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samedi 12 septembre 2009

Yacine Benabid. Docteur en langues, littératures et sociétés du monde : " Notre société perd ses repères "

Travailler durant la journée de vendredi est presque considéré de nos jours comme un… péché. Qu’en pense la religion ? L’éclairage de Yacine Benabid, chef du département de traduction à l’université de Sétif

Suite à l’instauration du week-end semi-universel, la journée du vendredi est devenue plus que sacrée. Refus de travail, fermeture de tous les magasins après la prière, pas d’école, pas d’université… N’y a-t-il pas, à votre avis, d’exagération ?

Week-end ou non, le vendredi reste pour les musulmans une journée sacrée. Le problème n’est pas là. Il réside exactement dans l’interprétation que donne la communauté des croyants al-’âmma au sacré comme concept. Il faut dire que, gisant sous le poids des traditions, la société orientale en général, et algérienne en particulier, donne l’impression d’être exclusivement régie par ce qu’on croit être sacré. Travailler le vendredi ou aller à l’école ou fréquenter l’université ou voyager n’enlève pas du tout à ce jour sa sacralité. Le Coran lui-même autorise le travail le vendredi, tout en préservant au croyant le droit d’aller prier, et sans que soit désacralisé le temps qu’il voue à la prière d’un côté, et celui qu’il réserve à ses activités quotidiennes d’un autre. C’est bien le Coran qui dit, dans une sourate appelée sourate du vendredi al-djoumouâa : « Ô vous, les croyants ! (…) Lorsque la prière est achevée, dispersez-vous dans le pays ; recherchez la grâce de Dieu ; invoquez souvent le Nom de Dieu. – Peut-être serez-vous heureux ! – » (LXII-9/10). Quand on remarque la stagnation, sinon la régression du rythme du mouvement de notre société durant toute la semaine, et quand on ne peut que relever, non sans amertume, la médiocrité de ses rendements, on est en droit de se demander pourquoi cette société « fantasme » sur l’élan d’appartenance supposée à une culture qui vit sur le socle du sacré, sans vraiment tenir compte de ce qui est véritablement perçu comme tel. Une société en perte de repères, c’est ça ! Il serait difficile de juger de l’exagération ou non de la volonté politique.

Ce qui m’intéresse et me scandalise en réalité, c’est bien cette façon de décider aujourd’hui de ce qui aurait dû être fait il y a bien longtemps. Et d’une ! Et de deux, n’est-il pas outrageant que la plupart des acteurs sociaux ne tiennent absolument pas compte de ce changement ? C’est à croire que la volonté politique a du mal à se faire écouter. Beaucoup d’instances, à ma connaissance, font la sourde oreille aux nouvelles orientations, malgré leur importance. Rien n’a changé pour elles et les autorités compétentes ne semblent pas être gênées par cela. Si lesdites autorités veulent ménager certaines sensibilités dont la toile de fond est bien la situation économique et non la religion, alors elles sont appelées à trouver l’alternative appropriée.


De nos jours, la fetwa s’apparente à un phénomène de société. Les citoyens sont de plus en plus dans le flou…

Vous avez raison d’appeler cela ainsi. C’est vrai qu’il s’agit d’un tournant dans l’histoire de notre société. On a assez peu connu ce genre de pratiques durant les vieilles époques où vivre sa spiritualité impliquait le devoir de se référer aux connaisseurs, aux savants et aux plus éclairés. Aujourd’hui, la donne a changé, en ce sens que la société a gardé sa ferveur religieuse, mais se trouve livrée aux mains des nouveaux prophètes, en l’occurrence une jeunesse enfermée dans un fanatisme démesuré, doublé d’une recherche de soi dans un contexte psychologico-culturel qui la repousse catégoriquement.

Il y a aussi le contact avec l’Orient, qui a permis l’import de cette culture de fetwa avec tous ses accessoires. En fait, c’est une vision de la religion qui consacre le savoir facile – par définition dévié – et la religiosité hâtive, supplantée par une obsession farouche de résister à une société qui a du mal à se reconnaître dans leur discours. Votre question pose le problème du système intellectuel dans notre religion. Pour la plupart des cas, ce n’est plus l’élite qui a l’occasion de s’exprimer sur des questions d’ordre théologique. Pour une raison ou une autre, l’élitisme, dans son aspect positif bien sûr, celui auquel je me réfère personnellement, n’a pas les moyens de produire un discours à même de guider la société et à répondre à ses questionnements. Ce qui a laissé la place aux pratiques que vous citez.


