanitaire et social qui a fait réagir les élus locaux. L’Assemblée populaire de wilaya (APW) a organisé e 15 octobre 2008 une session extraordinaire consacrée à l’état de l’environnement dans son territoire. La sonnette d’alarme a été tirée par les différents intervenants, élus et responsables locaux. Des recommandations ont été faites, parmi elles, il faut noter entre autres la nécessité de mettre en place des schémas directeurs pour la gestion des déchets, de réaliser des centres d’enfouissement techniques, de développer des outils de communication et d’information à même de sensibiliser les différents partenaires, d’encourager les filières de tri et de valorisation des déchets d’emballage par la création de micro entreprises dans le cadre des dispositifs Ansej-CNAC-Anjem..., de redynamiser des activités de police de l’environnement et de l’urbanisme... Toutes ces recommandations relèvent des attributions de l’administration et des prérogatives de l’Etat. Faut-il souligner que notre wilaya est dotée de seulement trois centres d’enfouissement techniques et que ceux-ci ne sont pas encore totalement opérationnels ? Faut-il également souligner que l’agent de l’environnement mandaté par la direction de wilaya ne jouit toujours pas du statut d’officier de police judiciaire ? Situation, chacun le comprendra, qui démotive et entrave lourdement la mission de surveillance et si besoin de pénalisation. La situation de l’environnement dans la wilaya est « critique et alarmante », a déclaré publiquement le premier responsable de la wilaya et il est « urgent d’agir », a-t-il ajouté.

C’est pourquoi, il a demandé à ses collaborateurs, en charge de cette mission, de porter à la connaissance du ministère de tutelle les doléances des élus et responsables locaux. Un audit sur l’état de l’environnement dans la wilaya a ainsi été demandé. Une fiche technique évaluant son coût a accompagné cette demande. Les besoins immédiats de la région ont été également consignés dans des fiches techniques séparées. Quatre centres d’enfouissement techniques et une douzaine de décharges contrôlées sont nécessaires pour mener à bien l’opération d’amélioration de la qualité de notre cadre de vie et pour éloigner la menace sanitaire. Le coût est de 1,8 milliard de dinars. La sauvegarde de l’environnement et les préoccupations écologiques sont une autre ambition - qui existe, il faut le souligner, chez nos élus et responsables locaux - mais qui n’est pas encore d’actualité, notamment tant qu’une véritable politique nationale pour l’écologie et la sauvegarde de l’environnement n’est pas clairement manifestée par les pouvoirs publics. Il faudra donc ne pas y penser et la différer. Neuf stations d’épuration et cinq postes de relevage, en amont du bassin versant du barrage de Taksebt, sont également indispensables et doivent être rapidement édifiés pour protéger de la pollution, par les eaux usées, ce réservoir d’eau. Sept milliards de dinars doivent y être investis. Nous avons en mémoire la visite qu’a rendue à Tizi Ouzou, il y a plusieurs mois, le ministre de l’Hydraulique. Ces stations d’épuration avaient été évoquées en ce temps. Des promesses avaient été faites. Moins de dix milliards de dinars, quelques petits millions de dollars que le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme et celui de l’Hydraulique et des Ressources en eau n’ont pas pu inscrire dans le cadre de la loi de finances 2009 et arracher à l’Etat. La demande de la wilaya a en effet eu une fin de non recevoir malgré la claire signification de la gravité de la situation. Est-il raisonnable d’espérer obtenir ce budget sur la loi de finances 2010 ? Une promesse aurait été donnée... En ce qui nous concerne, nous avons - en tant qu’élu de la nation issu de cette région interpellé, au début du mois de septembre par écrit le chef du gouvernement sur cette question. Nous n’avons toujours pas eu de réponse. La préservation de l’environnement et le souci du bien-être du citoyen sont de la responsabilité de l’Etat et ne peuvent se passer de sa volonté affirmée de prendre en charge cette mission. Une véritable politique nationale pour l’environnement, et mettre la main à la poche, voilà les deux conditions indispensables pour faire aboutir une réelle et légitime préoccupation des citoyens et offrir aux générations futures un avenir assuré. De toute évidence, ce n’est pas pour le pouvoir central le souci du moment. En tout état de cause, un an est passé depuis que les élus et responsables de la wilaya de Tizi Ouzou ont tiré la sonnette d’alarme. Ils n’ont pas été entendus par les hautes instances de la République. Pendant ce temps, la région est toujours en immersion dans les ordures.

