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jeudi 17 septembre 2009

L’ODYSSÉE DE LA VIE : D’où vient l’humanité?

Pour les croyants des religions révélées, la théorie de l’évolution n’est pas incompatible avec la foi

«La foi n’a pas besoin de preuve, elle doit même la regarder comme son ennemie.» Kierkegaard


Comment est venue la vie sur Terre? D’où venons-nous? Où allons nous? Est-ce que ce sont les découvertes de la science, qui fait que des «anciens miracles» sortent à la chaîne des laboratoires, remettent en cause la condition humaine? La biologie moléculaire et l’irruption du clonage a amené aussi l’homme à se poser la question: qui sommes-nous? Le XIXe siècle avait déjà perturbé la nature humaine avec la théorie de l’évolution de Darwin, le XXe siècle avec le clonage animal - et peut-être pour bientôt, celui de l’homme - semble remettre en cause pour le profane, l’existence des religions pour qui l’homme a été créé, à l’image de Dieu? Seule une foi bien assumée et comprise permet pour le croyant de relativiser entre le comment de la science et le pourquoi de la religion.(1)

En mai 1953, un jeune chercheur de 23 ans de l’Université de San Diego (Californie), Stanley Miller, provoqua une révolution dans le milieu scientifique en étant le premier à affirmer que la vie avait pu prendre naissance à partir du monde minéral. Il put produire plusieurs acides aminés en laboratoire en simulant les conditions qui prévalaient sur la Terre il y a 4,5 milliards d’années. Pour sa part, le cristallographe britannique Desmond Bernal estima dans les années cinquante, que la structure particulière des cristaux d’argile ayant pu servir de catalyseur, agissaient comme un «moule» pour favoriser les bonnes réactions et guider l’assemblage des acides aminés...(2) Juste retour des choses, la singulière corrélation entre l’approche scientifique de la création de la vie à partir d’une surface catalytique qui peut être une argile et ce que nous disent les religions révélées, notamment l’Islam concernant la naissance de l’homme à partir de l’argile, et cela dans plusieurs sourates du Coran.

Qu’est-ce que la vie?

On peut la définir en écrivant que la matière vivante est un complexe physico-chimique comprenant du carbone, de l’oxygène, de l’azote, de l’hydrogène et des sels. Par leurs constituants rien ne semble différentier la matière vivante de la matière inerte. Ce qui peut les distinguer est, selon Henri Becquerel, le fait que «la matière vivante est, elle-même, un réservoir d’énergie».(3)

«Le vivant est tout autre chose qu’un amas de matière inanimé.» Ce que nous savons des êtres vivants, dit le professeur Pierre Paul Grassé, rend difficilement soutenable, qu’entre les précurseurs et les êtres vivantes, s’intercale une série d’étapes mi-inertes mi-vivantes. Rien dans la nature et dans les sciences actuelles n’autorise à admettre l’existence d’un terme de passage entre l’inanimé et le vivant.(4)

La vie obéit-elle aux lois de la physique? Oui, car loin d’échapper aux lois de la physique, la vie apparaît comme suivant les lois de la physique avec une plasticité particulière due à sa composition chimique et aux lois cinétiques qui en résultent. Il y aurait donc un véritable seuil entre vie et non-vie. Ce n’est pas l’instabilité mais une succession d’instabilités qui ont permis de franchir le no man’s land entre vie et non-vie. Nous commençons seulement, écrit Ilya Prigogine prix Nobel de chimie, à dégager certaines étapes. (...) Hasard et nécessité coopèrent au lieu de s’opposer.(5)

Pour la science, il y a près de 4 milliards d’années que la chimie de la vie se mit en place dans les océans. Les premières formes de vie formées à la suite de l’évolution chimique datent d’au moins 3,7 milliards d’années. Ce fut, nous disent les scientifiques, «la soupe primitive»: c’est à dire la formation des premières molécules. Sous l’action de diverses formes d’énergies, les matières minérales vont former les premières molécules organiques: certains peptides ont ainsi pu se former par l’assemblage de quelques acides aminés entre eux. Il y a alors apparition de l’ARN primitif. Il y a 350 millions d’années c’est le carbonifère. La vie s’organise. Il y a 200 millions d’années, c’est l’époque du Jurassique qui a connu l’apparition des dinosaures., les espèces disparaissent par suite de radiation. (6)

Il y a 10 millions d’années les premiers homidés ou préhommes: le Ramapithèque, peut-être bipède. Plus proche de l’orang-outan que de l’homme. Tout récemment en juillet 2002, les restes de l’homme de Tumaî (au Tchad) étaient mises à jour, la datation des sédiments donne 7 millions d’années. Est-il l’ancêtre à la fois des australopithèques et des futurs hommes? Ou encore est-il notre ancêtre direct, Tumaï, Lucy et les autres se rattachant à une branche plus archaïque et dont il reste à identifier les membres? Et il y a seulement 150.000 ans Homo sapiens (l’homme moderne) apparaît en Afrique, berceau de l’Homme moderne qui partage cependant, avec le chimpanzé, 98% du capital génétique. La «théorie de l’immanence» fait intervenir un esprit qui se situerait en schématisant dans l’esprit de la matière. Saint Augustin pense que chaque être matériel est composé de matière et de force.