La polémique sur la burka et sur le maillot musulman a resurgi. Quelle est votre vision des choses ?

Elle n’est pas différente de celle des gens qui ont bien connu les positions d’un « certain » Occident vis-à-vis de l’Islam. En fait, c’est la polémique sur le foulard qui revient sous un autre aspect, c’est-à-dire que les signes jugés distinctifs et dénotant une appartenance civilisationnelle quelconque, cette fois sur fond de religion, sont à combattre par tous les moyens, même les plus malsains, parce qu’ils menacent la démocratie, la laïcité et le reste des fondements des sociétés occidentales. Personnellement, je n’arrive pas à suivre la logique qui autorise le grave et bannit le moins grave. Il faut certainement être l’un des leurs pour comprendre.

Ce que je ne comprends pas aussi, c’est cette façon de mettre sur le dos des convertis européens certains choix qui se sont attirés la foudre des politiques et des médias français particulièrement. Pour moi, la question du maillot ne mérite aucunement cette médiatisation démesurée, c’est une question personnelle qui ne change en rien la configuration des espaces dans lesquels se meuvent les personnes qui le portent. En faire une affaire relève du tapage médiatique qui caractérise les sociétés de spectacle. Remarquez qu’ils en parlent comme s’il s’agissait d’une arme à destruction massive ! Le font-ils avec les naturalistes ? Je doute fort !


Par Nassima Oulebsir

jeudi 10 septembre 2009

LA CRÉATION DE L’UNIVERS : Ce que disent la science et les religions

Qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons nous?

«Essayer d’expliquer le début de l’apparition de la vie par le hasard, c’est admettre que lors de l’explosion d’une imprimerie, il ait pu se former un dictionnaire tout seul.»
Edwin Couklyn, biologiste américain

En ce mois de Ramadhan, de ressourcement spirituel s’il en est, nous présentons, après les précédentes contributions sur le temps et les religions, le soufisme dans l’Islam, une réflexion sur le sens de la vie à la lumière des données sur la création de l’Univers. De tout temps, les hommes se sont posés les questions suivantes fruit d’une inquiétude légitime: qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons nous? Comment expliquer l’ordre superbe de l’Univers, depuis la délicate harmonie d’une humble fleur des champs, jusqu’à la splendeur sombre de la voûte étoilée? Suffit-il de laisser agir les lois de l’Univers pour qu’à partir du hasard naisse naturellement la vie - ou faut-il imaginer qu’au-delà des choses visibles, il y a encore autre chose, une Intelligence discrète- un dessein-, qui animerait la matière et lui donnerait souffle?(1)

Depuis les premières interrogations de prêtres égyptiens il y a de cela plus de quatre mille ans, l’histoire de la découverte du ciel et des étoiles, a évolué constamment: le big bang semble être une théorie qui se tient. L’astronome Edwin Hubble établit par ses observations au télescope en 1924 la nature extragalactique des nébuleuses. L’Univers venait encore de s’agrandir. Pourtant, cet immense univers se révéla n’être qu’un tout petit hameau perdu au sein d’une immense galaxie. Et maintenant, cette immense galaxie elle-même n’était plus qu’une goutte parmi une infinité d’autres gouttes, contenant chacune une infinité d’étoiles. Avec dans l’une des gouttes de cette pluie cosmique, notre Soleil, microscopique, quelconque, anonyme, entraînant autour de lui ce misérable atome de pierre et d’eau qu’est notre Terre.

Mais, imaginons alors ce qu’était l’Univers il y a mille ans, par exemple: il était évidemment plus petit, puisque depuis mille ans les galaxies se fuient les unes les autres. Et de même, il y a un million d’années, ou un milliard d’années, l’univers était encore plus petit...En remontant le temps de cette façon, on arrive nécessairement à un instant où toutes les galaxies étaient réunies en un seul point; de la même façon que si on filme l’explosion d’une grenade qui projette des éclats dans toutes les directions, lorsqu’on passe le film à l’envers, on voit tous les éclats revenir en arrière et se réunir à nouveau en un seul point. Ainsi, les observations de Hubble semblaient indiquer que l’univers dans son entier était en expansion, depuis cet instant lointain où, pour la science, il avait jailli du néant.