- L’auteur est : Psychiatre et député RCD

Par Dr Boudarène Mahmoud

mardi 20 octobre 2009

Le général Khaled Nezzar : «Abdelhamid Brahimi a dilapidé 14 milliards de dollars»

Invité par le quotidien arabophone Echourouk à donner son avis sur la dernière sortie de Abdelhamid Brahimi à partir de Rabat, le général à la retraite a jugé utile de rappeler le passé «révolutionnaire» de celui qui se croyait «né sous la bonne étoile» : «Durant la guerre de Libération, Brahimi passait du bon temps dans les vergers, derrière les frontières tunisiennes.» Parti trois ans à Alep, en Syrie, pour suivre une formation militaire, ce dernier n’a dû faire l’effort d’accompagner les nouveaux éléments de l’ALN, recrutés parmi les réfugiés, que jusqu’à la frontière : «Jamais il n’a demandé à traverser avec nous la ligne électrifiée, préférant retourner dans son paisible jardin, jusqu’à nouvel ordre.»

Brahimi, qui était censé rejoindre les unités combattantes de l’ALN, au vu de sa formation, a fini par servir de facteur pour le compte du chef d’état-major de l’époque, Ali Mendjeli, qui lui confiera, au cessez-le-feu, le commandement d’une des unités qui devaient se diriger vers la capitale, mais il préféra prendre la tangente, abandonnant hommes et matériel, dès que parvint à ses oreilles l’écho du différend entre le GPRA et l’état-major général. Au lendemain de l’indépendance, Brahimi, «qui s’est servi de la Révolution et ne l’a pas servie», refit surface et se rapprocha du même Ali Mendjeli, alors vice-président de l’Assemblée constituante, «par pur régionalisme», pour le supplier de lui octroyer un poste de responsabilité.

Ce qu’il obtint, puisqu’il sera nommé wali d’Annaba, avant de solliciter deux bourses d’études aux Etats-Unis, pour lui et sa femme, à un autre responsable de sa région. Après sept ans «d’études», il rentre au bercail mais son diplôme est considéré caduc par les autorités algériennes de l’époque qui exigeaient le bac pour lui accorder l’équivalence. Blasé, il «quémande « un poste auprès du secrétaire général du MDN, et obtient celui de conseiller économique au même ministère ; un poste qui fait presque rire le général Nezzar, «tant cette fonction n’a aucune espèce d’utilité dans une telle institution».

Par la force des choses – mais aussi à cause des choix irréfléchis de la classe dirigeante de l’époque –, Abdelhamid Brahimi se retrouve Premier ministre sous Chadli, «par une espèce de jeu d’équilibrisme», explique le général Nezzar. Sa nomination à la tête du ministère du Plan puis du gouvernement sonnera le glas de l’économie nationale et préludera les catastrophes qui s’ensuivirent. Dans le cadre du fameux PAP (plan antipénurie), Brahimi a gaspillé toutes les économies du pays, obligeant son successeur, Mouloud Hamrouche, à hypothéquer l’or pour pouvoir importer les produits de première nécessité. La situation était à ce point catastrophique qu’elle déboucha sur les événements du 5 octobre 1988, «qui ont eu le mérite de permettre l’ouverture démocratique, n’eussent été les erreurs commises dans la rédaction et l’adoption de la Constitution de 1989», regrette le général.

Forcé de donner son avis «dans un délai trop court» sur la nouvelle mouture, Nezzar se contenta d’une lecture furtive du volet concernant la défense nationale. Dans ce contexte, le général a rappelé que la démission de Chadli était intervenue lorsqu’il comprit que l’armée avait décidé de ne pas refaire l’erreur d’octobre 1988 et qu’elle rejetait toute idée de servir de nouveau de bouclier pour des politiques dépassés par des événements dont ils sont eux-mêmes la cause. Le général àla retraite Nezzar a estimé que l’histoire des 26 milliards «n’est qu’un subterfuge» inventé de toute pièce par le même Brahimi aux fins de détourner les regards de sa gestion catastrophique : «C’est plutôt lui qui a vidé les caisses de l’Etat, jeté l’argent du peuple par les fenêtres et conduit le pays vers l’impasse dont nous continuons malheureusement à subir les conséquences dramatiques, jusqu’à nos jours».

