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mardi 20 octobre 2009

Le général Khaled Nezzar : «Abdelhamid Brahimi a dilapidé 14 milliards de dollars»

Invité par le quotidien arabophone Echourouk à donner son avis sur la dernière sortie de Abdelhamid Brahimi à partir de Rabat, le général à la retraite a jugé utile de rappeler le passé «révolutionnaire» de celui qui se croyait «né sous la bonne étoile» : «Durant la guerre de Libération, Brahimi passait du bon temps dans les vergers, derrière les frontières tunisiennes.» Parti trois ans à Alep, en Syrie, pour suivre une formation militaire, ce dernier n’a dû faire l’effort d’accompagner les nouveaux éléments de l’ALN, recrutés parmi les réfugiés, que jusqu’à la frontière : «Jamais il n’a demandé à traverser avec nous la ligne électrifiée, préférant retourner dans son paisible jardin, jusqu’à nouvel ordre.»

Brahimi, qui était censé rejoindre les unités combattantes de l’ALN, au vu de sa formation, a fini par servir de facteur pour le compte du chef d’état-major de l’époque, Ali Mendjeli, qui lui confiera, au cessez-le-feu, le commandement d’une des unités qui devaient se diriger vers la capitale, mais il préféra prendre la tangente, abandonnant hommes et matériel, dès que parvint à ses oreilles l’écho du différend entre le GPRA et l’état-major général. Au lendemain de l’indépendance, Brahimi, «qui s’est servi de la Révolution et ne l’a pas servie», refit surface et se rapprocha du même Ali Mendjeli, alors vice-président de l’Assemblée constituante, «par pur régionalisme», pour le supplier de lui octroyer un poste de responsabilité.

Ce qu’il obtint, puisqu’il sera nommé wali d’Annaba, avant de solliciter deux bourses d’études aux Etats-Unis, pour lui et sa femme, à un autre responsable de sa région. Après sept ans «d’études», il rentre au bercail mais son diplôme est considéré caduc par les autorités algériennes de l’époque qui exigeaient le bac pour lui accorder l’équivalence. Blasé, il «quémande « un poste auprès du secrétaire général du MDN, et obtient celui de conseiller économique au même ministère ; un poste qui fait presque rire le général Nezzar, «tant cette fonction n’a aucune espèce d’utilité dans une telle institution».

Par la force des choses – mais aussi à cause des choix irréfléchis de la classe dirigeante de l’époque –, Abdelhamid Brahimi se retrouve Premier ministre sous Chadli, «par une espèce de jeu d’équilibrisme», explique le général Nezzar. Sa nomination à la tête du ministère du Plan puis du gouvernement sonnera le glas de l’économie nationale et préludera les catastrophes qui s’ensuivirent. Dans le cadre du fameux PAP (plan antipénurie), Brahimi a gaspillé toutes les économies du pays, obligeant son successeur, Mouloud Hamrouche, à hypothéquer l’or pour pouvoir importer les produits de première nécessité. La situation était à ce point catastrophique qu’elle déboucha sur les événements du 5 octobre 1988, «qui ont eu le mérite de permettre l’ouverture démocratique, n’eussent été les erreurs commises dans la rédaction et l’adoption de la Constitution de 1989», regrette le général.

Forcé de donner son avis «dans un délai trop court» sur la nouvelle mouture, Nezzar se contenta d’une lecture furtive du volet concernant la défense nationale. Dans ce contexte, le général a rappelé que la démission de Chadli était intervenue lorsqu’il comprit que l’armée avait décidé de ne pas refaire l’erreur d’octobre 1988 et qu’elle rejetait toute idée de servir de nouveau de bouclier pour des politiques dépassés par des événements dont ils sont eux-mêmes la cause. Le général àla retraite Nezzar a estimé que l’histoire des 26 milliards «n’est qu’un subterfuge» inventé de toute pièce par le même Brahimi aux fins de détourner les regards de sa gestion catastrophique : «C’est plutôt lui qui a vidé les caisses de l’Etat, jeté l’argent du peuple par les fenêtres et conduit le pays vers l’impasse dont nous continuons malheureusement à subir les conséquences dramatiques, jusqu’à nos jours».

Répondant à Brahimi sur la question de l’islam et de l’arabité, le général à la retraite Nezzar a souligné que, s’agissant de la religion, personne n’était en droit de donner des leçons et, encore moins, de juger qui que ce soit sur son obédience religieuse : «C’est une affaire entre l’individu et son Créateur.» Quant aux doutes émis par Brahimi sur le degré d’arabité des anciens officiers déserteurs, Nezzar a mis au défi l’ancien Premier ministre de démontrer à l’opinion publique qu’il ait un jour mené une action concrète en faveur de la nation arabe : «Il passe son temps à dénigrer son pays, l’Algérie, à partir de la Grande-Bretagne et d’autres pays (allusion au Maroc).»

A ce sujet, Nezzar a rappelé son engagement actif dans la guerre israélo-arabe – un livre inédit paraîtra bientôt qui portera sur la participation de l’armée algérienne à cette guerre –, son entrevue avec le colonel Kadhafi à Tripoli, alors embourbé dans son conflit avec son voisin du sud, le Tchad, soutenu par la France. L’Algérie avait proposé au dirigeant libyen de lui assurer une couverture militaire dans la partie nord de la Libye, pour permettre à son armée de faire front aux attaques tchadiennes, au sud.

De même, Nezzar a souligné l’aide et le soutien moral et matériel apporté à l’Irak durant la première guerre du Golfe, lorsqu’un haut responsable était parti le voir pour lui transmettre un message des dirigeants irakiens qui ne tarirent pas d’éloges sur l’expérience et le professionnalisme de l’armée algérienne. «C’est moi qui me suis opposé à l’envoi de troupes algériennes en Irak, même en qualité d’observateurs», a souligné l’ancien ministre de la Défense nationale.

Pour l’anecdote, le général à la retraite est revenu sur sa très brève rencontre avec Ali Benhadj, qu’il avait reçu au Palais du gouvernement à la même époque : «Il était clownesque dans son faux uniforme», a-t-il dit, avant de révéler que 5 000 treillis non officiels avaient été découverts, qui étaient destinés aux activistes du FIS, et que les responsables – Ali Benhadj, Abassi Madani, cheikh Sahnoun, etc. – ne maîtrisaient pas tous les militants : «Une des raisons qui nous a poussés à interrompre le processus électoral en janvier 1992, était l’éclatement du FIS en plusieurs courants, dont le plus virulent, El-Hidjra Oua Ettakfir, échappait totalement au contrôle de ce parti.» Et de conclure, en toute humilité : «De toute façon, nous avions dû agir rapidement face à une situation chaotique qui mettait en péril l’unité du pays et sa sécurité. Nous n’avions pas le choix ; nous devions sauver la République.»

20-10-2009
Mehenna H.

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