Le big bang nous a fait découvrir une histoire imprévue et fantastique. Il a eu une naissance, grandiose, il grandit maintenant, et peut-être connaîtra-t-il un jour la vieillesse, et la mort. L’histoire connue commence alors que l’univers avait déjà atteint l’âge de 10-43 secondes. - le temps de Planck- Avant, on ne sait rien. Cette période inconnue est d’une brièveté inouïe: a cet «âge» de 10-43 secondes l’univers était vraiment tout petit: il était alors des millions de milliards de fois plus petit qu’un atome! Il était chaud, une fièvre gigantesque, cosmique! Des milliards de milliards de degrés! Puis, pour une raison inconnue que les scientifiques ne s’expliquent pas, le vide si vivant s’est mis à enfler. C’est comme si quelqu’un a donné le signal du début. En moins de temps, nous dit Françoise Harrois-Monin, qu’un battement de cil (entre 10-43 et 10-32 seconde), son volume a été multiplié par 1050 (10 suivi de 50 zéros)! Et sans que l’on sache pourquoi, sont apparues les premières particules de matière.(2)

Après cette barrière fatidique des trois cent mille ans, des nuages de gaz se sont formés. Ils donnèrent naissance aux milliards de galaxies pendant près de 15 milliards d’années (les estimations varient de 14 à 16 milliards selon les différentes «écoles»). Il a donc fallu attendre des milliards d’années, attendre que protons et électrons s’unissent en atomes d’hydrogène, attendre qu’ils s’assemblent en étoiles, pour voir naître enfin ces atomes plus lourds, nos atomes; et c’est donc d’une «chose» minuscule que le monde est apparu, lors d’une explosion initiale. Les éléments qui composent notre corps sont ceux qui naguère fondèrent l’univers. «Nous sommes vraiment les enfants des étoiles. Nous sommes donc arrière-petits-fils du big bang»(3)

Entre 5,5 et 10,5 milliards d’années, notre soleil est formé, ainsi que les planètes du système solaire dont la Terre. De 6,2 à 11,2 milliards d’années, Il y a émergence de la vie. Les toutes premières cellules commencent à peupler la terre. Les premiers vertébrés apparaissent pendant l’Ordovicien. Suivent les dinosaures, les reptiles, les mammifères et les plantes. Il y a environ 7.000.000 d’années, des hominidés commencent à peupler l’Afrique. Homo sapiens se manifeste il y a plus de 100.000 ans. Le langage, la culture et les sociétés humaines sont créés. Quel est l’âge de la Terre? Les estimations les plus sérieuses à cette époque reposaient sur le texte des Ecritures. Il y était écrit que la terre avait été créée pour l’homme; «...car la terre m’appartient et vous n’êtes pour moi que des étrangers et des hôtes.» «(Bible: Lévitique, 25, 23) En reprenant ces textes, l’archevêque James Ussher parvint à établir en une vie de labeur, en 1654, que la terre avait été créée le 26 octobre 4004 avant Jésus-Christ; à 9 heures du matin....»

Le réglage fantastique de l’apparition de la Terre, et de la vie

Le cosmos tout entier repose sur un petit nombre de constantes, inférieures à 15 (Constante de Planck, vitesse de la lumière, gravitation de Newton, zéro absolu, densité etc.). S’il y avait eu la modification d’une seule de ses constantes et le monde tel que nous le connaissons n’aurait pas pu se constituer. Un autre exemple de l’extraordinaire réglage: en augmentant de 1% à peine l’intensité de la force nucléaire qui contrôle la cohésion du noyau atomique nous supprimons toute possibilité aux noyaux d’hydrogène de rester libres: ils se combinent à d’autres protons et neutrons pour former des noyaux lourds. Dès lors, sans hydrogène, plus de combinaison possible avec l’oxygène pour produire l’eau indispensable à la naissance de la vie.