Répondant à Brahimi sur la question de l’islam et de l’arabité, le général à la retraite Nezzar a souligné que, s’agissant de la religion, personne n’était en droit de donner des leçons et, encore moins, de juger qui que ce soit sur son obédience religieuse : «C’est une affaire entre l’individu et son Créateur.» Quant aux doutes émis par Brahimi sur le degré d’arabité des anciens officiers déserteurs, Nezzar a mis au défi l’ancien Premier ministre de démontrer à l’opinion publique qu’il ait un jour mené une action concrète en faveur de la nation arabe : «Il passe son temps à dénigrer son pays, l’Algérie, à partir de la Grande-Bretagne et d’autres pays (allusion au Maroc).»

A ce sujet, Nezzar a rappelé son engagement actif dans la guerre israélo-arabe – un livre inédit paraîtra bientôt qui portera sur la participation de l’armée algérienne à cette guerre –, son entrevue avec le colonel Kadhafi à Tripoli, alors embourbé dans son conflit avec son voisin du sud, le Tchad, soutenu par la France. L’Algérie avait proposé au dirigeant libyen de lui assurer une couverture militaire dans la partie nord de la Libye, pour permettre à son armée de faire front aux attaques tchadiennes, au sud.

De même, Nezzar a souligné l’aide et le soutien moral et matériel apporté à l’Irak durant la première guerre du Golfe, lorsqu’un haut responsable était parti le voir pour lui transmettre un message des dirigeants irakiens qui ne tarirent pas d’éloges sur l’expérience et le professionnalisme de l’armée algérienne. «C’est moi qui me suis opposé à l’envoi de troupes algériennes en Irak, même en qualité d’observateurs», a souligné l’ancien ministre de la Défense nationale.

Pour l’anecdote, le général à la retraite est revenu sur sa très brève rencontre avec Ali Benhadj, qu’il avait reçu au Palais du gouvernement à la même époque : «Il était clownesque dans son faux uniforme», a-t-il dit, avant de révéler que 5 000 treillis non officiels avaient été découverts, qui étaient destinés aux activistes du FIS, et que les responsables – Ali Benhadj, Abassi Madani, cheikh Sahnoun, etc. – ne maîtrisaient pas tous les militants : «Une des raisons qui nous a poussés à interrompre le processus électoral en janvier 1992, était l’éclatement du FIS en plusieurs courants, dont le plus virulent, El-Hidjra Oua Ettakfir, échappait totalement au contrôle de ce parti.» Et de conclure, en toute humilité : «De toute façon, nous avions dû agir rapidement face à une situation chaotique qui mettait en péril l’unité du pays et sa sécurité. Nous n’avions pas le choix ; nous devions sauver la République.»

20-10-2009
Mehenna H.

lundi 19 octobre 2009

L’Amérique et la paix dans le monde ou l’utilisation de l’Islam pour déstabiliser la Chine !

Alors que l’élection de Barack Hussein Obama a suscité un réel « espoir de paix » dans le monde, largement repris en écho par les médias de la communauté internationale, rares étaient les observateurs qui mettaient en doute cet optimisme béat(1). En fait, il n’y a que la Russie et la Chine qui se sont abstenues de faire des commentaires élogieux à son égard.

Par expérience, ils savent que le nouveau président a été désigné pour appliquer le programme des forces occultes qui l’ont porté, à coups de centaines de millions de dollars, à la tête de « l’empire le plus puissant depuis l’empire Romain »(2). Pour mieux faire passer leur programme de déstabilisation de l’Asie, par talibans et Al Qaîda interposés, les décideurs du Complexe militaro- industriel vont se servir de la misère des communautés musulmanes du Pakistan et de l’Inde, ainsi que des frustrations de la Chine pour entraver et freiner l’ascension de ce grand pays qu’ils ont déjà classé comme « puissance rivale ». Conscients de ce que « les Etats-Unis sont la seule superpuissance au monde, combinant une puissance militaire dominante, un leadership technologique mondial et la plus grande économie du monde »(3), les think tanks du Complexe veulent préserver cette avance, estimant qu’« à l’heure actuelle, les Etats-Unis ne sont confrontés à aucun rival global. L’objectif d’une stratégie américaine ambitieuse devrait être de préserver et d’étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans le futur »(4).

Pour pérenniser leur domination sur le monde, les Etats-Unis ont mis au point une nouvelle stratégie, dénommée « Programme pour un nouveau siècle américain » dans lequel ils s’inquiètent du « déclin de la puissance des Etats-Unis et des problèmes que cela créerait dans l’exercice de leur leadership mondial… »(5). C’est ce qui explique les sommes colossales misées par le Complexe militaro-industriel pour faire élire un Noir, d’origine musulmane, dans le but de donner du crédit au semblant de changement de leur politique au Moyen-Orient et surtout mettre en application leur stratégie visant à déstabiliser, au moyen de l’Islam, le Pakistan et l’Afghanistan afin de créer une forte zone de turbulences qui s’étendra, par vagues successives, à l’Inde avec comme objectif majeur, la Chine.