Ce dynamisme placé par Dieu au coeur de la matière, la régit. L’explication par la transcendance, veut que cet «esprit» ne soit pas à l’intérieur du vivant, mais à l’extérieur et en définitive au-dessus de lui, et d’une façon naturelle, cet «esprit» dirige le vivant. Il ne faut pas cependant s’imaginer que les choses sont simples, les conditions physico-chimiques devront être favorables, car la moindre déviation peut faire échouer le projet. Prenez, écrit Briscoe, la question la plus élémentaire: pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien? La formidable théorie du big bang ne nous dit pas pourquoi ni comment ce big bang est survenu. Pourquoi l’univers a-t-il cette apparence plutôt qu’une autre? Pourquoi obéit-il à telle loi plutôt qu’à telle autre? Une dose infinitésimale de gravitation en plus et l’univers aurait cessé son expansion. Aussitôt après le big bang, il se serait effondré dans un trou noir. Un zeste de gravitation en moins et il se serait éparpillé avec une rapidité telle qu’étoiles, galaxies et planètes ne se seraient jamais formées. Pour le physicien Lawrence Krauss, la gravitation avait autant de chances d’aboutir à la création du cosmos qu’un humain de deviner le nombre d’atomes qui composent le Soleil.

Reste l’énigme de la vie. En dépit de théories génétique et biologie moléculaire, aucune ne peut nous dire pourquoi la vie est apparue sur Terre. Le paléontologue Stephen Jay Gould a souligné le rôle crucial du hasard dans l’émergence de l’Homo sapiens. Si la vie sur Terre repartait de zéro, et ce, un million de fois, elle ne produirait, en toute probabilité, aucun mammifère et encore moins une créature ressemblant à l’Homo sapiens. «L’apparition de l’espèce humaine a reposé sur une fantastique improbabilité.» Si la vie n’est autre que de la matière mieux informée, d’où vient l’information? Beaucoup de scientifiques pensent que l’hypothèse du hasard n’est pas satisfaisante. Le calcul des probabilités a montré que jamais le hasard n’aurait eu le temps quantitatif nécessaire pour jouer un rôle déterminant dans la formation du cosmos. L’hypothèse du dessein est une théorie plus puissante et plus strictement scientifique. L’évolution par sauts permet de penser que ces sauts ont été engendrés par un processus dirigé.

La création, les religions révélées à l’épreuve de la science

Pour les croyants des religions révélées, la théorie de l’évolution n’est pas incompatible avec la foi à condition de dire que le hasard dont parle la théorie n’est pas l’absence d’une cause divine guidant l’évolution, c’est seulement la manière dont joue cette cause au niveau des phénomènes observables. En 1996 et dans la dynamique de «l’aggiornamento», l’ouverture au monde, le souverain pontife, après avoir réhabilité Galilée «fit la paix avec Darwin», comme l’a écrit le journal italien La Republica.

Le pape Jean-Paul II a donné son appui à la théorie de l’évolution en la proclamant compatible avec la foi chrétienne, dans une décision reçue avec satisfaction par les scientifiques, mais qui provoqua probablement des désaccords dans la droite religieuse.(7)

Pour le Coran, l’apparition et les origines de la vie sont des signes de l’omnipotence de Dieu. De l’eau, Dieu a créé tout ce qui est vivant. La vie suit le cours du perpétuel devenir de la création. Dieu extrait la vie de la mort et la mort de la vie. La forme que les êtres ont reçue est la mieux adaptée à leur existence, celle de l’homme étant en outre la plus belle. (Coran: VI, 32; X, 31; XXI, 30; XXX, 19, 30; XLIII, 36; LVII, 20; LXXVI, 1,2; XCV, 4; XCVI, 2). Bien avant Darwin, plusieurs savants et penseurs ont fait allusion à l’évolution progressive de la vie pour arriver au dernier maillon qu’est l’homme.

Ne savons-nous pas que l’histoire du vivant s’est effectuée et s’effectue encore grâce à un «jeu des possibles», pour reprendre l’expression de François Jacob? Autrement dit, au sein de contraintes qui sont autant des limites infranchissables que des points d’appui. La notion traditionnelle de creatio continua (création continuée) retrouve ainsi une forme de jeunesse: «Dieu, confesse le croyant, est au fondement de chaque être, lui confère sa singularité, son originalité.» Il est incontestable qu’il y a eu passage du simple au complexe, du microscopique au mastodonte. On se trouve aujourd’hui devant le feu d’artifices de la vie. Les spécialistes ont étiqueté plus d’un million d’espèces animales, près d’un demi-million d’espèces végétales. Et ce n’est pas fini.