Si nous diminuons légèrement cette force nucléaire, c’est la fusion des noyaux d’hydrogène qui devient impossible, et alors, sans fusion nucléaire, plus de vie car plus de source d’énergie, plus de soleil. De même pour la force électromagnétique ou la force de gravité. Quels que soient les paramètres, disent les frères Bogdanov dans Dieu et la science, la conclusion est toujours la même: «Si l’on modifie un tant soit peu leur valeur, nous supprimons toute chance d’éclosion de la vie et si le taux d’expansion de l’univers à son début avait subi un écart de l’ordre de 10-40, la matière initiale se serait éparpillée dans le vide: l’univers n’aurait pu donner naissance aux galaxies, aux étoiles et à la vie.»

Les plus éminents mathématiciens ont procédé à des expériences de nombres aléatoires grâce à des ordinateurs, ils ont programmé des machines à produire le hasard. Les lois de la probabilité ont indiqué que ces ordinateurs devraient calculer pendant des milliards de milliards de milliards d’années (l’esprit ne peut envisager cette durée que comme infinie) avant qu’une combinaison de nombres comparables à ceux qui ont permis l’éclosion de la vie puisse apparaître. Autrement dit la probabilité pour que l’univers ait été engendré par le hasard est pratiquement nulle. Ilya Prigogine, prix Nobel de Chimie, affirme que le désordre n’est pas un état naturel de la matière mais, au contraire un stade précédent l’émergence d’un ordre plus élevé. Qu’est-ce qui peut provoquer la naissance d’une structure ordonnée au sein d’un chaos?

Pourquoi l’univers est-il apparu? D’où vient cette colossale quantité d’énergie à l’origine du big-bang? Aucune loi physique déduite de l’observation ne permet de répondre Ainsi, «pour expliquer la fabuleuse précision du réglage, il faut postuler l’existence d’un principe créateur et organisateur». Telle est la conclusion de l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan auteur de la «mélodie secrète».

Il compare même la probabilité que notre univers soit issu du hasard à celle d’un archer réussissant à planter sa flèche au milieu d’une cible carrée de 1 cm de coté, et située à l’autre bout de l’univers! Contrairement à Jacques Monod qui décrivait la vie comme un hasard de l’histoire et la venue de l’homme comme un «événement» qui aurait pu ne pas avoir lieu.

Autant dire que cette probabilité est quasi nulle, et que «l’origine de la vie paraît tenir actuellement du miracle, tant il y a de conditions à réunir pour la mettre en oeuvre.» (Francis Crick, prix Nobel de biologie). A ce stade, nous atteignons les limites de la science. L’étape suivante n’est pas de son ressort, mais de celui de la foi. Le fondement du monothéisme se résume à la règle suivante: tout être humain ne peut vivre sans un principe porteur de sens c’est-à-dire sans transcendance. Les religions révélées sont posées comme des révélations infaillibles. La Bible, les Ecritures et le Coran sont porteurs du sens de l’histoire dont la notion est nécessaire à toute espérance, celle du croyant comme celle de l’athée. Ces notions sont nécessaires pour découvrir les valeurs propres à tout ce qui est humain, toutes cultures confondues.

Ce que disent les religions

La science laisse des multitudes de question sur le démarrage de la création, sans réponse. Est-ce-là que la foi intervient pour rassurer l’Homme quant à l’omniprésence d’une force immanente? Ou est-ce que nous sommes en présence d’une loterie; tout aurait pu ne pas avoir lieu. Le pape Pie XII, déclarait en 1951: «...il semble en vérité que la science d’aujourd’hui, remontant d’un trait des millions de siècles, ait réussi à se faire le témoin de ce "fiat lux!" initial, de cet instant où surgit du néant, avec la matière, un océan de lumière et de radiations...» Saint Augustin sera troublé par le problème de la création: Dieu ne venait-il pas d’être surpris en flagrant délit d’oisiveté, d’oisiveté éternelle: «Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre?

S’il était oisif, inactif, pourquoi... ne l’est-il pas resté dans la suite des temps, de même qu’antérieurement il s’abstenait de toute oeuvre?» (saint Augustin Les Confessions, XI, X). Pour lui, «le temps serait une "chose" comme une autre; il n’existerait pas par lui-même, et aurait été créé, au même titre que toutes les autres choses, le "jour" de la création. Il est donc vain de s’interroger sur l’histoire de l’avant-création, puisqu’il n’y avait alors ni temps, ni événements, ni histoire; il n’y avait que le néant et Dieu». Pour Tsevi Mazeh professeur d’astronomie à l’université de Tel-Aviv: «La science ne peut nous dire ni le pourquoi ni le pour quoi; elle se limite, en un sens, aux détails techniques du fonctionnement du monde. Affirmer que Dieu était à l’origine, qu’Il a mis le monde en mouvement et fixé ses lois, ne pose, à mon avis, aucun problème.