L’Afghanistan : la déstabilisation permanente

Entre le départ des Soviétiques d’Afghanistan en février 1989 et l’installation de la République islamique en avril 1992, les Américains, tout en laissant les Afghans se dépêtrer dans leurs divisions, après s’en être servi pour abattre l’ours soviétique, envoyaient une mission composée du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif accompagné de son chef d’état-major et du prince Turki El Fayçal, chef des services de renseignement saoudien et protecteur, avec les Américains, d’Oussama Ben Laden. Tout en étant à l’origine de la déstabilisation de ce pays, les Américains font mine de s’y intéresser en jetant un leurre : du fait de sa proximité avec la mer Caspienne, l’Afghanistan sera, disent-ils, la « seule route possible » du gazoduc de ce « nouvel eldorado » des hydrocarbures. D’où la prétendue nécessité de stabiliser ce pays. En janvier 1995, alors que la guerre fait rage, de nouveaux acteurs apparaissent, inventés de toutes pièces par l’ISI pakistanais, à l’instigation de la CIA et financés par l’Arabie Saoudite : les talibans(6).

Lorsqu’en septembre 1996 les talibans prennent Kaboul, Michael Bearden, ancien responsable de la CIA dans ce pays, déclare : « Ces gars ne sont pas les pires, des jeunes gens un peu fougueux, mais c’était mieux que la guerre civile… » (7). Même le vice-président de la firme Unocal, Chris Taggart, qualifie leur avance de « développement positif » (8). Donnant plus de consistance au leurre du « projet de gazoduc », cette firme ouvre un centre de formation à l’université d’Omaha pour former 137 Afghans aux techniques de construction de gazodusc. Mais ce prétendu projet est aussitôt enterré par Washington pour faire perdurer la déstabilisation de l’Afghanistan par l’envoi de Ben Laden qui était au Soudan, « à la recherche d’un refuge »... En fait, « lorsqu’en mars 1996 le Soudan proposa de livrer Ben Laden à Washington, Madeleine Albright prétexta une tension avec le Soudan pour fermer l’ambassade US à Khartoum » (9). La proposition soudanaise dura jusqu’au 19 mai 1996, date à laquelle Ben Laden quitta le Soudan pour l’Afghanistan. En écho à la manœuvre, le sous-secrétaire d’Etat américain, Scrobe Talbott, dévoile le véritable projet d’avenir réservé à ce pays, le 21 juillet 1997 : « La région (l’Afghanistan) pourrait devenir une pépinière de terroristes, un berceau de l’extrémisme politique et religieux et le théâtre d’une véritable guerre. » (10)

John O’Neil, L’homme qui en savait trop !

Les ingrédients pour le lancement, le 22 février 1998, du Front international islamique par Ben Laden, sont mis en place. Ce dernier, pour se rendre plus crédible, émet une « fetwa » autorisant les attentats anti-américains. Le 8 août 1998, des engins explosifs détruisent les ambassades de Dar Essalem et de Nairobi, consacrant ainsi le classement de Ben Laden comme ennemi public n° 1. Pour lui (leur) permettre de bien (lui) préparer ses caches, les Etats-Unis attendront plus de six mois avant de lancer un mandat d’arrêt international. Le leurre du « projet de gazoduc » n’avait plus lieu d’être… Washington va même jusqu’à manipuler le Conseil de sécurité de l’ONU pour faire voter, le 15 septembre 1999, une résolution « exigeant des talibans l’extradition de Ben Laden… » Mais les talibans restent, et pour cause, des interlocuteurs pour les Etats-Unis, puisqu’ils permettent à Abderrahmane Zahid, ministre adjoint des Affaires étrangères taliban de donner, le 27 septembre, une conférence à Washington dans les locaux du Middle East Institute.