Par ailleurs, la fin du XXe siècle a vu les fondements de la vie ébranlés par l’apparition du clonage animal, l’expérience réussie de la naissance de Dolly en 1997, une brebis en Grande-Bretagne, a pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, remis en question les «certitudes» de l’homme sur son origine divine grâce aux découvertes en génétique, en neurobiologie et en embryologie, à la connaissance de ses mécanismes vitaux. Il s’est de plus doté, au-delà de ces savoirs, du pouvoir de transformer les processus du développement du vivant, de toutes les espèces, y compris la sienne. La biologie moléculaire a fortement réduit la part du mystérieux et du surnaturel dans le fonctionnement du vivant. Outre les dérives éthiques pouvant conduire à l’eugénisme et à la fabrication en série de prototypes à partir d’un modèle soit pour en faire une race supérieure ayant toutes les qualités, soit une armée d’esclaves avec un patrimoine génétique comportant un hypothétique «gêne de la soumission»(1).

Face à ces dérives, les religions réagissent Pour l’abbé Pierre: «Le clonage veut matérialiser le fantasme d’uniformisation de la race par la génétique; c’est le complot universel de la tour de Babel par lequel les hommes cherchent à se hisser à la place de Dieu, en utilisant le langage commun aux scientifiques du monde entier. C’est le refus de la diversité dans l’espèce: au lieu d’en laisser la maîtrise à un Créateur plein de fantaisie, des fous s’efforcent de fabriquer en série des produits vivants - y compris humains - plus performants. On peine à imaginer les conséquences ultimes d’un tel phénomène.» «...Le péché originel consiste - en désobéissant à l’unique ordre divin: "Tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal" - à vouloir supprimer la différence qui existe entre Dieu et l’homme, écrit l’abbé Pierre. [...] Le véritable péché, (...) c’est le péché d’orgueil. (9)»

Dans l’Islam le clonage de l’homme est strictement interdit. Car il entre en contradiction avec la diversité de la Création. Allah a créé l’univers sur la base des diversités tandis que le clonage de l’homme est basé sur la duplication de caractéristiques identiques des corps originaux. Si on permet le clonage de l’homme, comment déterminerons-nous la relation du cloné avec «l’original»?; sera-t-il son frère, son père, ou même lui-même? C’est un point confus. Dans le Saint Coran il est écrit: «Nous avons créé de toute chose deux éléments de couple, peut-être vous rappellerez-vous.» Coran: Az-Zariyat, v. 49. Si l’homme a réussi à retourner à la vie sous une nouvelle forme, ce serait sans le contrôle d’Allah pour recréer les êtres humains le Jour de la Résurrection! Sûrement pas, comme Il dit: «C’est Lui qui fait la première création, puis la refait de nouveau et cela Lui est plus facile. Il a la transcendance absolue dans les cieux et en Terre. Il est Le Tout- Puissant et le Sage.» Coran. Les Romains, v. 27

Dans la tradition juive, être monothéiste c’est non seulement croire en un Dieu unique, mais c’est aussi croire en l’unicité absolue de chaque être humain. De cette analogie s’ensuit l’idée selon laquelle la création d’êtres humains identiques s’apparenterait à la pratique ancienne de l’idolâtrie. Ainsi, pour le judaïsme, l’idolâtrie est un crime. En effet, tout comme l’idolâtrie engendre les débordements incontrôlés, le clonage humain risque, lui aussi, d’avoir des conséquences que nul aujourd’hui ne peut prévoir. Il resterait à montrer comme le texte de la Genèse, ou aussi du Coran, en décrivant l’homme comme la rencontre d’une réalité préhumaine (la boule de glaise) et d’une insufflation divine. Cette provenance de la matière inerte de la Bible rejoint aussi le texte du Coran. La Bible et le Coran ne sont pas des livres scientifiques. Pourtant, leurs enseignements sont scientifiquement corrects. L’évolution n’est pas la preuve d’un univers chaotique et aléatoire où Dieu n’existe pas. Les fossiles ne prouvent pas que les mutations et la sélection naturelle sont la méthode de l’évolution, mais plutôt le concept des religions révélées d’espèces uniques et créées. En fait, il est vain de rechercher systématiquement une «concordance». Etre scientifique,ne nous interdit pas la croyance en un être suprême. Kierkegaard disait à juste titre: «La foi n’a pas besoin de preuve, elle doit même la regarder comme son ennemie.»

(*) Ecole nationale polytechnique

1.C.E.Chitour: Sciences, foi et désenchantement du monde. Reéd. OPU 2006
2.Jean-Paul Dufour: L’incroyable odyssée de la vie. Le Monde 5 août 1999.
3.A.Goudot: Les quanta et la vie. p.7. Editions PUF. 1961.
4.P.P.Grassé. Toi ce petit dieu, p.44. Editions A.Michel. Paris. 1971.
5.Ilya Prigogine: La thermodynamique de la vie. La recherche n°331. 1972.
6..http://www.mnhn.fr/expo/lieuxMNHN/ Textes français /AccesLieux/Lapaleo.html)..
7.Quotidien chilien. La Tercera: le 25 octobre 1996.
8.Jacques Arnould. Darwin, Dieu et la finalité: La théologie après Darwin. Le Cerf. 1998
9.Abbé Pierre. Mémoire d’un croyant. Editions Fayard. 1997

Pr Chems Eddine CHITOUR (*)

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