Quant aux interventions divines postérieures à la Création, j’y crois, mais je ne les comprends pas pleinement.» «Ma religion [le judaïsme orthodoxe] n’influence pas mon travail d’astronome, mais elle me conduit à admirer Dieu et la beauté du monde.» Il semble que dans le Coran et tout en se méfiant du Concordisme, l’idée d’expansion de l’Univers est relatée par le passage suivant: «Le ciel, Nous l’avons construit par Notre puissance: et Nous l’étendons [constamment]: dans l’immensité». (Coran. Sourate 51. Verset 47). «Nous l’étendons», signifie: «Nous le rendons plus vaste, Nous lui donnons un volume plus grand». Voici ce que dit Maurice Bucaille à ce sujet:. Ce qui a été traduit par «Nous l’étendons», est le participe présent du verbe «musieûna» du verbe «awsaea» qui signifie: élargir, rendre plus vaste, plus spacieux, lorsqu’il s’agit d’objets.(4) BR>«Les incrédules, n’ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Nous les avons ensuite séparés et Nous avons créé à partir de l’eau, toute chose vivante. Ne croiront-ils pas?» (Coran. Sourate 21. Verset 30). Les cieux et la terre s’appliquent à l’Univers. Le mot «Ratqan» signifie une masse compacte comme soudée. Le terme «Fafataqnahouma» s’applique à l’action de rompre avec une notion de puissance et de force.

En définitive, le récit de la création est basé sur un Dieu transcendant. Il crée et recrée sans fatigue ni besoin de repos. Il ne se désintéresse pas de sa création dont le but est sérieux. Elle n’est ni l’effet d’un accident ou du hasard, ni un jeu ou une distraction pour lui, (Coran: III, 59; X, 3, 34; XXI, 16; XXXII, 5; XL, 68; L, 4; LV, 29). Cette création est l’oeuvre et la propriété de Dieu. Il la «cerne» de son omnipotence, de son omniscience, de sa volonté et de sa sagesse et tout entière elle le loue et le glorifie, (Coran: I, 1; X, 3; XL, 7; XVI, 4, 5; XVII, 70; XXI, 16; XXIV, 35,45; IV, 33; LXII, 1). Elle se situe dans le temps. Il lui est antérieur et son devenir est incessant; ce qu’il faut entendre par création en six jours,(Coran VII, 54; X, 3,31; XXV, 59; XLI, 9). (5)

Le récit du commencement est la description d’un comment. Le récit de l’origine est la révélation d’un pourquoi. On pourrait dire, avec une certaine approximation, que le discours scientifique est celui de la causalité et le discours de la foi celui de la finalité. Le récit du commencement parle à la lumière d’une science qui évolue de découverte en découverte et qui corrige périodiquement son discours. Cette claire distinction du domaine de la science et de celui de la foi a elle aussi son histoire. Mythes, religions et sciences s’avèrent complémentaires pour répondre à l’éternelle énigme: pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? La religion n’est pas là pour combler les lacunes de notre savoir. C’est l’une des forces motrices de l’inspiration scientifique.(6)

(*) Ecole nationale polytechnique

1.Chems Eddine Chitour: Science, foi et désenchantement du monde. Réed. OPU 2007
2.Françoise Harrois- Monin: L’énigme de l’origine: Le Figaro Magazine: Cahier n°3, 1998.
3.D.Simmonet, H. Reeves, Joël de Rosnay,Y. Coppens: La plus belle histoire du monde, le secret de nos origines. Editions du Seuil. 1996.
4.Maurice Bucaille:La Bible, le Coran et la science. Editions Sned Alger 1978.
5.Hamza Boubekeur, ancien recteur de la mosquée de Paris. Site Internet
6.Marcelo Gleiser: The Dancing Universe: From Creation Myths to the Big Bang Plume, 1998.

Pr Chems Eddine CHITOUR (*)

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