En fait, chaque négociation devient le prétexte pour pousser à une radicalisation des talibans, manipulés et manipulables à souhait. Ce qui poussa le diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, à démissionner pour ne pas devenir complice de la manœuvre, mais n’empêcha pas les Etats-Unis de faire semblant de continuer à « réclamer Ben Laden », en proposant aux talibans, en contrepartie, un autre leurre : un « plan sérieux de reconstruction ». Ce nouveau leurre devint l’excuse tout trouvée pour que le Département d’Etat bloque l’enquête du Fédéral bureau of investigation (FBI) sur d’éventuelles implications de « Ben Laden et de ses complices talibans » dans l’attentat du mois d’octobre 2000, contre le navire de guerre Américain USS-Cole, à Aden, au Yémen. En fait, se rendant compte que l’agent du FBI, John O’Neil, surnommé « M. Ben Laden », avance bien dans son enquête et risque de comprendre le pourquoi du comment de cet attentat et découvrir les vrais commanditaires, Washington le fait expulser du Yémen le 5 juillet 2001. En savait-il trop ? Comme par hasard, on lui offre, fin août 2001, après sa démission provoquée du FBI, les fonctions de chef de la sécurité du World Trade Center, pour être sûr qu’il y laisserait les secrets dont il avait eu connaissance. En effet, de part la fonction dont il était nouvellement investi, il ne pouvait y échapper : John O’Neil devait y laisser la vie le 11 septembre.(11)

« Organiser les situations » par l’utilisation de l’Islam

Pour les décideurs du Complexe, « la perspective est que l’Asie orientale deviendra une région de plus en plus importante, marquée par l’ascension de la puissance chinoise… »(12) ; aussi, estiment-ils nécessaire « d’accroître la puissance militaire des Etats-Unis en Asie orientale » qu’ils considèrent comme « la clé pour faire face à l’accession de la Chine au statut de grande puissance »(13). Ils sont convaincus qu’« aucune stratégie américaine ne peut empêcher les Chinois de défier le leadership régional américain »(14). Aussi, est-il conseillé dans cette étude de « sécuriser et étendre les zones de paix démocratiques, dissuader la montée de la concurrence d’une nouvelle grande puissance, défendre les régions-clés, exploiter la transformation de la guerre par les nouvelles technologies »(15). En fait de transformation de la guerre et de nouvelles technologies, les stratèges du Pentagone comptent organiser les situations par islamistes interposés et manipulés par leur relais local qu’est l’ISI Pakistanais. Cette nouvelle stratégie consiste à « organiser les situations pour préserver la domination géopolitique des Etats-Unis en s’appuyant sur les fondations indiscutables d’une prééminence militaire des USA »(16).

Dans son « projet pour le nouveau siècle américain », le complexe s’est donné pour objectif de reconstruire les défenses de l’Amérique avec pour stratégie de « préserver et accroître la position (des USA) comme seule superpuissance militaire prééminente, pour une durée à venir aussi longue que possible »(17), en se donnant pour mission de redéployer les forces des USA pour répondre aux « réalités stratégiques du XXIe siècle en déployant des forces en Europe, au Moyen-Orient et surtout en Asie orientale, devenu le nouveau centre d’intérêt stratégique »(18). Et les analystes de cette stratégie de mettre en garde les décideurs du Complexe : « Si nous ne prenons pas nos responsabilités, nous susciterons des défis envers nos intérêts fondamentaux. L’histoire du XXe siècle doit nous enseigner qu’il est important d’organiser les situations avant que les crises ne surviennent et de faire face aux menaces avant qu’elles ne deviennent extrêmes. L’histoire du XXe siècle doit nous inciter à prendre fait et cause pour la domination américaine »(19). « L’inquiétude croissante » que manifestent les think tanks face à « l’ascension de la Chine en tant que puissance peut créer une dynamique qui peut menacer la capacité de l’Amérique à exercer sa puissance dominatrice… »(20). Voulant régenter toute la planète, ils estiment que « la prépondérance de la puissance américaine est si grande et ses intérêts globaux si larges qu’ils ne peuvent pas prétendre être indifférents à l’issue politique dans les Balkans, dans le Golfe persique ou même lorsqu’ils déploient des forces en Afrique »(21)

Semer les « chaos constructifs »

Après avoir organisé les situations en Palestine, par un blocage systématique de toute initiative de paix et le maintien d’un abcès permanent par le soutien inconditionnel de la politique annexionniste de l’Etat d’Israël, créé les conditions à même d’attiser le feu dans les Balkans jusqu’à l’implosion de la Yougoslavie, mis en place le « chaos constructif » en Irak pour avoir la mainmise et le contrôle sur l’un des plus grands gisements de pétrole de la planète, encouragé les « révolutions oranges » d’Ukraine et de Géorgie en les poussant à demander leur intégration à l’OTAN pour affaiblir la Russie, utilisé l’Afghanistan et le Pakistan pour en faire les principaux leviers de leur politique de déstabilisation de l’Asie, poussé à l’établissement, en Somalie, d’un foyer permanent de tension dans la région stratégique qu’est la Corne de l’Afrique, essayé à maintes reprises de déstabiliser le Liban, par Israël interposé, ou par centaines de millions de dollars, en jouant sur les « rivalités » intercommunautaires chiites/sunnites/chrétiens, favorisé la prétendue « rivalité » entre Perses et Arabes pour créer un foyer de tension propre à inciter des achats d’armement de la part des monarchies pétrolières, en brandissant le danger d’un Iran nucléaire, ils utilisent, à présent, un bon Noir américain d’origine musulmane, pour faire les yeux doux au monde musulman et s’en servir dans leurs desseins machiavéliques de domination du monde.

En prévision de tels projets, ce programme prévoit « de réduire la fréquence de la présence des porte-avions en Méditerranée et dans le Golfe tout en augmentant la présence de l’US Navy dans le Pacifique(22) et d’améliorer les capacités de l’Air Force en Asie orientale pour mener des opérations de bombardiers à longue portée B2 et autres avions furtifs à partir de l’Australie(23), sachant qu’à l’heure actuelle ce type d’avions n’opèrent qu’à partir de la base aérienne de Whitman dans le Missouri. L’US Force prépare le remplacement de sa flotte de F-15 et F-16 par le F-22, conçu dans le programme Joint Strike Fighter (JSF), qui a déjà coûté 223 milliards de dollars au contribuable américain et renverra le Rafale français au musée de l’aéronautique. La marine ne sera pas en reste puisqu’il est projeté des ports d’attache semi permanents en Australie et aux Philippines. Tous ces préparatifs sont mis en place dans « la perspective que l’Asie orientale deviendra une région de plus en plus importante, marquée par l’ascension de la puissance chinoise… »(24).

Ce qui a fait la force des Etats-Unis depuis le début du XXe siècle, ce sont l’audace et l’esprit de décision qui ont caractérisé ses dirigeants, et notamment ceux du Complexe militaro-industriel. A chaque fois que le besoin s’en est fait sentir, ils n’ont pas hésité à créer les situations de manière à avoir plusieurs longueurs d’avance sur leurs rivaux, y compris leurs alliés conjoncturels (Europe et Israël). A contrario, depuis les vingt dernières années, la Russie et la Chine sont confinées dans leurs retranchements et subissent les assauts sournois et répétés de l’empire. Afin de contrecarrer et prévenir cette déstabilisation programmée, la Russie, qui compte plus de 15% de musulmans, a pris des mesures concrètes pour mettre en échec ce plan par l’adoption d’une politique plus volontariste avec le monde islamique(25), rappelant, par le biais de l’ancien président V. Poutine, que « la présence de l’islam sur le territoire russe était antérieure à celle du christianisme » (26). En effet, historiquement, l’Islam s’est répandu en Russie dès la fin du VIIe siècle, alors que le christianisme n’a été adopté, comme religion officielle, que vers la fin du Xe siècle par le premier Etat russe. Quant à la Chine, elle gagnerait à instaurer vis-à-vis de sa communauté musulmane une politique plus à même de contrer et prévenir ce plan machiavélique pour déjouer cet effet boule de billard, venant aujourd’hui du Pakistan et demain de l’Inde, dont la majeure partie de la communauté musulmane(27), marginalisée et victime de discrimination de la part du pouvoir indien, vit dans une très grande misère.

K. M. : Avocat

Notes de renvoi :

- 1- Point de vue de l’auteur paru dans El Watan du 22 décembre 2008 : « De la case de l’oncle Tom… »
- 2- Propos tenus par Henry Kissinger
- 3- Dans Stratégie, forces et ressources pour un nouveau siècle
- 4-Idem
- 5- Idem
- 6- « Aux origines de la guerre antiterroriste » Pierre Abramovici. Le Monde Diplom. Janvier 2002
- 7- « Pièces à conviction » France 3, 18 octobre 2001 cité par Pierre Abramovici
- 8- Financial Times du 3 octobre 1996 cité par Pierre Abramovici
- 9- Dans La terreur fabriquée W. G Tarplay
- 10- Dans « Pièces à conviction » sus-cité.
- 11- Dans « Aux origines de la guerre anti terroriste » sus-cité.
- 12 à 24 dans Stratégie, forces et ressources pour un nouveau siècle américain sus-cité
- 25- La Russie a obtenu le statut de membre observateur de l’Organisation de la Conférence islamique le 10 octobre 2003 grâce à l’appui de l’Arabie Saoudite et de l’Iran.
- 26- Déclaration de M. Poutine sur la chaîne El Jazeera le 16 octobre 2003.
- 27- En Inde, la communauté musulmane compte près de 160 millions d’habitants.

Par Khelifa Mahieddine

dimanche 18 octobre 2009

Réorganisation de l’année scolaire : Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain

Il est rassurant de voir certains de nos titres de presse ouvrir leurs colonnes à des universitaires et spécialistes.

Ces contributions sont censées éclairer les profanes sur tel ou tel enjeu ou expliquer, avec pédagogie, des concepts sujets à interprétation. Leur arbitrage est décisif dans les débats – voire dans les polémiques – entre profanes autour de questions à soubassements scientifiques.

Pour ces raisons, leur avis était très attendu pour élucider les tenants et les aboutissants des turbulences occasionnées par la nouvelle organisation de l’année scolaire. Les rares universitaires qui se sont prononcés sont pour la plupart des sociologues.

Aucun spécialiste en sciences de l’éducation, notamment parmi ceux versés dans le créneau des rythmes scolaires n’est intervenu sur la scène médiatique. Même s’ils ne sont pas légion, il en existe au sein de laboratoires de recherche de certaines universités du pays. Passons sur ce silence pesant. Revenons aux propos disponibles dans la presse nationale. Nous avons entendu à maintes reprises parler de “surcharge des programmes”. Un universitaire a même parlé de “la charge trop lourde des programmes”. Mais qu’est-ce qu’un programme scolaire si ce n’est qu’il comporte – entre autres – un listing de chapitres de leçons à dispenser par l’enseignant et à assimiler par l’élève ? En d’autres termes, un cahier des charges pour le processus d’enseignement/apprentissage du niveau concerné. Sûrement que le sociologue interviewé avait dans son esprit le mot “surcharge des programmes”.

Le lecteur non initié se dira “voici un justificatif scientifique aux choses qui se racontent ici et là autour de la surcharge des programmes”. Pour lui, la messe est dite, alors qu’aucun argument n’est venu étayer les affirmations de l’interviewé. Ce qui est bien dommage.
En réalité, les programmes scolaires sont de conception universelle notamment dans les disciplines scientifiques. Le nombre et l’intitulé des leçons de mathématiques, de physique, technologie ou de sciences “programmées” dans les établissements scolaires d’Algérie sont quasiment les mêmes que dans les tous pays du monde. Il n’y a pas de mathématiques, ni de sciences spécifiques à notre pays. En fait foi l’existence d’une évaluation à l’échelle mondiale et d’Olympiades dans ce type de disciplines.

Il n’est pas dans notre intention de nier ou de contourner l’existence de ce malaise récurrent qui a amené les élèves de terminale à sortir dans la rue en janvier 2008. Mais est-ce que les vraies questions ont été posées et les facteurs décisifs cernés ? Pas sûr. Ne voilà-t-il pas que, malgré les allégements opérés par la commission de suivi des programmes scolaires installée en septembre 2007, des voix s’élèvent en septembre 2009 pour “dénoncer la surcharge des programmes scolaires” ? Jusqu’où alléger ? Jusqu’à transformer en peau de chagrin des programmes (ceux des disciplines scientifiques et techniques) élaborés sur des normes internationales ?

Le premier facteur à incriminer – et il est de taille – se situe au volume horaire annuel alloué aux apprentissages (heures de cours effectifs), à savoir le nombre de semaines passées par l’élève en salle de classe. Comparés à leurs pairs des autres pays, nos élèves souffrent d’un déficit en semaines de cours. Au niveau mondial, la moyenne varie de 35 semaines (Maroc, Tunisie) à 40 semaines en Occident, excepté la France. Chez nous, l’année scolaire pointe sa fin avant la clôture de la 27e semaine. Nous parlons de 27 semaines, officiellement planifiées, auxquelles il y a lieu de retrancher les nombreux jours fériés et les journées “clandestines des ponts’’ de fêtes. Faites les comptes ! Une durée nettement insuffisante pour prétendre aux mêmes performances des élèves anglais ou chinois.

Dans les faits, les élèves sont “encouragés’’ à déserter les salles de classe une fois bouclée la dernière composition du troisième trimestre. D’où le triste spectacle, vers la mi-mai, de ces élèves qui s’éparpillent dans l’espace extra-scolaire. Pour aller où ?... Une réalité dénoncée par la presse et les parents et que le MEN a tenté de juguler depuis quelques années.

Enjeux et contraintes

Afin de mettre fin à cette anomalie, la loi d’orientation sur l’éducation nationale (adoptée le 23 Janvier 2008) a fixé la durée de l’année scolaire “à 32 semaines au minimum”. Dans le sillage de cette loi et pour être en phase avec la tendance mondiale, le MEN a pris la décision d’une rallonge conséquente à l’année scolaire. Elle est de 35 semaines, à partir de cette année.
La levée de boucliers constatée depuis cette annonce a de quoi laisser perplexe. Elles sont légitimes les préoccupations des parents dont les enfants font face à des contraintes de transport ou de restauration. Par contre, inexplicables sont les positions de certains cercles. Auparavant déjà, ces derniers se sont plaints de la “surcharge des programmes’’ et des difficultés à les boucler avant terme. Recevable, cet argument quand il s’agissait d’une année scolaire à 27 semaines (et moins). Mais comment expliquer le maintien de cette position au moment où survient une rallonge de 8 semaines. N’est-elle pas conçue (cette rallonge) pour offrir le temps nécessaire au sacro-saint bouclage des programmes ? Elle permet aussi de mieux s’adonner aux révisions, à la préparation aux examens (en classe et non en dehors). Autre avantage à puiser de cette réorganisation de l’année scolaire : effectuer les corrections et les comptes rendus des compositions du troisième trimestre, d’ailleurs rarement effectués par le passé. Qui s’est soucié de cette privation de droit dont ont été victimes nos élèves – le droit à la correction/compte rendu, le droit à la phase de révision/préparation.

Quand on sait la valeur pédagogique et formatrice des corrections collectives et individuelles, des révisions préparatoires aux examens, on ne peut que se réjouir de voir les élèves algériens disposer du même nombre de semaines que leurs camarades dans les autres pays.

Dans le fond, le principe de cette décision de réorganisation de l’année scolaire (à 35 semaines) est inattaquable. Faut-il souligner qu’elle a un soubassement scientifique et pédagogique sans lequel les pays développés ne l’auraient jamais adoptée ?

Toutefois, son application dans des conditions particulières a quelque peu perturbé la sérénité des usagers de l’école. Nous citerons deux écueils : la double vacation dans des établissements scolaires, due essentiellement à l’incapacité du secteur de la construction de répondre avec célérité aux demandes en infrastructures scolaires ; les redoublements, voire triplement d’élèves de fin de cycle faute de place d’accueil en formation professionnelle.

À l’évidence, des mesures d’accompagnement sont inéluctables à court ou moyen terme. Elles se dessinent en filigrane dans l’esprit de la réforme qui se veut soumise à un dispositif permanent d’évaluation. Dispositif qui nous l’espérons, débusquera les fausses notes et apportera les solutions adéquates.

À coup sûr, c’est vers une refonte de l’organisation pédagogique de nos établissements scolaires que nous mène cette mise à niveau aux normes internationales. De cette refonte naîtront les solutions radicales aux problèmes récurrents que nous vivons chaque année. Là se nichent les enjeux futurs. Ils ont pour noms : la réduction de la durée de la leçon sous l’impulsion de l’usage des TIC, la redéfinition de la nomenclature des disciplines à enseigner avec des horaires appropriés, la synchronisation des contenus des manuels avec les programmes scolaires et ce, par un affinement des cahiers des charges s’y rapportant (ne pas confondre programme et manuel), la réhabilitation statutaire de certains enseignements tels que l’EPS et l’éducation artistique et esthétique. À la clé, l’élève algérien aura de la motivation pour les études. Le problème d’horaires ne se posera pas en termes de contrainte mais en termes de qualité des activités proposées.

Quand il est soumis à un régime pédagogique attrayant, centré sur ses intérêts et ses besoins, l’élève ne voit pas le temps passer. Surtout lorsqu’il est entre les mains d’un éducateur consciencieux, dévoué au nom de la réussite et de l’épanouissement de ses ouailles. Pour toutes ces raisons, il y a lieu de conclure par le bon sens populaire : “Éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain”. L’année à 35 semaines (et plus si nécessaire) impose ses vérités partout dans le monde. Il ne sert à rien de s’y opposer… à moins d’avoir des desseins autres que purement pédagogiques.

Par : AHMED TESSA (*)

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